Bonsoir Nastassia,
Tu as sans doute remarqué que chaque paragraphe développe une qualité du philosophe selon le siècle des Lumières.
Le philosophe cherche à connaître l'ordre du monde, l'enchaînement des causes par l'usage de la raison. (A noter que le principe de causalité est un des fondements de la démarche scientifique). La grâce est le don divin ; pour le chrétien, elle est la cause première. Personne créée par la toute-puissance et l'amour paternel divin, le chrétien agit par reconnaissance, le fondement de son action est l'amour de reconnaissance filial. Le philosophe veut se situer en dehors de cette vérité révélée et cherche la justification de ses actions dans l'usage de la raison. Il se démarque de la motivation chrétienne fidéiste et non démontrée. Mais en même temps et de manière paradoxale, pour affirmer toute la force de la raison, Dumarsais cherche à la sacraliser en la comparant à la grâce divine.
Cette même raison lui permet de ne pas être le jouet de ses passions.
Le philosophe n'admet aucun principe (ou loi) qui ne soit tiré de nombreuses observations. (Là encore nous avons à faire à un des fondements de la démarche scientifique). Ces principes ne sont pas utilisés en dehors de leur domaine d'application.
La vérité est un principe qui ne souffre aucune exception, elle est difficile à atteindre dans son essence.
Le doute est, pour le philosophe, préférable à un jugement imparfait. Le philosophe ne cherche pas à briller en jouant avec les concepts. Ce n'est pas un homme enfermé dans un système de pensée ; s'il rejette une théorie, c'est seulement en raison des erreurs qu'elle contient.
L'homme étant un « animal social » (selon la définition d'Aristote dans sa « politique »), le philosophe cultive les liens d'amitié ou de bon voisinage et cherche à se rendre utile dans son entourage.
Le philosophe du XVIIIe siècle partage avec l '« honnête homme », idéal de l'époque classique (XVIIe siècle), le culte de la raison. Cependant l '« honnête homme » du XVIIe, est celui qui, en toutes choses, se conduit avec mesure. L'usage de la raison n'est qu'un aspect de la mesure, c'est-à-dire un juste esprit critique, comme dans la fable de La Fontaine « un animal dans la Lune ».
En particulier, ce que Dumarsais ne relève pas dans sa définition du philosophe tel qu'il s'est montré au XVIIIe siècle, c'est qu'il est surtout devenu un homme « de combat » se livrant à la polémique, un intellectuel engagé qui intervient dans la société, un défenseur des droits de l'humanité, opposé au despotisme et au fanatisme. Bravant la censure, l'exil, il assume ses responsabilités de penseur engagé, mettant ses qualités et sa notoriété au service d'une littérature de contestation.
L'« honnête homme » du XVIIe siècle ne se serait pas livré à la critique de l'ordre établi avec autant de passion, mesure oblige.