Bonsoir, Muriel !
* Je me sentais TROUBLER DE ses transports.
Je reviens sur le sujet après l’avoir laissé mijoter : il y va de l’honneur de Rousseau…
Ce sera plus clair si nous changeons la préposition :
* Je me sentais TROUBLER PAR ses transports.
Je refais un détour par le participe passé, mon meilleur allié :
* Je me suis SENTIE TOMBER. (C’est elle qui tombe. Action en cours.)
* Je me suis SENTI AGRESSER. (C’est elle qu’on agresse. Action en cours.)
Je dois donc pouvoir écrire :
* Je me suis SENTI AGRESSER PAR ses transports.
→ Je me SENTAIS TROUBLER PAR ses transports.
J’admets que la dernière phrase est équivoque si on la limite à :
* Je me SENTAIS TROUBLER.
car on peut croire en effet que c’est elle qui sent QU’ELLE TROUBLE.
mais cette équivoque disparaît si nous remettons le complément d’agent :
* Je me SENTAIS TROUBLER PAR ses transports.
→ Ses transports la troublaient, et elle le sentait…
Une fois de plus, la distinction N’EST PAS ACADÉMIQUE : la syntaxe débouche en effet sur deux significations.
* Je me SENTAIS TROUBLÉE PAR… (Les transports ont eu lieu, si j’ose dire ; elle en est troublée. (C’est un état résultant d’une action accomplie.)
* Je me SENTAIS TROUBLER PAR… (Les transports redoublent de plus belle ; et son trouble suit la même courbe. (C’est une action en cours, un non-accompli.)
Je trouve d’ailleurs dans le Grevisse :
* Il SE SENTAIT ENVAHIR PAR une tristesse mortelle.
Lorsque le verbe de perception est à la forme pronominale, l’agent de l’infinitif est introduit par une des prépositions PAR ou DE. (Tiens, voilà le DE de notre ami Rousseau !)
Vous aurez noté l’emploi d’un infinitif d’action en cours, suivi d’un complément d’agent. Comme chez Rousseau !
Riegel, de son côté :
* Elles ne SE SONT pas ENTENDU APPELER.
* Elle S’EST VU OFFRIR le premier rôle.
Deux infinitifs sans complément d’agent.
Vous ne pensez pas cette fois que la bonne cause de Rousseau est entendue ?
J’espère que Jean-Luc reviendra voir la suite (je n’ose dire la fin) d’une joute commencée il y a pas mal de temps.