Accord avec un sujet collectif et « tout », « rien »
Avec les noms collectifs et les pronoms indéfinis, l’accord du verbe ou de l’adjectif se fait comme suit :
- avec un collectif singulier sans complément, l’accord est au singulier : « Notre équipe a remporté la victoire » ;
- avec un collectif qui a un complément, l’accord peut se faire, suivant le sens, avec le collectif ou avec le complément.
Exemples avec accord au pluriel :
« Une troupe de canards sauvages, tous rangés à la file, traversent en silence un ciel mélancolique » (Chateaubriand, Génie du christianisme, chapitre 7), « Combien aujourd’hui, dans la plus profonde paix, lorsqu’une multitude de nouveaux chemins ont été ouverts, n’est-il pas plus facile encore de parcourir ce beau pays ! » (Chateaubriand, Voyage en Italie), « Un très petit nombre de lettres fut suffisant pour persuader partout qu’à peu de distance de chaque endroit, il y avait une bande de brigands qui fauchaient les blés en herbe pour augmenter la famine » (4, page 81), « Je courais jusque-là, […] voir la rivière qui se promenait déjà en bleu ciel entre les terres encore noires et nues, accompagnée seulement d’une bande de coucous arrivés trop tôt » (11), « Au début du XVIIIe siècle, il y avait à Aubagne une très riche et très ancienne famille de commerçants, qui s’appelaient Barthélémy » (chapitre 3).
Exemples avec accord au singulier :
« L’immense majorité des hommes, surtout en France, désire et a une femme à la mode, comme on a un joli cheval » (Stendhal, De l’amour, livre 1, chapitre 1), « Un long vol de corbeaux passe en rasant la terre » (Leconte de Lisle, Poèmes barbares, poème « Le Vent froid de la nuit »), « Un bataillon de verres à moitié pleins couvrait le plancher » (Flaubert, L’Éducation sentimentale, partie 2, chapitre 1), « Cinq minutes après, la foule des seigneurs s’asseyait dans la grande salle, le chapelain au milieu d’eux » (A. Daudet, Les Trois Messes basses), « Je marchais en plein désert depuis deux heures, quand tout à coup, devant moi, un groupe de maisons blanches se dégagea de la poussière de la route » (A. Daudet, Les Deux Auberges), « Çà et là, un bouquet d’ajoncs se dressait sur une hauteur entre deux pierres, comme un panache ébouriffé ; un groupe d’arbres tordus formait un amas sombre dans un creux » (Loti, Pêcheur d’Islande, partie 3, chapitre 12), « Puis quelquefois, dans le lointain, une bande de matelots passait en chantant, et alors mes idées changeaient de cours » (9, chapitre 23), « La majorité des individus serait composée d’honnêtes gens », « La foule des questions qui se posent m’effraye ».
Avec la plupart
Avec la plupart, le verbe sera plus souvent au pluriel :
« Ce qui fait que la plupart des femmes sont peu touchées de l’amitié, c’est qu’elle est fade quand on a senti l’amour » (La Rochefoucauld, maxime 440), « Le peuple hors des murs était déjà posté, La plupart s’en allaient chercher une autre terre » (La Fontaine, « Les Membres et l’Estomac »), « On voyait passer continuellement des bandes de femmes et d’hommes du peuple, qui s’en allaient à Versailles très tranquillement. Le nombre en augmentait à chaque instant, et la plupart disait : “Allons, il faut voir ce qui se passe à Versailles, il doit déjà y avoir bien du monde.” » (4, page 97), « Hélas ! avec quel recueillement triste je les passe en revue, ces figures aimées ou vénérées, bénies, qui m’entouraient ainsi les dimanches soirs ; la plupart ont disparu » (9, chapitre 23), « La plupart du mal fait à la France » (Giraudoux, L’Impromptu de Paris).
Après nombre de ou bon nombre de
Après nombre de ou bon nombre de, le verbe est au pluriel. Après un grand (ou petit) nombre, le nombre de, le plus grand (ou petit) nombre de, le verbe est au singulier ou au pluriel, selon le sens :
« Un grand nombre d’habitants de la ville de Versailles, travaillés par les meneurs de la Révolution, en avaient adopté les principes » (Mme de Tourzel, Mémoires, chapitre 1) « Chaque commandant de service auprès du Roi, de la Reine et de Mgr le Dauphin, venait prendre l’ordre en arrivant, au cas qu’ils voulussent sortir, et les capitaines en faisaient autant auprès des autres membres de la famille royale. Le plus grand nombre était respectueux » (ibidem, chapitre 1), « Le plus grand nombre des soldats, ayant à leur tête plusieurs bas officiers, refusèrent d’obéir, s’emparèrent des drapeaux, de la caisse et des équipages du régiment, ramenèrent le tout à Béthune, et les déposèrent chez le commandant de la garde nationale » (ibidem, chapitre 2), « L’Assemblée conservait encore à cette époque quelque dignité. Un grand nombre de membres s’y rendait en habit habillé ou dans le costume du Tiers état » (4, page 85), « C’est une chose que la postérité aura peine à croire, que le plus grand nombre des députés du clergé et de la noblesse qui avaient voulu maintenir la séparation des Ordres ait voté pour que le Corps législatif ne fût composé que d’une seule Chambre !… » (4, page 90), « Je veux dire la connaissance du monde, ne s’acquiert jamais sans une grande attention, et je connais bon nombre de personnes âgées qui, après avoir été fort répandues, ne sont encore que des enfants dans la connaissance du monde » (Sainte-Beuve, Causeries du lundi), « Le nombre des gens qui meurent chaque jour par accident est considérable sur la terre » (Maupassant, Pierre et Jean, préface), « Une des plus fermes croyances d’Eulalie, et que le nombre imposant des démentis apportés par l’expérience n’avait pas suffi à entamer, était que Mme Sazerat s’appelait Mme Sazerin » (12), « Rongé depuis des années par cette ambition d’entrer à l’Institut, il n’avait malheureusement jamais pu voir monter au-dessus de cinq le nombre des Académiciens qui semblaient prêts à voter pour lui » (12).
Quand un verbe a plusieurs sujets résumés dans un seul syntagme comme tout, rien, ce, etc., c’est avec ce syntagme qu’il s’accorde :
« Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire, / Que les parfums légers de ton air embaumé, / Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire, / Tout dise : Ils ont aimé ! » (Lamartine, Méditations poétiques, « Le Lac »), « Les peupliers, les ormes, tout était bien venu » (Balzac, Le Lys dans la vallée), « Vous le voyez, les gens les plus sensés, toute la ville vous conseille de faire cesser une position illégale » (7, partie 3, chapitre 3), « Sa parole, sa voix, son sourire, tout vint à lui déplaire » (Flaubert, L’Éducation sentimentale, partie 3, chapitre 4), « C’est qu’aussi tout était changé, le sol, les herbes, les fleurettes sauvages et les papillons qui venaient s’y poser ; rien n’était plus ici comme dans ces abords de la ville, marais et prairies, où se faisaient mes promenades des autres jours de la semaine » (9, chapitre 34), « La plaine, les haies, les ormes des clôtures, tout semblait mort, tué par le froid » (10, chapitre 7).
Quand les sujets qui suivent le verbe sont pris globalement ou successivement, le singulier s’impose : « Que me fait le monde et ses vains jugements ? » (Stendhal, Armance, chapitre 22), « Que me fait le coteau, le toit, la vigne aride ? » (Lamartine, La Vigne et la Maison).
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Conseils de lecture
Voir aussi
- L’accord avec la plupart
- Dans le forum : Langue française