Grammaire et orthographe
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Je suis désolé d’avoir à rappeler quelques faits, parfois perdus de vue. Le français est un code de communication. Il paraît donc souhaitable que tous ses locuteurs aient une orthographe commune. Si l’écriture d’un mot dépendait de la fantaisie de chacun, cela ne faciliterait pas la compréhension mutuelle. Pour s’en rendre compte, il suffit de se reporter à une édition, conforme aux manuscrits anciens, des Chroniques de Jean Froissart ; le fait que la graphie d’un même mot y soit fluctuante rend la lecture de ces Chroniques parfois malaisée. Ceci ne veut pas dire, bien entendu, que l’orthographe soit intangible et qu’elle ne doive pas être simplifiée ; les siècles passés nous prouvent le contraire.
Ainsi que l’a souligné le collectif « Sauver les Lettres », 58% des élèves de seconde testés obtenaient la note zéro après qu’on les eut soumis à une dictée posée au brevet des collèges en 1976. Cette défaillance est le symptôme le plus voyant d’un mal bien plus grave, à savoir la non-maîtrise de la grammaire et de la syntaxe. Il ne servirait donc à rien de nous opposer les paroles de Jules Ferry, prononcées le 31 mars 1881 lors d’un débat au Sénat portant sur le brevet : « Mettre l’orthographe au premier plan de toutes les connaissances, ce n’est pas faire un bon choix : il vaut mieux être capable de rédiger un récit, de faire n’importe quelle composition française, dût-on même la semer de quelques fautes d’orthographe, si le travail est bien conçu et s’il sert à montrer l’intelligence du candidat » ; ou la circulaire de Léon Bourgeois, ministre de l’instruction publique : « À supposer que l’on trouve de bonnes raisons pour justifier telle ou telle de ces finesses orthographiques, n’est-il pas flagrant que l’immense majorité des enfants ont mieux à faire que d’y consumer leur temps ? Et pour ne parler que de la langue française, n’ont-ils pas infiniment plus besoin, pour la bien connaître, qu’on leur lise et qu’on leur fasse lire en classe et hors de classe les plus belles pages de nos classiques que d’exercer toute l’acuité de leur esprit sur des nuances grammaticales à peine saisissables, quand elles ne sont pas de simples vétilles ? » (Circulaire du 27 avril 1898).
D’ailleurs le même manque d’exigence à l’égard des élèves a conduit, en mathématique, à l’abandon des démonstrations, ce qui a vidé la discipline de toute sa substance, ainsi qu’il est expliqué sur ce site.
À mon avis, cette dégradation ne peut que continuer. Ne lit-on pas : « Pour réduire le déficit budgétaire, une réduction très importante des investissements publics ou une diminution des dépenses de fonctionnement ne comportent pas de risque politique. Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population. » (Christian Morrisson, La Faisabilité politique de l’ajustement, Centre de développement de l’OCDE, Cahier de politique économique n°13, OCDE 1996, page 30 ; le document est accessible sur le site https://www.oecd.org/).
L’exposé qui suit s’adresse donc aux parents qui souhaitent aider leurs enfants dans leur apprentissage du français, et, au-delà, à tous ceux qui veulent perfectionner leur connaissance de notre langue.
Ci-après les références 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 désignent, respectivement, Manon Lescaut de l’abbé Prévost (collection Garnier-Flammarion, 1967), Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau (livres 1 à 4, collection Folio classique), La Religieuse de Diderot (collection Garnier-Flammarion, 1968), le tome 1 des Mémoires de Louis-Philippe (édition de 1974, chez Plon), le tome 2 de ces Mémoires, Le Rouge et le Noir de Stendhal, La Rabouilleuse de Balzac, Madame Bovary de Gustave Flaubert, Le Roman d’un enfant de Pierre Loti, Une vie de Maupassant, Du côté de chez Swann et Le Côté de Guermantes (deuxième partie) de Proust. Les références 13, 14, 15, 16 désignent La Gloire de mon père, Le Château de ma mère, Le Temps des secrets et Le Temps des amours, de Marcel Pagnol. Lorsqu’il est seulement fait référence à un chapitre, il figure dans La Gloire de mon père. Sauf mention expresse du contraire, toute référence à La Rochefoucauld renverra à ses Maximes (édition de 1678), et toute référence à Jean de La Fontaine renverra à ses Fables ; de même toute référence à Alphonse Daudet renverra aux Lettres de mon moulin, et toute référence à Marcel Aymé renverra aux Contes du chat perché.
Un très grand nombre de considérations proviennent de sites Internet, notamment de :
Forum langue française
https://www.littre.org/
https://www.cnrtl.fr/
http://atilf.atilf.fr/
J’ai aussi utilisé le Cours supérieur d’orthographe d’Edouard et Odette Bled et Le Bon Usage du français de Maurice Grevisse (édition de 1993), dont j’ai tiré d’assez nombreuses citations. J’ai repris des citations de « Edy », de « Jehan » et de quelques autres, sur le « forum littéraire », et je les prie de ne pas s’en offusquer. Les modifications orthographiques recommandées en 1990 par le Conseil supérieur de la langue française n’ayant été que partiellement prises en compte dans les dictionnaires, j’ai privilégié la graphie d’avant 1990, bien que la graphie « réformée » soit souvent pertinente. À ce sujet, consulter ce document.
Cette contribution n’est pas destinée aux grammairiens. Je me propose seulement d’aider chacun à exprimer en français les nuances de sa pensée et à écrire conformément aux règles de l’orthographe. Pour désigner commodément les mots « donc »et « sinon », par exemple, j’ai décidé de les ranger parmi les conjonctions de coordination, mais je regarde d’avance comme vaine toute discussion sur la pertinence d’un tel choix : « Messieurs, ce que nous vous demandons à tous, c’est de nous faire des hommes, avant de nous faire des grammairiens » (Discours de Jules Ferry au congrès pédagogique du 2 avril 1880).
