Le positionnement des pronoms personnels
Les considérations suivantes sont, en partie, tirées de la thèse de Fabrice Marsac : Les Constructions infinitives régies par un verbe de perception. Je renvoie aussi à la discussion « Faire + infinitif » sur le Forum littéraire. L’aide de Jehan et Muriel, modérateurs de ce forum, qui ont bien voulu répondre à quelques questions, m’a été utile.
Rappelons que dans les propositions qui ne sont pas à la forme impérative, les pronoms personnels peuvent être à l’accusatif (quand ils sont COD d’un verbe), au datif (quand ils sont COI d’un verbe) ou réfléchis (quand ils désignent le même être que le sujet du verbe). Les pronoms à l’accusatif sont « me, te, le, la, nous, vous, les », ceux au datif sont « me, te, lui, nous, vous, leur », et les pronoms réfléchis sont « me, te, se, nous, vous, se ». Le fait que « me, te, nous, vous » puissent être à l’accusatif, au datif, ou réfléchis est une cause des complications ci-dessous.
Avant de continuer, il faut d’abord savoir comment vont se modifier les pronoms personnels contenus dans une proposition affirmative à l’indicatif, quand on transforme celle-ci en une proposition à l’impératif.
Si le pronom de la tournure non impérative est à l’accusatif (ou réfléchi), la correspondance est comme suit :
- Tu me (te, le la, nous, les) regardes → Regarde-moi (toi, le, la, nous, les)
- Nous le (la, nous, les) regardons → Regardons-le (la, nous, les)
- Vous me (le, la, nous, vous, les) regardez → Regardez-moi (le, la, nous, vous, les)
Si le pronom de la tournure non impérative est au datif (ou réfléchi), la correspondance est comme suit :
- Tu me (te, lui, nous, leur) parles → Parle-moi (toi, lui, nous, leur)
- Nous lui (nous, leur) parlons → Parlons-lui (nous, leur)
- Vous me (lui, nous, vous, leur) parlez → Parlez-moi (lui, nous, vous, leur)
Les pronoms personnels peuvent avoir d’autres fonctions que celles de COD ou de COI de verbes. Ils peuvent intervenir dans des constructions attributives, comme dans « Je reçois souvent de petits billets de ce cher cardinal [de Retz] ; je lui en écris aussi ; je tiens à ce léger commerce très mystérieux et très secret : il m’en est plus cher. (Mme de Sévigné, lettre à M. de Grignan du 13 octobre 1675), ou dans « Le froid de la nuit les faisait s’étreindre davantage ; les soupirs de leurs lèvres leur semblaient plus forts ; leurs yeux, qu’ils entrevoyaient à peine, leur paraissaient plus grands » (Flaubert, Madame Bovary).
Les pronoms personnels peuvent souligner la possession, comme dans « Elle éclata d’un rire involontaire, en lui voyant une bosse au front » (Zola, Nana, chapitre 13) ou dans « Qu’ils aillent d’abord se laver les mains » (13, chapitre 17).
Nous aurons à considérer aussi le pronom adverbial « y » (signifiant « à cela », « dans cela », « sur cela », surtout quand « cela » désigne un être inanimé, ou « dans cet endroit », « ici »), et le pronom adverbial « en » (signifiant souvent « de cela ou « de là »).
Le pronom « y » peut être le COI d’un verbe, comme dans « Ce cheval-ci endure-t-il la selle ? − C’est vrai, vous m’y faites penser, il ne l’endure pas » (Hugo, Les Misérables, livre 7, chapitre 5). Il peut signifier « ici » ou « là-bas », comme dans : « Si vous êtes à Versailles, faites-l’y venir. C’est un homme du tête-à-tête, et quelques heures passées ainsi avec lui vous intéresseront. Il est très enclin à parler d’amour ; ses poésies en sont remplies, et du plus noble, et du plus pur » (Mme de Staël, lettre à Mme Récamier du 3 novembre 1808), ou dans « Ce sont de drôles d’auberges que ces ministères. On y entre et on en sort sans savoir pourquoi ; c’est une procession de marionnettes » (Musset, Un caprice, scène 8).
Le pronom « en » a de nombreuses fonctions, dont voici quelques-unes. Il peut être le COD d’un verbe, comme dans « Il fallait en inventer [une histoire] pour Rosanette » (Flaubert, L’Éducation sentimentale, partie 3, chapitre 4). Il peut être un COI d’un verbe, comme dans « Lorsque M. de Grave y fut installé à sa place, son ancienne amitié pour moi lui fit désirer de me faire maréchal de camp au choix du Roi. Il m’en parla, et ne me dissimula pas qu’il s’attendait à éprouver quelques difficultés de la part du Roi ; mais il se flattait de les surmonter, et il mettait du prix à le tenter. Je l’en dissuadai » (4, page 253). Il peut être le complément d’agent d’un verbe dans une proposition à la voix passive, comme dans « Elle adore Alonso, elle en est aimée » (L’abbé Prévost, Mémoires et Aventures d’un homme de qualité, tome 3). Il peut remplacer un substantif introduit par l’article indéfini des ou par l’article partitif « du », « de la », comme dans « Mais envoyez-en chercher chez vous [des habits], au moins » (A. Dumas, Mémoires). Il peut être un complément déterminatif d’un substantif, comme dans « Le parlement a essuyé une suite de temps si orageux, qu’il eût été aussi déplacé qu’infructueux, d’entamer une matière [celle de rendre son ancienne gloire au parlement de Paris] qui demande de la réflexion et de la suite, par conséquent de la tranquillité. Il faut, m’ajouta-t-il, que je vous fasse voir ce qui m’en a fait naître l’idée » (Besenval, Mémoires). Il peut être un complément déterminatif d’un adjectif, comme dans « Il [J.-J. Rousseau] me calomnie dans le temps même que je prends son parti. Je suis bien sûr que vous condamnez un tel procédé, et qu’il ne s’en serait pas rendu coupable, s’il avait voulu mériter votre protection » (Voltaire, lettre du 9 janvier 1765 à Mme la Maréchale de Luxembourg). Il peut être le complément d’un adverbe, comme dans « On avait déjà fait venir quelques troupes aux environs de Paris et de Versailles. On en fit venir davantage au mois de juin » (4, page 47). Il peut avoir la valeur d’un complément circonstanciel, et équivaloir à « de là », « d’où », comme dans « Mais il n’avait pas su qu’Hippolyte et Daphné, / Ce jour-là par hasard, chez elle avaient dîné. / Il les en voit sortir, mais à coiffe abattue, / Et sans les approcher il suit de rue en rue » (Corneille, Le Menteur, acte III, scène 2).
La disposition, dans une phrase à l’impératif, des pronoms personnels et adverbiaux dépend de la disposition des pronoms correspondants dans la phrase correspondante à l’indicatif. Si la phrase considérée est à l’impératif négatif, les pronoms personnels ou adverbiaux qui y figurent seront les mêmes et disposés de la même manière que dans la phrase correspondante à l’indicatif. Ainsi, la phrase « Ne me les ayez pas avoués avant demain, vos forfaits, et vous verrez ce qui en adviendra » correspond à « Si vous ne me les avez pas avoués avant demain, vos forfaits, vous verrez ce qui en adviendra ». Par contre, à l’impératif affirmatif, les pronoms personnels ne sont pas nécessairement disposés de la même manière que les pronoms correspondants dans la phrase correspondante à l’indicatif ; alors que, devant le verbe conjugué de la phrase à l’indicatif peuvent se présenter d’abord un pronom au datif puis un pronom à l’accusatif, dans la phrase initiale au mode impératif, c’est toujours le pronom à l’accusatif qui viendra en premier, et ces pronoms seront liés au verbe et entre eux par des traits d’union. On écrira bien « Osez me le dire », car « me » et « le » sont derrière « osez » dans la phrase correspondante à l’indicatif « Vous osez me le dire ». De même, on écrira « Cette élève, emmenez-la (lui) (en) parler [de ses problèmes, au psychologue] », « Ces exercices, faites-lui me les expliquer », car les phrases correspondantes à l’indicatif sont « Vous l’emmenez lui en parler », « Vous lui faites me les expliquer ». Mais on écrira aussi « Cette marchandise, envoyez-la-moi livrer demain par votre commis », « Cette marchandise, envoyez-la-lui livrer demain par votre commis », « Ces exercices, faites-les-moi expliquer à Paul » ; car les phrases correspondantes à l’indicatif sont (selon les règles actuelles !), respectivement, « Vous me l’envoyez livrer demain par votre commis », « Vous la lui envoyez livrer demain par votre commis » et « Vous me les faites expliquer à Paul ».
Les pronoms adverbiaux « y » et « en » étant toujours positionnés en dernier, on doit écrire, par exemple, « Envoyez-la lui en parler » car la phrase correspondante à l’indicatif est « Vous l’envoyez (Marie) lui (au psychologue) en parler (des problèmes de Paul) ». Mais on écrira « Envoyez-lui-en parler par Marie (des problèmes de Paul, au psychologue) » car la phrase correspondante (selon les mêmes règles !) est « Vous lui en envoyez parler ». Enfin, on écrira « Faites-m’y penser » et « Faites-l’y penser », les phrases correspondantes à l’indicatif étant (toujours selon les mêmes règles !) « Vous m’y faites penser » et « Vous l’y faites penser ».
Ainsi lit-on :
« Répondez-m’en, vous dis-je ; ou, sur votre refus, / D’autres me répondront et d’elle et de Burrhus » (Racine, Britannicus, acte III, scène 9), « Je prétendais te découvrir à lui. — Gardez-vous-en, ménagez mon ennui » (Voltaire, La Prude, acte I, scène 1), « Du sang de tant de rois, c’est l’unique héritage, / Ne me l’enviez pas, laissez-moi mon partage » (Voltaire, Olympie, acte V, scène 1), « Le mari de madame aujourd’hui m’a promis / De faire ma fortune. — Est-il bien vrai, Lisette. / — Et je t’épouserai dès qu’elle sera faite. / — Bon ! attendons-nous-y ! Quand le bien te viendra, / D’autres amants viendront, tu me planteras là ». (Voltaire, Le Dépositaire, acte III, scène 1), « Marcel, va me chercher mon fusil » (13, chapitre 24).
De même, on lit (en conformité avec les dites règles !)
« Si vous voulez, ô maris, que vos femmes vous soient fidèles, faites-leur en voir la leçon par votre exemple » (St François de Sales, Introduction à la vie dévote, Avis pour les gens mariés), « ELMIRE : Faites-le-moi venir. DORINE : Son esprit est rusé, Et peut-être à surprendre il sera malaisé. ELMIRE : Non : on est aisément dupé par ce qu’on aime, Et l’amour-propre engage à se tromper soi-même. Faites-le-moi descendre » (Molière, Tartuffe, acte IV, scène 3), « Comme elle vit que je m’étais ménagé un tête-à-tête, elle me dit : Vous m’avez prévenue, j’avais à vous parler. Fort bien, lui dis–je ; mais puisque j’ai pris les devants, laissez-moi m’expliquer le premier » (Rousseau, La Nouvelle Héloïse, partie 6, lettre 11), « N’allez donc pas vous perdre en beaux raisonnements, pour prouver à l’adolescent qu’il est un homme comme les autres, avec ses faiblesses. Faites-le-lui sentir, ou jamais il ne le saura » (Rousseau, Émile, livre 4), « Si vous êtes à Versailles, faites-l’y venir. C’est un homme du tête-à-tête, et quelques heures passées ainsi avec lui vous intéresseront. Il est très enclin à parler d’amour ; ses poésies en sont remplies, et du plus noble, et du plus pur » (Mme de Staël, lettre à Mme Récamier du 3 novembre 1808), « Pourtant, ne vous forcez-pas si vous vous sentez malade. Prenez le repos qu’il vous faudra. Si vous ne pouvez venir demain, envoyez-le-moi dire » (Eugène Muller, Pierre et Mariette, 1865).
