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Grammaire du français 🏷️ Ancien français 🏷️ Fiches de vocabulaire

Fiche de vocabulaire : merchi

Ancien français

MERCHI

Étymologie

Ce substantif est issu du latin mercedem, « salaire, récompense, solde », qui a pris à basse époque le sens de « prix » ou de « grâce, faveur que l’on accorde à quelqu’un en l’épargnant ». Les auteurs chrétiens l’ont notamment employé au sens de « bienveillance, pitié, grâce céleste », et avec l’acception plus concrète d’« œuvre pieuse, donation ». Ce mot, longtemps féminin, est devenu masculin au XVIe siècle suite à une interprétation incorrecte de son genre dans la locution grand merci, où l’adjectif grand, épicène, a été interprété comme une forme de masculin.

Ancienne langue

  • Le sens le plus courant est celui de « grâce, pitié, miséricorde ». On le trouve en particulier dans de nombreuses locutions : demander merci ou crier merci (« demander grâce »), Dieu merci (« grâce à Dieu, heureusement »), sans merci (« sans pitié »), recevoir aucun a merci (« gracier quelqu’un »), etc.
  • Ce mot s’est spécialisé dans le vocabulaire amoureux et a ainsi pris le sens de « faveur obtenue de la femme aimée par un amoureux ». À la fin du Moyen-Âge (XVe siècle), le mot deviendra plus précis encore dans l’acception de « dernières faveurs d’une dame ».
  • Dès le XIIe siècle, ce substantif peut signifier « parole de remerciement ». Cette acception a produit l’expression granz mercis !, « merci beaucoup ! », qui sert à marquer sa reconnaissance.

Évolution jusqu’au français moderne

  • Le sens de « pitié » ne s’est conservé que dans de rares expressions lexicalisées comme lutte sans merci (« combat sans pitié, extraordinairement acharné »), être à la merci de quelqu’un (« être dans une situation telle que l’on dépend entièrement de quelqu’un ») ou à merci (« à volonté, à discrétion »).
  • Du dernier sens de l’ancien français découle l’emploi de merci en tant qu’interjection, qui est de loin le plus usité en français moderne. Employée dans un premier temps pour remercier, cette interjection peut aussi servir à exprimer un refus poli : non merci, je n’en veux pas. À l’époque classique, dans un certain nombre de locutions (comme Merci de moi ! ou Merci de ma vie !), cette interjection pouvait également exprimer l’indignation ou l’impatience.
Voir aussi