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Fiches de méthode

La contraction de texte

La contraction de texte

Directives officielles pour les séries technologiques

La contraction de texte suivie d’un essai permet d’apprécier l’aptitude à reformuler une argumentation de manière précise, en en respectant l’énonciation, la thèse, la composition et le mouvement. Elle prend appui sur un texte relevant d’une forme moderne et contemporaine de la littérature d’idées. D’une longueur de mille mots environ, ce texte fait l’objet d’un exercice de contraction au quart, avec une marge autorisée de plus ou moins 10%. Le candidat indique à la fin de l’exercice le nombre de mots utilisés.

Note de service no 2019-042 du 18/04/2019
BO no 17 du 25 avril 2019

Une fiche rédigée par Jean-Luc.

Introduction

L’exercice consiste à réduire un texte en principe informatif selon un nombre de mots maximal. Cette contrainte est utilisée en particulier dans le monde professionnel du journalisme afin que le rédacteur aille à l’essentiel et respecte les gabarits de mise en page.
Certaines épreuves de français dans des classes postérieures au baccalauréat ainsi que certains concours de la fonction publique demandent un tel résumé, mais à partir de plusieurs documents tirés d’un dossier, le résumé devant, difficulté supplémentaire, synthétiser ces informations hétérogènes.
Trois critères permettront d’apprécier la qualité du travail, ils sont fournis en ordre décroissant d’importance :

  • une compréhension exacte des informations fournies et une restitution conforme de leur organisation logique (schéma argumentatif) en respectant en particulier la structure en paragraphes,
  • le respect des consignes de longueur, en principe réduction au quart avec une tolérance de ± 10%,
  • le rendu des nuances de pensée (pour l’essentiel la modalisation), le respect de l’énonciation (JE, ou IL, ou NOUS comme dans le texte d’origine, ne pas se mettre dans une situation distante en écrivant par exemple : « l’auteur affirme… »).

Première lecture

Lire rapidement le texte sans s’attarder aux détails de façon à déterminer

  • le thème : de quoi s’agit-il ? quel sujet aborde-t-on ? Par ex. la mode. Ce thème peut être inscrit dans le libellé du sujet de l’épreuve,
  • la thèse : la position que l’auteur assume à propos du thème. Par exemple, la mode est néfaste.
  • la problématique : à l’intérieur du thème, il faut être capable de reformuler au moyen d’une phrase complète la question à laquelle tente de répondre le texte. Par ex. Pourquoi la mode exerce-t-elle une force si contraignante sur nos esprits ? La problématique servira de fil conducteur pour la sélection des informations à retenir, de même elle va induire le plan pour présenter ces informations.

Deuxième lecture

Analyser le texte en s’appuyant sur le découpage en paragraphes. En principe chaque paragraphe doit exposer une unité de sens dans l’argumentation : une ou plusieurs idées voisines assorties d’exemples les illustrant.
Repérer le schéma argumentatif à partir des connecteurs, faire ressortir la structure logique, le plan.

Troisième lecture

Lors de cette lecture, on s’attachera aux propositions principales qui contiennent les informations essentielles. Dans les propositions subordonnées qui renseignent à un niveau inférieur (détails ou nuances), on gardera en principe seulement les causales et les consécutives car elles structurent le raisonnement.

On peut alors passer au découpage du texte selon la méthode du tableau à trois colonnes.
L’utilisation de cette technique facilite le classement des éléments fondamentaux dans les documents textuels :

  • thèses, arguments avec les exemples qui leur sont rattachés, leurs nuances,
  • la distinction entre éléments principaux et secondaires.

En pratique, sur sa feuille d’analyse, on trace trois colonnes

Idées générales (IG)

Idées principales (IP)

Idées secondaires (IS)

thèses

arguments

exemples qui leur sont rattachés, nuances,

Par la suite, on gardera toutes les IG et IP. On ajoutera éventuellement quelques IS en fonction des consignes de résumé.
Dans cette phase d’analyse, on veillera à rédiger précisément les IG et les IP en reformulant ce que l’on a compris. Ce sera le canevas de la phase de rédaction.
On porte dans une des trois colonnes l’idée que l’on analyse en la faisant précéder d’un chiffre romain pour les IG, d’un chiffre arabe pour les IP, d’une lettre pour les IS. Ces indications ne sont nécessaires que pour l’analyse de dossier contenant plusieurs documents à résumer afin de préparer le plan de synthèse. Voir le résumé de dossier.
On tire un trait sous chaque idée, un double trait à la fin de chaque paragraphe.

