Le pronom
Le pronom est un mot qui désigne, sans les nommer, une personne, un animal ou une chose. Il remplace souvent un nom, déjà exprimé, et en évite la répétition.
- Le pronom personnel est un mot qui désigne la personne qui parle, celle à qui l’on parle, ou la personne ou chose dont on parle. Ainsi, ce peut être un sujet, un complément d’objet direct, un complément d’objet indirect, une forme réfléchie, une forme accentuée (moi…). Les pronoms personnels au nominatif (c’est-à-dire, sujets) sont : je, tu, il, elle, on, nous, vous, ils, elles.Les pronoms personnels à l’accusatif (c’est-à-dire COD d’un verbe) sont me, te, le, la, nous, vous, les ; les pronoms personnels au datif (c’est-à-dire COI d’un verbe) sont me, te, lui, nous, vous, leur. Les pronoms adverbiaux en (représentant « de cela », notamment quand « cela » ne désigne pas une personne) et y (représentant « à cela », « dans cela », notamment quand « cela » ne désigne pas une personne) sont également des pronoms personnels. Les pronoms personnels réfléchis (employés dans les formes pronominales) sont me, te, se, nous, vous, se. Tous les pronoms considérés jusqu’ici sont dits atones. Les pronoms personnels toniques (employés, par exemple, derrière une préposition pour désigner une personne) sont moi, toi, lui, elle, soi, nous, vous, eux, elles. Ainsi dans « Moi, en quarante ans, je n’en ai eu que deux, et un gracié de justesse» (chapitre 2), le mot « Moi »est un pronom personnel. De même pour « leur » dans « De cette époque datent ces tableaux effrayants qui tapissaient les murs des classes. On y voyait des foies rougeâtres et si parfaitement méconnaissables, à cause de leurs boursouflures vertes et de leurs étranglements violacés qui leur donnaient la forme d’un topinambour » (chapitre 2).
- Le pronom indéfini désigne une personne, un animal ou une chose, d’une manière vague, mal définie. Les pronoms indéfinis variables sont aucun, certain, chacun, l’un, l’autre, nul, quelqu’un, quiconque, tel, tout. Les pronoms indéfinis invariables sont autrui, on, personne, plusieurs, quiconque, quelque chose, rien, les deux… L’adjectif indéfini accompagne toujours un nom. Le pronom indéfini accompagne généralement un verbe. « Quartier pouilleux, où nul n’osait se hasarder la nuit » (chapitre 2), « Il y en avait bien quelques-unes au bout des platanes scolaires » (chapitre 13), « Une plaque émaillée défendait à quiconque de lui parler » (chapitre 13), « Il a deux noms, mais personne ne sait pourquoi » (chapitre 14). Dans « Et dans toutes les chambres on retrouve des choses traînant : ses ciseaux, un gant, […] et mille riens qui prennent une signification douloureuse parce qu’ils rappellent mille faits » (10, chapitre 10), « riens » est évidemment un nom.
- Le pronom démonstratif remplace généralement un nom et sert à montrer la personne, l’animal ou la chose dont on parle. Les pronoms démonstratifs sont ce, c’, ceci, cela, celui, celui-ci, celui-là, celle, celle-ci, celle-là, ceux, ceux-ci, ceux-là, celles, celles-ci, celles-là. Exemples : « Comme les prêtres, nous travaillons pour la vie future : mais nous, c’est pour celle des autres » (chapitre 2), « Celui-là était né à Coutances » (chapitre 4).
- Le pronom possessif remplace un nom précédé d’un adjectif possessif. Les pronoms possessifs sont le mien, le tien, le sien, le nôtre, le vôtre, le leur, du mien… (avec aussi les féminins et les pluriels). Exemple : « Ses espadrilles n’étaient pas plus grandes que les miennes » (chapitre 14).
