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Études littéraires

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Quelques cas d’emploi du subjonctif

Études littéraires / Langue française / Grammaire et orthographe

Quelques cas d’emploi du subjonctif

Une contribution de Michel.

On a vu, dans le chapitre antérieur, que l’emploi du subjonctif correspond à une volonté de « restreindre la réalité du fait ». Nous allons maintenant compléter ce que nous avons dit.

Quand la proposition rectrice est négative, conditionnelle ou interrogative, la subordonnée, complétive pure ou relative déterminative, est généralement au subjonctif, pourvu que la réalisation de la subordonnée soit douteuse :

« S’il est décidé que nous en venions aux mains, M. Morden et moi, nous engagerons le combat avec les mêmes sentiments pour l’objet de notre querelle » (Richardson, Histoire de Miss Clarisse Harlove, lettre 366, traduction de l’abbé Prévost).

Mais dans la phrase : « C’est un fait que personne ne saurait nier, que Napoléon est venu librement et de bonne foi à bord du Bellérophon » (Las Cases, Mémorial de Ste-Hélène, chapitre 1), l’emploi « est » indique que, selon le point de vue du locuteur, le bien-fondé de la proposition ne peut être mis en doute.

Comme la volonté, la nécessité, le désir portent généralement sur des choses non acquises, et qui, pour la plupart sont futures ou incertaines, le subjonctif sert à l’expression d’un état ou d’une action dépendante d’une volonté quelconque, positive ou négative, ou d’un sentiment.

Le subjonctif peut être employé dans une proposition optative ou jussive :

« Les ribauds, ces fous, ces gueux, tuèrent clercs et femmes et enfants ; pas un, je crois, n’échappa. Dieu reçoive leurs âmes, s’il lui plaît, dans son paradis ! » (Chanson de la croisade albigeoise, laisse 21), « Va, va et advienne que pourra ! » (parole adressée à Jeanne d’Arc par Robert de Baudricourt), « Grâces au ciel mes mains ne sont point criminelles. Plût aux dieux que mon cœur fût innocent comme elles ! » (Racine, Phèdre, acte I, scène 3), « Qu’on aille sonner pour elle, et qu’on l’ensevelisse » (3, page 134), « Tous les Princes vinrent à Villers-Cotterêts témoigner à mon père la peine que leur causait son exil. Plût à Dieu qu’il eût continué à se conduire avec autant de modération et de dignité qu’il le fit alors ! » (4, page 37), « L’enthousiasme était général, et depuis les Tuileries jusqu’à Notre-Dame, on n’entendait qu’un cri prolongé de Vivent le Roi et l’Assemblée nationale ! » (4, page 208), « Le lendemain, le régiment monta à cheval, et le serment fut prêté en présence de la municipalité et d’une foule assez nombreuse qui criait : Vivent la Nation et les dragons de Chartres ! » (4, page 232), « Malheureux et excellent père ! […] Celui qui tiendra ce langage ne fera que vous rendre la justice la plus sévère ; mais vos ennemis écraseront sa voix, et malheureusement ils n’en ont que trop de moyens. Eh bien ! qu’ils consomment leur ouvrage ! Qu’ils achèvent de déchirer la mémoire de cet être infortuné, et sacrifié ! Mais puisse-t-il au moins être connu un jour ! Puisse le monde savoir ce que je sais ! Puissé-je encore exister à cette époque ! » (5, page 321), « Soient deux triangles semblables ».

Le subjonctif peut être employé dans une proposition, même principale ou indépendante, pour exprimer une concession :

« Quelque difficulté et quelque péril qui me parussent dans un tel projet, je puis dire qu’il me donna plus de joie que je n’en avais jamais eu de ma vie » (La Rochefoucauld, Mémoires, partie 1), « Dussé-je après dix ans voir mon palais en cendre, / Je ne balance point, je vole à son secours » (Racine, Andromaque, acte I, scène 4), « Je ne sache pas que vous m’ayez jamais sauvé la vie » (Marivaux, L’Éducation d’un prince), « J’ai pris le parti de la suivre, dût-elle aller au bout du monde » (1, page 35), « Non que je fisse des efforts extraordinaires pour mériter cet éloge, mais j’ai l’humeur naturellement douce et tranquille » (1, page 38), « Quelque innocente que je fusse, je trouvais, en y pensant, que les apparences ne m’étaient pas favorables » (1, page 141), « Fussiez-vous, vous-même, un de ces ennemis implacables, cessez de l’être envers ma cendre » (2, Préface), « Non pas qu’elle eût l’espoir de tuer le loup » (A. Daudet, La Chèvre de M. Seguin), « D’ailleurs, la pensée d’être privé de cette tendresse, fût-elle illusoire, lui causait une horrible angoisse » (7, partie 2, chapitre 5), « N’eût été la compagnie du bœuf, il n’aurait probablement pas pu s’y résigner » (Aymé, Le Cerf et le Chien).

On emploie parfois le subjonctif imparfait ou le subjonctif plus-que-parfait dans la subordonnée quand la réalisation de celle-ci est soumise à une condition exprimée ou sous-entendue. On pourrait alors remplacer ce subjonctif par un conditionnel. En voici des exemples :

« Que faut-il que Bérénice espère ? / Rome lui sera-t-elle indulgente ou sévère ? / Dois-je croire qu’assise au trône des Césars, / Une si belle reine offensât ses regards ? » (Racine, Bérénice, acte II, scène 2), « Il n’y a aucune famille qui ne lui donnât tout ce qu’elle a de bien, s’il se trouvait dans une pressante nécessité […]. Il n’y a aucun de ses sujets qui ne craigne de le perdre, et qui ne hasardât sa propre vie pour conserver celle d’un si bon roi » (Fénelon, Les Aventures de Télémaque, livre 7), « Il n’y a pas d’apparence qu’elle y eût été renfermée pour ses bonnes actions » (1, page 34), « Cette sérénité parfaite, qu’il eût été si flatteur de lui faire oublier un instant, s’alliait chez elle à l’esprit le plus fin, et lui valait une considération au-dessus de son âge » (Stendhal, Armance, chapitre 5), « Je crois que tout le monde s’aperçut de cet inconvénient, mais personne n’en dit un seul mot qui eût gâté le triomphe de notre exposition » (chapitre 12), « Il eût fait en trois semaines le bonheur de l’humanité » (chapitre 13), « De temps à autre, je lançais le cri de l’oiseau moqueur – si parfaitement imité que sa femelle s’y fût trompée » (chapitre 17), « Il essaya trois ou quatre syllabes gutturales, mais il était hors d’état de leur donner une suite qui eût précisé leur sens » (chapitre 19), « Comme ils eussent rougi de prendre un permis, ils craignaient les gendarmes d’Aubagne » (chapitre 28), « Le porteur d’une bonne nouvelle, fût-il un criminel, n’est jamais mal reçu » (chapitre 31), « Il eût été maladroit de refuser » (chapitre 32).

