Bonsoir Reveuz,
La vertu peut paraître paradoxale dans cette oeuvre.
La vertu, sous la plume de Laclos, semble n'être exigée que des jeunes femmes. Ce serait un équivalent de la réserve, voire de la méfiance à l'égard des hommes. La vertueuse est la dévote ou la prude. Mais en même temps, cette vertu est un peu ridicule ou inhumaine, froide et peu épanouissante.
Laclos invente alors le personnage de Mme de Tourvel, femme sympathique et chaleureuse, qui est la seule véritablement chrétienne (hormis la tante de Valmont). Elle est dévote, mais non repoussante. Elle est vertueuse, mais imprudente. Elle fait confiance à Valmont et n'hésite plus à commettre une faute dans l'adultère pour sauver Valmont. Sa vertu intérieure lui fait choisir la charité, l'aide au prochain au détriment de sa pureté. Sa vertu repose sur l'esprit plutôt que sur la lettre, sur le sentiment plus que sur la loi. Laclos a créé un personnage dont la conduite morale est étrange aux yeux des puristes ou des moralistes : il est vrai qu'il n'a pas voulu envisager pour sa présidente la possibilité d'une simple amitié sans doute pour faire ressortir la noirceur du libertin qui abuse de la générosité de son amante et salit les sentiments nobles qu'elle éprouve pour lui. D'où la folie de Mme de Tourvel et peut-être le suicide de Valmont dans son duel avec Danceny.