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Comique

(Du grec kômos (procession festive en l’honneur de Dionysos) → comique ; le comique est un registre littéraire, la comédie est un genre.)

Désigne ce qui provoque le rire, ce qui caractérise la comédie et le théâtre en général. Les effets comiques peuvent reposer sur la rupture de la cohésion du texte (langue et discours) ou sur la rupture de la cohérence du texte (organisation, construction globale du texte).

  • Le comique de gestes : l’effet comique est produit par l’interprétation (par exemple : mimiques, grimaces, vêtements, accessoires → didascalies).
  • Le comique de situation : l’effet comique est produit par la situation d’un personnage dans l’histoire qui est racontée (surprises, rebondissements, coïncidences, retournements, quiproquos, etc.)
  • Le comique de mots : l’effet comique est produit par les paroles (jeux de mots, calembours, niveaux de langue, répétitions, etc.)
  • Le comique de caractère : l’effet comique est produit par la peinture des caractères (traits moraux propres à une classe d’êtres : vices, idées).
  • Le comique de mœurs : l’effet comique est produit par les usages d’une classe d’hommes ou d’une époque. C’est la satire d’un comportement social.

Le comique peut avoir une fonction ludique (divertissement), une fonction critique ou encore une fonction philosophique (faire réfléchir l’homme sur ses peurs).

Baudelaire, De l’essence du rire (chapitres III, IV et V) :

Ce qui suffirait pour démontrer que le comique est un des plus clairs signes sataniques de l’homme et un des nombreux pépins contenus dans la pomme symbolique, est l’accord unanime des physiologistes du rire sur la raison première de ce monstrueux phénomène. […] (III)
[…] Remarquez que le rire est une des expressions les plus fréquentes et les plus nombreuses de la folie. […] (III)
[…] Le rire est satanique, il est donc profondément humain. Il est dans l’homme la conséquence de l’idée de sa propre supériorité ; et, en effet, comme le rire est essentiellement humain, il est essentiellement contradictoire, c’est-à-dire qu’il est à la fois signe d’une grandeur infinie et d’une misère infinie, misère infinie relativement à l’Être absolu dont il possède la conception, grandeur infinie relativement aux animaux. C’est du choc perpétuel de ces deux infinis que se dégage le rire. Le comique, la puissance du rire est dans le rieur et nullement dans l’objet du rire. […] (IV)
[…] J’appellerai désormais le grotesque comique absolu, comme antithèse au comique ordinaire, que j’appellerai comique significatif. Le comique significatif est un langage plus clair, plus facile à comprendre pour le vulgaire, et surtout plus facile à analyser, son élément étant visiblement double : l’art et l’idée morale ; mais le comique absolu, se rapprochant beaucoup plus de la nature, se présente sous une espèce une, et qui veut être saisie par intuition. Il n’y a qu’une vérification du grotesque, c’est le rire, et le rire subit ; en face du comique significatif, il n’est pas défendu de rire après coup ; cela n’argue pas contre sa valeur ; c’est une question de rapidité d’analyse. […] (V)

Plusieurs idées fortes :
• Le rire est d’essence démoniaque.
• Le rire est du côté de la folie.
• Baudelaire distingue le comique absolu (ou grotesque) du comique significatif (le comique ordinaire).

Bergson, Le Rire. Essai sur la signification du comique (chapitre I, « Du comique en général ») :

[…] Il n’y a pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain. […] Signalons, maintenant, comme un symptôme non moins digne de remarque, l’insensibilité qui accompagne d’ordinaire le rire. […]
Le comique exige donc enfin, pour produire tout son effet, quelque chose comme une anesthésie momentanée du cœur. Il s’adresse à l’intelligence pure. […]
[…] On ne goûterait pas le comique si l’on se sentait isolé. Il semble que le rire ait besoin d’un écho. […] → fonction sociale du rire.
(Chapitre I, 5) : « Du mécanique plaqué sur du vivant » → il y a aussi de l’inhumain dans le rire.

Lire aussi : Aristote, Poétique, chapitre V.

  • Termes liés : absurde, farce, pantalonnade, fantaisie, burlesque, commedia dell’arte (seconde moitié du XVIe siècle), comédie-ballet, comédie héroïque, comédie lyrique, vaudeville (intrigue de boulevard), caricature, ironie, etc.
  • Termes opposés : tragique, tragédie.

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Voir aussi