Ceci nous ramène au problème de la disposition des pronoms personnels et des pronoms adverbiaux dans une phrase à l’indicatif.
Avant tout, on n’a sans doute pas intérêt à multiplier les compléments pronominaux d’un verbe. Si je traduis « Vous osez acheter pour moi la viande à ce boucher du marché » par « Vous osez me la lui y acheter », où « me », « la », « lui », « y » représentent, respectivement, « pour moi », « la viande », « à ce boucher », « du marché », il y a peu de chances qu’on me comprenne aisément et l’on considérera que je m’exprime en charabia.
Les raisons historiques de complications actuelles
Le positionnement actuel des pronoms personnels peut être embarrassant. En effet, les grammairiens du XVIIe siècle, spécialement Vaugelas, édictèrent des règles nouvelles, consistant à rapprocher du verbe ses compléments. Vaugelas recommandait, donc d’écrire « il vint le dire », plutôt que « il le vint dire ». C’est ce qu’explique Rose Sene dans son article « Le pronom personnel de la troisième personne ». Les citations immédiatement postérieures ne sont donc plus conformes à l’usage actuel.
« L’un voulait le garder, l’autre le voulait vendre » (La Fontaine, « Les Voleurs et l’Âne »), « Il ne me plaît pas, moi. Je vous trouve plaisant d’user d’un tel empire, / Et de me dire au nez ce que vous m’osez dire » (Molière, Le Misanthrope, acte IV, scène 4), « Quoi ? quand je dis : “Nicole, apportez-moi mes pantoufles, et me donnez mon bonnet de nuit”, c’est de la prose ? » (Molière, Le Bourgeois gentilhomme, acte II, scène 4), « Ah ce oui se peut-il supporter ? / Et sans un mal de cœur saurait-on l’écouter ? » (Molière, Les Femmes savantes, acte I, scène 1), « Entre elle et moi, Clitandre, expliquez votre cœur, / Découvrez-en le fond, et nous daignez apprendre / Qui de nous à vos vœux est en droit de prétendre. » (ibidem, acte I, scène 2), « M. de Clèves ne voyait que trop combien elle était éloignée d’avoir pour lui des sentiment qui le pouvaient satisfaire » (Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves), « Elle était si occupée de ce qui se venait de passer qu’à peine pouvait-elle cacher la distraction de son esprit » (ibidem), « Tout conspirait pour lui : ses soins, sa complaisance, / Ce secret découvert et cette intelligence, / Soupirs d’autant plus doux qu’il les fallait celer, / L’embarras irritant de ne s’oser parler, / Même témérité, périls, craintes communes, / Lièrent pour jamais leurs cœurs et leurs fortunes » (Racine, Bajazet, acte I, scène 1), « Le même jour, Didyme l’aveugle, célèbre docteur de l’église d’Alexandrie, étant chez lui, très affligé de l’égarement de l’empereur [Julien l’apostat] et de l’oppression des églises, passa la journée en jeûnes et en prières, et ne voulut pas même prendre de nourriture. Lorsque la nuit fut venue, il s’endormit dans une chaise où il était assis, et crut voir des chevaux blancs courir en l’air, montés par des gens qui criaient : dites à Didyme : aujourd’hui à sept heures Julien a été tué : lève-toi donc, mange, et l’envoie dire à l’évêque Athanase » (Claude Fleury, Histoire ecclésiastique, livre 15), « On dit qu’il y a des gens fort polis dans cette ville-là ; je le veux croire » (Voltaire, Candide, chapitre 21), « Il me demanda si les cent pistoles que je lui avais rendues me suffiraient, et, sans m’opposer un seul mot de difficulté, il me les alla chercher dans le moment, avec cet air ouvert et ce plaisir à donner qui n’est connu que de l’amour et de la véritable amitié » (1, page 114), « Avant une si cruelle étourderie que celle que je venais de faire, je n’avais à combattre que la froideur d’Hortense ; mais comment lui oser parler de ma tendresse, après avoir avoué que Madame de Sénanges avait fait sur moi la plus vive des impressions » (Crébillon le fils, les Égarements du Cœur et de l’Esprit), « J’avais résolu de ne lui pas répondre » (Laclos, Les Liaisons dangereuses, lettre 27), « Le président de cette société le vint voir » (Hugo, Les Misérables, chapitre « M. Mabeuf »), « Nous devisâmes quelques minutes encore et j’annonçai que je pensais m’aller coucher » (Duhamel, Cri des profondeurs).
Cette transformation de la langue, consistant à rapprocher du verbe ses compléments, n’a malheureusement pas été conduite à son terme en présence des verbes « causatifs » comme « faire » ou « laisser ».
Expliquons d’abord comment devant un verbe, dans les phrases qui ne sont pas à l’impératif affirmatif, se positionnent côte à côte deux pronoms personnels ou adverbiaux.
La règle d’alternance des pronoms
Les pronoms personnels « me », « te », « nous », « vous », peuvent être à l’accusatif, au datif, ou réfléchis. Si l’on écrivait « il nous vous présentera », le lecteur hésiterait entre les interprétations « Il nous présentera à vous » et « Il vous présentera à nous ». Les règles ci-dessous visent à lever de pareilles ambiguïtés.
Les pronoms « me », « te », « se », « nous », « vous » ne peuvent pas se trouver juxtaposés deux à deux, ni se joindre aux pronoms « lui » et « leur », ainsi qu’il est expliqué ci-après.
Quand deux pronoms personnels sont placés côte à côte devant un verbe, ils ne peuvent être tous deux à l’accusatif ou tous deux au datif. Si l’un est au datif, l’autre pronom est à l’accusatif, de rang 3 ou 6 (dans l’ordre de la conjugaison) ; dans ce cas, le pronom à l’accusatif se positionnera avant le pronom au datif quand ce dernier est de rang 3 ou 6, et il se positionnera après le pronom au datif quand ce dernier est de rang 1, 2, 4 ou 5. Quand un pronom personnel à l’accusatif ou au datif et un pronom adverbial sont placés côte à côte, ce pronom adverbial est placé en dernier. Enfin quand les pronoms adverbiaux « y » et « en » sont placés côte-à-côte, « en » vient en dernier (ce cas se rencontre surtout dans « il y en a » et les expressions dérivées). Ainsi écrit-on : « Vous lui en parlez », « Vous m’en parlez », « Vous l’y contraignez », « Vous m’y contraignez », « Vous l’en dissuadez », « Vous m’en dissuadez ».
Par ailleurs, quand un pronom réfléchi est accompagné d’un pronom personnel, il se présente toujours en premier, et l’autre pronom est nécessairement à l’accusatif, de rang 3 ou 6. Enfin, un pronom réfléchi précédera toujours un pronom adverbial.
J’appellerai cette règle « la règle d’alternance des pronoms » ou, plus simplement, « la règle d’alternance ». Toutes les situations possibles (au choix près du rang des pronoms) sont illustrées ci-après :
« Aucuns livres ne furent jamais si capables de retenir nos frères errants, ou nouvellement convertis, dans l’aversion que leurs Ministres leur ont inspirée contre l’Église, qu’un de ceux [les Provinciales, de Pascal] qu’ils ont fait. Ils leur y représentent comme des gens exécrables ceux qui seraient en état de les détromper, et ils leur y donnent l’horreur de ceux en qui ils ont besoin d’avoir de la confiance » (citation de l’Apologie des Jésuites, dans La Morale pratique des Jésuites, d’Antoine Arnauld), « Ils m’en pressent de si bon cœur, et Mme de Marbeuf me donne une chambre si commode, que je m’y en vais demain » (Mme de Sévigné, lettre du 15 avril 1685), « M. le duc d’Orléans me fit de petits reproches, mais doux, de m’être autant étendu. Je m’en excusai sur ce que je croyais de mon devoir, honneur et conscience d’opiner suivant ma persuasion » (St-Simon, Mémoires, volume 5, page 281), « Là-dessus Monsieur le Duc dit à Monsieur le Régent : “Mais, Monsieur, comment, sachant cela, l’avez-vous laissé sortir du royaume ? — C’est vous, Monsieur, répliqua le Régent qui lui en avez fourni les moyens [à Law]. — Je ne vous ai jamais demandé, répondit Monsieur le Duc, de le faire sortir du royaume. — Mais, insista le Régent, c’est vous-même qui lui avez envoyé les passeports. — Il est vrai, Monsieur, répondit Monsieur le Duc, mais c’est vous qui me les avez remis pour les lui envoyer ; mais je ne vous les ai jamais demandés, ni qu’il sortît du royaume.” » (St-Simon, Mémoires, volume 6, page 665), « J’allais dans les commencements chercher de la force au pied des autels, et j’y en trouvais quelquefois » (3, page 76), « Si l’on avait eu le malheur de me toucher, l’on se croyait souillée, et l’on allait s’en confesser et s’en faire absoudre chez la supérieure » (3, page 99), « Ce poème se reconnaît aisément aux propriétés qui le distinguent des autres. Pour peindre à la fois les qualités et les rapports d’un objet, on s’y permet souvent de réunir plusieurs mots en un seul, et il en résulte des expressions quelquefois si volumineuses, qu’elles fatiguent l’oreille ; si bruyantes qu’elles ébranlent l’imagination. Des métaphores qui semblent n’avoir aucun rapport entre elles, s’y succèdent sans se suivre » (L’abbé Barthélemy, Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, chapitre 80), « Comme cette affiliation décidait du triomphe, on ne négligeait aucun moyen de se la procurer » (4, page 132), « On ne se flattait sûrement pas que les soldats refuseraient de prêter le serment exigé. On savait parfaitement qu’ils étaient très disposés à s’y conformer. Les termes mêmes du décret ne leur en laissaient pas l’option » (4, page 200), « Elle [Mme de Genlis] mena ma sœur à Bury Saint-Edmunds en Suffolk où elle prit une maison, et ne la ramena en France qu’au mois de novembre 1792, encore fallut-il que mon père employât des moyens très positifs pour l’y déterminer » (4, page 248), « Ceci se passait très peu de jours avant que M. de Narbonne fût renvoyé du ministère. Lorsque M. de Grave y fut installé à sa place, son ancienne amitié pour moi lui fit désirer de me faire maréchal de camp au choix du Roi. Il m’en parla, et ne me dissimula pas qu’il s’attendait à éprouver quelques difficultés de la part du Roi ; mais il se flattait de les surmonter, et il mettait du prix à le tenter. Je l’en dissuadai » (4, page 253), « Réfléchissez avant d’aller à Rome, car on y a trop d’occasions de dépenser son argent, et l’on ne peut pas y en gagner » (Taine, Philosophie de l’art), « Christiane et Hans Ulrich demeurèrent les seuls à ignorer le gala déclaré, et le rôle que Son Altesse leur y destinait » (Élémir Bourges, Le Crépuscule des dieux, chapitre 5, 1884), « Il fut présenté à Odette de Crécy par un de ses amis d’autrefois, qui lui avait parlé d’elle comme d’une femme ravissante avec qui il pourrait peut-être arriver à quelque chose, mais en la lui donnant pour plus difficile qu’elle n’était en réalité afin de paraître lui-même avoir fait quelque chose de plus aimable en la lui faisant connaître » (11).
Par contre « en » est une préposition dans « en le voyant », « en lui parlant » et « en y pensant ».
