Classes préparatoires - L'ascenseur social est-il en panne ?
Salutations cordiales,
Ayant lu avec intérêt les contributions sur ce forum, je viens ici pour vous interroger sur la reproduction des élites. Est-il selon vous légitime que l'accès aux parcours les plus prestigieux soient réservés à une certaine élite (car tout se joue dès la première au lycée et l'intégration d'une prépa conditionne l'accès aux meilleures écoles) ? L'ascenseur social est-il en panne ? L'accès en prépa se base sur de simples notes chiffrées et des critères aussi aléatoires que le classement du lycée d'origine, le niveau de la classe, etc. L'élève issu d'un milieu social modeste dans un lycée de province mal classé aura donc moins de chances d'intégrer une (bonne) prépa que le parisien fils d'avocat/agrégé/ministre qui connaît dès l'entrée au collège l'existence des CPGE et qui suit des cours dans de grands lycées parisiens. Le problème étant que l'intégration ensuite d'une grande école telle que l'ENS est conditionnée par l'intégration d'une grande prépa qui offre un taux élevé d'admissions (Henri IV, Louis-le-Grand) ; les élèves reçus dans des prépas modestes de province ont donc moins de chances de réussir les concours. Pire encore, on hiérarchise, on classe, on distingue les professeurs certifiés qui seraient de valeur moindre que les agrégés mais l'école qui prépare le mieux à l'agrégation est...l 'ENS. ENS que les élèves sortis de prépas prestigieuses ont le plus de chances d'intégrer (car tout se joue dès l'entrée au lycée : le fils d'agriculteur bon élève dans un lycée de province peu réputé sera rarement admis à HIV et a peu de chances d'intégrer l'ENS et donc moins de chances d'obtenir l'agrégation). En outre, trouvez-vous normal que les élèves entrés sur concours (et non étudiants) de l'ENS, en plus de bénéficier du prestigieux et confortable statut de normalien, soient payés pour étudier ? Ca me semble étrange de payer des étudiants parce qu'ils jouissent d'un enseignement qualité (même s'il y a un engagement décennal à tenir) ? On se trouve donc avec une concentration d'enfants issus de milieux parisiens aisés qui entrent dès le lycée à HIV, poussés par leurs parents à intégrer un CPGE (quand certains provinciaux n'apprennent qu'en terminale l'existence de ces mêmes prépas), élèves qui passent donc le concours de l'ENS et l'agrégation (voire qui préparent le concours de l'ENA) pour ensuite participer à la reproduction sociale. Désolé pour ces accents bourdieusiens qui ne manqueront pas de susciter une vive polémique parmi les normaliens mais il ne s'agit pas de minimiser les grands efforts/sacrifices consentis par de brillants élèves, je me demande juste s'il n'y a pas un dysfonctionnement dans l'ascenseur social...