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Littérature 🏷️ Littérature française – Auteurs

Biographie de Chateaubriand (1768-1848)

Chateaubriand (1768-1848)

Cette biographie a été rédigée par S. Le Guillou.

Chateaubriand Chateaubriand est marqué par cette période qui détruit la société de l’Ancien Régime, qu’il a connu dans sa jeunesse en Bretagne. Il accueille ce nouveau monde avec réticences mais s’y fait. Néanmoins, il refuse la violence du mouvement révolutionnaire et quitte la France à cause des excès. En 1791, il voyage en Amérique du Nord pour fuir cette violence. Revenu en France, il rejoint l’armée des Princes. Il passe sept ans d’exil en Angleterre (1793-1800) où il mène une vie misérable. En 1800, il est confronté à Napoléon pour qui il éprouve des sentiments partagés : admiration, jalousie, haine. Après l’assassinat du duc d’Enghien, il s’oppose au régime de Napoléon. Chateaubriand voyage en Orient. Il achète par ailleurs le domaine de la Vallée-aux-Loups, éloignée de Paris et de sa politique autoritaire. Le retour des Bourbon lui donne l’occasion de satisfaire une de ses ambitions : être un grand homme d’État assumant des fonctions politiques. Il s’engage dans les débats politiques de l’époque (il est pair de France à la réputation de monarchiste modéré). En 1822, il devient ministre des Affaires étrangères (ambassadeur à Londres et Berlin). Il est défenseur de la liberté de la presse. Il peut exercer ses talents de polémiste. Hostile à Louis-Philippe, il se retire de la vie politique avec fracas et ne mène plus que des combats politiques dérisoires. Il se consacre alors surtout à la littérature. Sa lucidité politique était très grande et il avait compris que l’avenir politique français passait par la démocratie. Chateaubriand a eu l’ambition de Lamartine et de Hugo : devenir un écrivain et un homme d’État. Il considère qu’il a une mission à accomplir : l’écrivain doit s’engager.

Son œuvre se nourrit de cette vie riche et tourmentée. Chateaubriand pratique tous les genres. Mais il y a des constantes comme l’importance de la réflexion sur l’Histoire. Il s’est voulu d’emblée historien. Sa première œuvre est une œuvre de réflexions historiques : Essai sur les révolutions (1797). Il tente de comprendre la Révolution française par rapport aux autres révolutions déjà faites. Il n’a jamais renié sa foi et se fait connaître en 1802 par la publication du Génie du Christianisme, dans lequel il veut prouver la fécondité artistique de la religion chrétienne. Œuvre essentielle pour le romantisme car elle oriente son esthétique et sa spiritualité : accès à l’absolu par les sens et l’imagination. Deux épisodes d’une œuvre fleuve, Les Natchez, sont publiés à part : Atala et René. Deux nouvelles qui présentent dans des décors différents des amours tragiques, frappées d’interdit par la religion. Il y développe une rhétorique des passions dont les romantiques vont s’inspirer. Dans René, on trouve une analyse du « vague des passions » qui inspire la mélancolie des héros romantiques, tourmentés par des désirs inassouvis. Il présente une prose poétique qui va révolutionner la littérature, neuve, d’une grande musicalité, sensuelle, convoquant beaucoup d’images. En 1848, paraissent les Mémoires d’outre-tombe, l’œuvre d’une vie. Sa rédaction a accompagné la vie de Chateaubriand jusqu’à sa mort. C’est une orchestration de tous les thèmes traités dans ses autres œuvres : autobiographique, historique (« épopée de mon temps »), poème en prose, galerie de portraits, réflexion sur le temps (œuvre hantée par le sentiment de la vanité mais il est sauvé par sa foi religieuse). En 1844, il publie la Vie de Rancé qui est en fait une fausse biographie car il fait du héros un double de lui-même. Il y poursuit sa méditation sur la mort, la foi, le temps et impose un style neuf et remarquable par sa fulgurance poétique.

L’œuvre de Chateaubriand accompagne la genèse du romantisme en France, la nourrit. Mais, par l’ampleur de ses Mémoires, le romantisme est dépassé. Chateaubriand a été le grand maître de la littérature qui a fait dire à Hugo : « Je veux être Chateaubriand ou rien ».

Œuvres de Chateaubriand

  • 1797 Essai sur les révolutions
  • 1801 Atala
  • 1802 René ; Génie du christianisme
  • 1809 Les Martyrs
  • 1811 Itinéraire de Paris à Jérusalem
  • 1826 Les Natchez
  • 1836 Essai sur la littérature anglaise
  • 1844 Vie de Rancé
  • 1848 Mémoires d’outre-tombe (posthume)
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