L’imparfait de l’indicatif
Généralement, l’imparfait fait référence au passé.
L’imparfait marque un évènement, qui dure, qui n’est pas achevé, donc qui est imparfait, ou dont les limites ne sont pas prises en compte : « La famille y était établie depuis plusieurs siècles » (chapitre 1), « Et nous voilà partis au petit trot, tandis que sur la crête des collines la moitié d’un grand soleil rouge nous regardait à travers les pins » (chapitre 3).
L’imparfait est le temps de la description d’un tableau, d’une scène. Il pose le décor : « Lorsque je l’ai connu, il portait de longues boucles blanches qui descendaient jusqu’à son col, et une belle barbe frisée. Ses traits étaient fins, mais très nets, et ses yeux noirs brillaient comme des olives mûres » (chapitre 1), « Ses verres étaient cerclés d’un mince fil d’acier » (chapitre 3), « Les meubles attendaient dans le couloir et nous attendions à l’école, où nous ne faisions pas grand-chose […]. Un soir, l’oncle Jules et la tante Rose vinrent dîner à la maison » (chapitre 13).
L’imparfait peut exprimer aussi des faits habituels : « Ils étaient armuriers de père en fils, et dans les eaux fumantes de l’Ouvèze, ils trempaient des lames d’épées » (chapitre 1), « L’étude de la théologie y était remplacée par des cours d’anticléricalisme » (chapitre 2).
Il arrive aussi que l’imparfait ne fasse pas référence au passé :
L’imparfait peut signaler une hypothèse :
« Les Tyriens sont industrieux, patients […]. Si la division et la jalousie se mettaient entre eux, s’ils commençaient à s’amollir dans les délices et dans l’oisiveté, si les premiers de la nation méprisaient le travail et l’économie, si les arts cessaient d’être en honneur dans leur ville, s’ils manquaient de bonne foi vers les étrangers, s’ils altéraient tant soit peu les règles d’un commerce libre, s’ils négligeaient leurs manufactures et s’ils cessaient de faire les grandes avances qui sont nécessaires pour rendre leurs marchandises parfaites, chacune dans son genre, vous verriez bientôt tomber cette puissance que vous admirez » (Fénelon, Les Aventures de Télémaque, livre 3), « Si contre toute attente probable, ces forces étaient insuffisantes, leurs Majestés Impériale et Prussienne prendront toutes les mesures ultérieures d’augmentation qui seront jugées nécessaires » (4, page 305), « Si je m’endormais, j’étais perdu » (chapitre 26).
L’imparfait d’atténuation ou hypocoristique (le mot provient du grec ancien ὑποκοριστικός, « caressant, propre à atténuer ») concerne un fait présent que l’on rejette en quelque sorte dans le passé pour ne pas brusquer l’interlocuteur :
« Ah ! […] tu vas me demander, n’est-ce pas, pourquoi je [Philippe Égalité] ne fais pas, dans la Convention nationale, ce que je faisais dans l’Assemblée constituante [c’est-à-dire, me tenir en dehors des partis] — Mais en effet, et si vous le permettiez, je vous en ferais la question » (5, page 239), « Je venais vous demander la place du premier moutardier qui vient de mourir » (A. Daudet, La Mule du pape), « Enfin, je voulais entendre ce que toi tu penses de cela » (Gide, La Symphonie pastorale, premier cahier).
L’imparfait peut intervenir dans un discours rapporté : « Il m’a dit que nous pouvions compter sur trois cent cinquante francs par mois » (chapitre 7), « On m’a assuré que vous étiez bon médecin », « Galilée soutint que la Terre tournait autour du soleil ».
L’imparfait peut souligner une conséquence inéluctable ou une imminence contrariée : « Si je n’avais reçu dès le lendemain une lettre de Pierret, je me mettais en route » (G. Sand, lettre du 9 juillet 1837 à sa mère), « Sans la présence d’esprit du mécanicien, le train déraillait ». Ici, on s’attendrait à un conditionnel passé plutôt qu’à un imparfait.