Il eût été souhaitable, dans le passé, de s’affranchir de règles compliquées et de convenir, par exemple, que le participe passé d’un verbe doit s’accorder avec le « sujet réel », et d’écrire « Ce pays où j’ai grandie », si le « je » représente une femme. Cela aurait, notamment, rendu caduques la distinction entre verbes d’état et verbes d’action, et l’obligation de définir le complément d’objet direct. Cela aurait aussi dispensé de considérer de multiples exceptions à la règle actuelle d’accord du participe passé en présence de l’auxiliaire « avoir », ou de se creuser la cervelle pour accorder les participes passés dans les tournures pronominales. Cependant, il ne m’appartient pas de changer des règles remontant souvent au seizième siècle ou au dix-septième siècle. En conséquence, je suivrai la plupart des grands auteurs depuis le dix-septième siècle, et dans l’attente d’une hypothétique réforme, j’écrirai « Les impôts ont augmenté », « L’annonce a paru » et « Les idées qu’elle s’est appropriées ».
Dans une phrase, il y a différentes natures de mots : les verbes, les noms, les articles, les pronoms, les adjectifs, les prépositions, les conjonctions, les adverbes, les interjections, les explétifs (comme dans « Prenez donc une chaise ! »). Un mot peut parfaitement être d’une nature dans une phrase et d’une autre nature dans une autre phrase.
Peut-être les puristes me reprocheront-ils de ne pas utiliser le « ne » explétif derrière des expressions comme « à moins que », « je crains que », etc. Le lecteur intéressé pourra, à cet égard, se reporter à ce site.
Références
1 Manon Lescaut de l’abbé Prévost
2 Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau
3 La Religieuse de Diderot
4 Mémoires de Louis-Philippe (tome 1)
5 Mémoires de Louis-Philippe (tome 2)
6 Le Rouge et le Noir de Stendhal
7 La Rabouilleuse de Balzac
8 Madame Bovary de Gustave Flaubert
9 Le Roman d’un enfant de Pierre Loti
10 Une vie de Maupassant
11 Du côté de chez Swann de Proust
12 Le Côté de Guermantes (deuxième partie) de Proust
13 La Gloire de mon père de Marcel Pagnol
14 Le Château de ma mère de Marcel Pagnol
15 Le Temps des secrets de Marcel Pagnol
16 Le Temps des amours de Marcel Pagnol
Sommaire
Ordre alphabétique
- Accord avec « et »
- Accord avec « ou » et « ni »
- Accord avec « un des »
- Accord avec un sujet collectif et « tout, rien »
- Accord des attributs avec l’auxiliaire « être »
- Accord des participes passés avec l’auxiliaire « avoir »
- Accord des participes passés dans les formes pronominales
- Accord du participe passé avec « en » → Non-accord du participe passé avec « en »
- Accord du participe passé des verbes « persuader » et « assurer »
- Accord du participe passé employé avec un complément de mesure → Participe passé employé avec un complément de mesure
- Accord en présence de « avec »
- Accords avec les déterminants « beaucoup », « peu », etc.
- Adjectif
- Adjectif verbal
- Adjectifs démonstratifs « ce », « ces » et l’adjectif possessif « ses »
- Adverbe
- Adverbes variables
- Alternance indicatif-subjonctif
- Attribut du sujet
- Autres coordonnants occasionnels
- Ce sont, c’étaient, ce furent, etc.
- Ceux
- Complément direct d’objet (COD)
- Complément indirect d’objet (COI)
- Conditionnel passé
- Conditionnel présent
- Conjonction
- Doublement de la lettre « s »
- Élision
- Emploi pléonastique de « dont » et « qui »
- Évolution progressive du subjonctif
- Forme pronominale
- Futur antérieur
- Futur simple
- Homonymes « quand », « quant » et « qu’en »
- Imparfait
- Impératif
- Impersonnel → Tournure impersonnelle
- Indicatif présent → Présent de l’indicatif
- Indicatif imparfait → Imparfait
- Indicatif plus-que-parfait → Plus-que-parfait
- Nombre des noms
- Noms composés
- Non-accord du participe passé avec « en »
- Participe passé
- Participe passé antéposé
- Participe passé employé avec un complément de mesure
- Participe présent
- Passé antérieur
- Passé composé
- Passé simple
- Phrase interrogative
- Pire et pis
- Pluriel des mots étrangers
- Pluriel des noms composés → Noms composés
- Pluriels inhabituels
- Plus-que-parfait
- Positionnement des pronoms personnels
- Préposition
- Présent de l’indicatif
- Pronom
- Propositions
- Quand, quant et qu’en → Homonymes « quand », « quant » et « qu’en »
- Quelques cas d’emploi du subjonctif
- Se et ce
- Simplification des temps
- Subjonctif et formes impersonnelles
- Subjonctif imparfait dans la subordonnée
- Subjonctif passé composé dans la subordonnée
- Subjonctif plus-que-parfait dans la subordonnée
- Subjonctif présent dans la subordonnée
- Sujets en gradation
- Temps du subjonctif dans la subordonnée
- Tournure impersonnelle
- Tournure pronominale → Forme pronominale
- Tout
- Trait d’union
- Valeur du subjonctif
- Verbes
- Voix active et voix passive
Conseils de lecture
Voir aussi
- Grammaire du français
- Dans le forum : Langue française