Même si un conditionnel passé est substituable au subjonctif plus-que-parfait, ce dernier n’en demeure pas moins un subjonctif, car l’auxiliaire est au subjonctif imparfait. Ainsi, « eussent obtenu » est un subjonctif, et non un conditionnel, dans « Je ne doute pas que si les membres du côté droit fussent restés dans l’Assemblée, ils n’eussent obtenu beaucoup plus que ce qui fut gagné dans la révision [de la Constitution] » (4, page 178).

Le subjonctif peut être employé en cas d’alternative :

« Sans envie, sans fard, sans ostentation, toujours grand dans l’action et dans le repos, il parut à Chantilly comme à la tête des troupes. Qu’il embellît cette magnifique et délicieuse maison, ou bien qu’il munît un camp au milieu du pays ennemi, et qu’il fortifiât une place ; qu’il marchât avec une armée parmi les périls, ou qu’il conduisît ses amis dans ces superbes allées au bruit de tant de jets d’eau qui ne se taisaient ni jour ni nuit : c’était toujours le même homme, et sa gloire le suivait partout » (Bossuet, Oraison funèbre du prince de Condé), « Il me choisit plusieurs morceaux très pathétiques, à ce qu’il prétendait ; mais soit qu’un accent si nouveau pour moi demandât une oreille plus exercée, soit que le charme de la musique s’efface dans une profonde tristesse, ces morceaux me firent peu de plaisir » (Rousseau, La Nouvelle Héloïse, lettre 45), « Soit qu’il eût joué quelque rôle convenu, soit qu’il fût l’un des révélateurs, Philippe resta sous le poids d’une condamnation à cinq années de surveillance sous la Haute Police » (7, partie 2, chapitre 11), « Quand mes lèvres la touchèrent, les mains de ma grand’mère s’agitèrent, elle fut parcourue d’un long frisson, soit réflexe, soit que certaines tendresses aient leur hyperesthésie qui reconnaît à travers le voile de l’inconscience ce qu’elles n’ont presque pas besoin des sens pour chérir » (12).

M. Grevisse écrit : le verbe de la proposition substantive sujet, ou attribut, ou terme complétif, dans les phrases autres qu’impersonnelles, se met usuellement :

  • à l’indicatif si le fait est situé sur le plan de la réalité ; au conditionnel s’il s’agit d’un fait hypothétique ;
  • au subjonctif si le fait est simplement envisagé dans la pensée, ou s’il implique une appréciation, ou s’il est chargé d’affectivité.

Exemples

« D’où vient qu’il [le culte chrétien] s’est seul perpétué dans le monde au milieu de tant de révolutions, tandis que les superstitions soutenues de la puissance des empires et des royaumes sont retombées dans le néant d’où elles étaient sorties ? » (Massillon, Sermon sur la vérité de la religion, première partie), « Quiconque pourrait croire que la conduite de la cour, depuis le commencement de cette révolution, n’a pas été toujours en opposition avec les principes de l’égalité et le respect pour les droits du peuple, serait regardé comme un insensé, s’il était de bonne foi ; quiconque pourrait dire que la cour propose une mesure aussi décisive que la guerre sans la rapporter à son plan, ne donnerait pas une idée plus avantageuse de son jugement » (Robespierre, discours du 18 décembre 1791 à la Société des Jacobins), « Quiconque veut cabaler contre le gouvernement est un traître, et je dénonce ici tous ceux qui se sont rendus coupables de ce crime » (Robespierre, discours du 9 juillet 1794 à la Société des Jacobins), « L’important, c’est que nous voulions le bien, que nous le cherchions, que nous l’aimions et que nous le fassions aimer à ceux qui nous entourent, que nous leur indiquions la route qu’il faut suivre, et surtout que nous les menions à notre Maître » (Joies et déceptions du ministère évangélique, dans Étrennes religieuses pour 1850, chez Jullien Frères à Genève), « Mais ce qui n’était pas douteux, c’est que ce trésor lui appartînt » (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse, épilogue) [l’appartenance est envisagée, puis déclarée conforme à la réalité], « L’idée que Catherine devait être là l’avait soulevé d’une nouvelle flamme, d’un besoin de se faire acclamer devant elle » (Zola, Germinal, partie 4, livre 7), « L’idée qu’il rencontrerait là-haut ceux de Montsou, s’il sortait, lui engourdissait les jambes » (Zola, Germinal, partie 5, livre 2), « L’idée qu’on pût avoir une curiosité douloureuse à l’égard de sa vie [celle d’une courtisane] me stupéfiait » (Proust, Le côté de Guermantes), « Qu’elle se fût employée aussi à défaire […] la situation qu’elle tenait de sa grande naissance, ne signifie nullement que Mme de Villeparisis n’y attachât un grand prix » (12).

Toutefois, on trouve, par exemple : « Le pire était qu’à rêver sans cesse, il oubliât la moitié du temps de boire et de manger » (Aymé, Les Bœufs).

Derrière « le fait que », on a le choix entre l’indicatif-conditionnel et le subjonctif. On trouve un subjonctif, notamment, lorsque l’exactitude du fait contenu dans la conjonctive n’apparaît pas comme allant de soi. Ainsi, lit-on :

« Le fait qu’il dût avoir transporté avec lui ces coquillages durant sa vie errante, coupable et pourchassée, m’a souvent donné à penser, par la suite » (Stevenson, L’Île au trésor, chapitre 4), « Le fait qu’il m’avait été interdit d’y pénétrer, […] me le faisait […] imaginer [le salon de Mme de Guermantes] tout différent » (Proust, Le Côté de Guermantes), « Malgré la manière d’être du prince, le fait que le propos fut tenu devant lui sans lui être directement adressé rendit sa colère moins forte qu’elle n’eût été sans cela » (Proust, Le Côté de Guermantes), « Si M. de Guermantes avait mis tant de hâte à me présenter, c’est que le fait qu’il y ait dans une réunion quelqu’un d’inconnu à une Altesse royale est intolérable, et ne peut se prolonger une seconde » (Proust, Le Côté de Guermantes), « Seul le fait que le baron n’habitait pas la Raspelière (à cause de la vie de garnison de Morel) retarda le moment de la satiété, des dégoûts, des vomissements » (Proust, La Prisonnière), « Le fait que nous ayons nos plus gros chagrins avec les femmes qui ne sont pas de notre genre ne tient pas seulement à cette dérision du destin qui ne réalise notre bonheur que sous la forme qui nous plaît le moins » (Proust, Le Temps retrouvé), « Les oppositions que j’ai pu susciter dans ma ville natale ne sont pas liées au fait que je suis Bordelais » (Mauriac, dans le Figaro littéraire du 21/10/1965), « Une Europe européenne signifie qu’elle existe par elle-même et pour elle-même, autrement dit qu’au milieu du monde elle ait sa propre politique. Or, justement, c’est cela que rejettent, consciemment, ou inconsciemment, certains qui prétendent cependant vouloir qu’elle se réalise. Au fond, le fait que l’Europe, n’ayant pas de politique, resterait soumise à celle qui lui viendrait de l’autre bord de l’Atlantique leur paraît, aujourd’hui encore, normal et satisfaisant » (De Gaulle, Conférence de presse du 23 juillet 1964), « Le fait que Dauger aurait empoisonné son maître prouve, une fois de plus, que ce n’était qu’un valet criminel » (Pagnol, Le Masque de fer).

