En cherchant l'explication du mot évêque, dont je me souvenais confusément, j'ai trouvé chez Bourciez des éléments intéressants concernant image, vierge, marge, etc...
Pour ces mots, et d'autres, la pénultième atone ne s'est pas effacée : elle s'est simplement affaiblie (l'hypothèse du changement de place de l'accent à basse époque est donc fausse), et c'est la fin du mot qui a disparu du fait de la succession de deux voyelles atones.
Ce fait explique directement l'AF virgene < virge[ne] (mais on a aussi virgene, comme je le disais, qui est demi-savant), image < image[ne], évêque < ebesco[be] < episcopum.
Pour ange, la transformation s'est poursuivie de la manière suivante :
angelu > AF angel(e) > angle > anʒle (non par épenthèse, mais assimilation de sonorité) > anʒe (=ange).
Dans la Vie d'Alexis, on a la chance d'avoir imagene, angele, virgene qui se succèdent dans trois vers du même quintil :
Puis s'en alat en Alsis la citet
Por une imagene dont il odit parler,
Qued angele firent par comandement Deu
El nom la virgene qui portat salvetet,
Sainte Marie, qui portat Damnedeu.
Et ce qu'il faut remarquer, c'est que ces trois mots sont dissyllabiques (les vers sont des décasyllabes) !
Trois conclusions :
- Dans la première moitié du XIème, la finale de ces mots ne se prononçait plus.
- Le texte a une graphie conservatrice, très précieuse pour nous.
- J'ai commis une faute irréparable en laissant supposer que l'étymon latin était devenus paroxytons !
Damnedeu, merci vos proie !