- Les pronoms relatifs invariables sont dont, où, que, qui, quoi. Les pronoms relatifs variables sont auquel, duquel, lequel, quel, et leurs féminins et pluriels. Exemples : « Quoi que puisse dire Aristote et toute la philosophie, il n’est rien d’égal au tabac » (Molière, Dom Juan, acte I, scène 1), «Je revenais un jour de Rouen, où elle m’avait prié d’aller solliciter une affaire au Parlement de Normandie pour la succession de quelques terres auxquelles je lui avais laissé des prétentions du côté de mon grand-père maternel » (1, page 33), « À neuf heures et demie, rarement plus tard à cause de moi, on servait le thé et les très minces tartines, beurrées d’un beurre exquis et taillées avec ces soins qu’on n’a plus le temps d’apporter à quoi que ce soit, de nos jours » (9, chapitre 23), « Il est vrai, d’autre part, que le curé de mon village, qui était fort intelligent, et d’une charité que rien ne rebutait, considérait la Sainte Inquisition comme une sorte de Conseil de Famille » (chapitre 2), « Pour éclairer ce désastre, l’artiste avait peint le foie appétissant du bon citoyen, dont la masse harmonieuse et le rouge triomphal permettaient de mesurer la gravité des catastrophes circonscrites » (chapitre 2), « Nous marchâmes encore une heure, le long des murs entre lesquels nous étions forcés de rouler comme les billes des jeux de patience » (chapitre 13). On remarquera que, assez souvent, le pronom « où » remplace un substantif qui n’a pas été exprimé : « Où la guêpe a passé, le moucheron demeure »(La Fontaine, Le Corbeau voulant imiter l’Aigle), « Quand je m’éveillais au milieu de la nuit, comme j’ignorais où je me trouvais, je ne savais même pas au premier instant qui j’étais » (11).
- Lorsque les pronoms que, qui, quoi, auquel, duquel, lequel, et les féminins et pluriels de ces trois derniers, servent à poser des questions, on les appelle des pronoms interrogatifs.
Les considérations immédiatement suivantes sont tirées du site : https://www.ciep.fr/…/chroni1z.htm
Certains pronoms personnels ont en commun d’être optionnels, non exigés par la structure de la proposition qui les contient (laquelle est usuellement du type : X donne Y à Z). Il s’agit des datifs éthiques et des datifs étendus.
Les datifs éthiques sont de la deuxième personne ; ils ont pour fonction d’exprimer l’intérêt que l’allocutaire, pris à témoin, est supposé prendre à l’action évoquée ; ainsi en est-il dans : « L’autre […] lui lâcha une ruade Qui vous lui met en marmelade Les mandibules et les dents » (La Fontaine, Le Cheval et le Loup), « Et elle vous lui détacha un coup de sabot si terrible, si terrible, que de Pampérigouste même on en vit la fumée » (A. Daudet, La Mule du pape).
Les datifs étendus (ou compléments d’intérêt) évoquent une personne indirectement intéressée par le processus dénoté par le verbe. Quand une mère déclare : « Le petit m’a encore attrapé une rhino-pharyngite carabinée », elle sait bien que l’enfant ne lui a pas attrapé une maladie, comme il lui aurait attrapé un papillon, mais elle entend mettre en avant les conséquences que cette maladie va avoir pour elle. Quand le locuteur dit « Elle lui a cochonné sa nappe », il se substitue, comme par empathie, au tiers absent « lui » en anticipant l’intérêt que ce « lui » doit prendre à l’action. Dans tous les cas, la personne désignée par le datif étendu est différente de l’actant sujet. Ainsi lit-on : « Toi, va d’abord mettre tes pantoufles, sinon tu vas nous faire encore une angine » (13, chapitre 10).
Dans les citations suivantes, les propositions à l’impératif contenant le pronom tonique moi, correspondent à des propositions à l’indicatif contenant un datif étendu : « Feu M. d’Épernon étant chez le feu Roi, le Roi dit à Marais, qui contrefait tout le monde : "Fais comme fait M. d’ Épernon, quand il est malade. − Holà ! aucuns, faites-moi venir Blaise (c’était son bouffon). − Monseigneur, nous ne saurions. − Comment, à un homme de ma condition… − Il est mort, il y a deux mois. − Faites-le-moi venir nonobstant toutes choses." M. d’Épernon riait du bout des dents » (Tallemant des Réaux, Historiettes), « Par grâce envoyez-moi chercher une voiture et un prêtre » (Balzac, Melmoth réconcilié).
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Conseils de lecture
Voir aussi
- Les pronoms personnels
- Les pronoms relatifs
- Dans le forum : Les pronoms