On trouve le subjonctif dans les propositions subordonnées complétives pures, après toutes sortes de propositions principales, à la forme personnelle ou impersonnelle, pour marquer que la réalisation du procès, dans la complétive, est envisagée comme incertaine. Exemples :

« Ce qui paraîtra de la dernière invraisemblance de ce côté-ci des Alpes, c’est que le comte eût donné sa démission avec bonheur » (Stendhal, La Chartreuse de Parme, partie 1, chapitre 6), « Est-il vrai que j’aie vu ce policier et qu’il m’ait parlé ainsi ? » (Hugo, Les Misérables, livre 7, chapitre 3), « J’ignorais qu’il y eût un berger dans l’île » (A. Daudet, L’Agonie de la Sémillante) – a priori, je n’aurais pas pensé qu’il y en avait un –, « Je ne nie pas que la liberté ne soit pour une nation le premier des biens » (A. France, Thaïs, livre 2), « J’ignore ce que tu sais des choses de l’existence » (10, chapitre 4) – je constate mon ignorance –, « Pourquoi jugeait-il si sévèrement la conduite de Julien alors qu’il n’avait jamais même songé que la sienne pût être coupable ? » (10, chapitre 7), « Ainsi, il n’y a qu’un homme qui puisse nous aider » (Stevenson, L’Île au trésor, chapitre 13), « Il m’expliqua […] que son fils aîné, le comte André, se trouvait chez lui pour quinze jours et que je n’eusse pas à me froisser de sa brusquerie, car elle cachait le meilleur des cœurs » (P. Bourget, Le Disciple) – sa brusquerie n’est qu’envisagée, incertaine –, « Toutefois, il ne paraissait guère probable qu’il y eût dans un recoin de cette misérable demeure, quelque trésor caché » (Gide, La Symphonie pastorale, premier cahier), « Cet objet, il dépend du hasard que nous le rencontrions avant de mourir, ou que nous ne le rencontrions pas » (11).

On trouve le subjonctif dans les propositions complétives pures, après des expressions marquant la fréquence :

« Il n’est ni naturel ni fréquent qu’on se mette l’hiver en sueur » (Rousseau, Émile, livre 2), « Il était rare qu’elle [Mme de Genlis] suivît un plan [d’enseignement] avec constance et persévérance, quoiqu’elle en eût souvent la prétention » (4, page 20), « Quand Françoise, après avoir veillé à ce que mes parents eussent tout ce qu’il leur fallait, remontait une première fois chez ma tante pour lui donner sa pepsine et lui demander ce qu’elle prendrait pour déjeuner, il était bien rare qu’il ne fallût pas donner déjà son avis ou fournir des explications sur quelque évènement d’importance » (11).

Après il arrive que, on emploie le subjonctif pour marquer une restriction à la réalité du fait :

« Cependant son attachement sans but pour cette singulière petite camarade, si délicieuse à regarder, continuait de l’envahir, tout en prenant quelque chose de chaste et de tranquille, de presque immatériel. Avec le respect absolu et la conscience des impossibilités, il arrive ainsi que l’amour des sens vive et grandisse en dessous de l’amour de l’âme jusqu’à ce qu’un rien l’éveille » (P. Loti, Matelot, chapitre 35), « Sans doute, il arrive que c’est après sa mort seulement qu’un écrivain devient célèbre » (12).

On trouve le subjonctif dans les propositions subordonnées complétives pures, après toutes sortes de propositions principales, à la forme personnelle ou impersonnelle, qui expriment la nécessité, la volonté, le conseil, l’exigence, l’interdiction, la préférence, le souhait, le désir, l’attente, la crainte, etc. Lorsque la proposition principale exprime la conformité à la norme, le subjonctif figure dans la complétive, à moins qu’on veuille présenter comme très probable l’issue du procès indiqué dans la complétive. Quand la proposition principale est interrogative, négative ou conditionnelle, le subjonctif figure usuellement dans la complétive.

Exemples à la forme affirmative :

« Madame, il était temps que j’en usasse ainsi, / Et je perdais ma gloire à demeurer ici » (Racine, La Thébaïde, acte I, scène 3), « M. de La Fayette souhaitait vivement que mon père s’absentât » (4, page 204), « Il abrégea beaucoup les leçons des enfants, et ensuite, quand la présence de Mme de Rênal vint le rappeler tout à fait aux soins de sa gloire, il décida qu’il fallait absolument qu’elle permît ce soir-là que sa main restât dans la sienne » (6, partie 1, chapitre 9), « Il est urgent que je sache ce que deviendront mon oncle et Maxence » (7, partie 3, chapitre 1), « Elle donna dix écus à Benjamin pour obtenir de lui qu’il cousît la relique dans le gousset du pantalon de son maître » (7, partie 3, chapitre 2), « Faites que je puisse au moins les voir et les consoler » (A. Daudet, Le Curé de Cucugnan), « Jeanne tira de sa poche une lettre de la baronne demandant qu’on lui envoyât immédiatement cette fille si on ne la gardait pas aux Peuples » (10, chapitre 7), « Elle désirait qu’il restât son fils, rien que son fils ; mais, quand elle l’aimait avec sa raison passionnée, elle ambitionnait qu’il devînt quelqu’un par le monde» (10, chapitre 9), « J’aurais voulu que, du moins, il marquât un peu de regret de m’avoir causé tant de peine » (Gide, L’École des femmes), « Cette invention pédagogique m’inquiéta un peu, car je craignais qu’elle ne fût expérimentée aux dépens de mes jeux » (chapitre 22), « Je tremblais qu’il ne manquât la porte : c’eût été l’humiliation définitive » (chapitre 23), « J’attendais que l’oncle Jules exprimât son admiration » (chapitre 23).

Exemple à la forme interrogative :

« Est-il bien nécessaire que vous l’essayiez sur vous-même, ce terrible élixir ? » (A. Daudet, L’Élixir du Révérend Père Gaucher).