Idées générales (IG)

Idées principales (IP)

Idées secondaires (IS)

I – première IG

1 première IP

A première IS

 

 

B deuxième IS

 

2 deuxième IP

A première IS

 

 

B deuxième IS

Rédaction

Il faut respecter la structure du texte d’origine : le résumé présentera autant de paragraphes que le texte source. Chaque paragraphe commencera par un alinéa et se terminera par un retour à la ligne. Chaque paragraphe est suivi du nombre de mots qui le composent.
Les arguments sont repris dans l’ordre voulu par l’auteur. Ils ne doivent pas être commentés.
Les idées ne sont jamais restituées sous la forme de membres de phrases tronquées. Elles doivent être formulées selon une réécriture originale qui fera appel aux synonymes, sauf pour les termes essentiels (notions précises et techniques utilisées par le thème). Il faut rechercher la concision.

Conclusion

Faire attention au sens du texte pour ne pas le modifier, veiller à la syntaxe, au vocabulaire, à l’orthographe, qui sont aussi évalués.

Jean de La Fontaine, Fables, livres VII à IX. Parcours : Imagination et pensée au XVIIe siècle.

Texte d’Éloïse Lhérété, « Les livres ont du pouvoir », Sciences humaines, no 321, janvier 2020.

Contraction de texte

Vous résumerez ce texte en 189 mots. Une tolérance de +/- 10% est admise : votre travail comptera au moins 170 mots et au plus 208 mots.
Vous placerez un repère dans votre travail tous les 50 mots et indiquerez, à la fin de votre contraction, le nombre total de mots utilisés.

Qu’est-ce qu’un livre qui compte dans une vie ? C’est un livre qui résonne et qui nous fait vibrer. Il excite notre pensée, notre sensibilité et notre imagination, comme la vibration d’une corde de violon fait résonner son « âme », cette pièce de lutherie placée au cœur de l’instrument. Il dessille1 notre regard, intensifie nos émotions, révèle des passions sourdes, attise un feu de souvenirs personnels, nous fait rire, nous console, nous soigne, nous inspire, nous convainc, nous embarque, nous nourrit, amplifie notre vie. Par sa puissance, il laisse une empreinte. « Peu de livres changent une vie, souligne le romancier Christian Bobin. Et quand ils la changent, c’est pour toujours. » […]
Pourquoi certains livres nous parlent-ils autant, au point de nous changer ? Une réponse tient à l’espace-temps qu’ils instaurent. L’expérience littéraire autorise l’exercice de la réflexivité. Dans nos vies denses et hyper connectées, elle ouvre un théâtre en marge du monde, à l’écart de son tumulte et de ses influences, où l’on peut enfin « être à soi » : rêver, penser, se poser des questions, tirer des fils, tisser des liens. Proust évoque finement « le miracle fécond d’une communication au sein de la solitude ». Par le détour d’un texte, dont je ne retiens d’ailleurs qu’une partie qui me convient, je suis renvoyé à moi ; à travers les mots d’un autre, je discute avec moi-même, fabrique des associations d’idées, trame des histoires. Là où l’écran d’ordinateur barre l’horizon, le livre incite à voir plus loin : « Ne vous est-il jamais arrivé, lisant un livre, de vous arrêter sans cesse dans votre lecture, non par désintérêt, mais au contraire par afflux d’idées, d’associations ? En un mot, ne vous est-il pas arrivé de lire en levant la tête ? », interroge Roland Barthes.
Du philosophe Sénèque jusqu’au neuropsychiatre Boris Cyrulnik, nombreux sont les penseurs à avoir conçu la lecture comme un tremplin vers la vie spirituelle. Méditation, rêverie, voyage mental… Les bons livres nous transportent, dans tous les sens du terme. Boris Cyrulnik témoigne ainsi du rôle que tinrent les romans pendant son enfance fracassée par la perte de ses parents et la maltraitance des institutions : ils furent ses « porte-rêves », confie-t-il. Aiguillonné2 par eux, le petit garçon put s’inventer un monde de beauté et d’affectivité, protecteur et doux. […]
La littérature nous ouvre donc aux autres, tout en nous incitant à un retour à soi. Introduisant en nous de l’ailleurs et de l’altérité, elle nous relie à la longue chaîne des destinées humaines. Lisant, j’investis tour à tour l’existence d’un commissaire de police, d’un amoureux transi, d’un prisonnier, d’une reine, d’une malade ou d’un orphelin. M’identifiant aux personnages, je profère mentalement leur discours, reprenant à mon compte leur phrasé et leurs idées. Je simule leurs aventures, je vibre à leur contact. […]
Selon Marielle Macé, auteure de Façons de lire, manières d’être, cette projection mentale explique l’effet puissant de certains récits littéraires. Lisant une histoire, nous sommes amenés à interroger notre style de vie. Qui voulons-nous être ? Quelle place pouvons-nous tenir dans ce monde ? À ces questions, nous apportons des réponse différentes selon les âges et les circonstances de la vie. Dans la solitude de nos lectures, nous voyons surgir des modèles — ou des contre-modèles — pour travailler notre identité et conduire notre existence. « Avec les livres, ce sont d’autres hommes qui nous offrent le moyen d’être homme, c’est-à-dire soi-même, véritablement, dans la communauté partagée », souligne l’historienne Danielle Sallenave.
Le pouvoir du livre est aujourd’hui paré de toutes les vertus. On loue la lecture, on l’encourage, on lui consacre des fêtes et des salons, on en plébiscite les bienfaits sur les enfants. Il n’en a pas toujours été ainsi. La fiction littéraire a parfois été soupçonnée d’amollir le corps, de pervertir les esprits, de dépraver les mœurs, de dérégler les cœurs. Tout pouvoir est ambivalent. […] On peut s’enfermer dans la lecture sans parvenir à s’en nourrir, tout comme on peut détester lire et bien vivre malgré tout.
Qu’est-ce qu’un livre qui compte ? C’est celui qui essaime3 dans notre âme et notre vie, répond Edgar Morin dans son dernier livre, Les Souvenirs viennent à ma rencontre (2019). S’immisçant entre l’existence réelle et la vie intérieure, les livres germinent et nous grandissent.

