Fiches méthode Bac de français 2021
Scène dernière
ACASTE, CLITANDRE, ARSINOÉ, ÉLIANTE, ORONTE, PHILINTE, CÉLIMÈNE, ALCESTE.
ACASTE
Madame, nous venons tous deux, sans vous déplaire,
Éclaircir avec vous une petite affaire.
CLITANDRE
Fort à propos, Messieurs, vous vous trouvez ici,
Et vous êtes mêlés dans cette affaire aussi.
ARSINOÉ
Madame, vous serez surprise de ma vue;
Mais ce sont ces messieurs qui causent ma venue:
Tous deux ils m'ont trouvée, et se sont plaints à moi
D'un trait à qui mon cœur ne saurait prêter foi.
J'ai du fond de votre âme une trop haute estime,
Pour vous croire jamais capable d'un tel crime:
Mes yeux ont démenti leurs témoins les plus forts;
Et l'amitié passant sur de petits discords,
J'ai bien voulu chez vous leur faire compagnie,
Pour vous voir vous laver de cette calomnie.
ACASTE
Oui, Madame, voyons, d'un esprit adouci,
Comment vous vous prendrez à soutenir ceci.
Cette lettre par vous est écrite à Clitandre.
CLITANDRE
Vous avez pour Acaste écrit ce billet tendre?
ACASTE
Messieurs, ces traits pour vous n'ont point d'obscurité,
Et je ne doute pas que sa civilité
À connaître sa main n'ait trop su vous instruire;
Mais ceci vaut assez la peine de le lire.
Vous êtes un étrange homme, Clitandre, de condamner mon enjouement, et de me reprocher que je n'ai jamais tant de joie que lorsque je ne suis pas avec vous. Il n'y a rien de plus injuste; et si vous ne venez bien vite me demander pardon de cette offense, je ne vous le pardonnerai de ma vie. Notre grand flandrin de Vicomte...
Il devrait être ici.
Notre grand flandrin de Vicomte, par qui vous commencez vos plaintes, est un homme qui ne saurait me revenir; et depuis que je l'ai vu, trois quarts d'heure durant, cracher dans un puits pour faire des ronds, je n'ai pu jamais prendre bonne opinion de lui. Pour le petit Marquis...
C'est moi-même, Messieurs, sans nulle vanité.
Pour le petit Marquis, qui me tint hier longtemps la main, je trouve qu'il n'y a rien de si mince que toute sa personne; et ce sont de ces mérites qui n'ont que la cape et l'épée. Pour l'homme aux rubans verts...
À vous le dé, Monsieur.
Pour l'homme aux rubans verts, il me divertit quelquefois avec ses brusqueries et son chagrin bourru; mais al est cent moments où je le trouve le plus fâcheux du monde. Et pour l'homme au sonnet...
Voici votre paquet.
Et pour l'homme au sonnet, qui s'est jeté dans le bel esprit et veut être auteur malgré tout le monde, je ne puis me donner la peine d'écouter ce qu'il dit; et sa prose me fatigue autant que ses vers. Mettez-vous donc en tête que je ne me divertis pas toujours si bien que vous pensez, que je vous trouve à dire plus que je ne voudrais, dans toutes les parties où l'on m'entraîne, et que c'est un merveilleux assaisonnement aux plaisirs qu'on goûte que la présence des gens qu'on aime.
CLITANDRE
Me voici maintenant moi.
Votre Clitandre dont vous me parlez, et qui fait tant le doucereux, est le dernier des hommes pour qui j'aurais de l'amitié. Il est extravagant de se persuader qu'on l'aime; et vous l'êtes de croire qu'on ne vous aime pas. Changez, pour être raisonnable, vos sentiments contre les siens; et voyez-moi le plus que vous pourrez, pour m'aider à porter le chagrin d'en être obsédée.
D'un fort beau caractère on voit là le modèle,
Madame, et vous savez comment cela s'appelle.
Il suffit: nous allons l'un et l'autre en tous lieux
Montrer de votre cœur le portrait glorieux.
ACASTE
J'aurais de quoi vous dire, et belle est la matière;
Mais je ne vous tiens pas digne de ma colère;
Et je vous ferai voir que les petits marquis
Ont, pour se consoler, des cours de plus haut prix.
ORONTE
Quoi? de cette façon je vois qu'on me déchire,
Après tout ce qu'à moi je vous ai vu m'écrire!
Et votre cœur, paré de beaux semblants d'amour,
À tout le genre humain se promet tour à tour!
Allez, j'étais trop dupe, et je vais ne plus l'être.
Vous me faites un bien, me faisant vous connaître:
J'y profite d'un cœur qu'ainsi vous me rendez,
Et trouve ma vengeance en ce que vous perdez.
(à Alceste.)
Monsieur, je ne fais plus d'obstacle à votre flamme,
Et vous pouvez conclure affaire avec Madame.
ARSINOÉ
Certes, voilà le trait du monde le plus noir;
Je ne m'en saurais taire, et me sens émouvoir.