On va maintenant examiner des syntagmes constitués d’un premier verbe conjugué suivi d’un infinitif. Comme premier cas, considérons celui du verbe « falloir » suivi d’un infinitif. Le sujet pronominal de cet infinitif se place avant le verbe « falloir », tandis que les compléments d’objet de l’infinitif, s’ils sont pronominaux, se placent après ce verbe « falloir ». Ainsi, dans « Je subis mon destin, vous voyez sa rigueur : Il me faut faire un choix… il est fait dans mon cœur » (Voltaire, Olympie, acte V, scène 3) et dans « Il lui fallait compter son linge et subir le concierge, rustre à tournure d’infirmier, qui venait le matin retaper son lit, en sentant l’alcool et en grommelant » (Flaubert, L’Éducation sentimentale, partie 1, chapitre 3), les pronoms « me » et « lui » sont les sujets de « faire » et « compter ». Au contraire, dans « Il faut vous dire comme ce prélat disait à la reine-mère : ceci est histoire » (Mme de Sévigné, lettre à Mme de Grignan, du 28 juin 1671) et dans « Il fallait en inventer [une histoire] pour Rosanette. Elle ne comprenait pas à quoi il employait toutes ses soirées ; et quand on envoyait chez lui, il n’y était jamais ! » (Flaubert, L’Éducation sentimentale, partie 3, chapitre 4), les pronoms « vous » et « en » sont des compléments d’objet des verbes « dire » et « inventer ».
Dans les citations suivantes, les pronoms mis en gras sont relatifs à l’infinitif régi, ce qui explique leur position :
« Zadig voulut se consoler, par la philosophie et par l’amitié, des maux que lui avaient faits la fortune » (Voltaire, Zadig, chapitre 4), « Corbie [directeur de l’opéra-comique] n’est-il pas votre protégé ? ne pourrai-je pas lui envoyer ce petit garçon ? il ferait une bonne emplette : daignerez-vous lui en parler ? » (Voltaire, lettre au comte d’Argental, du 25 juillet 1760), « Plus j’apprenais à connaître intimement les individus et leurs besoins particuliers, plus je trouvais facile de tirer du texte que je méditais des exhortations et des consolations qui me semblaient leur convenir » (dans Le Chrétien évangélique, 1864), « C’était une profusion de roses, de pivoines, de lis qui semblaient s’être trompés de saison » (9, chapitre 37), « Un maçon, c’est un noyeur de pierres, et il les cache parce qu’il n’a pas su les tailler » (13, chapitre 1), « Alors, dit mon père indigné, si vous lui deviez cent francs, vous oseriez me les demander ? » (13, chapitre 11).
Au contraire, quand le régisseur est l’un des verbes causatifs, « faire, laisser », l’un des verbes causatifs de mouvement « envoyer, emmener, mener », ou l’un des verbes de perception « entendre, ouïr, voir, regarder, sentir », les pronoms personnels ou adverbiaux relatifs au verbe régi, sont souvent placés avant ce régisseur (dans les phrases qui ne sont pas à l’impératif affirmatif, rappelons-le !), et il y a peut-être là une difficulté supplémentaire du français, même si je comprends que l’agent pronominal du régi, quand il y en a un, se trouve devant le régisseur. Ces régisseurs ont comme particularité que le sujet du verbe régisseur est presque toujours différent de l’agent de l’infinitif. « Faire », « laisser »… sont des verbes causatifs, car ils sont la cause de la réalisation du procès. Ainsi lit-on « Il [Ponce Pilate] monte sur son tribunal comme pour confirmer la sentence ; mais sa femme lui ayant envoyé parler à l’oreille en faveur de Jésus, il hésite de nouveau » (Alphonse Esquiros, L’Évangile du peuple, 1845).
Ces verbes entendre, etc., sont pris ici dans leur sens le plus répandu, car, dans une citation telle que « Sois convaincu que jamais je n’entends te causer le moindre retardement » (Duchesse d’Abrantès, Mémoires), le sujet du verbe régisseur est aussi l’agent de l’infinitif.
Il y a cependant des situations dans lesquelles les compléments du régi se trouvent nécessairement derrière le régisseur.
Ainsi, le « tout à l’heure » se rapportant nettement au régisseur dans la citation suivante, le complément d’objet direct « le » de « chercher » se trouve derrière le régisseur :
« Comme à peine nous en sortions [de table], nous entendîmes un carrosse dans la cour : c’était le cardinal de Noailles. Je descendis au-devant de lui, il m’embrassa à plusieurs reprises, et tout aussitôt devant tout le domestique se prit à me dire : “Où est mon neveu ? car je veux voir mon neveu, envoyez-le donc chercher”. Je répondis fort étonné qu’il était à Marly. “Oh ! bien, envoyez-y donc tout à l’heure le chercher, car je meurs d’envie de l’embrasser” » (St-Simon, Mémoires, volume 4, page 918).
De même, dans les deux citations suivantes, l’agent non pronominal du régi venant s’intercaler entre le régisseur et le régi, les compléments de ce dernier sont rejetés derrière le régisseur :
« Il [le soleil] la trouva lui-même si belle [la Princesse], qu’il ne pût s’empêcher d’envoyer mille de ses rayons le lui dire de sa part » (Henriette de Coligny de La Suze, Recueil de pièces galantes), « Il [Dieu] envoya son prophète lui promettre [au roi Jéhu] ses bénédictions » (Bonaventure Racine, Abrégé de l’Histoire ecclésiastique).
Expliquons maintenant comment les règles actuelles placent les compléments du régi en présence d’un verbe causatif, en distinguant quatre situations ; dans la quatrième situation, l’infinitif régi est pronominal, alors qu’il ne l’est pas dans les trois premières. Pour simplifier, j’appellerai « pronoms indirects » les pronoms personnels au datif, le pronom adverbial « y », le pronom adverbial « en » quand ce dernier n’est pas le COD d’un verbe et n’a pas une valeur partitive relativement au COD d’un verbe, enfin les pronoms réfléchis COI d’un verbe.
Première situation
L’agent de l’infinitif, s’il est mentionné, n’est pas un pronom personnel.
Le verbe régisseur et l’infinitif régi forment un syntagme. L’éventuel COD pronominal de ce syntagme sera à l’accusatif, sous la forme en, ou réfléchi (comme dans « il se laisse abuser ») et les éventuels pronoms indirects de ce syntagme seront au datif, adverbiaux ou réfléchis (comme dans « ces documents, il se les fit envoyer à domicile »).
Normalement, les pronoms personnels ou adverbiaux compléments du syntagme se placent avant le régisseur. Toutefois, quand l’agent de l’infinitif n’est pas clairement déterminé d’après le contexte, il peut être à propos de placer les compléments du syntagme derrière le régisseur. En effet, « vous me faites chercher » et « vous lui faites demander » pourraient signifier « vous faites que je cherche » et « vous faites qu’il demande », alors que « vous faites me chercher » et « vous faites lui demander » signifieront clairement « vous faites qu’on me cherche » et « vous faites qu’on lui demande ». C’est ainsi que Bonaventure Racine écrit, dans son Abrégé de l’Histoire ecclésiastique : « Le pape Grégoire VII avait une haute estime du roi Guillaume. Il croyait qu’il lui serait glorieux de s’assujettir un si grand prince. C’est pourquoi il envoya lui demander qu’il lui prêtât serment de fidélité, et lui fit dire d’être plus exact à envoyer à Rome l’argent que les rois ses prédécesseurs avaient coutume d’y faire porter ».
La plupart des auteurs considèrent que le contexte suffira à lever toute ambigüité.
Voici quelques citations illustrant la première situation. Elles sont classées comme suit : celles où figure, devant le régisseur, un COD pronominal du syntagme (quand on passe à une tournure non impérative) ; celles où figure, devant le régisseur, un pronom indirect ; celles où figurent, devant le régisseur, un COD et un pronom indirect ; celles où figurent, devant le régisseur deux pronoms indirects.
« Le roi d’Angleterre [Jacques II], qui n’en buvait guère d’autre, en entendit parler et en envoya demander à l’archevêque [de Reims], qui lui en envoya six bouteilles [de vin de Champagne]… » (St-Simon, Mémoires, volume 1, page 747), « Il y a près d’un mois que je l’ai fait chercher dans Paris [le protégé de M. de Cideville], et que je l’ai fait prier de m’écrire ce qu’il savait de cette affaire » (Voltaire, lettre à M. de Cideville, 20 mai 1734), « Si mon père avait payé la Révolution, ses ennemis en auraient découvert les preuves, et les auraient fait connaître au public » (4, page 57), « Je les fis écrouer devant la porte, et je recommandai au geôlier en présence de tout le peuple d’avoir l’œil sur eux. […] Le geôlier, fidèle à ma recommandation, les avait tenus séparés. Nous les fîmes réunir, et les bons vieillards s’embrassèrent de la manière la plus touchante » (4, page 151), « Ceux-ci [les Princes et les souverains] étant eux-mêmes très inquiets des conséquences que la Révolution française pouvait produire dans leurs États, accueillaient avec empressement tout ce qui la présentait à leurs peuples sous des couleurs défavorables, et repoussaient de même tout ce qui aurait tendu à la faire envisager différemment » (4, page 264), « Envoyez-les chercher par la gendarmerie, de force ! La justice est pour moi, tout est pour moi, la nature, le code civil. Je proteste. La patrie périra si les pères sont foulés aux pieds » (Balzac, Le Père Goriot), « Il ne faut rien attendre de bon, mère Colas, il a fait l’imprudence de chanter ; mais ne le grondez pas, ne le rudoyez point. Si Jacques se plaignait trop, envoyez-moi chercher par une voisine » (Balzac, Le Médecin de campagne), « Égoïste ! qui n’avez su que fuir le danger, qui n’avez disputé ni votre roi à ses ennemis, ni vos parents à la mort ! allez, ces crimes sont encore plus les vôtres que ceux du peuple… le sang retombe sur le lâche qui l’a laissé répandre ou qui n’a pas su le venger » (Jean-Pierre-François Lesguillon, Morin, ou la fiancée du proscrit, acte II, scène 5 ; 1834), « Mais envoyez-en chercher chez vous [des habits], au moins. […] − Il y a Guérin. − Envoyez-le chercher des habits chez Dumas » (A. Dumas, Mémoires), « Il avait besoin de manger une omelette ou des pommes cuites ; et, les comestibles ne se trouvant jamais dans l’établissement, il les envoyait chercher » (Flaubert, L’Éducation sentimentale, partie 2, chapitre 3).
« Le lendemain la Reine lui envoya commander [à Mme de Montbazon] de s’absenter de la Cour, et de s’en aller à l’une de ses maisons » (Mme de Motteville, Mémoires, seconde partie), « Il en fait parler par Bois-Robert, et le Cardinal [de Richelieu] le rebute » (Tallemant des Réaux, Historiettes), « C’est moi, monsieur, qui vous ai envoyé parler, ces jours passés » (Molière, M. de Pourceaugnac, acte I, scène 9), « DORANTE : Si Madame Jourdain veut voir le divertissement royal, je lui ferai donner les meilleures places de la salle. MADAME JOURDAIN : Madame Jourdain vous baise les mains. DORANTE (bas, à M. Jourdain) : Notre belle marquise, comme je vous ai mandé par mon billet, viendra tantôt ici pour le ballet et le repas, et je l’ai fait consentir enfin au cadeau que vous lui voulez donner. Monsieur Jourdain − Tirons-nous un peu plus loin, pour cause. […] Je lui ai fait valoir comme il faut la richesse de ce présent et la grandeur de votre amour » (Le Bourgeois gentilhomme, acte III, scène 6), « Faites-lui faire vos compliments par le truchement que voilà » (Molière, Le Bourgeois gentilhomme, acte V, scène 7), « Je ne l’ai point vu et je n’en n’ai jamais entendu parler » (Voltaire, Zadig, chapitre 3), « Je pris le parti de m’en ouvrir à ma mère ; et je lui fis demander un entretien qui me fut accordé » (3, page 57), « Je connais depuis longtemps de réputation M. l’abbé marquis Niccolini et monseigneur Cerati. J’en ai cent fois entendu parler à mon père dans les termes les plus affectueux, et qui peignaient le mieux la sympathie qui était entre leurs âmes et la sienne » (lettre de Montesquieu fils à l’abbé de Guasco, 17 février 1755), « Toutes ses idées, même celles que vous lui faites naître [à Sophie Volanges], n’aboutissent jamais qu’à Danceny » (Laclos, Les Liaisons dangereuses, lettre 63), « Mulcimir, roi de Croatie, inquiet de l’approche de l’armée d’Urseolo [doge de Venise], lui envoya demander [en 997] son amitié, en lui offrant des secours » (Comte Daru, Histoire de la République de Venise), « Écrivez-moi souvent et faites-moi envoyer exactement les états de situation [de la flotte] » (Napoléon, lettre du 21 août 1798 au citoyen Menars, commissaire de la marine à Malte), « Il est inconcevable qu’on ait [le 12 juillet 1789] laissé dans Paris ce régiment qu’il était facile et important d’en faire sortir » (4, page 72), « La maison de M. de Boulainvilliers à Passy réunissait ces deux avantages ; mon père lui fit demander s’il voulait la louer » (4, page 83), « Il [le duc d’Orléans] partit le 14 octobre [1789] au soir, se flattant que son départ lui ferait rendre la justice qu’il croyait mériter » (4, page 108), « Au retour de la députation, le tiers-état, inexorable, se détermina à attendre, séance tenante, la réponse du clergé. Cette réponse n’arrivant point, on lui envoya dire qu’on l’attendait. Le clergé se plaignit d’être trop vivement pressé, et demanda qu’on lui laissât le temps nécessaire. On lui répondit avec modération qu’il en pouvait prendre, et qu’on attendrait, s’il le fallait, tout le jour et toute la nuit. » (Thiers, Histoire de la Révolution française, livre 2), « J’en ai entendu parler de cette petite de la grille de la rue Plumet » (Hugo, Les Misérables), « Ma mère ne vint pas, et sans ménagements pour mon amour-propre […] me fit dire par Françoise ces mots : “Il n’y a pas de réponse” » (11), « Quand, à notre retour, ma tante nous faisait demander si Mme Goupil était arrivée en retard à la messe, nous étions incapables de la renseigner » (11), « Il choqua longuement ses souliers contre la pierre du seuil, pour en faire tomber la boue » (14, chapitre 11).
