Bonsoir à tous,
Alors, je remets le sujet pour réfléchir...
Faut-il représenter la mort sur scène pour donner tout son sens à la cérémonie tragique ou la mort est-elle, comme l'énonce Boileau "ce qu'on ne doit point voir" dans un "art judicieux" ?
Voilà. Alors...
Il me semble que l'une des questions qu'il faut se poser aussi, c'est : est-ce que le tragique passe nécessairement par la représentation concrète de la mort ? La cérémonie tragique trouve-t-elle "son sens" dans la représentation de la mort ? Est-ce que tragédie = représentation de la mort ?
Il est évident qu'il faut se poser la question à la lumière du siècle des classiques... Et là, oui, il faut parler des règles de convenance, qui obligeaient notamment Racine à évoquer la mort de ces héros dans des tirades qui évoquent le hors-scène. (Cf. Phèdre) Dans La Mort d'Agrippine de Cyrano, quand bien même on flotte dans une atmosphère entièrement morbide de bout en bout, nulle mort n'est mise en scène à la fin, pas même celle d'Agrippine (cf. le titre). Connaissez-vous des tragédies classiques qui mettent la mort en scène ? Peut-être Médée, je ne m'en souviens plus... Et encore, il y a de quoi discuter sur son côté classique/ baroque. Non, je n'en trouve pas. En revanche, il existe beaucoup d'autres pièces (en dehors du théâtre classique) qui mettent en scène la mort : Shakespeare (fantômes, empoisonnements, bataille, la mort de Richard III, etc.), le théâtre baroque (Garnier notamment), etc.
2 : Cependant, il faut tout montrer sur scène
Pourquoi ? N'est-ce pas parfois plus tragique encore de ne rien montrer ? Ne rien voir a un côté fortement dramatique, non ? et mystérieux...
Le théatre a pour but de divertir, pourquoi ne pas se limiter à cette fonction et éviter la cruauté et le malheur ?
La tragédie classique a-t-elle pour but de "divertir" ? N'a-t-elle pas comme objectif primordial ce qu'elle appelle la "catharsis" - purgation des passions par la représentation "judicieuse" de ces dernières ? Ou alors, il faudrait jouer sur les mots et s'interroger sur la portée du "divertissement" tragique, dans le sens pascalien du terme : c'est-à-dire une manière de "détourner" l'esprit des spectateurs de la mort et de leur misérable condition.
A voir...