Il y a en effet quiproquo.
A mon humblre avis, la réponse devrait être recherchée dans la discipline lancée par Robert Escarpit, la sociologie de la littérature.
Je ne serais pas surpris de constater que la nouvelle forme d'auteur soit née entre 1750 et 1850 sous l'influence des Lumières. L'auteur ne se contente plus d'une production esthétique, il se veut utile et produit des oeuvres de combat (politiques ou esthétiques).
Parallélement l'évolution dans la fabrication des livres va conduire l'auteur à infléchir son projet. Nous entrons alors dans la modernité.
https://www.cairn.info/revue-poetique-2 … ge-107.htm
Selon Escarpit, ce sont justement ces évolutions technologiques qui permettent de cerner la spécificité de la littérature dans son fonctionnement contemporain, c’est-à-dire à l’intérieur de la civilisation de masse. La massification de la communication signifie une double évolution pour la littérature. D’un côté, les nouveaux moyens de communication sont sociologiquement indifférents quant aux récepteurs. La littérature ne se limite plus à un groupe restreint de lettrés dotés d’une compétence culturelle, mais atteint aussi, directement (par la massification du livre : l’édition de poche bon marché) ou indirectement (par le biais d’adaptations ou de prolongements audiovisuels), le grand public. D’un autre côté toutefois, contrairement à ce qui est le cas à l’intérieur du circuit lettré, l’individu qui se promène sur le marché des biens culturels est envisagé par la logique du marché non pas comme un lecteur plus ou moins prédestiné à la lecture de telle ou telle œuvre, mais comme un consommateur ayant à effectuer un choix toujours plus ou moins arbitraire. En d’autres mots, les liens substantiels entre la production et le public sont désormais rompus. Pour le fonctionnement concret de la littérature, cela implique que la lecture est de moins en moins une pratique qui se déroule à l’intérieur du circuit restreint et consistant à interpréter « correctement » l’œuvre, mais qu’elle devient au contraire une pratique se déroulant « hors contexte », ou encore, à l’intérieur d’un « grand public ». Dans la société contemporaine, le livre ne reste plus limité au « public-milieu » mais passe nécessairement au-delà. La « trahison créatrice »n’est plus une des modalités possibles de la réception d’un texte, mais désigne, dans la civilisation de masse, le mode de fonctionnement même de la littérature.