« Hé bien (dit-il aussitôt) où demeurent ces gens-là [les sorciers] ? Envoyez-m’en quérir un par mes sergents » (Antoine Furetière, Le Roman bourgeois), « En réponse à votre lettre du 23 mai, mon cher frère, il me manque, pour compléter mon Lally, la réponse qu’il [Lally-Tollendal] avait faite aux objections par lesquelles on réfuta son premier mémoire. On dit que cette pièce est très rare. Vous me feriez un grand plaisir de me la faire chercher et de me l’envoyer » (Voltaire, lettre à Damilaville, du 2 juin 1766), « Mais je suis bien loin d’imputer à M. de La Fayette, comme ses ennemis se sont efforcés de le faire, d’avoir voulu laisser commettre les crimes qui ont souillé cette horrible nuit [du 5 au 6 octobre 1789]. Aucune partie de sa conduite ne peut l’en faire soupçonner » (4, page 101), « Nous arrivâmes à Lille le même soir, mais les portes étaient déjà fermées. Heureusement le commandant de cette place, plus obligeant que celui de Saint-Omer, nous les fit ouvrir » (4, page 250), « J’étais absente lors de son arrivée [celle de Mme de Sévigné], mon oncle m’en a fait prévenir ; et croyant trouver la Marquise dans ce salon, je m’y suis rendue » (Sophie Gay, Le marquis de Pomenars, scène 14).
« Car aussitôt que je lui en eus fait parler par une personne de piété, la chose fut tellement sue que je n’aurais pu être blâmée quand je serais partie dès lors [Mlle Charlotte Gouffier de Roannez parle ici des démarches qu’elle entreprit auprès de sa mère, la marquise de Boisy, dès le mois de mai 1657, pour lui faire connaître son intention de partir pour le couvent] » (dans Pascal et les Roannez, de Jean Mesnard), « Eh bien, sachez, dit l’abbé Critain, que notre évêque m’a envoyé pour vous déclarer sa volonté expresse de vous associer à lui comme coadjuteur et pour recevoir votre réponse définitive. Il vous a demandé lui-même votre consentement ; il vous en a fait parler par plusieurs personnes ; et jamais il n’a reçu de vous que des refus opiniâtres. Il en est désolé » (L’abbé Hamon, Vie de saint François de Sales), « Pourquoi voulez-vous qu’il soit plus facile aux gens du monde de tirer du cloître une religieuse sans vocation, qu’aux personnes pieuses d’y en faire entrer une bien appelée ? » (3, page 126).
Les exemples suivants illustrent la première situation, avec, cette fois, des pronoms réfléchis :
« Si vous persévérez dans votre révolte, je défends sous peine d’anathème perpétuel à tous les évêques de la grande Bretagne de vous imposer les mains, ou de vous reconnaître pour évêque, et vous recevoir à leur communion si vous vous faites ordonner par des étrangers » (Lettre de St Anselme dans l’Histoire ecclésiastique), « Il est certain que nous sommes tous portés à nous laisser guider par nos passions » (4, page 22), « Il paraît que la Cour désapprouvait qu’on se fît nommer député » (4, page 50), « Ce fut dans ces séances [du soir] que l’Assemblée se laissa entraîner aux plus grandes inconséquences » (4, page 89), « Cela aura lieu partout de même, chaque fois que les chefs se laisseront entraîner par les opinions exagérées de la masse de leur parti » (4, page 126), « Cette gradation était très visible et, de jour en jour, elle devint plus marquée, jusqu’à ce que les différents partis qui la composaient se fissent renverser dans l’ordre que je viens d’indiquer » (4, page 130), « Vous devriez aller écrire votre nom chez elle, un jour de cette semaine, me dit Mme Swann ; on ne corne pas de bristol à toutes ces royalties, comme disent les Anglais, mais elle vous invitera si vous vous faites inscrire » (Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleurs).
« Il [Louis XVI] se fit apporter un grand fauteuil et la liste des députés, et se mettant à la lire tout haut, il faisait des remarques sur ceux dont les noms lui étaient connus » (4, page 50), « Nous donnons toujours des coups d’épingles pour nous faire donner des coups de massue » (4, page 92), « Vous [Dieu] vous faites rendre hommage par la milice du ciel » (Isaac Joseph Berruyer, Histoire du peuple de Dieu), « C’est moi-même qui me suis fait écrire cette lettre par La Fleur pour soutenir la vivacité de nos conversations » (J.L. Schorr, Studies on Voltaire and the eighteenth century, 1990), « Je me suis fait expliquer cela ce matin par votre parrain » (Ludovic Halévy, L’Abbé Constantin, 1905).
« Seulement, quand on croit à la réalité des choses, user d’un moyen artificiel pour se les faire montrer n’équivaut pas tout à fait à se sentir près d’elles » (Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleurs), « Je suppliai mon père d’aller mettre une carte chez elle, mais de s’en faire vite graver d’abord où son nom fût précédé de “Mr” » (ibidem).
On suppose, dans les situations 2 et 3, que l’agent du régi est un pronom personnel et que le régisseur et le régi ne sont pas coréférentiels, c’est-à-dire que l’agent du régi et le sujet du régisseur ne désignent pas le même être. L’agent du régi se place alors avant le régisseur. Le cas où le régisseur et le régi seraient coréférentiels ne se rencontre guère.
Deuxième situation standard
Ici le régi n’a pas de COD, mais il n’est pas nécessairement intransitif. L’agent du régi apparaît généralement comme une espèce de COD du groupe verbal constitué par le régisseur et le régi, et il est alors à l’accusatif. Parfois (notamment quand le régisseur est « faire » ou « laisser »), il apparaît comme une espèce de COI de ce groupe verbal, et il est alors au datif. Ainsi est-il naturel d’écrire : « Quand nous avons de la sécheresse, moi je n’y vais pas [à la messe], jusqu’à tant qu’il pleuve. Le bon Dieu a besoin qu’on lui fasse comprendre » (13, chapitre 14), « Je planterai des pois chiches ! — Tu ne sais pas les faire cuire » (14, chapitre 11).
Dans quelques cas, l’hésitation est permise, car on peut, par exemple, aussi bien « faire écrire quelqu’un à quelqu’un » que « faire écrire à quelqu’un par quelqu’un ».
Quand l’agent est à l’accusatif, un pronom indirect sera placé soit derrière le régisseur (spécialement quand le régisseur n’est pas « faire »), soit devant le régisseur. S’il y a deux pronoms indirects, ils seront tous deux derrière le régisseur, l’un au datif et l’autre adverbial. En clair, on peut écrire « Cette lettre, je l’ai vue (leur) parvenir », et « je la (leur) ai fait parvenir », « je l’ai entendu (leur) (en) parler (où « l’ » est l’agent de parler), « je l’en ai entendu parler », mais on n’écrira pas « je le leur ai entendu parler » (avec « le » agent de parler), et l’on ne peut remplacer « je l’ai entendu leur en parler » par « je l’en ai entendu leur parler ».
Quand l’agent est au datif, on écrit, « je lui ai fait renoncer à son projet », « je lui ai entendu parler de ceci ». Peut-être écrirait-on aussi « je lui ai fait y renoncer », « je lui ai entendu en parler ».
Exemples illustrant la deuxième situation
Dans les citations suivantes, l’agent du régi est à l’accusatif. Elles sont classées comme suit : celles où ne figure pas de pronom indirect ; celles où figure un pronom indirect, situé devant le régisseur, celles où figure un pronom indirect situé derrière le régisseur.
« ARGAN : C’est mon frère qui a fait tout le mal. MONSIEUR PURGON. Mépriser mon clystère! ARGAN. Faites-le venir ; je m’en vais le prendre » (Molière, Le Malade imaginaire, acte III, scène 6), « On observe qu’en faisant réciter les prières dans les petites classes, aux enfants qui ne les savent pas bien, on est obligé de les reprendre très souvent ; et les autres n’y comprennent rien, ou les apprennent tout de travers. Pour obvier à cet inconvénient, on place au bout de quelques bancs un écolier qui sait bien lire ; et tous ceux de ces bancs, qui savent une partie des prières, lèvent la main en le regardant, et il fait signe à l’un d’eux de venir auprès de lui ; et là il le fait réciter tout bas ce qu’il doit savoir, suivant exactement dans le livre qu’il tient en main. Si l’enfant sait exactement, il le présente au Maître en lui désignant la partie des prières qu’il sait, et celui-ci le fait réciter à haute voix » (Jean-Baptiste de la Salle, Conduite des écoles chrétiennes), « Hé quoi, si l’on a bien cru que les dieux aient pu tenir les discours que vous leur avez fait tenir, pourquoi ne croira-t-on pas que les bêtes aient parlé de la manière dont je les ai fait parler » (Fontenelle, Dialogues des morts), « Mon cher ange, j’ai montré votre lettre du 25 août ou d’auguste, au possédé. Il [Voltaire] vous prie encore de lui renvoyer sa facétie [la tragédie des Guèbres], et donne sa parole de démoniaque qu’il vous renverra la bonne copie au même instant qu’il recevra la mauvaise. Son diable l’a fait raboter sans relâche depuis qu’il fit partir son croquis » (Voltaire, lettre au comte d’Argental, du 31 août 1768), « Dans les heures de récréation que nous passions au jardin, je la prenais à l’écart, je la faisais chanter » (3, page 85), « Je ne sais ce que ces derniers mots pouvaient avoir de fâcheux pour elle, mais ils la firent tout à coup changer de visage » (3, page 164), « Nous nous chargeâmes volontiers de demander à sa famille de le laisser sortir [de la prison du Mont-Saint-Michel], et nous l’obtînmes » (4, page 40), « On avait déjà fait venir quelques troupes aux environs de Paris et de Versailles. On en fit venir davantage au mois de juin [1789] » (4, page 47), « Mon père […] prit la résolution de revenir en France braver l’orage qu’on y avait excité contre lui, afin que sa présence le dissipât ou le fît éclater » (4, page 111), « Or il est de fait que le refus du serment forçait ceux qui le refusaient à abandonner leurs drapeaux, et à les laisser tomber dans les mains de ceux qu’ils accusaient d’être les ennemis du Roi » (4, page 201), « Cet arrangement avait encore l’avantage de le faire sortir de Paris [le jeune duc de Montpensier, frère de Louis-Philippe] » (4, page 235), « Mais, une fois les conditions de l’expérience instituées et mises en œuvre d’après l’idée préconçue ou la vue anticipée de l’esprit, il va, ainsi que nous l’avons déjà dit, en résulter une observation provoquée ou préméditée. Il s’ensuit l’apparition de phénomènes que l’expérimentateur a déterminés, mais qu’il s’agira de constater d’abord, afin de savoir ensuite quel contrôle on pourra en tirer relativement à l’idée expérimentale qui les a fait naître » (Claude Bernard, Introduction à l’étude de la médecine expérimentale), « Elle [Rosanette] se laissa renverser sur le divan et continuait à rire sous ses baisers. Ils passèrent l’après-midi à regarder de leur fenêtre, le peuple dans la rue. Puis il l’emmena dîner aux Trois-Frères-Provençaux » (Flaubert, L’Éducation sentimentale, partie 2, chapitre 6), « Ce pauvre Swann, quel rôle ils lui font jouer : on le fait partir pour qu’elle reste seule avec son Charlus, car c’est lui, je l’ai reconnu ! » (11), « Une avalanche de malheurs ou de maladies se succédant sans interruption dans une famille ne la fera pas douter de la bonté de son Dieu ou du talent de son médecin » (11), « Vous auriez pu peut-être en toucher une [de perdrix], si vous les aviez laissé passer ! » (13, chapitre 30).
