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Civilisation romaine

La république romaine

Les institutions

Il n’y a jamais eu de constitution écrite à Rome. Il y eut cependant des évolutions (lentes) dans les institutions. Du coup, Rome est dirigée par une hiérarchie de magistrats élus : des politiques. Ceux-ci sont élus par des assemblées, les comices. Ces assemblées sont constituées par l’ensemble des citoyens (les femmes ne votent pas).

  • Les magistrats :
    • l’exécutif : les consuls (au nombre de deux) et les préteurs (ils rendent la justice).
    • les magistrats assurent aussi la gestion de la ville et des finances. Les magistratures sont annuelles.
  • Les sénateurs : Rome est aussi dirigée par un Sénat : c’est le « Conseil des Anciens ». C’est l’assemblée aristocratique par excellence : il s’agit d’anciens magistrats. Ils dirigent la politique étrangère, et donc la guerre. Sur le terrain, la guerre est dirigée par les consuls.
  • Les assemblées : les comices représentent l’élément le plus important le jour des élections, du vote des lois. La réglementation des votes est si complexe qu’elle a favorisé les consuls et les préteurs (les classes les plus hautes).
    • → L’aristocratie a très longtemps dominé la vie politique romaine. Les patriciens (pater) étaient les plus anciennes familles romaines et prétendaient descendre des compagnons de Romulus. Le reste de la population, c’est-à-dire l’immense majorité de la population, représentait la plèbe et n’avait que le droit de voter. La plèbe était exclue de fait des magistratures.
      Remarque : la plèbe n’était pas composée forcément de gens pauvres.
    • Socialement et économiquement, les plébéiens représentaient une classe très variée. Au départ, ils ont très peu de droits et étaient représentés par un magistrat qu’ils élisaient : le tribun de la plèbe. Ces tribuns avaient le droit de veto (latin : « j’interdis ») : ils pouvaient s’opposer à une loi promulguée par le Sénat. Si le Sénat persistait, il y avait compromis, sauf cas de conflit exceptionnel. L’institution du tribun de la plèbe était la plus démocratique de la vie politique romaine.

La politique intérieure au début de la république

Nous possédons très peu de renseignements à ce sujet. Au Ve siècle av. J.-C., il y eut une lutte des plébéiens afin d’accéder aux magistratures. Dès lors, les plébéiens ont acquis, progressivement, plus de droits, parfois par de véritables affrontements. Peu à peu, les magistratures sont conquises par les plébéiens. Au IVe siècle av. J.-C., un droit écrit est institué. Il n’y avait que des coutumes jusqu’alors. Tous peuvent dorénavant connaître le droit.

La politique extérieure du Ve siècle au IIIe siècle av. J.-C.

Cet aspect est mieux connu, mais sans doute y a-t-il beaucoup de légendes. Rome est un État qui se limite à la cité de Rome et à ses environs (le Latium). Le territoire est très réduit. En 390 av. J.-C., des Gaulois venus d’Italie du Nord envahissent Rome et mettent la ville en péril. Les Romains ont en fait acheté le départ des Gaulois. C’est un choc pour les Romains, mais finalement plutôt bénéfique dans la mesure où c’est le début des velléités de l’expansion romaine en Italie.

Au IVe siècle av. J.-C., l’expansion romaine en Italie continue :

  • la puissance étrusque, au Nord, est progressivement détruite
  • au Sud, les cités grecques sont progressivement absorbées (par des accords d’association)
  • dans l’Italie intérieure, des régions montagneuses sont très difficilement conquises.
  • → Vers 290 av. J.-C., Rome contrôle à peu près toute l’Italie, mais n’impose pas une unité administrative. Cette conquête pose toutefois un problème : les institutions romaines ont été créées pour une cité réduite. Alors, comment adapter les institutions ? Ce problème pose des difficultés politiques, qui sont accentuées par des conflits internationaux qui ont en lieu en plusieurs étapes :

Les deux premières guerres puniques (264-202) : Rome / Afrique du Nord

Remarque : « punique » (adj.) désigne, sur un plan géographique, la cité de Carthage (« ville neuve » ; en Afrique du Nord, aujourd’hui située aux environs de Tunis), fondée par les Phéniciens. C’est une grande cité commerciale. Pour désigner les Puniques, on dit aussi les Carthaginois. L’empire punique a de nombreuses relations avec les États orientaux.

1re guerre punique 264-241 av. J.-C. : Rome versus Carthage. C’est un conflit très long. La cause réelle est la domination de la Sicile, qui est déjà partagée par des Grecs et des Carthaginois. Rome finit par obtenir l’avantage (Rome et Carthage sont en fait économiquement épuisées) et, en 241, un traité donne à Rome la domination sur la Sicile. Alors, Rome continue de s’étendre (la Corse et la Sardaigne sont conquises). Les Carthaginois, quant à eux, s’étendent en Espagne.

La 2e guerre punique commence en 219 : Rome versus Carthage. La cause est l’expansion des Carthaginois en Espagne. Hannibal déclenche le conflit, écrase de prime abord des légions romaines, plaçant ainsi la voie vers Rome libre. Cependant, petit à petit, Rome porte le conflit en Espagne et en Afrique du Nord. En 202, Hannibal est finalement vaincu.

→ Carthage est privée de sa puissance maritime (ses possessions en dehors de l’Afrique du Nord) et militaire par un traité. Rome est ainsi maîtresse de l’Ouest de la Méditerranée.

Rome et l’Orient après les guerres puniques (202-133 av. J.-C.)

L’Orient méditerranéen était dominé par trois grands royaumes : la Macédoine, la Syrie et l’Égypte.

