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Littérature 🏷️ Histoire littéraire

La querelle des Anciens et des Modernes

La querelle des Anciens et des Modernes

En résumé

À la fin du XVIIe siècle, cette controverse littéraire oppose :

  • les « Anciens » qui défendent les grands auteurs antiques et souhaitent qu’ils restent des « modèles » dans la création artistique.
  • les « Modernes », quant à eux, estiment qu’il faut innover et pensent que la création artistique de l’époque peut rivaliser avec les auteurs de l’Antiquité.
Acteurs majeurs de la querelle des Anciens et des Modernes
ANCIENS
MODERNES
La Fontaine (1621-1695)
Bossuet (1627-1704)
Boileau (1636-1711)
Racine (1639-1699)
La Bruyère (1645-1696)
Fénelon (1651-1715)
Corneille (1606-1684)
Charles de Saint-Evremond (1615-1703)
Charles Perrault (1628-1703)
Philippe Quinault (1635-1688)
Bernard de Fontenelle (1657-1757)

Nicolas Boileau (1636-1711), Satire X « Sur les femmes »

(1694, fin de la rédaction en 1692), extrait

Nicolas Boileau Cette Satire s’inscrit dans la querelle des Anciens et des Modernes. Les Modernes y on lu un refus de la société nouvelle et l’ont mal reçue. Il faut noter que les femmes étaient les adversaires plus ou moins déclarées des Anciens : elles étaient en effet considérées, pour certains, comme étant responsables de l’évolution des goûts et des mentalités. La modernité mondaine de l’époque, construite dans les salons tenus par des femmes, allait contre la doctrine classique et le culte de l’Antiquité…
La Satire X est une suite de portraits de femmes. Après avoir peint le tableau des libertines, des coquettes, des passionnées du jeu, des dépensières, etc., Boileau ne parvient pas à « quitter le pinceau » et surenchérit de la manière suivante, avec une verve endiablée (énumérations, hyperboles, anaphores, interrogations oratoires, ponctuation expressive) :

[…] 645 Voilà le sexe peint d’une noble manière :
Et Théophraste même, aidé de La Bruyère,
Ne m’en pourrait pas faire un plus riche tableau.
C’est assez : il est temps de quitter le pinceau ;
Vous avez désormais épuisé la satire.
Épuisé, cher Alcippe ! Ah ! tu me ferais rire !
Sur ce vaste sujet si j’allais tout tracer,
Tu verrais sous ma main des tomes s’amasser.
Dans le sexe j’ai peint la piété caustique :
Et que serait-ce donc, si censeur plus tragique,
J’allais t’y faire voir l’athéisme établi,
Et, non moins que l’honneur, le ciel mis en oubli ;
Si j’allais t’y montrer plus d’une Capanée
Pour souveraine loi mettant la destinée,
Du tonnerre dans l’air bravant les vains carreaux,
Et nous parlant de Dieu du ton de Des Barreaux ?
661 Mais, sans aller chercher cette femme infernale,
T’ai-je encor peint, dis-moi, la fantasque inégale
Qui m’aimant le matin, souvent me hait le soir ?
T’ai-je peint la maligne aux yeux faux, au cœur noir ?
T’ai-je encore exprimé la brusque impertinente ?
T’ai-je tracé la vieille à morgue dominante,
Qui veut, vingt ans encore après le sacrement,
Exiger d’un mari les respects d’un amant ?
T’ai-je fait voir de joie une belle animée,
670 Qui souvent d’un repas, sortant tout enfumée
Fait, même à ses amants, trop faibles d’estomac,
Redouter ses baisers pleins d’ail et de tabac ? […]

→ Lire le texte intégral sur Wikisource.

Voir aussi