« La lettre de votre Excellence [le pape] que m’a remise Hubert, sous-diacre de votre sacré palais, je l’ai reçue avec l’humilité qui convient. Dans presque tout son contexte, vous avez soin de me réprimander avec une douceur paternelle de ce que, élevé à l’honneur épiscopal, j’aime moins la sainte Église romaine et vous pour elle, que je n’avais coutume de faire avant d’être parvenu à cet honneur, d’autant plus que je ne doute pas et que personne ne doute, je pense, que c’est l’autorité du siège apostolique qui m’y a fait parvenir » (lettre de Lanfranc, dans l’Histoire universelle de l’église catholique de Rohbacher), « Il [M. de Chevreuse] en eut tant de regret [de n’avoir pu sauver le duc de Montmorency de la décapitation] que je l’en ai vu moi-même pleurer très-amèrement » (Pierre de La Porte, Mémoires), « Si le galand est écouté, / Vos soins ne feront pas qu’on lui ferme l’oreille. / Quant à l’occasion, cent pour une. Mais si / Des discours du blondin la belle n’a souci, / Vous le lui faites naître, et la chance se tourne » (La Fontaine, Contes, « La Coupe enchantée »), « Seigneur, vous m’en voyez rougir à vos genoux ; / J’ai honte de me voir si peu digne de vous » (Racine, Mithridate, acte III, scène 1), « Si vous pouviez me faire lire votre discours prononcé devant le roi danois, vous me feriez un grand plaisir ; vous pourriez me le faire parvenir par Marin » (Voltaire, lettre à d’Alembert, du 23 décembre 1768), « Mon cher philosophe aussi intrépide que circonspect, et qui avez grandement raison d’être l’un et l’autre, voici une petite assiette de marrons que Raton [l’avocat Belleguier] envoie à son Bertrand [allusion à la fable « Le Singe et le Chat » de La Fontaine]. Je les ai adressés à M. de Condorcet ; mais je crois qu’il est toujours à la campagne, et je vous les fais parvenir » (Voltaire, lettre à d’Alembert, du 19 novembre 1773), « Savais-je moi, que toute femme qui, en pareille occasion, parle de sa vertu, s’en pare moins pour vous ôter l’espoir du triomphe, que pour vous le faire paraître plus grand » (Crébillon fils, Les Égarements du cœur et de l’esprit), « Apprenant qu’on a imprimé à Lyon cet ouvrage [les Lettres écrites de la montagne], je ne doute point qu’il ne vous parvienne beaucoup plus tôt par cette voie, qu’il m’est possible de vous le faire parvenir d’ici » (Rousseau, lettre à M. Dastier, du 17 février 1765), « Dans le fond des marais, habile à te cacher, / Il me fallut moi-même [Antoine] aller t’en arracher, / On ne t’en vit sortir qu’au bruit de ma victoire, / Et tu vins [Octave], tout tremblant, chercher ta part de gloire » (Alexandre Soumet, Cléopâtre, acte II, scène 2 ; 1824), « Cependant, dit-il, je me souviens de l’y avoir entendu parler deux fois avec un talent remarquable [Tocqueville, à l’Académie française] » (Gustave de Beaumont, préface de La Démocratie en Amérique), « Ce cheval-ci endure-t-il la selle ? − C’est vrai, vous m’y faites penser, il ne l’endure pas » (Hugo, Les Misérables, livre 7, chapitre 5), « La parente dévouée qui a consacré son existence à sa mère et à lui [le chimiste Braconnot], l’en a entendu parler [de l’herbier constitué par lui dans son enfance] » (Mémoires de l’Académie de Nancy, 1856), « Mais il dut attendre Bébert derrière l’église, et ils faillirent partir sans Lydie, que sa mère avait encore enfermée dans la cave. On venait de l’en faire sortir et de lui mettre au bras un panier, en lui signifiant que, si elle ne le rapportait pas plein de pissenlits, on la renfermerait avec les rats, pour la nuit entière » (Zola, Germinal), « N’apportait-il pas, cependant, les pierres qui contiennent le feu, avec le secret de l’en faire jaillir ? » (Rosny aîné, La Guerre du feu, chapitre 9 ; 1856-1940), « Les premiers soirs, tout alla bien. Christophe était tout au bonheur de jouer ; et Sylvain Kohn mettait une certaine discrétion à l’en laisser jouir en paix » (Romain Rolland, La Foire sur la place), « Il se raidissait dans son mutisme, d’autant plus qu’elle cherchait à l’en faire sortir, ou même il la blessait par une réponse brusque (Romain Rolland, Antoinette), « Mais le concert recommença et Swann comprit qu’il ne pourrait pas s’en aller avant la fin de ce nouveau numéro du programme. Il souffrait de rester enfermé au milieu de ces gens dont la bêtise et les ridicules le frappaient d’autant plus douloureusement qu’ignorant son amour, incapables, s’ils l’avaient connu, de s’y intéresser et de faire autre chose que d’en sourire comme d’un enfantillage ou de le déplorer comme une folie, ils le lui faisaient apparaître sous l’aspect d’un état subjectif qui n’existait que pour lui, dont rien d’extérieur ne lui affirmait la réalité » (11), « Je rêvais que Mme de Guermantes m’y faisait venir [dans le parc de son château], éprise pour moi d’un soudain caprice » (11), « Et cette île du Bois, comme depuis quatre jours ma pensée y était installée d’avance avec M. de Stermaria, je ne pouvais arriver à l’en faire revenir » (Proust, Le Côté de Guermantes), « Et je voyais là une indifférence d’autant plus coupable que j’avais cru comprendre par quelques mots échappés à la princesse de Parme que le poste de Robert était dangereux et qu’il était prudent de l’en faire changer » (Proust, Le Côté de Guermantes), « Mais, au Trocadéro, que, du reste, elle avait quitté pour se promener avec moi, il y avait eu, comme raison de l’en faire revenir, la présence de Léa » (Proust, La Prisonnière), « Au besoin, faites-m’y penser. Je vous servirai d’introducteur » (Jules Romains, Les Hommes de bonne volonté).
« Il m’a entendu lui parler de tes grands ennemis, […] et il les soumettra à ton sceptre » (Apollonios de Rhodes, Les Argonautiques, traduction de Vian-Delage), « Vous avez raison. Laissez-moi lui parler, et demeurez là » (Molière, L’Avare, acte IV, scène 4), « Voulez-vous me laisser lui parler ? dit Flore d’un ton humble et soumis en implorant Philippe » (Balzac, La Rabouilleuse, partie 3, chapitre 2), « Il les entend lui parler de leurs maisons de campagne, de leurs chevaux, de leurs tilburys, de leurs tournées, superbes moissons d’or et de couronnes » (Auguste Luchet, Une représentation à bénéfice, 1833), « La seule fois où je l’ai entendu en parler [de la mort], c’était une semaine environ avant le dénouement, dans son cabinet de travail » (Bulletin du muséum d’histoire naturelle, 1921), « Mademoiselle Cora, je voudrais que vous me laissiez lui parler » (Gary, L’Angoisse du roi Salomon).
Quand le verbe régi est transitif, mais sans COD réalisé, l’hésitation peut être permise quant au régime de l’agent pronominal du régi. On peut se demander, par exemple, si « me » et « nous » sont à l’accusatif ou au datif dans : « Je ne vous fais point d’excuse de ma liberté ; car j’ai cette confiance en la bonté de Dieu, que si c’est lui qui me fait vous écrire, il mettra dans votre cœur les dispositions nécessaires pour connaître et goûter le motif qui me fait agir » (Jeanne-Marie Guyon, lettre à Bossuet), « Il fallut donc qu’elle [Mme de Genlis] me fît raboter ; et que comme Émile je devinsse menuisier et tourneur (4, page 28), « Dans un voyage que nous fîmes à Spa en 1787, elle nous envoyait de même tous les matins remplir deux cruches à la fontaine du Pouhon où se réunissent ceux qui prennent les eaux minérales, et elle nous faisait rapporter à travers toute la ville à la maison, où nous logions, comme l’auraient fait des porteurs d’eau » (4, page 29).
Les citations suivantes sont des curiosités, car l’agent de l’infinitif y est au datif, alors même que le régi n’a pas de COD :
« Je lui ai entendu souvent parler [=J’ai entendu souvent parler par Mme de Genlis] du refus que fit Rousseau de s’occuper de l’éducation des enfants du Prince Louis Eugène de Wurtemberg » (4, page 23), « Mais toute tolérance accordée aux fanatiques leur fait croire immédiatement à de la sympathie pour leur cause » (Yourcenar, Mémoires d’Hadrien), « Marie-Thérèse d’Espagne, cette épouse assez terne du Grand Roi, m’est chère pour avoir dit à ceux qui lui parlaient de sa splendide entrée dans Paris, jeune épousée et jeune reine, que de tels honneurs lui faisaient penser à ceux qui, un jour, l’attendraient à Saint-Denys » (Marguerite Yourcenar, Discours de réception à l’Académie), « L’épousant, je lui fis renoncer au théâtre, pour mon malheur » (Anouilh, La Valse des toréadors), « Il s’est porté un coup d’allure bénigne qui l’a pourtant suffisamment effrayé pour lui faire renoncer à son projet » (Robbe-Grillet, Les Gommes).
Troisième situation standard
On suppose que l’infinitif a un COD, et au plus un pronom indirect. S’il y a un COI pronominal du régi, il se place toujours derrière le régisseur.
Ici s’affrontent deux « logiques ».
La première « logique » voudrait que le verbe régisseur et l’infinitif régi formassent un seul bloc. Dans ce cas, l’agent du régi apparaît comme une espèce de COI de ce bloc, et il y aurait donc lieu de le mettre au datif. Cette « logique » prévaut quand le régisseur est « faire ». La deuxième « logique » voudrait que le verbe régisseur et l’infinitif régi ne formassent pas un seul bloc. Dans ce cas, l’agent du régi apparaît comme un COD du verbe régisseur, et il y aurait donc lieu de le mettre à l’accusatif. Cette deuxième « logique » s’est progressivement imposée quand ce régisseur n’est ni « faire », ni « laisser », et elle semble en passe de s’imposer aussi quand le régisseur est « laisser ».
Il est donc vain d’écrire de savants volumes pour justifier le positionnement actuel des pronoms personnels, qui est largement le fait du hasard.