On trouve le subjonctif dans les propositions subordonnées complétives pures, après toutes sortes de propositions principales, à la forme personnelle ou impersonnelle, qui expriment une émotion, un sentiment, une impression du locuteur. Exemples :

« Votre bon ami Valenod n’aurait pas été fâché que l’on pensât dans Verrières qu’il s’établissait entre lui et moi un petit amour tout platonique » (6, livre 1, chapitre 21), « On trouvait très mal aussi qu’un homme du renom de maître Cornille s’en allât maintenant par les rues comme un vrai bohémien » (A. Daudet, Le Secret de maître Cornille), « C’est un peu fort pourtant que le mépris ne puisse pas tuer l’amour » (A. Daudet, L’Arlésienne), « Il était tout fier que ça vînt de Paris, ce brave père Azan » (A. Daudet, Les Vieux), « Les Majestés n’aiment pas qu’on les voie pleurer » (A. Daudet, La Mort du Dauphin), « Ces braves gens ne sont pas fâchés que la messe aille ce train de poste » (A. Daudet, Les Trois Messes basses), « Il me laissait entendre […] qu’il aimerait autant que je ne parlasse pas de cette visite à mes parents » (11), « J’ignorais qu’il possédât un fusil, et je fus indigné qu’il eût gardé un si beau secret » (chapitre 22).

On trouve usuellement le subjonctif dans les subordonnées complétives pures placées en tête de la phrase, exerçant la fonction de sujet ou de complément d’objet :

« Et que ce pays honnête m’ennuyât, c’est ce que je savais d’avance » (Gide, L’Immoraliste), « Que ce soit exact, j’en suis certain ».

Toutefois, il peut arriver que la proposition complétive soit néanmoins à l’indicatif, pour exprimer la certitude :

« Que l’homme est né pour le bonheur, certes toute la nature l’enseigne » (Gide, Nouvelles Nourritures terrestres), « Que je suis devenue une petite rentière, voilà ce que j’aurais eu à lui apprendre » (Colette, L’Entrave), « Que tu as une horloge dans le cerveau est un fait » (Maurois, Cours de bonheur conjugal, chapitre « Conflits mineurs »).

Dans certaines complétives pures, l’emploi ou le non emploi du subjonctif est motivé par le sens exact qu’on entend donner au verbe, ou à la locution verbale, dans la proposition principale, par la forme de cette principale, affirmative ou non, et par le fait qu’on utilise ou non une langue soutenue. On reviendra plus loin sur le sujet.

On trouve le subjonctif dans certaines complétives pures pour marquer une nuance volontariste. Il en sera, notamment, ainsi après les verbes dire, écrire, crier, conclure, entendre, prétendre :

« La Reine lui ayant dit qu’il se reposât et qu’il ne se donnât pas la peine sans besoin de venir au Palais-Royal, il accepta ce parti » (Mme de Motteville, Mémoires, chapitre 44), « Non, s’il vous plaît ; je n’entends pas que vous fassiez de dépense, et que vous envoyiez rien acheter pour moi » (Molière, Monsieur de Pourceaugnac, acte I, scène 10), « Il [Cicéron] prétend que tout vienne et dépende de lui » (Voltaire, Jules César, acte II, scène 2), « Dites-lui qu’elle ne reparaisse plus » (3, page 60).

On emploie le subjonctif dans une proposition relative déterminative quand on envisage sa réalisation comme possible. Ce sera souvent le cas lorsque la subordonnée ajoute à la principale l’idée de but, de conséquence possible. Usuellement, le subjonctif figure dans la relative quand la principale est négative, interrogative ou conditionnelle. On considérera comme négatives des propositions principales contenant pas de, personne, rien, peu, aucun…

Exemples à la forme affirmative :

« Les députés du parti populaire trouvaient que la formation des Gardes nationales allait lentement dans les provinces. Mirabeau qui connaissait bien la crédulité du peuple, leur proposa d’accélérer cette formation en donnant à la fois dans toute la France une alarme générale qui déterminât la nation à prendre les armes et à s’organiser immédiatement en Gardes nationales » (4, page 81), « Aussi, tout en cherchant une personne dont l’éducation ou les sentiments lui offrissent des garanties, essaya-t-il de jeter son fils dans la voie de l’avarice » (7, livre 2, chapitre 4) – dont les sentiments semblassent lui offrir des garanties –, « Max constatait avec Fario qu’il n’existait ni dégât ni traces qui indiquassent le passage de la charrette » (7, partie 2, chapitre 6).

Exemples à la forme interrogative, négative ou conditionnelle :

« Il n’y eut pas de croisée qui ne fût garnie de curieux » (7, partie 2, chapitre 9), « Plus de corde, plus de pieu… rien qui l’empêchât de gambader, de brouter à sa guise » (A. Daudet, La Chèvre de M. Seguin), « Il n’y en avait pas un qui manquât » (A. Daudet, La Mule du pape), « Pas un vitrail debout, pas une porte qui tînt » (A. Daudet, L’Élixir du Révérend Père Gaucher), « En connaissez-vous beaucoup, des maris qui soient fidèles ? » (10, chapitre 7), « Jeanne n’avait plus personne qu’elle pût consulter, à qui elle pût confier ses intimes secrets » (10, chapitre 10), « Il n’y a point dans le cœur de l’homme de bon mouvement que Dieu ne produise ».

Dans les propositions subordonnées relatives, après les superlatifs et les locutions exprimant l’exclusion (comme le premier, le dernier, le seul, l’unique, un des seuls, peu, ne […] que, etc.), suivies de qui, que, dont, où, on emploie l’indicatif-conditionnel ou le subjonctif. L’indicatif-conditionnel met l’accent sur le fait qu’on envisage comme très probable la réalisation de la relative, alors que le subjonctif fait porter l’accent sur la comparaison, qui ne peut se faire qu’après que l’esprit a flotté dans le doute avant de décider. La langue soutenue joue subtilement de ces possibilités pour nuancer la pensée. La première fois que, la dernière fois que, etc. sont suivis, à la forme affirmative, de l’indicatif-conditionnel, et, de nos jours, il en est souvent de même dans les autres formes.

Exemples à l’indicatif :

« Vouloir ce que Dieu veut est la seule science / Qui nous met en repos » (Malherbe, Consolation à M. du Perrier sur la mort de sa fille), « C’est une affaire fort sérieuse et la plus pleine d’honneur pour vous qui se peut souhaiter » (Molière, Le Bourgeois gentilhomme, acte V, scène 4) – M. Jourdain souligne un fait pour lui indiscutable : le fils du Grand Turc est pour Lucile le meilleur parti –, « Il me dit qu’il était aisé de remarquer qu’il y avait dans, dans mon affaire, plus d’imprudence et de légèreté que de malice ; mais que c’était néanmoins la seconde fois que je me trouvais sujet à son tribunal, et qu’il avait espéré que je fusse devenu plus sage, après avoir pris deux ou trois mois de leçons à Saint-Lazare » (1, page 154), « Flore illumina pour lui la maison paternelle, elle lui donna sans le savoir les seuls plaisirs qui lui dorèrent sa jeunesse » (7, partie 2, chapitre 4), « Après les fraîcheurs d’automne, la première fois qu’on entendait sa chanson, on disait : Voici l’hiver qui nous est arrivé » (9, chapitre 23), « Je te raconterai les plus beaux jardins que j’ai vus » (Gide, Les Nourritures terrestres).

