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Bac 2021 : corrigé de la contraction de texte (Janick Auberger)

Bac de français 2021

Baccalauréat technologique

Corrigé de la contraction de texte

B- Jean de La Fontaine, Fables, livres VII à IX. Parcours : Imagination et pensée au XVIIe siècle.

Texte d’après Janick Auberger : « Entre l’écrit et l’image, l’animal de fiction, un homme travesti ? », Contre-Jour, no 13, automne 2007.

Contraction de texte

Vous résumerez ce texte en 192 mots. Une tolérance de +/- 10% est admise : votre travail comptera au moins 173 mots et au plus 211 mots.
Vous placerez un repère dans votre travail tous les 50 mots et indiquerez, à la fin de votre contraction, le nombre total de mots utilisés.

L’animal fictif, le héros des fables, des contes et des recueils d’illustrations peut prendre divers aspects : par le zoomorphisme, un homme peut avoir des traits animaux, il peut être possédé par l’animal, réagir comme l’animal ; et par l’anthropomorphisme, un animal peut être humanisé, parler comme l’homme. Ce dernier cas de figure est connu depuis l’Antiquité et ne choque pas. Le zoomorphisme, lui, est beaucoup plus troublant. L’homme occidental accepte mal d’avoir de l’animal en lui, tant la religion que la philosophie ont largement concouru à lui interdire cette « déchéance ». Voyons l’un et l’autre, l’homme animalisé puis l’animal humanisé.
Quand l’homme est complètement animalisé, il a pu être, dans la tradition, le résultat d’une métamorphose, le plus souvent punitive : Les Métamorphoses d’Ovide, ou celles de la mythologie grecque, voient souvent un être humain animalisé par une divinité jalouse (le chasseur Actéon transformé en cerf par Artémis, ou Arachné devenue araignée…). Évidemment, les auteurs jouent avec la métaphore : ce ne sont pas de vrais animaux, l’histoire naturelle et la réalité de l’animal n’y gagnent rien, mais les tendances de l’individu s’y voient travesties efficacement, permettant à l’homme de mieux se connaître…
Dans les contes pour enfants, la transformation est généralement achevée quand l’histoire commence, c’est le héros qui, depuis le début, est animalisé. Mais la métamorphose n’est heureusement pas définitive : le héros reprendra généralement sa morphologie humaine lorsqu’il aura triomphé de son apparence et aura gagné l’amour de son ou sa partenaire, comme La Belle et la Bête de Mme Leprince de Beaumont (1756). Mais ce passage de l’homme à l’animal n’est pas le plus facile à représenter. Il est plus difficile à accepter en tout cas que l’inverse, l’animal anthropomorphisé. Presque toujours, la métamorphose de l’homme devenu animal est une régression, une chute. Il est rare que le monde animal soit idéalisé. Les poètes se reconnaissent parfois en lui (Baudelaire dans « L’Albatros » ou dans « Le Chat »). Mais ce jugement est peu fréquent et il est ambigu : la femme-chatte de Baudelaire est dangereuse et volontiers fourbe, et l’Albatros est un prince incompris et déchu, un perdant. Plus sûrement, quand l’homme suit ses seules passions, il s’animalise.
L’anthropomorphisme est plus inoffensif que le zoomorphisme. Les animaux pensent, parlent comme des êtres humains, et tout leur comportement est un comportement humain. En fait, il semble bien que l’animal parle de l’homme et non de lui-même ; il n’est plus qu’un prête-nom, un prétexte à connaître l’humain. Les fables et les contes ont usé et abusé de ces animaux-prétextes, cachant sous la fiction une morale bien lisible. L’essentiel pour l’écrivain ou le fabuliste est de renvoyer au monde familier pour éclairer une pensée abstraite. Il est vrai que ces fictions se sont adressées d’abord aux adultes et continueront longtemps à le faire : les fabliaux du Moyen Âge en sont un bon exemple, le Roman de Renart également. Goupil, Ysengrin, Brun et les autres sont de merveilleux personnages dont les aventures peuvent faire rire un enfant, mais ils servent aussi à critiquer les mœurs et la société des hommes.
Les Fables de La Fontaine, inspirées d’Ésope et de Phèdre, avant d’être récupérées dans des éditions pour la jeunesse, étaient aussi une façon de critiquer le siècle de Louis XIV. Dans ces cas-là, il est clair que les animaux ne sont que prétextes, ils agissent comme des humains, mais avec plus de liberté d’action encore, puisque leur animalité leur permet de dépasser certaines limites que l’humain ne saurait franchir.
Le procédé qui consiste à passer par l’animal pour viser l’homme est un procédé de style qui apporte décalage et distanciation, légèreté et humour à une analyse qui, autrement, serait peut-être plus austère : une fable de La Fontaine paraît plus légère qu’un caractère de La Bruyère, et l’animal y est pour beaucoup, même si la morale est la même.
L’écrivain, le conteur, le dessinateur, le cinéaste ont la liberté absolue de faire de l’animal absolument ce qu’ils veulent, à des fins ludiques, démonstratives ou esthétiques. L’animal est matériau pur de leur création, et au moins ils ne se cachent pas pour en jouer. Pour notre plus grand plaisir… Mais force est de constater que cela ne semble pas avoir changé le regard posé sur les rapports entre les hommes et les animaux.