756 mots

Notes

1 Dessille : ouvre les yeux.
2 Aiguillonné : stimulé.
3 Essaime : se diffuse.

Proposition de corrigé

Première lecture

  • le thème : la question initiale, « Qu’est-ce qu’un livre qui compte dans une vie ? », qu’est-ce qu’un livre important ?
  • la thèse : un livre important est celui qui transforme notre vie intérieure.
  • la problématique : quelles sont les caractéristiques d’un livre important ?

Deuxième lecture

Six paragraphes :

  • Définition
  • Examen des causes introduit par un « Pourquoi ? »
  • La lecture stimule la vie de l’esprit.
  • « La littérature nous ouvre donc aux autres, tout en nous incitant à un retour à soi. » Examen des conséquences.
  • Une restriction : « Il n’en a pas toujours été ainsi. ».
  • Une conclusion : une réponse synthétique à la reprise de la question initiale.

Troisième lecture

Analyse préalable selon la méthode du tableau à trois colonnes

IG

IP

IS

Qu’est-ce qu’un livre marquant ?

 

 

À quels signes le reconnaître ?

Il ouvre notre esprit.

 

 

Il nous procure d’intenses émotions.

Il nous fait vibrer comme un violon.

 

Il réveille des souvenirs.

 

 

Il nous permet de vivre plus intensément.

Mais ces livres sont peu nombreux.

Les raisons de cette affinité secrète

 

qui peut nous changer

 

Il permet le retour sur soi

loin du bruit et des contraintes qui nous absorbent,

 

 

grâce aux mots d’un auteur,

 

 

alors que les images sur l’écran d’ordinateur nous enferment dans la réalité.

 

Il permet de réfléchir

au point que parfois nous interrompons notre lecture.

 

Il nous ouvre à la spiritualité

Ce qu’affirment nombre de philosophes de Sénèque à Cyrulnik.

 

Il façonne notre imaginaire et corrige la dureté du réel.

Cyrulnik a pu surmonter la perte de ses parents et la dureté du système éducatif.

 

Il permet aussi l’ouverture aux autres

grâce à la variété des personnages littéraires rencontrés

 

si nous nous identifions à eux.

 

 

La littérature nous offre des exemples à suivre ou à refuser pour orienter notre existence.

 

 

L’extraordinaire pouvoir de la littérature est reconnu aujourd’hui

alors qu’autrefois on a pu la juger dangereuse pour l’intelligence, l’affectivité ou la morale.

