Le complément direct d’objet
« Le complément d’objet, dans une proposition à la voix active, précise sur quoi porte le processus évoqué par le verbe ; les compléments circonstanciels rassemblent des compléments évoquant les circonstances de l’action et que l’on peut de manière générale facilement supprimer et déplacer ». Telle est la définition, dans la Grammaire Bescherelle, des compléments d’objet et des compléments circonstanciels. Comme on le verra cette définition est vague.
Le complément d’objet se trouve souvent en posant la question « qui » ou « quoi », « à qui » ou « à quoi », « de qui » ou « de quoi », etc., après avoir mis le verbe à l’infinitif. Si, après avoir posé une telle question, il est introduit par une préposition, il s’agit d’un complément d’objet indirect (un COI). Sinon, c’est un complément d’objet direct (un COD). Ainsi, dans « Il se demanda à qui il pouvait bien ressembler », il y a un COI et un COD de « demander » : le COI est « se » et le COD est « à qui il pouvait bien ressembler ». Dans « Je décidai de descendre au fond du vallon, et de suivre leurs traces » (chapitre 27), les locutions en gras sont des COD. De même, dans « Je doute qu’il vienne », la proposition complétive « qu’il vienne » est un COI.
On trouve souvent les compléments circonstanciels en posant les questions avec « où », « quand », « comment », « pourquoi ». Ainsi, dans « Je vins le soir à Paris pour une visite. Par le train, j’arrivai en trois heures avec facilité. Le lendemain, je jouai aux cartes avec mes amis », on reconnaît un COI (aux cartes) et des compléments circonstanciels de temps (le soir, en trois heures, le lendemain), de lieu (à Paris), de but (pour une visite), de manière (par le train, avec facilité), d’accompagnement (avec mes amis).
Dans ces vers de Lamartine (La Vigne et la Maison), les COD ont été mis en gras :
« Le mur est gris, la tuile est rousse
L’hiver a rongé le ciment ;
Des pierres disjointes la mousse
Verdit l’humide fondement ;
Les gouttières que rien n’essuie,
Laissent, en rigoles de suie,
S’égoutter le ciel pluvieux,
Traçant sur la vide demeure
Ces noirs sillons par où l’on pleure,
Que les veuves ont sous les yeux ».
En général, on trouve le COD, quand il y en a un, en posant les questions « qui » ou « quoi » après le verbe. L’hiver a rongé quoi ? : le ciment. Bien entendu, il ne faut pas appliquer cette recette sans discernement ; dans ces stances de Musset à la mémoire de Maria Malibran, « ces accents » et « cette voix » sont des sujets de verbes :
« Ô Ninette ! où sont-ils, belle muse adorée,
Ces accents pleins d’amour, de charme et de terreur,
Qui voltigeaient le soir sur ta lèvre inspirée,
Comme un parfum léger sur l’aubépine en fleur ?
Où vibre maintenant cette voix éplorée,
Cette harpe vivante attachée à ton cœur ? ».
Attention, le COD ne doit pas être confondu avec l’attribut du sujet : celui-ci est associé à des verbes d’état. Le COD ne doit pas non plus être confondu avec des compléments de mesure (prix, distance, durée, poids). Ainsi dans « Pensez-vous donc que j’eusse vécu tant d’années, si je me fusse mêlé des affaires de la république ? » (Platon, Apologie de Socrate), « tant d’années » n’est pas un COD.
Le COD peut être :
- un groupe nominal, comme dans « Les guetteurs de Marius allumèrent un bûcher de broussailles » (chapitre 1) ;
- un pronom, comme dans « Lorsque je l’ai connu, il portait de longues boucles blanches » (chapitre 1), « Voilà une idée déplaisante, et que je n’ai jamais acceptée » (chapitre 3), ou dans « On n’y trouvait jamais ce que l’on cherchait » (chapitre 12) ; dans ce dernier exemple, « que l’on cherchait » est attribut du COD ;
- un infinitif, ou un infinitif précédé d’une préposition, comme dans « Je faisais osciller la large pédale » (chapitre 6), « Je regardais tomber la pluie » (chapitre 19) ou dans « Il ne lui manquait que des cornes.Mais j’espère pour l’honneur des femmes qu’il avait dû en porter » (14, chapitre 30) ;
- une proposition infinitive, comme dans « L’été rit, et l’on voit sur le bord de la mer, fleurir le chardon bleu des sables » (Victor Hugo, Les Contemplations, livre 5, poème 13), « Pense qu’en vingt ans, mon prédécesseur a vu guillotiner six de ses élèves » (chapitre 2);
- une proposition subordonnée conjonctive, comme dans « On laissait entendre à ces jeunes gens que l’Eglise n’avait jamais été rien d’autre qu’un instrument d’oppression » (chapitre 2) ;
- une proposition interrogative indirecte, comme dans « Je me demandais qui l’avait mangée » (chapitre 19), ou dans « Je me demande ce qu’elles te feront manger plus tard » (15, chapitre 20).
Lorsqu’on tourne à la voix passive une proposition contenant un COD, ce qui est généralement possible, celui-ci devient le sujet du verbe. Le COD ne peut être remplacé par un adjectif.
Retour au sommaire
Conseils de lecture
Voir aussi
- Dans le forum : Le complément d’objet direct