768 mots

Proposition de corrigé (rédigée par Jean-Luc)

Analyse préalable selon la méthode du tableau à trois colonnes

Idées Générales

Idées Principales

Idées Secondaires

La fiction littéraire ou la BD recourent souvent à l’animal

par anthropomorphisme

L’animal est humanisé

  

Ce procédé est utilisé depuis l’Antiquité dans les fables.

 

par zoomorphisme

L’homme y est animalisé

  

Mais la culture occidentale (religions et philosophie) refuse cet abaissement.

 

Dans l’Antiquité, l’homme devient animal par punition

d’une divinité jalouse

  

Métamorphoses d’Ovide, ou mythologie grecque, le chasseur Actéon transformé en cerf par Artémis, ou Arachné devenue araignée

 

Mais ce n’est qu’une apparence

permettant à l’homme de mieux connaître sa nature profonde.

 

Dans les contes, le héros redevient homme quand, malgré son apparence, il inspire de l’amour

La Belle et la Bête de Mme Leprince de Beaumont (1756)

 

Cette animalisation est toujours une faillite

sauf chez quelques poètes, Baudelaire dans « L’Albatros » ou dans « Le Chat »

 

Elle est signe d’un avilissement dans les passions.

 
 

L’humanisation de l’animal ne détériore pas l’image humaine

L’animal s’exprime, raisonne et se comporte comme un homme.

 

Le récit animalier donne une leçon de sagesse pour les hommes.

 
 

Il s’est adressé d’abord aux adultes en proposant une satire de la société

Comme dans les fabliaux médiévaux ou le Roman de Renart

 

De même pour les Fables de La Fontaine

 
 

où les animaux donnent plus de liberté dans les propos ou les comportements.

 
 

plus d’agrément au récit

Une fable de La Fontaine est plus plaisante qu’un caractère de La Bruyère

 

L’artiste joue de cet habillage animalier pour amuser, enseigner, émerveiller

Mais ce procédé n’a pas modifié notre relation au monde animal.

Rédaction du résumé

La fiction littéraire ou la BD recourent souvent à l’animal par anthropomorphisme pour humaniser la bête ou par zoomorphisme qui animalise l’homme, mais la culture occidentale (religions et philosophie) refuse cet abaissement.
Dans l’Antiquité, la métamorphose de l’homme en bête résultait de la punition d’une divinité jalouse. Ce changement n’est (50 mots) qu’une apparence permettant à l’homme de mieux connaître sa nature profonde. Dans les contes, le héros redevient homme quand, malgré son aspect, il inspire de l’amour. Cette animalisation est toujours une faillite sauf chez quelques poètes comme Baudelaire, car elle est le signe d’un avilissement par les passions.
En revanche, (100 mots) l’humanisation de l’animal ne détériore pas l’image humaine : l’animal s’exprime, raisonne et se comporte comme un homme. Le récit animalier nous donne une leçon de sagesse : Il est adressé d’abord aux adultes en leur proposant une satire de la société comme dans les fabliaux médiévaux ou le Roman (150 mots) de Renart ou les Fables de La Fontaine. L’emploi de l’animal comme substitut donne plus de liberté aux propos ou aux comportements, plus d’agrément au récit.
L’artiste joue de cet habillage bestial pour amuser, enseigner, émerveiller, mais cette fiction n’a pas modifié notre relation au monde animal. (197 mots)

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