 

Attention cependant à ne pas la consommer superficiellement.

 

conclusion

 

Le livre est une passerelle entre réalité et monde intérieur.

 

Le bon livre nous humanise.

 

Rédaction du résumé

Mme Lhérété essaie de définir ce qu’est un livre marquant. On reconnaît ces ouvrages à ce qu’ils nous ouvrent l’esprit, nous procurent d’intenses émotions, réveillent des souvenirs et nous permettent de vivre plus intensément. Mais ils sont peu nombreux.
(39 mots)
Cette affinité secrète, qui peut nous changer, tient à ce que ce type de livre favorise le retour sur soi loin du bruit et des contraintes qui nous absorbent, grâce aux mots d’un auteur. Il permet de réfléchir à l’essentiel.
(40 mots)
Il nous ouvre aussi à la spiritualité. Il peut façonner notre imaginaire et corriger la dureté du réel.
(18 mots)
Il ouvre également aux autres grâce à la variété des personnages littéraires rencontrés à condition de nous identifier à eux. La littérature nous offre des exemples à suivre ou à refuser pour orienter notre existence.
(35 mots)
Si l’extraordinaire pouvoir de la littérature est reconnu aujourd’hui alors qu’autrefois on a pu la juger dangereuse pour l’intelligence, l’affectivité ou la morale, attention cependant à ne pas la consommer superficiellement.
(33 mots)
Le bon livre est donc celui qui nous humanise.
(9 mots)
(174 mots)

Les connecteurs (ou mots de liaison)

Les connecteurs (ou mots de liaison) permettent de lier les idées entre elles dans l’argumentation. Ils sont le fil conducteur de l’exposé dans les parties et entre elles. Il faut apprendre par cœur les plus courants.

Les connecteurs appartiennent à diverses classes grammaticales :

  • un adverbe (alors, ensuite, cependant, etc.) ou une locution adverbiale (tout à coup, en face de, de plus, etc.) ; ce sont des adverbes de liaison ;
  • une conjonction de coordination (mais, ou, et, donc, or, ni, car) ;
  • une conjonction de subordination (quand, comme, puisque, quoique, etc.) ou des locutions conjonctives (pendant que, parce que, si bien que, etc.), elles assurent toujours des connecteurs à l’intérieur de la phrase.
  • Un GN complément circonstanciel placé en tête de phrase peut également remplir le rôle de connecteur.

On distingue trois sortes de connecteurs :

  • les connecteurs temporels, qui placent les événements dans un ordre chronologique (puis, alors, la veille, le lendemain, quelques mois plus tard…) ; on les trouve surtout dans les textes narratifs ;
  • les connecteurs spatiaux organisent la disposition des éléments d’un décor ou d’un portrait ; on les rencontre surtout dans les textes descriptifs, le plus souvent par deux (à droite / à gauche, au-dessus / en dessous, au premier plan / à l’arrière-plan…) ;
  • les connecteurs logiques, qui établissent un rapport de sens entre deux idées ou deux faits. Ces connecteurs peuvent être rangés selon le rapport de sens qu’ils établissent. Ces connecteurs sont très présents dans les textes explicatifs et argumentatifs.

Explication et justification : car, en effet, par exempte, en particulier, parce que, puisque…
Opposition ou restriction : mais, or, cependant, néanmoins, pourtant, toutefois, en revanche, mis à part, ne… que, en dehors de, hormis, à défaut de, excepté, sauf, uniquement, simplement..
Reformulation : autrement dit, en d’autres termes, en bref…
Énumération : d’abord, en premier lieu, premièrement, en deuxième lieu, deuxièmement, après, ensuite, de plus, quant à, puis, en troisième lieu, en dernier lieu, enfin, pour conclure…
Addition : et, ou (inclusif), d’ailleurs, de plus, en outre, de surcroît, de même…
Alternative : ou, soit… soit, tantôt… tantôt, ou… ou, ou bien, seulement… mais encore, l’un… l’autre, d’un côté… de l’autre…
Comparaison ou illustration : par exemple, comme, de la même manière que, ainsi que, à l’instar de…
Condition : à moins de/que, à condition que, si…
Finalité : afin que, pour que, de peur que, en vue de, de façon que, en sorte que…
Conséquence : et donc, c’est pourquoi, aussi, ainsi, par conséquent…
Conclusion : enfin, finalement, en résumé, en conclusion, au terme de…

Voir aussi

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