Marivaux, L'Île des esclaves - Questionnaire de lecture
L'ile des esclaves, Marivaux.
1/ Après avoir expliqué à quelle époque et où se situe cette histoire, vous la résumerez.
2/ En quoi peut-on affirmer que ce texte est révélateur des Lumières? Vous vous interesserez au thème de la pièce(comparer avec un autre texte).
3/Après avoir expliqué ce que c'est qu'une utopie, vous montrerez que le texte en est une.
4/ Quels sont les éléments permettant d'affirmer qu'il s'agit d'une comédie ?
5/ Montrez que cette comédie emploie parfois le registre satirique.
6/ A quoi sert le travestissement dans cette pièce ? Montrez que son role est paradoxal.
7/ Dans quelle tradition théâtrale cette comédie s'inscrit-elle?
8/ On dit de la comédie de manière générale qu'elle corrige les moeurs par le rire.Est-ce le cas ici?
9/ Bernard Dort, dans son essai "Théâtres", affirme que "l'action marivaudienne débute par une surprise :quelque chose survient au personnage, et celui-ci n'a jamas rien connu ni senti de pareil". Expliquez cette affirmation en faisant référence au texte.
10/ Trouvez des elements biographiques (de la vie de Marivaux) trouvant une résonnance dans cette oeuvre.
11/ Pourrait-on dire que cette pièce est révolutionnaire ? Expliquez votre réponse.
J'ai commençé ce devoir, mais j'ai un peu du mal pour les questions 4 à 11.
Voila le début de mon devoir :
1/ Après avoir expliqué à quelle époque et où se situe cette histoire, vous la résumerez.
L’île des esclaves est un texte théâtral écrit par l’italien Marivaux au XVIIIe siècle. En effet, c’est un texte théâtral car nous sommes en présence de didascalies et de scènes. L’île des esclaves est un titre paradoxal car il lie deux mots antithétiques, on a d’un côté la beauté de l’île et de l’autre l’horreur de l’esclavage : c’est un oxymore.
Nous disposons très peu d’indications spatio-temporelles.
Tout d’abord, l’époque de l’histoire ne nous est pas transmise mais grâce à divers caractéristiques, nous pouvons la situer dans le XVIIe siècle ; le fait d’être en présence d’un roi et de son esclave nous met sur la piste d’une histoire passée durant le XVIIe siècle. Nous ne savons pas non plus sur combien de temps se déroule l’histoire, même si Iphicrate informe ses nouveaux naufragés qu’ils seront ses «prisonniers» durant « trois ans » et que les esclaves, Arlequin et Cléanthis, devenus maîtres ont « huit jours pour se réjouir ».
Quant au lieu exacte où se déroule l’histoire, il n’est pas fourni. Il nous est simplement dit que les naufragés arrivent dans l’île des esclaves comme nous le confirme Iphicrate dans la première scène « nous sommes dans l’île des esclaves » ainsi que le titre de l‘œuvre. Mis à part son nom, l’île nous est présentée comme un endroit sauvage par Iphicrate et Euphrosine :« leur coutume est de tuer tout les maîtres qu’ils rencontrent », nous faisant alors référence à L’île de la raison, autre œuvre théâtrale de Marivaux. De plus, l’auteur nous fait allusion à la Grèce antique, « Cléanthis », « Euphrosine », « Iphicrate » et « Arlequin » nous font penser à des prénoms étymologiquement grecs, et ceux-là se disent athéniens « je ne reverrai jamais Athènes », « dans le pays d’Athènes » (scène1),
Suite à un naufrage, Iphicrate, un maître athénien et Arlequin, son valet, ont échoué sur l'île des esclaves, une île fondée cent ans auparavant, par d'anciens esclaves révoltés. Elle jette les maîtres dans l'esclavage, ainsi Iphicrate et Euphrosine, les maîtres, sont condamnés à échanger leurs noms, leurs conditions et leurs vêtements avec leurs serviteurs Arlequin et Cléanthis. Chacun se voit contraint d'obéir à cette loi, dont Trivelin, magistrat de l'île, en est le gouverneur. Alors qu’Iphicrate désormais en danger, espère quitter l'île le plus rapidement possible, Arlequin ralentit le pas et profite de sa nouvelle condition. En plus des humiliations que les anciens maîtres ont à subir, ils doivent s'entendre dire leurs vérités par leurs serviteurs. Cléanthis et Arlequin, fiers de leur nouveau statut, mettent en place une « fausse » scène de séduction, n’aboutissant pas, Arlequin entreprend alors la conquête d'Euphrosine mais trop ému par la souffrance que lui cause son nouveau statut, il abandonne. Finalement, les valets pardonne à leur maître leur cruauté et les maîtres ont pris conscience des conditions inhumaines des valets, ainsi chacun reprend sa condition sociale de départ.