Quand l’agent du régi est pronominal et à l’accusatif, le COD du régi, s’il est pronominal, se place derrière le régisseur ; un pronom au datif, s’il y en a, se place aussi derrière le régisseur. En clair, on écrit couramment « je l’ai entendu [ou laissé] le (lui) dire » (où « l’ » est l’agent de dire), « des sottises, combien je l’ai entendu [ou laissé] (lui) en dire », mais on n’écrit ni « je le lui ai entendu [ou laissé, ou fait] dire ! » (avec « le » agent de dire), ni « des sottises, combien je le lui ai entendu [ou laissé, ou fait] en dire ! » (avec « le » agent de « dire »), ni, semble-t-il, « je l’en ai entendu dire ».
Quand l’agent du régi est au datif, le COD du régi, s’il est pronominal, se place en général devant le régisseur (sous réserve que ce COD soit de rang 3 ou 6). Il en est en général de même pour le pronom adverbial « en », quand il est rattaché au COD du régi. Il n’est pas exclu, cependant, que le COD pronominal du régi puisse se trouver derrière le régisseur.
Lorsque l’agent pronominal du régi est de rang 1, 2, 4, ou 5, et qu’il est isolé devant le régisseur, il est donc impossible d’affirmer qu’il est à l’accusatif, ou, au contraire, qu’il est au datif. Si le régisseur est « faire », on peut simplement présumer que l’agent du régi est au datif, et si le régisseur n’est ni « faire », ni « laisser », on peut fortement soupçonner qu’il est à l’accusatif.
Exemples illustrant la troisième situation, avec l’agent à l’accusatif
Quand le régisseur est « faire » et que le régi est pourvu d’un COD, on regarde comme normal de mettre l’agent pronominal du régi au datif. Les citations immédiatement suivantes sont donc des curiosités :
« Les vrais Juifs et les vrais Chrétiens ont toujours attendu un Messie qui les ferait aimer Dieu, et, par cet amour, triompher de leurs ennemis » (Pascal, Pensées), « J’ai été malade tout cet été, et je n’ai pu l’approvisionner d’observations comme j’avais fait précédemment : il a pris ma maladie pour de la mauvaise volonté, et c’est ce qui l’a fait m’écrire cette lettre précipitée, artificieuse, méchante et arrogante » (note de John Flamsteed, en marge d’une lettre de Newton du 9 juillet 1695 ; traduction dans le Journal des Savants de 1836), « Ce mot d’estime, qui n’était que ma juste pensée, la faisait me remercier vivement et pleurer de reconnaissance » (Sainte-Beuve, Volupté), « Des nouvelles un peu moins bonnes les firent précipiter leur départ » (Gide, La Porte étroite), « Les femmes les plus naïves ont un sens merveilleux qui les avertit vite de leur force, et les fait ressaisir bientôt tout l’empire qu’elles ont laissé prendre » (Roger Martin du Gard, Jean Barois), « Il m’annonce seulement qu’il doit me donner de notables clartés sur un sujet qu’il sait du plus haut intérêt pour mes activités ordinaires, mais il m’est impossible de le faire aborder ce sujet, le sujet principal de sa visite » (Georges Duhamel, Train du départ).
Revenons maintenant à des citations plus « normales ». Elles sont classées comme suit : celles où il n’y a ni COD pronominal, ni pronom indirect ; celles où il n’y a pas de COD pronominal, mais où il y un pronom indirect situé derrière le régisseur ; enfin, celles où il y a un COD pronominal.
« Grand Dieu ! vous qui êtes le souverain dispensateur des temps et des moments, vous entre les mains de qui sont nos jours et nos années, de quel œil nous voyez-vous perdre, dissiper des moments dont vous seul connaissez la durée, dont vous avez marqué en caractères irrévocables le cours et la mesure » (Massillon, Sermon pour le lundi de la semaine de la Passion), « L’avez-vous positivement entendu exercer un commandement quelconque ? Lui avez-vous entendu dire par exemple, allez ici, allez là » (Procès des accusés des 12 et 13 mai [1839] devant la Cour des Pairs), « Mademoiselle, dit Eugénie, faites tirer par le concierge la calèche de la remise, et envoyez-le chercher des chevaux à l’hôtel des postes » (Dumas, Le Comte de Monte-Cristo, chapitre 95), « Un jour, je me souviens du serrement de cœur que j’ai eu – il avait peut-être quatre ans à ce moment-là – quand je l’ai entendu dire papa et maman à ces forestiers, avec un naturel, une affection visibles » (Jules Romains, Les Hommes de bonne volonté), « Mais pendant qu’il mettait la perdrix dans son carnier, je le vis faire un petit saut sur place, et retirer fébrilement les douilles vides de son fusil » (13, chapitre 27), « Je fus tout surpris de le voir masser le cou des bartavelles, entre son pouce et son index » (13, chapitre 32).
« Il m’a fait mettre dans un esquif, et m’envoie vous dire que, si vous ne lui envoyez par moi tout-à-l’heure cinq cents écus, il va vous emmener votre fils à Alger » (Molière, Les Fourberies de Scapin, acte II, scène 11), « On l’a vu souvent dédaigner de petits ennemis, mépriser leurs insultes, et leur pardonner des libertés offensantes : on l’a vu, réduit en captivité, s’ennuyer sans s’aigrir, prendre au contraire des habitudes douces, obéir à son maître, flatter la main qui le nourrit, donner quelquefois la vie à ceux qu’on avait dévoués à la mort en les lui donnant pour proie, et, comme s’il se fût attaché par cet acte généreux, leur continuer ensuite la même protection, leur faire part de sa subsistance, se la laisser même quelquefois enlever tout entière, et souffrir plutôt la faim que de perdre le fruit de son premier bienfait » (Buffon, Histoire naturelle, article « Le Lion »), « Je me suis approchée et je l’ai entendu me dire : “Vous mettez au désespoir l’amant le plus tendre” » (Restif de la Bretonne, La Paysanne pervertie), « Je l’ai entendu [Marat] se retournant leur dire très haut : Peuple,… ces b… là ne peuvent te sauver » (Lanjuinais, Les 31 mai, 1er et 2 juin 1793), « J’ai vu l’infortuné Labédoyère pâlir de remords au moindre symptôme d’illégalité ou de violence. Je l’ai entendu me dire, d’une voix que le désespoir brisait, qu’il avait perdu son pays en croyant le sauver » (Benjamin Constant, Cours de politique constitutionnelle, chapitre 13), « Il semblera plus étrange, puisque tout le monde parle ainsi et peut-être même maintenant à Combray, que je n’eusse pas à la première minute compris de qui voulait parler Mme Swann, quand je l’entendis me faire l’éloge de notre vieille “nurse” » (Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleurs), « Je fus bien étonné de l’entendre me dire, en me pinçant le cou, avec une familiarité et un rire vulgaires : “Mais on s’en fiche bien de sa vieille grand’mère, hein ? petite fripouille !” » (Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleurs), « Je maudis le valet de pied de Françoise d’avoir fait don à son pays natal de mon exemplaire des Feuilles d’Automne, et je l’envoyai sans perdre un instant en acheter un autre » (Proust, Le Côté de Guermantes), « Comme je lui parlais de ma grand’mère et qu’il me renouvelait ses condoléances, je l’entendis me dire (car il aimait employer les mots qu’il prononçait mal) : “C’est comme le jour où Madame votre grand’mère avait eu cette syncope, je voulais vous en avertir, parce qu’à cause de la clientèle, n’est-ce pas, cela aurait pu faire du tort à la maison” » (Proust, Sodome et Gomorrhe), « Elle aurait pu te laisser en choisir une partie » (Maryse Rouy, Une Jeune Femme en guerre, 2008), « Et moi, qui, en tant que doyen, étais écouté de tous, respecté et même craint, je les ai laissé lui tordre le cou » (Laurence Vilaine, Le Silence ne sera qu’un souvenir, 2011).
« J’étais assise à côté d’une jeune religieuse qui m’aimait ; quelquefois je l’avais vue me regarder en pitié et verser des larmes » (3, page 79), « Quelle comédie de les voir vous lorgner [de voir les jeunes Zéphirs lorgner Vénus] avec art, et vous sourire avec méthode ! Qu’il est plaisant de les trouver cent fois le jour à vos pieds, vous baisant les mains avec fureur, et vous appelant inhumaine sans savoir pourquoi ! Qu’il est risible de les voir devenir mutins tout-à-coup, vous arracher votre éventail, vous en attraper légèrement, vous quitter brusquement, revenir promptement, vous regarder dédaigneusement, vous parler follement » (Cardinal de Bernis, Apollon et l’amour), « Viens au moins, viens, et vois les douceurs que j’attachai à ses caresses [celles d’un fils à son père] ; laisse-le t’embrasser, laisse-le te sourire et passer sur ton front, sur ta joue ses mains encore si tendres ; et si tu peux ensuite, tu fuiras loin de lui » (L’abbé Augustin Barruel, Les Helviennes, 1781), « Les premiers jours du printemps, les soldats découvrirent dans la terre une certaine plante semblable à l’asperge, qu’ils appelèrent, on ne sait trop pourquoi, « racine douce », bien qu’elle fût au contraire très amère. On les voyait la chercher de tous les côtés, la déterrer et la manger, malgré la défense qui leur en avait été faite » (Tolstoï, La Guerre et la Paix, chapitre 5, section 15 ; traduction par Irène Paskévitch), « D’autres fois, il m’envoyait me cacher dans un buisson, et me donnait l’ordre de fermer les yeux » (13, chapitre 24), « Mais je n’ai pas vu qu’il portât les croix qui lui ont été imposées. Ce n’est que depuis peu, depuis notre citation à lui et à moi devant monseigneur l’évêque de Pamiers que je l’ai vu les porter » (Jean Duvernoy, Le registre d’inquisition de Jacques Fournier, 1965), « Quand je pense que j’ai flirté avec ce pauvre type, que je l’ai laissé m’embrasser, me caresser, que j’aurais peut-être fait l’amour avec lui s’il avait été plus entreprenant et moins brutal » (Régine Deforges, Le Cahier volé ; 1985), « Elle lui demande de ne pas l’embrasser mais plutôt qu’il la laisse, elle, l’embrasser, lui, avec des baisers très tendres, comme ceux d’une petite fille aux lèvres pulpeuses, douces, mais fermées » (Gérald Larrieu, Des genres qui dérangent, 2009), « La cigarette sortait de son étreinte, froissée et déformée, déjà vieille et fatiguée, mal collée, bien que vigoureusement léchée, le tabac dans tous ses états. Je l’ai vu aussi en ramasser dans la rue, tout émerveillé de cette inattendue aubaine » (Barbara Krajewska, Un exécrable bonheur, 2011), « Après dîner je le laisse me guider pour une promenade de santé et me ramener de bonne heure parce qu’« il est tard, demain je travaille ! ». Le laisse jouer avec mon corps, le lécher à en être luisante de salive, me faire jouir, me retourner » (Catherine Paris, Voir le loup ; 2004).
Exemples illustrant la troisième situation, avec l’agent au datif
Les citations suivantes sont classées comme suit : celles où le COD de l’infinitif n’est pas pronominal et ne comportant pas de pronom indirect rattaché au régi, celles où le COD n’est pas pronominal et qui comportent un COI pronominal, celles où le COD n’est pas pronominal et qui comportent le pronom adverbial « en » rattaché au COD, celles où figure un COD pronominal situé devant le régisseur, enfin celles où figure un COD pronominal situé derrière le régisseur.
Quand le régisseur n’est ni « faire », ni « laisser », l’agent pronominal du régi est souvent, de nos jours, à l’accusatif, et plusieurs citations ci-dessous illustrent donc un état antérieur de la langue française.