Exemples au subjonctif :

« Voilà le plus sot et le plus ridicule madrigal que j’aie jamais lu » (Mme de Sévigné, lettre du 01/12/1664) – il ne s’agit pas, en effet, d’insister sur le fait que le locuteur a lu le madrigal, mais sur le degré de sottise et de ridicule de celui-ci –, « Il fit voir de près, à Manon, le collier de perles et les bracelets. Les reconnaissez-vous ? lui dit-il avec un sourire moqueur. Ce n’était pas la première fois que vous les eussiez vus. Les mêmes, sur ma foi. Ils étaient de votre goût, ma belle ; je me le persuade aisément » (1, page 150), « Il n’y a que l’homme et le singe qui aient des cils aux deux paupières » (Buffon, Histoire naturelle, tome 2, De l’âge viril), « Cette église, un des plus jolis specimen d’église romane que possédât la France, a péri » (7, partie 2, chapitre 1), « Flore fut la seule femme qui restât près de ce garçon, la seule qu’il pût voir à son aise, en la contemplant en secret, en l’étudiant à toute heure » (ibidem, chapitre 4), « Ce bois est le premier de tous les bois de la terre que j’aie connu et celui que j’ai le plus aimé » (9, chapitre 64), « Sous la fenêtre de ma chambre, un immense platane, qui est bien l’un des plus beaux arbres que j’aie vus. Je reste longtemps dans l’admiration de son tronc énorme, de sa ramification puissante et de cet équilibre où le maintient le poids de ses plus importantes branches » (Gide, Journal, 3 juillet 1940), « Il était presque blanc, gigantesque : le plus grand nocturne que j’aie vu ; un grand-duc plus haut qu’un chien de chasse » (Colette, La Maison de Claudine, chapitre « Le Veilleur »), « Dédaignant ceux qui m’eussent reçu, ne pouvant retourner auprès des rares gens que j’estimasse, ayant perdu confiance en tout le monde, je tombai dans une solitude sans espoir » (Louis Aragon, Lorsque tout est fini).

Dans les subordonnées circonstancielles temporelles (introduites par une locution conjonctive de temps), on emploie le subjonctif lorsque l’action subordonnée est future par rapport à celle de la principale, ce qui laisse subsister un doute quant à sa réalisation ultérieure. Avant que, en attendant que, le temps que, etc., sont donc suivis du subjonctif :

« La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté » (11), « Le temps que vous alliez à la boulangerie, l’heure du repas serait déjà passée », « Mais avant même que les bestioles tronçonnées fussent retombées de ses mandibules, d’autres avaient pris leur place » (chapitre 16).

Jusqu’à ce que est normalement suivi du subjonctif, mais il peut être suivi d’un indicatif quand on veut insister sur la réalité du fait :

« Le roi saint Louis porta la here [la haire] jusques à ce que, sur sa vieillesse, son confesseur l’en dispensa » (Montaigne, Essais, livre 1, chapitre 14), « Vous avez vu ci-dessus que les députés [du Parlement] la commencèrent malignement [la conférence de Saint-Germain en vue de la réconciliation des partis] par les prétentions particulières. La cour les entretint adroitement par des négociations secrètes avec les plus considérables, jusques à ce que se voyant assurée de la paix, elle en éluda au moins la meilleure partie » (Retz, Mémoires, page 280), « Encore, si nous voulons discuter les choses dans une considération plus subtile, ce n’est pas toute l’étendue de notre vie qui nous distingue du néant ; et vous savez, Chrétiens, qu’il n y’ a jamais qu’un moment qui nous en sépare. Maintenant nous en tenons un ; maintenant il périt ; et avec lui nous péririons tous, si promptement et sans perdre de temps, nous n’en saisissions un autre semblable, jusqu’à ce qu’enfin il en viendra un auquel nous ne pourrons arriver, quelque effort que nous fassions pour nous y étendre ; et alors nous tomberons tout à coup, manque de soutien » (Bossuet, Sermon sur la mort, 22 mars 1662), « Le sang enivre le soldat, jusqu’à ce que le grand prince, qui ne put voir égorger ces lions comme de timides brebis [à la bataille de Rocroi], calma les courages émus, et joignit au plaisir de vaincre celui de pardonner » (Bossuet, Oraison funèbre du prince de Condé), « Tranquille entre les bras de son Dieu où il s’était une fois jeté, il attendait sa miséricorde et implorait son secours, jusqu’à ce qu’il cessa enfin de respirer et de vivre » (ibidem), « Le juge ordonna qu’il serait lié à la pierre, sans boire ni manger, jusqu’à ce qu’il eût rendu les cinq cents onces » (Voltaire, Zadig, chapitre 10), « Ils [les députés aux états généraux] s’étaient réfugiés le 30 juin [en réalité, le 20 juin 1789] au jeu de Paume où ils avaient prêté ce fameux serment de ne pas se séparer jusqu’à ce qu’ils eussent corrigé les abus » (4, page 51), « Le baron de Breteuil a de la fermeté, et fera très bien, jusqu’à ce que nous ayons eu le temps de faire un bon choix définitif » (4, page 70), « Ce départ [du duc d’Orléans pour l’Angleterre], lui disait-il, aura l’air d’une fuite. Demandez à être jugé et déclarez que jusqu’à ce que vous l’ayez été vous ne quitterez ni l’Assemblée, ni la France » (4, page 107), « Douze jours, ils le cherchèrent, et chaque jour ils maugréaient contre moi, jusqu’à ce qu’un beau jour, tous retournèrent à bord ». (Stevenson, L’Île au trésor, chapitre 15).

Derrière quand, lorsque, comme, dès que, aussitôt que, si tôt que, une fois que, etc., on emploie l’indicatif-conditionnel :

« En nous y rendant, par une longue rue droite où il n’y avait aucun passant, comme nous arrivions près de la chapelle des Orphelines, nous entendîmes sonner et psalmodier pour le mois de Marie » (9, chapitre 37).

