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Études littéraires

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Ronsard, Discours des misères de ce temps

Pierre de Ronsard (1524-1585)

Discours des misères de ce temps, à la reine mère du roi (1562)

Vers 127 à 166

Ronsard 127    On dit que Jupiter, fâché contre la race
Des hommes qui voulaient par curieuse audace
Envoyer leurs raisons jusqu’au Ciel, pour savoir
130 Les hauts secrets divins, que l’homme ne doit voir,
Un jour étant gaillard choisit pour son amie
Dame Présomption, la voyant endormie
Au pied du mont Olympe, et la baisant soudain
Conçut l’Opinion, peste du genre humain.
135 Cuider en fut nourrice, et fut mise à l’école
D’orgueil, de fantaisie, et de jeunesse folle.
   Elle fut si enflée, et si pleine d’erreur
Que même à ses parents elle faisait horreur.
Elle avait le regard d’une orgueilleuse bête ;
140 De vent et de fumée était pleine sa tête.
Son cœur était couvé de vaine affection,
Et sous un pauvre habit cachait l’ambition.
Son visage était beau comme d’une sirène ;
D’une parole douce avait la bouche pleine ;
145 Légère, elle portait des ailes sur le dos ;
Ses jambes et ses pieds n’étaient de chair ni d’os,
Ils étaient faits de laine, et de coton bien tendre,
Afin qu’à son marcher on ne la pût entendre.
    Elle se vint loger par étranges moyens
150 Dedans le cabinet des théologiens,
De ces nouveaux rabbins, et brouilla leurs courages
Par la diversité de cent nouveaux passages,
Afin de les punir d’être trop curieux
Et d’avoir échellé comme géants les cieux.
155 Ce monstre que j’ai dit met la France en campagne
Mendiant le secours de Savoie et d’Espagne,
Et de la nation qui prompte au tabourin
Boit la large Danube, et les ondes du Rhin.
    Ce monstre arme le fils contre son propre père,
160 Et le frère (ô malheur) arme contre son frère,
La sœur contre la sœur, et les cousins germains
Au sang de leurs cousins veulent tremper leurs mains.
L’oncle fuit son neveu, le serviteur son maître,
La femme ne veut pas son mari reconnaître.
165 Les enfants sans raison disputent de la foi,
Et tout à l’abandon va sans ordre et sans loi.


127 : "on" → Ronsard fabrique une mythologie (ironie) : le "on" désigne la tradition.
127 / 134 : "On dit que Jupiter…" / "Conçut…" → effet d’attente.
135 : "cuider" = croire, s’accroire, se croire. → Lire la fiche d’ancien français « cuidier ».
142 : allusion à la pauvreté nécessaire (discours des protestants).
154 : voir Hésiode, Théogonie. Par exemple ici : Agora.qc.ca.
156-158 : Ronsard dénonce ici les catholiques (la Savoie et l’Espagne) et les protestants (Allemands et Anglais).

Pour le commentaire…

Afin de comprendre le contexte si vous ne le connaissez pas, vous pouvez consulter cette page du site Wikipédia qui traite des guerres de religion en France, de 1562 à 1598.
Ronsard appartient au camp catholique, il défend aussi le camp de la paix et la réconciliation nationale qui, en 1562, paraît encore possible.
Ronsard a donc offert ce poème à la reine (Catherine de Médicis, régente et mère du roi).
L’allégorie de l’opinion a un sens politique, polémique, et caricature l’adversaire protestant.

Axes de lecture possibles :

  • Comment l’allégorie centrale de l’opinion est mise au service d’un propos polémique et satirique. Ronsard attaque ici l’esprit du libre examen qui caractérise les théologiens protestants.
  • Comment la mythologie est mise au service de la satire et comment la poésie s’engage au service d’une cause politique.

Il s’agit d’un texte de Ronsard assez atypique et d’un poème assez « simple » dès lors que la clef du texte est résolue. Ici, Ronsard s’adresse aux masses, en tout cas au plus grand nombre de lecteurs possible. Alors qu’au XVIe siècle le vers noble est le décasyllabe, notre texte, écrit en alexandrins (douze pieds), s’avère proche de la prose. Le poème est dédié à la reine mère ; à travers elle, c’est au peuple tout entier que Ronsard s’adresse. Le discours a d’ailleurs été publié en plaquettes afin qu’il soit largement accessible.

Ronsard dénonce sous la forme allégorique d’un monstre les théologiens protestants. Deux mythes sont superposés dans notre texte : Jupiter châtiant la démesure des géants qui voulaient escalader le ciel d’une part, et le mythe chrétien de la tour de Babel d’autre part. Il s’agit d’un texte écrit à la manière d’Hésiode, Homère ou Ovide.

Généalogie

La généalogie permet de décrire le monstre. Son père est Jupiter (= Dieu le Père), sa mère est la Présomption (c’est l’orgueil qui a inspiré les théologiens protestants, lesquels ont voulu relire la Bible). L’opinion est fille de la vengeance de Jupiter. À noter qu’à l’époque, les guerres civiles étaient interprétées comme des punitions divines. La première partie de notre extrait a une tonalité satirique. On y trouve un aspect burlesque (= mélange d’éléments nobles (mythologie) et d’éléments du registre bas : union rapide entre Jupiter et "Dame Présomption") : "race des hommes", "curieuse audace" appartiennent aux éléments nobles ; "gaillard" (Jupiter est traité selon un mode héroï-comique) et "Dame Présomption" appartiennent au registre bas. Le contraste comique oriente le poème vers la caricature politique.

Éducation

Les précepteurs sont nommés : "Cuider" au sens d’opinion d’une part ("nourrice" = éducatrice) → selon l’auteur, la fausse foi des protestants vient de leur manque d’humilité ; et l’orgueil d’autre part.

Portrait (description allégorique) et attributs

Aspect hyperbolique, caricatural de l’opinion. Au moyen de l’allégorie, Ronsard fait fusionner la tradition de l’allégorie morale au Moyen Âge et les textes antiques (Homère, Ovide, etc.) pour trouver un sens moral. Le mythe qui est repris est en l’occurrence la sirène (mythe homérique), laquelle enrôle l’erreur. Elle est vue comme un oiseau monstrueux à tête humaine, elle attaque en traître (148). On comprend par ailleurs qu’un lien entre protestants et Satan est sous-jacent dans notre texte.

Récit des exploits :

Vers 155 à 166.

Pour conclure :
  • Des propos politiques et polémiques sous la forme allégorique.
  • Caricature utilisée à outrance : ridiculisation de l’adversaire.
  • Malgré tout, cet art engagé échappe au simplisme : la position de Ronsard est complexe : il n’hésite pas à critiquer son propre camp par l’assimilation, aux vers 127-128 / 153-154 où "les" fait référence à tous les théologiens.

Conseils de lecture

Discours des misères de ce temps Les Amours
Ronsard, Discours des misères de ce temps
Ronsard, Les Amours

Voir aussi
  • Ronsard, Sonnets pour Hélène, « Quand vous serez bien vieille »
  • La Pléiade (XVIe siècle)
  • Ronsard, Discours des misères de ce temps
  • Ronsard, Continuation du discours des misères de ce temps
  • Ronsard, Les Amours
  • Dans le forum : Ronsard
Études littéraires / Littérature / Littérature française du XVIe siècle

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