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L’adverbe

Étymologie

Étymologie : latin adverbium.

Définition de l’adverbe

L’adverbe apporte une information supplémentaire au sens :

  • d’un verbe : Il mange beaucoup.
  • d’un adjectif : Il est très grand.
  • d’un autre adverbe : Il boit très lentement.
  • d’une phrase tout entière : Naturellement, il se lave tous les jours.

L’adverbe est invariable

  • Contrairement à l’adjectif, l’adverbe est invariable : Il parle à voix basse. [adjectif] / Elle parle bas. [adverbe]
  • Mais pas toujours : Tout s’accorde avec l’adjectif lorsqu’il est employé devant un adjectif féminin qui commence par une consonne ou par un h aspiré :
    • Ses dents sont toutes blanches.
    • Ces jeunes filles sont toutes honteuses d’avoir des dents cariées.
  Remarques
  • Tout a ici le sens de « entièrement », « tout à fait », « très ».
  • Une phrase du type Ces jeunes filles sont toutes petites est ambiguë : veut-on dire que toutes ces jeunes filles sont petites ou qu’elles sont très petites ?
  • Devant un adjectif féminin qui commence par une voyelle, tout reste invariable : La France tout entière enviait les dents blanches de ces jeunes filles.

L’adverbe dépend d’un autre élément de la phrase.

L’adverbe est généralement facultatif.

Définition négative : l’adverbe n’est ni une préposition ni une conjonction ni une interjection.

Formation des adverbes

Certains adverbes sont formés à partir du latin : bien, en, hier, là, loin, mal, mieux, où, plus, quand, tant, tard, tôt, très, mais. [bene, inde, heri, illac, longe, male, melius, ubi, plus, quando, tantum, tarde, tostum, trans, magis]

Certains adverbes ont été formés à l’époque romane par juxtaposition de particules latines (préposition + adverbe) : avant, derrière, jamais, assez, arrière, dans, demain, etc. [ab + ante, de + retro, jam + magis, ad + satis, ad + retro, de + intus, de + mane, etc.]

Les adverbes en -ment : (latin mens, mentis : « esprit », « manière ») ces adverbes sont formés par l’adjonction du suffixe -ment au féminin des adjectifs (dérivation). Exemples : long › longue › longuement.

  Remarques
  • En ancien français, des adjectifs étaient épicènes. Exemple : prudent › prudemment (et non prudentement).
  • Il existe des adverbes en -ment qui n’ont pas été formés à partir d’adjectifs. Exemples : adverbe quasi › quasiment, nom bougre › bougrement, nom diable › diablement, etc.
  • Certains adjectifs récusent l’adverbialisation en -ment : démocrate, économe, etc. (mais démocratique › démocratiquement, économique › économiquement). Cela peut s’expliquer par le fait que les adjectifs démocrate / économe caractérisent des individus (cette caractéristique est réputée permanente). À l’inverse, les adjectifs démocratique / économique s’appliquent à de l’inanimé.
  • Sauf vert, les adjectifs de couleur ne s’adverbialisent pas. Dans Ces jeunes filles ont été vertement critiquées, l’idée de couleur est absente de vertement (qui signifie « avec vivacité, rudesse »). On trouve une entrée « noirement » dans le Grand Robert mais ce dictionnaire indique à « noir, e » : « Noir, à proprement parler, ne désigne pas une couleur mais on dit couramment : la couleur noire. » De toute façon, le T.L.F.I. signale noirement comme hapax.
  • Enfin, la catégorie des adverbes en -ment est très productive.

Les adverbes formés par dérivation impropre (changement de classe grammaticale ; ici, adjectif › adverbe) : ces adjectifs adverbialisés deviennent invariables. Exemples : elle parle haut, elle s’habille court, elles ont ri jaune, ils votent utile, elles achètent français.

Les locutions adverbiales : elles résultent du figement de structures prépositionnelles. Exemples à, de, en + élément nominal ou adjectival : à l’inverse, à côté, à présent, de fait, de bric et de broc, en général, etc.

