Allons, mon pauvre coeur, allons, mon vieux complice,
Redresse et peins à neuf tous tes arcs triomphaux ;
Brûle un encens ranci sur tes autels d'or faux ;
Sème de fleurs les bords béants du précipice ;
Allons, mon pauvre coeur, allons, mon vieux complice !
Pousse à Dieu ton cantique, à chantre rajeuni ;
Entonne, orgue enroué, des Te Deum splendides ;
vieillard prématuré, mets du fard sur tes rides ;
Couvre-toi de tapis mordorés, mur jauni ;
Pousse à Dieu ton cantique, à chantre rajeuni.
Sonnez, grelots ; sonnez, clochettes ; sonnez, cloches !
Car mon rêve impossible a pris corps et je l'ai
Entre mes bras pressé : le Bonheur, cet ailé
voyageur qui de l'Homme évite les approches,
- Sonnez, grelots ; sonnez, clochettes ; sonnez, cloches !
Le Bonheur a marché côte à côte avec moi ;
Mais la FATALITE ne connaît point de trêve :
Le ver est dans le fruit, le réveil dans le rêve,
Et le remords est dans l'amour : telle est la loi.
- Le Bonheur a marché côte à côte avec moi
Tu peux remarquer de possibles allusions à la faute originelle, à une prière (encens) qui ne saurait atteindre la divinité, à l'idolâtrie : tout vise une relation amoureuse vécue sur le mode de la culpabilité.