2/ En quoi peut-on affirmer que ce texte est révélateur des Lumières ? Vous vous intéresserez au thème de la pièce.
Au siècle des Lumières, il était commun aux auteurs de critiquer l’ordre social et d’étudier d’autres civilisations européennes. L’île des esclaves est un texte nous révélant les pensées que pouvaient avoir la plupart des auteurs du XVIIIe siècle.
En effet, Marivaux dénonce, dans cette œuvre, l’injustice de l’esclavage, et plus généralement les rapports de domination dans la société, notamment entre maîtres et domestiques. Mais la thèse de la pièce est affirmée sans lourdeur didactique, puisque le naturel des personnages semble le meilleur moyen de critiquer implicitement les différences sociales à travers l’utopie.
Tout d‘abord, l’auteur dénonce dans son œuvre théâtrale l’île des esclaves, les inégalités sociales entre maître et valet « ressentiment des outrages qu’ils avaient reçus de leurs patrons ».
De plus, la pièce dénonce l’esclavage, une pratique barbare qui était coutume au XVIIe siècle : « la barbarie de vos cœurs », « vous êtes moins nos esclaves (…) humains, raisonnables, et généreux ».
3/ Montrez que le texte est une utopie.
Reconnue par l’œuvre littéraire Utopia de Thomas More, l'utopie est littéralement, un non-lieu, un espace imaginaire et idéal, permettant de critiquer, par différence, la société et la politique réelles. L’éloignement géographique est redoublé par l’éloignement temporel, car cette île ne nous est pas située, et l'époque de l’intrigue n'est pas exprimée explicitement. Dans la littérature, elle est souvent traduite par un régime politique sans faille, une société parfaite, ou encore une communauté d'individus vivant heureux et en harmonie. L’utopie tente de surmonter les imperfections du monde réel afin d’éviter les conflits et les injustices. Etymologiquement, ce mot signifie " l’endroit qui n’existe nulle part ". Au XVIIIe siècle, les auteurs préfèrent situer l’action de leurs œuvres dans un monde imaginaire, ici une île inconnue, afin d’éviter la censure. L’utopie désigne en général un pays imaginaire où le gouvernement idéal règne sur un peuple heureux. Par extension, l’utopie est synonyme d’un idéal politique ou social ne tenant pas compte de la réalité.
L’île des esclaves présente une portée utopique.
En effet, comme tout utopiste Marivaux rêve d’un monde meilleur, c’est pour cela qu’il nous décrit une île où les esclaves auraient la possibilité de vivre la vie paisible et libertine de leurs maîtres, et où ceux-là seraient alors esclaves afin de se rendre compte de ce qu’endure leurs valets. Mais contrairement à l’utopie dite « traditionnelle » qui ,ici, supprimerait totalement l’esclavage, Marivaux nous propose une utopie différente : il ne cherche pas à construire un monde idéal et sans faille, puisqu’il y a encore des esclaves, mais il cherche plutôt à améliorer celui-ci en expérimentant un nouveau « contrat social » sans chercher à annuler la domination inégalitaire présente à cette époque.
De plus, dans la scène 2, Trivelin raconte l’histoire de l’île, on voit à travers cette scène que l’île est utopique. Elle impose l’échange entre maîtres et valets, ce qui est totalement impossible à Athènes, à cette époque. On peut rapprocher cette scène d’une autre pièce de Marivaux : La Colonie qui ne concerne pas l’inversion des rapports maître/valet mais hommes/femmes.