Bonjour,
Si l'on devait répondre à cette question avec l'intensité qu'elle mérite, il faudrait souhaiter que tous les romans soient différents des autres romans...
Sur le sujet "Qu'est-ce qu'un roman et qu'est-ce qui ne l'est pas", la très belle préface à "Pierre et Jean" de Maupassant nous enseigne à voir large.
Aussi, même par leurs constructions, les romans épistolaires diffèrent beaucoup les uns des autres.
Avec "Inconnu à cette adresse", Kreismann Taylor a créé un échange entre deux associés, l'un juif l'autre enrôlé dans le mouvement nazi avant la guerre. Les deux correspondants se répondent successivement et leurs lettres s'entrelacent.
Dans "Cher éditeur", Pierre Leroux a imaginé une correspondance à sens unique entre des écrivains qui tentent de faire publier leurs manuscrits et un éditeur de Saint-Germain-des-Prés. Peu à peu, on commence à douter. Peut-être n'y a-t-il qu'un seul auteur derrière toutes ces lettres. Puis, des proches de l'écrivain s'y mettent. Sa femme, son meilleur ami, sa fille. Mais le destinataire, l'Éditeur, ne répond qu'à la fin.
Dans les deux cas, ces romans diaboliques utilisent avec beaucoup de force l'ellipse. Entre une lettre et sa réponse, le temps joue. Il y aussi une très grande intimité suggérée. Si on écrit à l'autre, même à un inconnu, on croit le connaître. On s'est fait une idée de l'autre. Et on veut lui apporter quelque chose. Très souvent, on a fait complètement fausse route.