Les adverbes issus d’emprunts : in extenso, a posteriori, etc. (latin) ; jouer piano, colis envoyé franco de port, etc. (italien) ; j’en veux un chouïa, mais fissa parce que je dois y aller. (arabe) ; payer cash (anglais), etc.

Syntaxe

L’adverbe peut porter sur un constituant de la phrase. Les adverbes de constituant sont analysés selon la relation qu’ils entretiennent avec l’un des constituants de la phrase.

  • Il complète le verbe : Elle court rapidement.
  • Il complète l’adjectif : Elles est peu aimable.
  • Il complète l’adverbe : Elle court très vite.
  • Il complète le nom : C’est une fille bien.
  • Il complète la préposition : Elle vit juste (= précisément) dans cette maison.

L’adverbe peut porter sur la phrase tout entière. Les adverbes de phrase sont analysés par rapport à la phrase dans sa globalité.

  • Alors que l’adverbe de constituant est généralement placé après le verbe et avant l’adjectif et l’adverbe, la place de l’adverbe de phrase est plus libre.
  • Les adverbes compléments circonstanciels
    • De temps : Elle part demain. / Demain, elle part. (L’adverbe est mobile.)
    • De lieu : Ailleurs, la vie est meilleure. / La vie est meilleure ailleurs. (L’adverbe est déplaçable dans la phrase.)

Les adverbes non intégrés à la phrase

  • Les adverbes marqueurs d’une modalité.
    • Des adverbes peuvent rendre compte de l’appréciation du locuteur sur l’énoncé : Heureusement, elle est venue au rendez-vous. / Elle viendra peut-être à la piscine avec moi.
    • Des adverbes peuvent rendre compte de la façon dont le locuteur envisage son énonciation (acte de parole) : Franchement, je pense qu’elle ne viendra pas. (= pour te / vous parler franchement)
  Remarque

Les adverbes d’énonciation ne portent pas sur le dit mais sur le dire. Ainsi, les phrases Alfred travaille bizarrement [1] et Bizarrement, Alfred travaille. [2] ne sont pas équivalentes. Dans la phrase [1], l’adverbe modifie travaille : l’adverbe porte sur le dit car il dit comment Alfred travaille (adverbe de constituant). Dans la phrase [2], l’adverbe porte sur le dire : il s’agit d’un commentaire sur Alfred travaille (adverbe de phrase). Lors de la transformation négative (Alfred ne travaille pas bizarrement. [1] / Bizarrement, Alfred ne travaille pas. [2]), on remarque que l’adverbe ne porte pas sur le verbe dans la phrase [2] puisqu’il n’est pas nié.

  • Les adverbes de liaison
    • Dans l’organisation logique du discours : ainsi, effectivement, etc. Voir aussi : les liens logiques.
    • Dans l’organisation chronologique du discours : premièrement, deuxièmement, puis, ensuite, etc.

Les adverbes formant une proposition ou une phrase : oui, non, si. Exemples : Viendrez-vous ? Non. (Adverbe de négation) Viendras-tu à la piscine avec moi ? Oui. (Adverbe d’affirmation) Vous n’êtes pas heureuse avec moi ? Si. (Adverbe qui contredit la négation)

Les adverbes interrogatifs et exclamatifs : combien, comme, comment, quand, où, pourquoi, que, etc. Exemples : vas-tu ? À la piscine. / Comme je suis content ! / Si vous n’êtes pas malade, que diable ne le dites-vous donc ? (Molière, Le Médecin malgré lui, acte II, scène 5). Dans ce dernier exemple, que a le sens de pourquoi.

Les degrés de l’adverbe
Degré de comparaison
Comparatif : Elle est plus / aussi / moins grande que moi.
Superlatif : C’est elle qui est la plus / la moins heureuse de nous deux.
Degré d’intensité
Haut degré : Elle est très / extrêmement heureuse.
Moyen degré : Elle est assez / moyennement heureuse.
Bas degré : Elle est peu causante.
Voir aussi