Flaubert, Madame Bovary, II, 11 - Ni Ambroise Paré, appliquant pour la première fois...
Bonjour à tous,
Je dois analyser le chapitre 11 qui se trouve dans le deuxième partie.
Enfin plus précisément, un passage qui est le suivant :
Ça commence à "Ni Ambroise Paré..." et ça finit à "En effet, dit Bovary. Continuez".
(Le texte à analyser est en bas)
Je dois répondre à la question suivante : "En quoi ce passage illustre-t-il le complot des médiocres" ?
J'espère que vous pourrez m'aider.
Merci à vous.
Junino13
Ni Ambroise Paré, appliquant pour la première fois depuis Celse, après quinze siècles d’intervalle, la ligature immédiate d’une artère ; ni Dupuytren allant ouvrir un abcès à travers une couche épaisse d’encéphale ; ni Gensoul, quand il fit la première ablation de maxillaire supérieur, n’avaient certes le cœur si palpitant, la main si frémissante, l’intellect aussi tendu que M. Bovary quand il approcha d’Hippolyte, son ténotome entre les doigts. Et, comme dans les hôpitaux, on voyait à côté, sur une table, un tas de charpie, des fils cirés, beaucoup de bandes, une pyramide de bandes, tout ce qu’il y avait de bandes chez l’apothicaire. C’était M. Homais qui avait organisé dès le matin tous ces préparatifs, autant pour éblouir la multitude que pour s’illusionner lui-même. Charles piqua la peau ; on entendit un craquement sec. Le tendon était coupé, l’opération était finie. Hippolyte n’en revenait pas de surprise ; il se penchait sur les mains de Bovary pour les couvrir de baisers.
– Allons, calme-toi, disait l’apothicaire, tu témoigneras plus tard ta reconnaissance envers ton bienfaiteur !
Et il descendit conter le résultat à cinq ou six curieux qui sta-tionnaient dans la cour, et qui s’imaginaient qu’Hippolyte allait reparaître marchant droit. Puis Charles, ayant bouclé son malade dans le moteur mécanique, s’en retourna chez lui, où Emma, tout anxieuse, l’attendait sur la porte. Elle lui sauta au cou ; ils se mi-rent à table ; il mangea beaucoup, et même il voulut, au dessert, prendre une tasse de café, débauche qu’il ne se permettait que le dimanche lorsqu’il y avait du monde.
La soirée fut charmante, pleine de causeries, de rêves en commun. Ils parlèrent de leur fortune future, d’améliorations à introduire dans leur ménage, il voyait sa considération s’étendant, son bien-être s’augmentant, sa femme l’aimant toujours ; et elle se trouvait heureuse de se rafraîchir dans un sentiment nouveau, plus sain, meilleur, enfin d’éprouver quelque tendresse pour ce pauvre garçon qui la chérissait. L’idée de Rodolphe, un moment, lui passa par la tête ; mais ses yeux se reportèrent sur Charles : elle remarqua même avec surprise qu’il n’avait point les dents vilaines.
Ils étaient au lit lorsque M. Homais, malgré la cuisinière, entra tout à coup dans la chambre, en tenant à la main une feuille de papier fraîche écrite. C’était la réclame qu’il destinait au Fanal de Rouen. Il la leur apportait à lire.
– Lisez vous-même, dit Bovary.
Il lut :
– « Malgré les préjugés qui recouvrent encore une partie de la face de l’Europe comme un réseau, la lumière cependant com-mence à pénétrer dans nos campagnes. C’est ainsi que, mardi, notre petite cité d’Yonville s’est vue le théâtre d’une expérience chirurgicale qui est en même temps un acte de haute philanthro-pie. M. Bovary, un de nos praticiens les plus distingués… »
– Ah ! c’est trop ! c’est trop ! disait Charles, que l’émotion suf-foquait.
– Mais non, pas du tout ! comment donc !… « A opéré d’un pied-bot… » Je n’ai pas mis le terme scientifique, parce que, vous savez, dans un journal…, tout le monde peut-être ne comprendrait pas ; il faut que les masses…
– En effet, dit Bovary. Continuez.