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Bac technologique 2023 : contraction de texte (Philippe Meirieu)

Bac de français 2023

Baccalauréat technologique

Corrigé de la contraction de texte

A – Rabelais, Gargantua, chapitres XI à XXIV. Parcours : la bonne éducation.

Texte d’après Philippe Meirieu, « Résister aux algorithmes », L’École des parents, no 638, janvier-février-mars 2021.

Contraction de texte

Vous résumerez ce texte en 201 mots. Une tolérance de +/- 10 % est admise : votre travail comptera au moins 181 mots et au plus 221 mots.
Vous placerez un repère dans votre travail tous les 50 mots et indiquerez, à la fin de votre contraction, le nombre total de mots utilisés.

Nous avons tous vécu cette expérience : commander un livre ou un DVD sur une plate-forme et, dans les minutes qui suivent, recevoir un courriel « personnel » – « Vous avez aimé… Vous aimerez… » – nous suggérant d’autres titres, très proches de celui que nous avons commandé. Mais ce qui est tout à fait acceptable pour des adultes en capacité de choisir après avoir exploré différents domaines ne peut, en aucun cas, être considéré comme un modèle éducatif pour nos enfants et nos adolescents. Notre devoir éducatif à leur égard est, tout au contraire, de leur faire découvrir des univers et des œuvres vers lesquels ils ne se seraient pas tournés spontanément et d’élargir ainsi leur palette de choix : « Tu as aimé ce roman policier… Et si tu essayais ce livre d’histoire ou ce recueil de poésies ? »
Les algorithmes à l’œuvre sur la Toile nous facilitent peut-être la vie, mais ils sont surtout efficaces pour orienter et « booster » nos achats ! En réalité, ils font de chacun de nous un « cœur de cible » dont le « profil » est minutieusement construit à partir des données qu’il fournit, l’enrôlant malgré lui dans une gigantesque machine à consommer « toujours plus de la même chose ». Pire, leur objectif est d’identifier nos centres d’intérêt du moment pour mieux nous rabattre vers les objets auxquels nous semblons être le plus réceptifs. De même, au lieu de lui permettre d’exercer son esprit critique en lui proposant des informations nouvelles, précises, argumentées et des points de vue contradictoires, les réseaux sociaux, par leur mode de fonctionnement même, enferment le sujet dans ses croyances et ses certitudes et le poussent à radicaliser ses positions… La liberté de penser suppose au contraire de s’ouvrir au doute et d’aller toujours vers plus d’exigence de précision, de justesse et de vérité.
C’est dire l’importance de notre responsabilité éducative, à nous, parents, enseignants, éducateurs, si nous voulons apprendre à nos adolescents à résister aux manipulations, autrement dit à oser penser par eux-mêmes, conformément à l’idéal des Lumières.
Une tâche infiniment délicate ! En effet, on ne permet pas à un adolescent de penser par lui-même en lui imposant d’abdiquer ses idées et en lui assénant nos propres certitudes. Car ses convictions revêtent bien souvent un caractère identitaire et, en cherchant à les arracher, on prend le risque de l’humilier et de le voir se butter en prenant systématiquement le contrepied de ce qu’on lui dit. Il appartient au jeune de faire lui-même le chemin de son émancipation1, d’accepter l’échange avec autrui pour enrichir son propre point de vue, d’examiner ce dernier au regard de ses nouvelles connaissances, de se poser les questions qui lui permettront de se remettre en cause et, pour finir, d’intérioriser les exigences qui le conduiront à la pensée libre.
Est-ce à dire que nous n’avons rien à faire ? Bien évidemment non ! C’est à nous, en effet, de créer les situations grâce auxquelles l’enfant puis l’adolescent pourra accéder – petit à petit et sans qu’il ose l’avouer tout de suite – au doute et à la pensée critique. À l’école, on pourra, pour cela, développer l’expérimentation scientifique et le travail de fabrication technologique : en se trouvant confronté à la résistance des choses, l’élève – qui ne peut l’imputer2 à une volonté de lui nuire – comprendra qu’il y a des limites à sa toute-puissance, que la réalité impose ses lois et qu’on ne peut agir sur elle qu’en leur obéissant. Plus encore, il découvrira que celui qui a raison n’est ni le plus fort, ni le plus séducteur, mais celui qui démontre le mieux et peut faire comprendre sa démonstration à toutes et à tous…
Mais on aurait tort, bien sûr, de réserver à l’école ces apprentissages fondamentaux : les parents et tous les éducateurs peuvent, au quotidien, incarner cette vertu fondamentale qu’est la capacité de penser contre soi-même, c’est-à-dire de « penser » tout simplement : avouer qu’on ne sait pas tout, se mettre en recherche régulièrement, associer l’enfant à cette démarche et l’inviter à s’y engager lui-même, sans cesse, obstinément et sereinement.
Car la sérénité est essentielle en la matière. Accepter de se laisser déstabiliser, entendre des objections, voire des contradictions, suppose d’avoir un environnement suffisamment sécurisant pour ne pas se sentir agressé. Une remise en cause cognitive3 n’est supportable, en effet, que si l’on bénéficie par ailleurs d’un relatif équilibre affectif. Se laisser convaincre par un argument contradictoire implique de ne pas en être trop personnellement affecté, donc de se savoir respecté, reconnu, estimé par la personne qui vous demande de renoncer à une partie de vous-même.