Il en est de même pour après que, car le passé est connu :

« Cependant, continua-t-elle, je veux que vous soyez mon juge, après que je vous aurai expliqué la vérité du fait » (1, page 141), « La division des partis était différente dans ce temps-là, de ce qu’elle a été après que l’Assemblée [Constituante] a été transférée à Paris » (4, page 89), « Les Princes concluaient des capitulations avec différentes personnes […], pour lever des régiments qui devaient rester à la solde de la France, après que le contre-Révolution y aurait été opérée » (4, page 292), « Sans doute le Swann que connurent à la même époque tant de clubmen était bien différent de celui que créait ma grand-tante, quand le soir, dans le petit jardin de Combray, après qu’avaient retenti les deux coups hésitants de la clochette, elle injectait et vivifiait de tout ce qu’elle savait sur la famille Swann, l’obscur et incertain personnage qui se détachait, suivi de ma grand-mère, sur un fond de ténèbres, et qu’on reconnaissait à la voix » (11).

Cependant, on observe, particulièrement depuis 1940, une forte tendance à faire suivre après que du subjonctif :

« Enfin je sus qu’ils étaient partis et je me rendis à Paris longtemps après qu’ils y fussent arrivés » (La Rochefoucauld, Mémoires, édition de La Pléiade, page 85), « J’ai entendu que vous refusiez l’amie de Robert, dit Mme de Guermantes à sa tante, après que Bloch eût pris à part l’Ambassadeur » (12).

Dans les propositions subordonnées circonstancielles causales (introduites par une locution conjonctive exprimant la cause), on met le subjonctif quand la cause est présentée comme fausse :

« La légation réussit, moins parce que les Samnites voulaient la paix que parce qu’ils n’étaient pas encore prêts pour la guerre » – les deux causes sont présentées comme justes.

Ainsi, attendu que, comme, d’autant plus que, du moment que, étant donné que, parce que, puisque, sous prétexte que, vu que sont suivis de l’indicatif-conditionnel :

« La brassée de menu bois était consumée et, comme on n’avait pas encore allumé de lampe, il faisait plus noir » (9, chapitre 2), « Cela a-t-il du bon sens de laisser des fenêtres qui ne donnent pas de jour et trompent même la vue par ces reflets d’une couleur que je ne saurais définir, dans une église où il n’y a pas deux dalles qui soient au même niveau et qu’on se refuse à me remplacer sous prétexte que ce sont les tombes des abbés de Combray ? » (11).

Par contre, ce n’est pas que, faute que, non pas que, non point que, non que sont suivis du subjonctif :

« Si le pianiste voulait jouer la chevauchée de la Walkyrie ou le prélude de Tristan, Mme Verdurin protestait, non que cette musique lui déplût, mais au contraire parce qu’elle lui causait trop d’impression » (11, partie 2), « Ce n’est pas que le duc de Guermantes fût mal élevé, au contraire. Mais il était de ces hommes incapables de se mettre à la place des autres » (12).

Après de ce que, le subjonctif est courant, mais pas obligatoire :

« Mais flattées de ce qu’il les eût appelées “jeunes filles”, elles n’osèrent pas reprocher au paon son impolitesse » (Aymé, Le Paon).

Dans les subordonnées circonstancielles finales (introduites par une location conjonctive exprimant le but), on met le subjonctif. En effet, l’action de la subordonnée est désirée par le sujet principal, mais sa réalisation n’aura pas nécessairement lieu. Ainsi, à ce que, afin que, de crainte que, de peur que, pour que sont suivis du subjonctif.

« Mon enfant, dit-elle, conduis-moi sur la terrasse que je voie encore mon pays » (Balzac, La Grenadière), « Les deux antagonistes mirent leur honneur à ce que ce duel n’eût rien de commun avec les disputes ordinaires » (7, partie 3, chapitre 2), « Mais écoutez encore un peu que je vous dise » (A. Daudet, L’Élixir du Révérend Père Gaucher), « Fais attention que personne ne te voie étudier » (Aymé, Les Bœufs), « Après tout, dit la maîtresse, je ne vois pas d’inconvénient à ce que vous entriez dans la classe » (Aymé, Le Problème).

Pour les subordonnées circonstancielles consécutives (introduites par une locution conjonctive exprimant la conséquence), il faut distinguer deux cas :

  • Si cette locution conjonctive est formée d’un adverbe de quantité suivi de que (donc sur le modèle de tant que et tellement que), avec éventuellement un adjectif intercalé (donc sur le modèle de si bien que), on emploie l’indicatif-conditionnel quand la principale est affirmative, et le subjonctif sinon : « Jeanne fut tellement émue qu’elle faillit pleurer » (10, chapitre 5), « Le bruit est si intense que nous devons fermer la fenêtre ». Il en est de même pour au point que : « Oui, vraiment, j’avoue que les dix premiers jours j’en étais venu à désespérer, et même à me désintéresser d’elle au point que je regrettais mon élan premier et que j’eusse voulu ne l’avoir jamais emmenée » (Gide, La Symphonie pastorale, premier cahier).
  • Si cette locution est de façon que, de manière que, de sorte que, en sorte que, souvent on insiste sur le résultat, et l’on emploie l’indicatif-conditionnel ; parfois, on insiste sur l’intention, ou la possibilité, et l’on emploie le subjonctif. Exemples : « Elle me prit les deux mains, elle s’approcha de moi plus près encore, en sorte qu’elle me touchait et que je la touchais » (3, page 159), « Toutefois, je pouvais certainement lui faire confiance sur un point, car là nos intérêts coïncidaient ; c’était sur ce que nous voulions faire de la goélette. Nous souhaitions tous les deux la voir échouée en lieu sûr, dans un endroit protégé, de sorte que, le moment venu, on pût l’en faire repartir avec aussi peu de travail et de risque que possible » (Robert Louis Stevenson, L’Île au trésor, chapitre 26), « Sur ce, j’étais parvenu à la porte, et me redressai. Tout était sombre à l’intérieur, de sorte que je ne pus rien distinguer » (ibidem, chapitre 27), « Cependant, et même si les choses tournaient de telle sorte qu’il fût forcé de rester loyal vis-à-vis du docteur Livesey, quels dangers nous courions encore ! » (ibidem, chapitre 31), « Il a partagé les gâteaux de manière que tout le monde a été satisfait » (Grevisse), « Il a partagé les gâteaux de manière que tout le monde soit satisfait » (Grevisse), « On a mis une barrière, de sorte que les chevaux ne peuvent plus passer », « On a mis une barrière de sorte que les chevaux ne puissent plus passer ».

Dans les subordonnées circonstancielles comparatives (introduites par une locution conjonctive de comparaison), on utilise presque toujours l’indicatif-conditionnel :

« Les vertus devraient être sœurs / Ainsi que les vices sont frères » (La Fontaine, Les Deux Chiens et l’Âne mort), « Elle annonçait le froid, comme les hirondelles annoncent le printemps » (9, chapitre 23), « Ils se retrouvaient tout à coup presque aussi inconnus l’un à l’autre que s’ils n’avaient (ou n’eussent) pas dormi côte à côte » (10, chapitre 6), « Croyez bien que je respecte Gertrude autant que vous pouvez faire vous-même » (Gide, La Symphonie pastorale, premier cahier), « Il travaille plus qu’on le croit », « Le spectacle était bien tel qu’on l’avait annoncé ».

