À travers la littérature médiévale
Bonjour Yvain,
Oups, je n'avais pas compris que c'était une question de phonétique : c'est pour cela que ne sachant pas trop dans quelle direction aller, j'ai fait une analyse plus large.
Bon, en tout cas, maintenant, je vais d'abord voir la correction de la traduction.
Une étrange maladie, que Fénice confie à sa gouvernante Thessala :
« […]Mes voloirs est mals, se devient,
Mes tant ai d’ese en mon voloir
Que doucement me fait doloir,
Et tant de joie en mon anui
Que doucement malades sui.
Thessala, mestre, car me dites,
Cist mals, don n’est il ypocrites,
Qui douz me semble et si m’angoisse ?
Ne sai coment je le conoisse,
Se c’est enfermetez ou non.
Maistre, car me dites le non
Et la manière et la nature,
Mais sachiez bien que je n’ai cure
Dou guerir en nule manière,
Car j’en ai l’angoisse molt chiere. »
Thessala, qui molt estoit sage
D’amor et de tout son usage,
Set et entent par sa parole
Que d’amor est ce qui l’afole.
Por ce que douz l’apele et claime
Est certeine chose qu’ele aime,
Car tuit autre mal sont amer
Fors solement celui d’amer,
Mais cist seus torne s'amertume
En douçor et en soatume,
Et sovent retorne a contraire.Chrétien de Troyes, Cligés, v. 3034-3059 éd. Champion.
Correction :
« Mon désir est mal, peut-être,
Fs. sur "mal" : un sens moral est ici exclu vu la caractère "clinique" du discours de Fénice et l'opposition des termes dans la phrase.Mais j’ai tant de plaisir en mon obstination
Pourquoi un mot différent pour cette seconde occurrence de voloir ?Qu’elle me fait souffrir sans violence,
"sans violence" est trop faible.Et tant de joie en mon ennui
Fs. sur anui. Vous devez savoir que ce mot n'a presque jamais le sens moderne au XIIème siècle.Que je suis malade sans tristesse.
"sans tristesse" est trop faible, et pourquoi changer de mot ? Les répétitions, loin d'être une faiblesse, participent de la rhétorique du passage.Thessala, gouvernante, certes me dites-vous [diriez-vous ?],
Maistre = "maître[sse]", tout simplement. M. d. dans le second membre de phrase, et jamais de traduction entre parenthèses.Ce mal, n’est-il donc pas hypocrite,
Car il m’apparaît doux et m’angoisse ?
Pourquoi "car" : vous pouviez conserver la construction en FM, beaucoup plus élégante.
et si coordonne étroitement : "et tout à la fois".Je ne sais pas quoique je l’avoue,
Cs. sur "quoique je l'avoue" : le subjonctif se justifie autrement.Si c’est une maladie ou non.
Gouvernante, certes, apprenez-moi donc le nom
"certes" est de trop : c'est "donc" qui doit traduire car, particule intensive accompagnant l'impératif.
En FM, il faudrait un pronom servant de complément aux verbes.La forme et la nature,
Mais sachez bien que je n’ai l’intention
Petite inex. sur "intention".De guérir en aucune manière,
Parce que l’angoisse que j’en ai est précieuse. »
Non, pas "angoisse", c'est comme anui tout à l'heure.Thessala, qui était avisée
Vous pouviez traduire littéralement : molt disparaît.Touchant l’amour et sa manière d’être,
Fs. sur "manière d'être".Sait et comprend par ses paroles
Soit pour "sait", mais c'est plutôt "perçoit" ; sait est de l'ordre de l'intuition, entent de l'ordre de l'intelligence.Que ce qui la tourmente a pour cause l’amour.
Fs. sur "tourmente" et construction non vue : attention, la préposition de n'introduit pas que des compléments.Comme elle le nomme et déclare doux,
Le fait est certain qu'elle aime
Car tous les autres maux sont amers
Hormis seulement celui d’aimer
B.Mais celui-ci seul tourne son amertume
En témoignage d’amitié et en suavité,
Fs. sur "témoignage d'amitié".Et souvent retourne à son contraire. »