« Tout ce qu’ils lui avaient entendu dire leur était prouvé par la manifestation incontestable des œuvres, et ils les voyaient s’accomplir évidemment à leurs yeux. En effet, ils lui avaient souvent entendu dire qu’il souffrirait une cruelle passion, et qu’il ressusciterait glorieusement trois jours après » (Orderic Vital, Histoire de Normandie, traduction de Guizot), « Soit tempérament, soit éducation, la présence d’un moine faisait toujours plaisir à Henri [Henri III] ; je lui ai moi-même souvent entendu dire que leur vue produisait le même effet sur son âme que le chatouillement le plus délicat sur le corps » (De Thou, Histoire universelle, livre 96), « Peut-il [l’homme tout pétri de boue] avoir assez de loisir pour des affaires qui lui sont tout à fait étrangères, et ne pas en trouver pour un exercice saint [la prière], qui lui laisse toujours voir ses faiblesses, qu’il oublierait toujours sans cela ? » (Michel Poncet de la Rivière, évêque d’Angers, Sermon sur la prière), « Il faut qu’ils vous chantent une certaine scène d’une petite comédie que je leur ai vu essayer » (Molière, Le Sicilien), « Je ne vousdirai point qu’ils sont sur la litière : les pauvres bêtes n’en ont point, et ce serait mal parler ; mais vous leur faites observer des jeûnes si austères, que ce ne sont plus rien que des idées ou des fantômes » (Molière, L’Avare, acte III, scène 5), « Laissons-lui [au roi Salomon] donc mépriser tous les états de cette vie, puisque enfin, de quelque côté qu’on s’y tourne, on voit toujours la mort en face, qui couvre de ténèbres tous nos plus beaux jours. Laissons-lui égaler le fou et le sage ; et même, je ne craindrai pas de le dire hautement en cette chaire, laissons-lui confondre l’homme avec la bête » (Bossuet, Oraison d’Henriette d’Angleterre), « Je frissonne encore de ce que je lui ai entendu dire. Avec quelle impudence les domestiques ne nous traitent-ils pas dans leur esprit ! » (Marivaux, Le Jeu de l’amour et du hasard, acte I, scène 8), « Il parla de perfidie et de service intéressé rendu par M. de B. Je demeurai interdit en lui entendant prononcer ce nom, et je le priai humblement de s’expliquer davantage » (1, page 50), « Elle se mit dans mes bras. Je ne lui avais pas entendu prononcer un mot depuis le premier moment de l’arrivée de G.M. » (1, page 152), « S’il ne dort pas assez, je lui laisse entrevoir pour le lendemain une matinée ennuyeuse, et lui-même regardera comme autant de gagné tout ce qu’il en pourra laisser au sommeil » (Rousseau, Émile, livre 2), « Bonne Sophie, combien votre cœur sincère est à son aise, quand sans être entendue de Télémaque, vous pouvez vous entretenir avec son Mentor ! Avec quelle aimable franchise vous lui laissez lire dans ce tendre cœur tout ce qui s’y passe ! Avec quel plaisir vous lui montrez toute votre estime pour son élève ! avec quelle ingénuité touchante vous lui laissez pénétrer des sentiments plus doux ! » (Pierre-Louis Lacretelle, Logique et métaphysique, 1786), « Néanmoins sa vanité lui faisait désirer que nous continuassions à être Princes » (4, page 25), « Le maire me dit qu’il avait envoyé chercher une voiture qui allait venir dans un moment, et qu’il espérait qu’avec l’assistance des gardes nationaux il parviendrait à les faire sortir de la ville [un prêtre non assermenté et son père]. Cependant la fureur du peuple augmentait, et il était question dans la foule de forcer la porte de la maison. Alors, je montai sur un petit banc de pierre qui était devant la porte, et ayant obtenu du silence, je haranguai le peuple de mon mieux pour lui faire sentir l’horreur du crime qu’il voulait commettre » (4, page 149), « J’essayai de décider M. de Rochambeau à rassembler une partie de son armée : je lui représentai que nos troupes n’ayant pas fait la guerre depuis près de trente ans (excepté celles qu’il avait commandées en Amérique avec distinction), il serait d’une grande importance de les faire camper et de les réunir en assez grand nombre pour leur faire exécuter des manœuvres de guerre et les y accoutumer » (4, page 236), « Le principe des négociations admis, il s’agissait de savoir comment on les entamerait, si on se prêterait aux vues de l’Autriche, en consentant à lui laisser prendre le rôle officieux dont elle semblait pressée de se charger, ou si, négligeant les intermédiaires plus ou moins sincères et désintéressés, on irait droit à la partie adverse, c’est-à-dire à la Russie, pour s’entendre franchement avec elle, et d’en finir d’une lutte inutile et désastreuse » (Thiers, Histoire de l’Empire, livre 29), « Je passais devant la porte du capitaine qui était entr’ouverte, et je lui ai vu remettre ce paquet et cette lettre à Dantès » (A. Dumas, Le Comte de Monte-Cristo, chapitre 1), Deschartres, épouvanté de lui voir partager un péril effroyable, veut parler, le renvoyer » (G. Sand, Histoire de ma vie).
« Si le choix en est déjà fait, laissez-moi lui dérober un peu de ses plaisirs » (Ovide, Métamorphoses, traduction de Dubois-Fontanelle), « Marie ! pardonnez-moi ! lui disait-il en pleurant à son tour, pardonnez-moi de tant vous aimer, car c’est mon amour seul qui me fait vous dire ce que je vous dis » (Dumas fils, Le Roman d’une femme), « Ah ! laissez-nous donc établir sur la seule base immuable l’avenir de ces jeunes esprits ; laissez-nous leur dire : “Mes enfants, voyez ce monde où vous allez être jetés tout-à-l’heure.” » (dans le Conservateur belge, nouvelles vues sur l’enseignement, 1833), « Elle [Mme de Guermantes] me faisait lui dire le sujet des poèmes que j’avais l’intention de composer » (11), « Je lui ai fait me lire les annonces » (Gabriela Scurtu, La Structure factitive-causative faire + infinitif).
« En même temps il faut chercher tous les moyens de rendre agréables à l’enfant les choses que vous exigez de lui. En avez-vous quelqu’une de fâcheuse à proposer, faites-lui entendre que la peine sera bientôt suivie du plaisir : montrez-lui toujours l’utilité des choses que vous lui enseignez ; faites-lui-en voir l’usage par rapport au commerce du monde et aux devoirs des conditions » (Fénelon, De l’éducation des filles, chapitre 5), « Un Amant qui parle d’amour vous en fait éprouver les mouvements ; l’homme d’esprit ne vous les fait qu’envisager » (L’abbé Prévost, Le Pour et le Contre), « Elle y apporta plus de soins que je ne lui en avais jamais vu prendre » (1, page 123), « Composons, monsieur de La Fontaine. Je promets, quant à moi, de vous lire, avec choix, de vous aimer ; de m’instruire dans vos fables, car j’espère ne pas me tromper sur leur objet ; mais pour mon élève, permettez que je ne lui en laisse pas étudier une seule, jusqu’à ce que vous m’ayez prouvé qu’il est bon pour lui d’apprendre des choses dont il ne comprend pas le quart, que dans celles qu’il pourra comprendre il ne prendra jamais le change et qu’au lieu de se corriger sur la dupe, il ne se formera pas sur le fripon » (Rousseau, Émile, livre 2), « Je me suis demandé d’où venait cette bizarrerie dans un père, une mère d’ailleurs honnêtes, justes et pieux. Vous l’avouerai-je, monsieur ? Quelques discours échappés à mon père dans sa colère […] m’en ont fait soupçonner une raison qui les excuserait un peu » (3, page 40), « Nul objet nouveau n’excite sa curiosité ; et sous quelque forme qu’on lui présente les hommes qu’elle est forcée de recevoir, elle ne voit en eux que des importuns, qui troublent sa douce mélancolie ; elle craint de leur manquer, et plus encore de leur plaire. Son état la gêne ; mais, à lui en voir remplir les devoirs, on la croirait à sa place » (Bibliothèque universelle des romans, 1782, Portait de Zirphé), « Comme les liqueurs étaient défendues à mon grand-père, ma grand’tante lui en faisait boire quelques gouttes » (11), « Si je t’avais avec moi, je t’en ferais connaître des bons coins où personne ne va, surtout dans les îles » (Bosco, L’Enfant et la Rivière, chapitre 1), « Il avait écorcé la branche, et le bois en état poli comme du marbre. Il m’en fit tâter la pointe, aussi aiguë que celle de mon couteau » (14, chapitre 14).
« Cet enfant ne savait pas bien ce qu’il disait, mais Dieu le savait, qui le lui faisait dire » (Lettre de M. Jean Hamon, citée dans le Port-Royal de Sainte-Beuve), « Rien que la mort n’était capable / D’expier son forfait : on le lui fit bien voir » (La Fontaine, « Les Animaux malades de la peste »), « Allez, dit-il aux mages, informez-vous avec soin de cet enfant ; et quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir » (Bossuet, Élévations à Dieu), « Elle [la matière] ne peut donner à Dieu que ce qui est en elle, c’est-à-dire des mouvements et des figures : encore même ne peut-elle pas les lui donner ; elle les lui laisse prendre » (Fénelon, Lettres sur la Religion), « Alors M. de Meaux, de sang-froid, approuvait ces choses ; maintenant sa passion les lui fait regarder comme le fanatisme » (Fénelon, lettre à l’abbé de Chantérac), « Hélas ! lui dis-je, avec un soupir parti du fond du cœur, votre compassion doit être excessive, mon cher Tiberge ; si vous m’assurez qu’elle est égale à mes peines. J’ai honte de vous les laisser voir, car je confesse que la cause n’en est pas glorieuse, mais l’effet en est si triste qu’il n’est pas besoin de m’aimer autant que vous faites pour en être attendri » (1, page 71), « Voulez-vous donc inspirer l’amour des bonnes mœurs aux jeunes personnes ; sans leur dire incessamment : Soyez sages ; donnez-leur un grand intérêt à l’être ; faites-leur sentir tout le prix de la sagesse, et vous la leur ferez aimer » (Rousseau, Émile, livre 5), « Si l’on en usait trop sévèrement avec vous, ne me le laissez pas ignorer » (3, page 127), « On a cru, et l’on a dû croire que j’avais commis une faute en revenant contre mes vœux ; et l’on m’en a fait demander pardon à Dieu » (3, page 136), « Étonné de voir tant de, charmes, ému, troublé jusqu’à l’ivresse, d’un seul regard qu’elle lui avait lancé [Cora, une prêtresse indienne], il [Alonzo, un Espagnol] la suivit des yeux au fond du temple ; et il fut jaloux du Dieu même, en le lui voyant adorer » (Marmontel, Les Incas, chapitre 27), « Je lui en ai vu répandre [des larmes] pour une cause bien singulière (Marmontel, Mémoires d’un père pour servir d’instruction à ses enfants, livre 6), « Une autre singularité de notre régime fut de coucher sur la dure. Mme de Genlis nous le fit désirer, et cela n’eut lieu qu’assez tard » (4, page 30), « Cette mission était relative aux troubles du Brabant. Il paraît qu’on voulait flatter mon père de l’espérance de devenir duc de Brabant. Mais on eut grand soin de le lui faire seulement entrevoir, sans contracter aucun engagement. […] Néanmoins cette mission était nécessaire pour le faire partir » (4, page 106), « Ces opinions n’étaient pas aussi récentes qu’on voudrait nous le faire croire » (4, page 334), « Je vois qu’il a du plaisir à le penser, et je le lui laisse croire » (Michel Nicolas Balisson de Rougemont, La Fille du cocher, comédie représentée le 2 avril 1834), « Si les religieuses ne veulent pas me la laisser approcher, emploierai-je la force, la protection ou l’adresse ? » (Jules Janin, Suite de l’histoire de Manon Lescaut et du chevalier Desgrieux ; 1847), « Maintenant que me le faisaient trouver beau [le visage de Mme de Guermantes] toutes les pensées que j’y rapportais, […] je m’irritais en entendant dire autour de moi : « Elle est mieux que Mme Sazerat, que Mlle Vinteuil », comme si elle leur eût été comparable » (11), « Ce nom, devenu pour moi presque mythologique, de Swann, quand je causais avec mes parents, je languissais du besoin de le leur entendre dire » (11), « Il y a quelques mois, notre Comité ne se voyait pas obligé de me déléguer pour connaître vos opinions : vous les lui faisiez connaître vous-même » (Malraux, Les Conquérants), « Dubreuilh t’a rendu un service il y a dix ans ; il ne va pas te le faire payer toute ta vie » (Simone de Beauvoir, Les Mandarins).