Un premier affrontement a lieu avec la Macédoine (le roi avait porté secours à Hannibal → conflit de vengeance) et il y a victoire de Rome. La Macédoine est privée de son influence sur la Grèce.

Un deuxième conflit a lieu avec la Syrie : la victoire romaine est rapide et la Syrie est privée de son influence sur l’Asie mineure (= les environs de la Turquie).

Enfin, un troisième conflit avec la Macédoine, laquelle devient province romaine vers 170 av. J.-C.
→ Les Romains pratiquent une politique impériale agressive → ils détruisent Carthage en 146 av. J.-C. (Carthage avait gardé une certaine puissance économique, ce qui déplaisait à Rome).

Rome conquiert l’Espagne avec des opérations très sanglantes. Rome est une puissance dominatrice en Méditerranée. Sur un plan culturel, il y a influence de la culture grecque sur Rome (hellénisation) ; il s’agit notamment d’une influence littéraire et artistique (architecture des temples). Les œuvres sont donc créées sur le modèle grec. Sur le plan intellectuel, les premiers philosophes grecs arrivent peu à peu à Rome.

Conséquences sociales et politiques : les inégalités sociales s’accentuent (dans la distribution des terres notamment) et une sorte de culte du grand homme émerge (sur le modèle des monarchies orientales, l’Égypte en particulier).
→ Les revendications sont accentuées par certaines théories philosophiques grecques qui prônent une égalité biologique entre les hommes et une égalité économique.
→ Revendications pour les plus pauvres.
→ Revendications pour les soldats qui ont longtemps combattu pour Rome. Les revendications sont conduites par deux frères qui ont suivi la voie du tribunat de la plèbe : les Gracques (à l’origine, ils sont aristocrates).

Les guerres civiles et la fin de la république (133-27 av. J.-C.)

Les Gracques : C’est une période brève. Les deux frères lancent des réformes à dix ans d’intervalle. Ils sont assassinés : la réforme agraire échoue (partage des terres). Leur programme survit cependant : il va alimenter la politique romaine jusqu’à la fin de la République (courant des populaires : mouvement d’idées).

Les réformes de Marius : il est le successeur des Gracques. Il est l’exemple d’un mélange d’intellectualisme et de savoir-faire. Il est issu de la plèbe. Il parvient à se faire élire consul plusieurs années de suite en raison du mécontentement populaire (la corruption des sénateurs a été révélée par plusieurs scandales). Marius rétablit la situation et réalise le programme politique des Gracques :

  • partage des terres ; Marius récompense ses propres soldats en Afrique du Nord
  • réforme de l’armée : promotion plus rapide pour les hommes issus de la plèbe. Inconvénient : Marius a rendu l’armée fidèle non à l’État mais à un homme (lui) → personnalisation. Survient ensuite une période de réactions :

De la réaction de Sulla à la dictature de César (86-44 av. J.-C.) : Sulla est très différent de Marius ; il est issu de la noblesse (patricien). Sa jeunesse est liée à celle de Marius (il était lieutenant de Marius). Il a profité de troubles politiques pour prendre le pouvoir (Marius est mort en -86). Il instaure une dictature, et les partisans de Marius sont réprimés. Sulla est conservateur : il donne du pouvoir au Sénat ; il est aussi autoritaire : il prend le titre de dictateur en adoptant des insignes royaux. En -79, il abdique car il pensait avoir rétabli la situation romaine. Il meurt peu après. Dès lors, la vie politique romaine devient chaotique et agitée jusqu’à la dictature de César. Il y anarchie politique, dérèglement des institutions.
→ Émergence de nouveaux hommes politiques qui viennent par le biais de l’armée. Par ailleurs, Rome ne cesse de s’accroître territorialement.

Il y a rivalité militaire entre Pompée (politique d’expansion en Orient (Syrie)) et César (conquête de la Gaule). Pompée est le successeur politique de Sulla ; César est plutôt l’héritier des populares (Marius). Cicéron, homme politique, a déjoué un complot contre l’État en 63 av. J.-C.

En 48 av. J.-C., César finit par triompher de Pompée en Grèce (celui-ci est assassiné) ; César établit alors une dictature en -45. Le programme social reprend celui de Marius : il donne des terres surtout à ses propres soldats. Il y a plusieurs étapes dans la dictature, celle-ci devient à terme une dictature à vie. Il est assassiné en -44 par des partisans de la République traditionnelle (du Sénat). La cause est que César voulait le titre de roi sur les provinces orientales. Cet assassinat donne le signal des dernières guerres civiles :

La dernière guerre civile : en réalité, il s’agit de plusieurs guerres civiles. 2 héritiers :

  • Octave, petit-neveu de César, est son héritier juridique
  • Antoine est l’héritier militaire, il a une grande popularité dans l’armée.

Très vite, la collaboration devient impossible entre les deux hommes. Successivement, brouilles et réconciliations. Entre temps, Cicéron est assassiné. La brouille est définitive quand Antoine épouse Cléopâtre (Égypte). À ce moment-là, Octave lui déclare la guerre. La victoire de la flotte d’Octave est rapide en -31 à Actium en Grèce → invasion de l’Égypte par les troupes d’Octave → suicide de Cléopâtre et d’Antoine. Le pouvoir est dès lors détenu par un seul homme : Octave, lequel change de nom en -27. Le Sénat lui donne le titre d’Auguste (en fait, il s’agit d’un simple adjectif : celui qui est élevé au-dessus des autres ; il ne s’agit ni d’un nom ni d’un prénom). – 27 est aussi la date du début de l’Empire. Des réformes politiques ont lieu.

« Les origines de Rome Le principat »
Voir aussi