Voici pour saint et pain. Je vous montre comment doit s'organiser une étude, même si la mienne est incomplète.
Vous pourrez comparer les deux études sur point et saint, en sachant que je ne suis pas spécialiste...
Mais un conseil : commencez par les mots les plus faciles et procédez méthodiquement. On ne commence pas le piano avec les sonates de Beethoven...
SAINT (étymon : sánctum)
a = voyelle tonique.
e̯ i̯ = second élément de diphtongue
n̬ = n palatalisé, c'est-à-dire « mouillé » (un peu comme le нь en russe).
sánctum > sánctu (chute du –m final dès le IIème siècle av J.-C. ; il n’est en fait maintenu artificiellement que dans la langue classique ; néanmoins, en poésie, il n’empêche pas l’élision de la voyelle qui le précède. Ex : monstr(um) horrendum.
sánctu > sáncto (le u, bref dans ce mot, aboutit à o fermé vers le IIIème siècle ap. J.-C. )
sáncto > sányto (après l’accent, le k devant consonne relâche son occlusion. Le résultat est y au début du IVème siècle)
sányto > sán̬to (le y palatalise le n vers le IVème siècle ; le voisinage du n « mouillé » va retarder la fermeture du a tonique initial)
sán̬to > sái̯nto (l’élément palatal se reporte sur la voyelle précédente vers le VIIème siècle)
sái̯nto > sái̯nt (disparition définitive de la voyelle finale au VIIIème après affaiblissement progressif).
sái̯nt > sái̯n (effacement du –t final au IXème après spirantisation ; ce –t restera longtemps noté, notamment dans les formes verbales).
sái̯n > sãin (la voyelle a, premier élément de la diphtongue, se nasalise au XIème siècle au contact du n, qui reste prononcé).
sãin > sẽin (la voyelle tonique initiale se ferme au XIIème).
sẽin > sẽn (l’élément palatal disparaît au XIIIème).
sẽn > sẽ (simplification du groupe voyelle nasale + –n au XVIème. Le –n n’est plus prononcé).
Remarque 1 : ai– et –t sont des graphies conservatrices ; quant à sainct, comme poinct, qu’on trouve parfois, c’est une graphie savante aberrante qui date du MF, vu que le « c » est devenu « i », comme on l’a vu !).
Remarque 2 : l’italien santo, l’occitan sant supposent une simplification sanctu(m) > santu(m) à basse époque. Mais cette simplification n’a visiblement pas touché le domaine d’oïl.
PAIN (étymon : pánem)
pánem > páne (chute du –m final dès le IIème siècle av J.-C. ; il n’est en fait maintenu artificiellement que dans la langue classique ; néanmoins, en poésie, il n’empêche pas l’élision de la voyelle qui le précède. Ex : monstr(um) horrendum.
páne > páe̯ne > pái̯ne (début de fermeture du a tonique donnant une diphtongue dont le dernier élément aboutit à –i. Ce phénomène s’opère vers le VIIIème).
pái̯ne > pái̯n (disparition définitive de la voyelle finale au VIIIème après affaiblissement progressif).
pái̯n > pãin (la voyelle a, premier élément de la diphtongue, se nasalise au XIème siècle au contact du n, qui reste prononcé).
pãin > pẽin (la voyelle tonique initiale achève sa fermeture au XIIème).
pẽin > pẽn (l’élément palatal disparaît au XIIIème).
pẽn > pẽ (simplification du groupe voyelle nasale + –n au XVIème. Le –n n’est plus prononcé).
Remarque : ai– est une graphie conservatrice.