803 mots

Notes

1 Émancipation : libération.
2 Imputer à : ici, interpréter comme.
3 Cognitive : qui concerne l’acquisition des connaissances.

Proposition de corrigé (rédigée par Jean-Luc)

Analyse préalable selon la méthode du tableau à trois colonnes

Idées Générales

Idées Principales

Idées Secondaires

Éduquer, c’est former intelligemment l’esprit critique.

 

 

 

Nous recevons tous des recommandations personnalisées après commande sur internet.

Ces conseils sont recevables par des adultes formés,

 

mais ces suggestions qui dupliquent nos sélections ne conviennent pas à l’éducation des jeunes.

 

 

Pour former leurs choix, nous devrions leur faire découvrir des domaines nouveaux.

Non choisis spontanément.

 

Les programmes informatiques sont une facilité,

 

 

mais nous enferment dans nos goûts.

Ils sont purement commerciaux en ciblant nos centres d’intérêt.

 

Les réseaux sociaux renforcent cette coercition et anesthésient l’esprit critique

qui nécessite l’ouverture, le doute constructif et le désir de vérité.

 

Notre responsabilité éducative est d’apprendre aux jeunes à réfléchir par eux-mêmes

pour échapper au conditionnement

 

 

conformément à l’idéal des Lumières.

 

 

Une entreprise difficile !

 

Nous ne devons pas imposer nos conceptions.

Les leurs les rattachent à un groupe.

 

au risque de bloquer le destinataire

Le jeune doit accepter la confrontation pour bâtir son opinion.

 

Notre rôle est de créer des situations où les jeunes puissent cultiver le doute et leur esprit critique.

 

 

À l’école, on peut travailler l’expérimentation scientifique et les réalisations technologiques, pour faire découvrir les limites que la réalité impose.

De plus, les jeunes apprendront l’intérêt de bien démontrer.

 

Parents et éducateurs doivent montrer qu’ils savent faire évoluer leurs propres idées, qu’ils désirent augmenter leurs savoirs, qu’ils encouragent les enfants dans ces voies.

sans cesse, obstinément et sereinement.

 

Ils doivent créer des conditions où les jeunes se sentent respectés :

 

 

La sérénité affective résultante évitera les remises en cause personnelles et favorisera l’échange de points de vue différents.

 

Rédaction du résumé

Nous recevons tous des recommandations personnalisées après commande sur internet, mais ces suggestions qui dupliquent nos sélections ne conviennent pas à l’éducation des jeunes. Pour former leurs choix, nous devrions leur faire découvrir des domaines nouveaux.
Les programmes informatiques sont une facilité, mais nous enferment dans nos goûts. Les réseaux (50 mots) sociaux renforcent cette coercition et anesthésient l’esprit critique qui nécessite l’ouverture, le doute constructif et le désir de vérité.
Notre responsabilité éducative est d’apprendre aux jeunes à réfléchir par eux-mêmes pour échapper au conditionnement.
Cependant, nous ne devons pas imposer nos conceptions. au risque de bloquer les destinataires.
Notre rôle (100 mots) est de créer des situations où les jeunes puissent cultiver le doute et leur esprit critique. À l’école, on peut travailler l’expérimentation scientifique et les réalisations technologiques, pour faire découvrir les limites que la réalité impose.
Parents et éducateurs doivent montrer qu’ils savent faire évoluer leurs propres idées, qu’ils désirent (150 mots) augmenter leurs savoirs, qu’ils encouragent les enfants dans ces voies.
Ils doivent créer des conditions où les jeunes se sentent respectés : la sérénité affective résultante évitera les remises en cause personnelles et favorisera l’échange de points de vue différents. (190 mots)

Voir aussi