« Faites-nous le donc connaître [le sens des premières lignes de la Genèse, attribuées à Moïse], ô mon Dieu! ou faites-nous au moins trouver, dans ses paroles, telle vérité qu’il vous plaira, entre toutes celles [de vérités] à quoi elles peuvent nous conduire » (St Augustin, Confessions, livre 12, chapitre 32, traduction de Philippe Goibaud du Bois), « Madame. Laissez-moi nous laver l’un et l’autre / Du crime que sa vie a jeté sur la nôtre. / Montrez-moi le chemin, j’y cours » (Racine, Bajazet, acte IV, scène 6), « Sil céda depuis aux fourbes, aux manèges, aux folies que Dubois employa dans la suite de cette ambassade pour me perdre et me ruiner, et pour me faire manquer le seul objet qui m’avait fait la désirer, il ne faut s’en prendre qu’à sa scélératesse » (St-Simon, Mémoires, volume 6, page 1104), « Mon mari se plaît fort à Gondez, je le sais ; il n’est plus jeune ; il dit tous les jours que l’air y est admirable ; sa tendresse pour moi lui fait dissimuler le plaisir qu’il aurait de m’y voir passer quelque temps, et mon amitié pour lui me fait le prévenir » (Marguerite de Lussan, Histoire de la comtesse de Gondez écrite par elle-même), « Laisse-moi te voir, je t’en conjure, ne me fuis point, laisse-moi te presser encore une fois entre mes bras ; je les étends pour te saisir » (Sophie Cottin, Claire d’Albe, 1798), « Laisse entrer le soleil, c’est mon dernier peut-être. / Laisse-moi le chercher, laisse-moi dire adieu / À ce beau ciel si pur qu’il a fait croire en Dieu ! » (Musset, Un spectacle dans un fauteuil, acte II, scène 3), « Mais toi seule peux adoucir par ton aveu ce qui me fait te haïr tant que cela ne m’a été dénoncé que par d’autres » (11), « Le même moi [de personnalité] qui m’avait fait la saluer [Gilberte] avant que je l’eusse identifiée [en imagination], s’empressait de me faire saisir la balle qu’elle me tendait [en imagination] (comme si elle était une camarade avec qui j’étais venu jouer, et non une âme sœur que j’étais venu rejoindre), me faisait lui tenir par bienséance jusqu’à l’heure où elle s’en allait, mille propos, aimables et insignifiants » (11), « Ces exercices, vous lui faites me les expliquer », « Je lui laisse m’en remettre une copie ».
Quatrième situation
Quand l’infinitif est pronominal, un pronom réfléchi apparaît avant l’infinitif, et il n’est pas déplaçable avant le verbe régisseur. On écrit ainsi « Vous les laissez s’abuser », « Vous nous laissez nous réjouir de notre succès à l’examen ».
L’agent du régi, s’il est pronominal, se met généralement à l’accusatif, comme dans :
« Laissez-le s’expliquer lui-même » (Pascal, Provinciales, lettre 14), « Je ne lui ai rien entendu dire contre aucun homme de lettres vivant ; je l’ai vu s’élever [J.-J. Rousseau] avec chaleur, contre ceux qui blâmaient les honneurs décernés à l’auteur [Voltaire] de Mahomet » (lettre à M. de La Harpe concernant Jean-Jacques Rousseau, 1778), « Une mollesse parfois la faisait s’étendre sur l’herbe drue d’une pente » (Maupassant, Une vie, chapitre 2), « Cette admiration attendrie qui la faisait se dire à elle-même : “Quel bonheur ce serait de le consoler de tout ce qu’il a souffert !” » (Paul Bourget, Un crime d’amour), « Gêné de la voir ainsi se méprendre, et ne pouvant la détromper, je voulus du moins détourner l’entretien d’un sujet qui me mettait trop mal à l’aise » (Gide, Les Faux-monnayeurs), « De là cette résolution que je pris, très jeune encore, de violenter ses réticences et de l’entraîner avec moi vers l’exubérance et la joie. C’est là que commença ma méprise. Méprise double, car dès lors elle la fit se méprendre sur moi » (Gide, Journal), « Et elle s’assit à côté d’eux avec son genre le plus mondain, le mieux à l’aise, et se jeta dans une conversation sur les conquêtes d’Edmond, qui le fit rapidement s’enfuir » (Aragon, Aurélien).
L’agent du régi, s’il est pronominal, peut aussi se mettre au datif, comme dans :
« L’étonnement que lui avait causé la distinction d’Hélène lui avait fait seulement se dire tout bas : “Il n’y a vraiment que ces coquebins pour dénicher des femmes pareilles !” » (Paul Bourget, Un crime d’amour), « Elles se fixèrent soudain dans une résolution qui lui fit se diriger brusquement vers la place de la Concorde, puis, à travers les Tuileries, vers la Seine, il gagna Notre-Dame et l’île Saint-Louis » (Paul Bourget, L’Émigré).
En ce qui concerne le placement des compléments pronominaux du régi, il y a peu de situations à considérer. Il semble, en effet, qu’un verbe pronominal n’ait jamais à la fois un COD et un COI. Quand il a un COI pronominal, celui-ci semble être toujours adverbial. S’il n’y a pas élision du pronom réfléchi, les compléments pronominaux du régi viennent se place derrière, comme dans :
« On avait souvent vu ce même Indien prendre des fruits et des racines dans les autres pirogues et nous les vendre ; et si les propriétaires faisaient quelque difficulté de le laisser s’en emparer, il les emportait de force » (La Harpe, Abrégé de l’Histoire générale des voyages), « Peut-être aussi la saison morte dans laquelle est venue cette aventure [amoureuse], m’a fait m’y livrer davantage » (Laclos, Les Liaisons dangereuses, lettre 133).
Il serait facile de fabriquer un exemple dans lequel le verbe pronominal aurait un COD. La citation « On vit alors quelques individus puissants se réunir pour s’arroger violemment la puissance la plus tyrannique sur le Roi et sur tous les Ordres de l’État » (Le comte d’Antraigues, Exposé de notre antique et seule légale constitution française), deviendrait alors « On les vit se l’arroger ».
L’effacement du pronom réfléchi ne se pratique guère, à ma connaissance, que derrière les verbes « laisser » et, surtout, « faire ». Il peut être, selon les cas, par souci de carté et d’euphonie, facultatif, obligatoire, ou interdit.
Bien que les verbes considérés ci-après soient bien « se réjouir », « s’affaiblir », « se quereller », « se rasseoir », et non les verbes transitifs « réjouir », « affaiblir », « quereller », « rasseoir », le pronom réfléchi est facultatif dans :
« Laissons, laissons réjouir le monde, et ne lui envions pas sa prospérité » (Bossuet, Premier Sermon sur la Providence, 7 mai 1656), « Les sages du monde lui représentèrent souvent […] qu’il fallait les laisser user contre eux-mêmes des forces qu’ils pourraient tourner contre lui ; que, s’il était honnête de les empêcher de se détruire, il était avantageux de les laisser affaiblir » (Fléchier, Panégyrique de saint Louis, 25 août 1681), « Leurs transports les plus doux ne sont que phrases vaines, / Ils ne savent jamais que se charger de chaînes, / Que bénir leur martyre, adorer leur prison, / Et faire quereller les sens et la raison » (Boileau, L’Art poétique, chant 2), « Dans un temps plus heureux, ma juste impatience / Vous ferait repentir de votre défiance » (Racine, Britannicus, acte III, scène 7), « Après les saluts, le Nazir nous fit asseoir tous quatre au bout de la salle, vis-à-vis de lui, à quelques dix pas de distance ; et un peu après, il m’envoya demander par un secrétaire si nous étions ceux dont le Contrôleur Général lui avait parlé […] Je me levai pour me retirer, mais il me fit rasseoir, et me retint à dîner » (John Chardin, Voyages en Perse), « Je n’ai jamais pensé à cet homme depuis mon aventure, me répondit Socrate ; mais, puisque vous m’en faites souvenir, je le plains beaucoup » (Voltaire, Dictionnaire philosophique, article « Religion »), « Dites, avez-vous fait envoler de ces branches / Quelque aigle monstrueux ? » (Hugo, Les Contemplations, « Fleurs dans la nuit »), « Si je vous ai tous mis dans le malheur, faut quand même que je répare, je ne suis pas un homme à chicaner sur votre droit, vous l’avez dit, je ne vous en ferai pas dédire » (Bernanos, M. Ouine), « Il avait même cité des exemples de petits garçons qui étaient devenus rachitiques ou tuberculeux parce qu’on les faisait lever trop tôt tous les jours » (13, chapitre 25).
Obligatoire (lorsque le régisseur est « faire »), comme dans :
« C’est ainsi qu’il [Dieu] fait taire les superbes et les incrédules » (Bossuet, Sermon pour la Profession de Mme de La Vallière, 4 juin 1675), « Elle m’embrassa sur le cou et me souffla à l’oreille : “Écris, mon fils, tu auras du talent, et tu feras taire les envieux” » (Anatole France, La Vie en fleur).
Interdit, comme dans « Il la fait s’arrêter », « Le hasard les avait fait se connaître ».
Positionnement de l’adverbe de lieu « y »
Ce positionnement dépend du sens qu’on veut donner à la phrase. En présence du verbe causatif « faire », l’adverbe « y » se place souvent devant ce régisseur. Ainsi lit-on :
« Je suis ici avec mon fils, qui est ravi de m’y voir manger une partie de ce qu’il me doit » (Mme de Sévigné, lettre à Mme de Grignan du 15 novembre 1684), « Vous y avez fait entrer l’éloge d’un ouvrage [l’Esprit des Lois] trop suspect pour être cité par un Magistrat revêtu de votre caractère, dans une Assemblée telle que celle où vous parliez » (Lettre à M. de Castillon, dans les Nouvelles ecclésiastiques, 16 décembre 1767), « Je crois que si sous prétexte de la garde des états généraux à Versailles, le Roi y avait fait venir ce régiment en totalité, il est possible que cette mesure eût prévenu sa défection » (4, page 48), « Je sais pourtant qu’il y eut des pourparlers entre les députés du Corps électoral et le gouverneur de la Bastille, qui consentit à y laisser entrer des fondés de pouvoir pour traiter » (4, page 75), « Tout cela s’en allait aussi gaiment à Versailles, que s’il n’eût été question que d’y voir jouer les eaux » (4, page 97), « Il n’est que trop probable qu’ils auraient porté leurs têtes sur l’échafaud si on avait eu la force de les y faire monter » (4, page 178), « Courage, madame ; Fernand est caché dans ce cabinet, je l’ai vu s’y renfermer ; il faut lui porter le dernier coup » (Anne-Honoré Joseph Duveyrier, La veille des noces, scène 18 ; 1817), « Voici comment on y fait parler l’évêque d’Orléans » (L’abbé Adolphe-Charles Peltier, Dictionnaire universel et complet des conciles, 1847), « Dès que la figure d’un particulier ne lui revenait pas dans une ville, il y faisait massacrer jusqu’au dernier habitant » (11).
En conclusion de cette étude, on peut dire que les « règles » actuelles de positionnement des pronoms personnels, en présence de structures causatives, sont extravagantes, et propices aux ambigüités. Pour lever les dites ambigüités, il eût suffi de placer l’éventuel agent pronominal du régi devant le régisseur, et les compléments pronominaux du régi derrière le régisseur !