Dans les subordonnées circonstancielles concessives (introduites par une locution conjonctive exprimant qu’il n’y a pas eu la relation logique attendue entre les faits exprimés dans la principale et dans la subordonnée), on trouve l’indicatif-conditionnel après quand, alors que, pendant que, sauf que, tandis que, même si (qui est suivi de l’indicatif), lors même que et quand bien même (qui sont tous deux suivis du conditionnel) :

« Tu passes ton temps à ne rien faire, alors que ton frère est là pour aider ».

On trouve généralement l’indicatif après tout […] que, et le subjonctif après au lieu que, encore que, autant que, pour autant que, si […] que. Au lieu que est suivi de l’indicatif-conditionnel quand il a le sens de « tandis que », du subjonctif quand il a celui de « loin que ». Ainsi, on trouve :

« Par exemple, trois Papes ont décidé que les religieux qui sont obligés par un vœu particulier à la vie quadragésimale n’en sont pas dispensés, encore qu’ils soient faits évêques » (Pascal, Les Provinciales, lettre 6), « La violence n’a qu’un cours borné par l’ordre de Dieu qui en conduit les effets à la gloire de la vérité qu’elle attaque, au lieu que la vérité subsiste éternellement et triomphe enfin de ses ennemis » (ibidem, lettre 12) – subsister est à l’indicatif –, « Et quoi ne dites-vous pas vous-même que le ciel et les oiseaux prouvent Dieu ? — Non. Car encore que cela est vrai en un sens pour quelques âmes à qui Dieu donna cette lumière, néanmoins cela est faux à l’égard de la plupart » (Pascal, Pensées), « J’affectai fort de témoigner aux grands d’Espagne que j’avais toute ma vie eu une si haute idée de leur dignité que, encore que j’eusse l’honneur d’être revêtu de la première du royaume de France, je me trouvais fort honoré de l’être de la leur » (Saint-Simon, Mémoires, édition de La Pléiade, volume 7, page 23), « Le prince, dans ses ambassades et comme ministre des Affaires étrangères, avait tenu, pour son pays au lieu que ce fût comme maintenant pour lui-même, de ces conversations où on sait d’avance jusqu’où on veut aller et ce qu’on ne vous fera pas dire » (12), « Au lieu que son histoire l’ait calmé, on dirait plutôt qu’il s’aigrit » (J. Romains, Les Hommes de bonne volonté, partie « Les Humbles », chapitre 23), « Je considère qu’il faut encourager l’introduction à l’école de logiciels libres, pour autant que leur valeur pédagogique aura (ou ait) été reconnue », « Tout gentil qu’il est (ou soit), il ne me plaît pas », « Il ne songe qu’à ses plaisirs, au lieu qu’il devrait veiller à ses affaires ».

On trouve le subjonctif derrière bien que, quoique, loin que, sans que, si peu que, malgré que, à quelque […] que, où que, quel que, quelque […] que, quoi que :

« Je saisis l’une de ses mains malgré qu’elle en eût » (3, page 52), « Et voilà que, malgré que j’en aie, mon nom reparaît dans des mémoires, des factums, à l’audience » (3, page 177), « Je prie la Compagnie [le Parlement de Paris] de ne point perdre le souvenir de l’attachement que je lui ai voué, et je puis l’assurer que, quel que soit le sort qui peut m’être réservé, quelles que soient les propositions qui me seront faites, je serai toujours digne d’être un de ses membres » (Guy-Marie Sallier, Annales françaises, page 154), « Malgré les instances et les injonctions de mon père, elle [Mme de Genlis] alla ensuite s’établir à Bury Saint-Edmond’s dans le Comté de Suffolk où elle loua une petite maison au milieu de la ville, sans que mon père, ni moi, nous ayons pu savoir les motifs de ce choix bizarre, et sans qu’elle pût faire valoir ni raison ni prétexte pour la prolongation de son séjour en Angleterre » (5, page 288), « Il ne se passait pas une semaine qu’il ne fût terrassé par une migraine atroce » (A. France, Les Désirs de Jean Servien, chapitre 16), « Cela avait fait d’elle une si noble, si impérieuse, si efficace éducatrice, qu’il n’y avait jamais eu chez nous de domestiques si corrompus qui n’eussent vite modifié, épuré leur conception de la vie jusqu’à ne plus toucher “le sou du franc” et à se précipiter – si peu serviables qu’ils eussent été jusqu’alors – pour me prendre des mains et ne pas me laisser me fatiguer à porter le moindre paquet » (12), « Médicalement, si peu d’espoir qu’il y eût de mettre un terme à cette crise d’urémie1, il ne fallait pas fatiguer le rein » (12), « Sans que ce mot se trouvât dans une conversation […], ils me donnèrent anticonstitutionnellement » (chapitre 18), « Il déclara que l’éclairage était excellent, quoique la hauteur du soleil de midi lui eût un peu allongé le nez » (chapitre 33).


1 « Accumulation de l’urée dans le sang. » (Wiktionnaire)

Dans les subordonnées circonstancielles hypothétiques (introduites par une locution conjonctive exprimant la supposition ou la condition), on trouve l’indicatif-conditionnel, après dans la mesure où, selon que, suivant que :

« Selon que vous serez puissant ou misérable, / Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » (La Fontaine, « Les Animaux malades de la peste »), « Chaque passeport est en double expédition, selon que Votre excellence voudra arriver de Florence ou de Modène » (Stendhal, La Chartreuse de Parme, livre 1, chapitre 12).

On trouve usuellement le subjonctif après que, en supposant que, en admettant que, supposé que :

« Sœur Thérèse baissait les yeux, rougissait et bégayait ; cependant, que j’eusse les doigts jolis ou non, que la supérieure eût tort ou raison de l’observer, qu’est-ce que cela faisait à cette sœur ? » (3, page 146), « Au reste, tout ce qu’elle lui apprenait ne lui fit pas changer un instant de dessein : en supposant que les périls qu’elle lui peignait fussent bien réels, était-ce trop que d’acheter, par quelques dangers du moment, le bonheur de la voir tous les jours ? » (Stendhal, La Chartreuse de Parme, livre 2, chapitre 20), « Quand on leur parle [aux littérateurs traditionnalistes] des tentatives nouvelles, ils répondent doctoralement : “On ne fera pas mieux que ce qui est”. Cette réponse est juste ; mais tout en admettant qu’on ne fera pas mieux, on peut bien convenir qu’on fera autrement » (Maupassant, Émile Zola, partie 2), « Admettant que la filière doit être ouverte à tout ressortissant de la communauté économique européenne, le gouvernement décide… ».

