Bonjour Jonathan,
C'est demandé avec tant de simplicité que je vais essayer.
1- Rimbaud
- Le dormeur du val : Une rencontre insolite lors d'une errance évoque une alliance entre enfance passée et maladie et même mort.
- Roman : Passé et adolescence, éveil à la sensualité, au rêve amoureux, l'émerveillement devant l'âme romanesque. La vie à venir est encore belle. Mais aussi un regard rétrospectif ironique : "on n'est pas sérieux…"
- Mauvais sang : Rimbaud recherche dans son passé d'éventuelles racines pour comprendre son désarroi, sa rébellion, ses aspirations contradictoires, sa tentative de se libérer de son christianisme servile, son appel à des valeurs iconoclastes… Bref il cherche des raisons de ne pas assumer son héritage.
- Départ avec son anaphore d'Assez : une libération, une rupture avec le monde familier et sécurisant…
2 - Verlaine
Mon rêve familier : le désir d'être aimé et le passé enfui, disparu. L'amour appartient à un passé révolu et inaccessible. Le passé est synonyme de regrets, de mort, et d'éloignement...
Chanson d'automne : Exploite le même thème du temps qui fuit et de la vie qui se dissout inéluctablement dans la mort. Le passé est le lieu interdit où, à un moment fugitif, a pu exister le bonheur.
Il pleut doucement sur la ville : Verlaine se complait dans ces échos de tristesse et de mélancolie, dans ce temps doux-amer flottant entre le chagrin du présent et le regret du passé. C'est l'occasion d'exprimer une douce plainte musicale qui caractérise l'art de ce poète.
Ô triste, triste était mon âme : même traitement, mais ici associé au regret d'une faute (avoir tiré sur Rimbaud un soir d'ivresse) qui l'a conduit à se séparer de sa femme (Mathilde Mauté) qu'il aime toujours. Le passé rejoint le thème baudelairien de l'exil du paradis et celui de la Bible : Adam et Eve chassés du paradis terrestre après la première faute...
Gaspard Hauser chante :
* Qui est Kaspar Hauser ?
C'est une énigme historique.
Le 26 mai 1828, un personnage mystérieux en habit de paysan, aux multiples déformations corporelles, apparaît sur la place de Nuremberg, vêtu comme un vagabond, avec une lettre à la main destinée à un capitaine de cavalerie.
Il a vécu jusqu'à 17 ans enfermé dans une cave, sans aucun contact avec le monde extérieur, nourri par un inconnu.
Le professeur et écrivain Georg Friedrich Daumer le soumet à plusieurs expérimentations médicales et tente de lui donner une éducation élémentaire.
De nombreux monarques, parmi lesquels Louis Ier de Bavière, s’intéressent à ce personnage qui semble avoir grandi à l’écart de toute civilisation. L’énigmatique Kaspar Hauser fréquente alors les cours et les salons, où il est présenté comme l’étrange sauvage et l’« enfant de l’Europe ».
La rumeur publique voit en lui l’enfant du grand duc de Bade.
Victime de deux attentats, il meurt le 17 décembre 1833, trois jours après la seconde tentative d'assassinat.
Au même titre que le Masque de fer, on ne connaît toujours pas son identité.
* Le Gaspard Hauser que nous présente Verlaine est assez différent du personnage qui a défrayé la chronique.
En fait Verlaine s'identifie à Gaspard
-l'innocent rejeté qui ne trouve pas sa place dans les grandes villes ;
-le mal aimé des femmes, dont il se sent très proche ;
-celui qui souffre d'angoisse existentielle.
Le mal-aimé est rejeté. Il fait appel à notre pitié. Ce poème ruisselle d'émotions simples.
Gaspard, c'est l'enfant sans passé puisqu'il ne connaît pas ses origines. C'est surtout une incarnation romantique de l'être seul marqué par son destin. C'est Verlaine qui cherche en arrière les causes de sa propre malédiction.