On trouve le subjonctif après à condition que, à moins que, à supposer que, en cas que, pour peu que, pourvu que, si tant est que, etc. Exemple : « Pour peu que l’on s’efforçât d’appeler son attention elle commençait à geindre, à grogner comme un animal » (Gide, La Symphonie pastorale, premier cahier).

On met parfois le subjonctif dans des propositions subordonnées circonstancielles hypothétiques introduites par si :

« Si elle eût joui de sa santé, peut-être aurait-elle fui de la maison où gisait au-dessus d’elle, le meurtrier de Max » (7, partie 3, chapitre 3), « Jeanne renonçait à comprendre quand elle découvrit dans un coin une bestiole microscopique, que le lapin, s’il eût vécu, aurait pu manger comme un brin d’herbe » (10, chapitre 1), « Il peut sembler étrange qu’une personne haute comme une bouteille, et qui aurait disparu dans la poche de ma redingote s’il n’eût pas été irrévérencieux de l’y mettre, donnât précisément l’idée de la grandeur » (A. France, Le Crime de Sylvestre Bonnard).

L’emploi du subjonctif souligne l’irréalité de l’hypothèse ou de la condition. Rappelons que, la situation la plus courante, est que l’indicatif soit dans l’hypothèse et l’indicatif-conditionnel dans la conclusion :

« S’ils valent seulement quarante mille francs, mille francs par tableau, n’en dites rien à personne » (7, partie 2, chapitre 9), « Mon oncle, si Flore revient, et qu’elle soit tendre pour vous, vous reconnaîtrez que j’ai eu raison » (7, partie 3, chapitre 1), « Si l’évènement se produisait, elle irait en informer le poissonnier » (chapitre 3).

L’indicatif est nécessaire lorsque si introduit une suggestion : « Si nous allions nous promener, dit Jeanne » (10, chapitre 3), « Si nous montions à pied » (10, chapitre 5).

Dans les propositions subordonnées circonstancielles hypothético-comparatives introduites par comme si, on emploie tantôt le subjonctif, et tantôt l’indicatif. L’emploi de l’imparfait ou du plus-que-parfait du subjonctif au lieu du temps correspondant de l’indicatif, est censé apporter une restriction à la réalité du fait :

« Je serrai le tronc contre mon cœur, comme si c’eût été ma mère. J’aurais aimé entendre une cigale » (chapitre 28).

Par contre, on écrira :

« Aucune autre voix ne montait sous le ciel torride, d’un bleu miroitant et jauni comme s’il allait tout d’un coup devenir rouge, à la façon des métaux trop rapprochés d’un brasier » (10, chapitre 3), « Elle s’étonnait de cette froideur qui paralysait sa tendresse, comme si, lorsqu’on a beaucoup pensé de loin aux gens qu’on aime, et perdu l’habitude de les voir à toute heure, on éprouvait, en les retrouvant une sorte d’arrêt d’affection jusqu’à ce que les liens de la vie commune fussent renoués » (10, chapitre 6), « Quand elle le vit lever le genou pour faire un pas, comme s’il allait enjamber un fleuve, elle fut saisie d’un rire invincible » (10, chapitre 6).

Dans la plupart des cas, la nuance est imperceptible.

Ainsi que je l’ai dit, des conjonctions comme « bien que », « quoique », « quoi que »… doivent normalement être suivies du subjonctif. Les faire suivre d’un indicatif ou d’un conditionnel est archaïque, comme dans :

Alain
S’il ne tient qu’à frapper, Monsieur, tout est à nous :
Vous verrez, quand je bats, si j’y vais de main morte.
Georgette
La mienne, quoique aux yeux elle n’est pas forte,
N’en quitte pas sa part à le bien étriller.

(Molière, L’École des femmes, acte IV, scène 9)

« Jamais les Pères ne l’ont reprochée [une loi autorisant la polygamie], ni durant la vie ni après la mort, ni à Valentinien ni à Justine, cette prétendue seconde femme, quoique, devenue arienne et persécutrice des catholiques, elle n’avait pas mérité d’être flattée » (Bossuet, Défense de l’histoire des variations, premier discours), « Au surplus, la ligue, quels que furent ses crimes, sauva la religion catholique en France, dans ce sens qu’elle donna des soldats et un chef à de vieux principes et de vieilles idées, qu’attaquaient des principes nouveaux et des idées nouvelles » (Chateaubriand, Analyse raisonnée de l’histoire de France).

Néanmoins, dans quelques cas, l’emploi de l’indicatif, ou du conditionnel, derrière quoique, bien que…, lève toute ambiguïté. Ainsi en est-il dans :

« Je crois superflu d’en dire plus long sur cette question, quoique j’aurais beaucoup de choses prêtes à ajouter » (Pierre de Fermat, Œuvres), « Je me sens obligé de vous exposer l’état de nos malheureuses dissensions [entre jésuites et jansénistes], quoique je désirerais beaucoup davantage de les voir ensevelies éternellement dans l’oubli et dans le silence » (Bossuet, Oraison de Nicolas Cornet, 27 juin 1663), « En attendant, on laissera tout faire au cardinal [Fleury], quoique l’on parera plusieurs de ses coups les plus impertinents et les plus nuisibles » (Marquis d’Argenson, Mémoires, à la date du 20 décembre 1739), « Je suis si pressé par le départ du courrier que je n’ai pas le temps de vous écrire davantage, quoique j’aurais grande envie de vous communiquer beaucoup de choses que je réserve pour une prochaine occasion » (Chateaubriand, Correspondance), « À l’heure actuelle, Mirabeau ne remuerait personne, bien que sa corruption ne lui nuirait point » (Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe), « Je crois que j’ai le goût plus sûr que lui, quoique je serais bien incapable de faire ses articles » (Proust, Lettres à la Comtesse de Noailles), « Peut-être on va m’emmener dans le Midi. Ce que ce serait chic ! Quoique cela me fera manquer un arbre de Noël » (11), « Et de peur qu’elle l’enfreignît jamais, j’ajoutai : “Quoique je serais furieux que vous me réveilliez” » (Proust, La Prisonnière), « Je m’occupe de la traduction et c’est la pure vérité que j’aime ce travail — quoique j’aurais préféré le faire avec vous » (Gide, Correspondance avec Dorothy Bussy).

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Voir aussi
  • Valeur du subjonctif
  • Subjonctif et formes impersonnelles
  • L’alternance indicatif-subjonctif
  • L’évolution du subjonctif
  • Le temps du subjonctif dans la subordonnée
  • Dans le forum : Le subjonctif

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