Voit-on des procédés qui soient pareils aux vôtres?
Je ne prends point de part aux intérêts des autres;
Mais Monsieur, que chez vous fixait votre bonheur,
Un homme comme lui, de mérite et d'honneur,
Et qui vous chérissait avec idolâtrie,
Devait-il...?
ALCESTE
Laissez-moi, Madame, je vous prie,
Vuider mes intérêts moi-même là-dessus,
Et ne vous chargez point de ces soins superflus.
Mon cour a beau vous voir prendre ici sa querelle,
Il n'est point en état de payer ce grand zèle;
Et ce n'est pas à vous que je pourrai songer,
Si par un autre choix je cherche à me venger.
ARSINOÉ
Hé! croyez-vous, Monsieur, qu'on ait cette pensée,
Et que de vous avoir on soit tant empressée?
Je vous trouve un esprit bien plein de vanité,
Si de cette créance il peut s'être flatté.
Le rebut de Madame est une marchandise
Dont on aurait grand tort d'être si fort éprise.
Détrompez-vous, de grâce, et portez-le moins haut:
Ce ne sont pas des gens comme moi qu'il vous faut;
Vous ferez bien encor de soupirer pour elle,
Et je brûle de voir une union si belle.
Elle se retire.
ALCESTE
Hé bien! je me suis tu, malgré ce que je voi,
Et j'ai laissé parler tout le monde avant moi:
Ai-je pris sur moi-même un assez long empire,
Et puis-je maintenant...?
CÉLIMÈNE
Oui, vous pouvez tout dire:
Vous en êtes en droit, lorsque vous vous plaindrez,
Et de me reprocher tout ce que vous voudrez.
J'ai tort, je le confesse, et mon âme confuse
Ne cherche à vous payer d'aucune vaine excuse.
J'ai des autres ici méprisé le courroux,
Mais je tombe d'accord de mon crime envers vous.
Votre ressentiment, sans doute, est raisonnable:
Je sais combien je dois vous paraître coupable,
Que toute chose dit que j'ai pu vous trahir,
Et qu'enfin vous avez sujet de me haïr.
Faites-le, j'y consens.
ALCESTE
Hé! le puis-je, traîtresse?
Puis-je ainsi triompher de toute ma tendresse?
Et quoique avec ardeur je veuille vous haïr,
Trouvé-je un cour en moi tout prêt à m'obéir?
(à Éliante et Philinte.)
Vous voyez ce que peut une indigne tendresse,
Et je vous fais tous deux témoins de ma faiblesse.
Mais, à vous dire vrai, ce n'est pas encor tout,
Et vous allez me voir la pousser jusqu'au bout,
Montrer que c'est à tort que sages on nous nomme,
Et que dans tous les cours il est toujours de l'homme.
Oui, je veux bien, perfide, oublier vos forfaits;
J'en saurai, dans mon âme, excuser tous les traits,
Et me les couvrirai du nom d'une faiblesse
Où le vice du temps porte votre jeunesse,
Pourvu que votre cour veuille donner les mains
Au dessein que j'ai fait de fuir tous les humains,
Et que dans mon désert, où j'ai fait vou de vivre,
Vous soyez, sans tarder, résolue à me suivre:
C'est par là seulement que, dans tous les esprits,
Vous pouvez réparer le mal de vos écrits,
Et qu'après cet éclat, qu'un noble cour abhorre,
Il peut m'être permis de vous aimer encore.
CÉLIMÈNE
Moi, renoncer au monde avant que de vieillir,
Et dans votre désert aller m'ensevelir?
ALCESTE
Et s'il faut qu'à mes feux votre flamme réponde,
Que vous doit importer tout le reste du monde?
Vos désirs avec moi ne sont-ils pas contents?
CÉLIMÈNE
La solitude effraye une âme de vingt ans:
Je ne sens point la mienne assez grande, assez forte,
Pour me résoudre à prendre un dessein de la sorte.
Si le don de ma main peut contenter vos vœux,
Je pourrai me résoudre à serrer de tels nœuds;
Et l'hymen...
ALCESTE
Non: mon cour à présent vous déteste,
Et ce refus lui seul fait plus que tout le reste.
Puisque vous n'êtes point, en des liens si doux,
Pour trouver tout en moi, comme moi tout en vous,
Allez, je vous refuse, et ce sensible outrage
De vos indignes fers pour jamais me dégage.
(Célimène se retire, et Alceste parle à Éliante.)
Madame, cent vertus ornent votre beauté,
Et je n'ai vu qu'en vous de la sincérité;
De vous, depuis longtemps, je fais un cas extrême;
Mais laissez-moi toujours vous estimer de même;
Et souffrez que mon cour, dans ses troubles divers,
Ne se présente point à l'honneur de vos fers:
Je m'en sens trop indigne, et commence à connaître
Que le Ciel pour ce nœud ne m'avait point fait naître;
Que ce serait pour vous un hommage trop bas
Que le rebut d'un cour qui ne vous valait pas;
Et qu'enfin...
ÉLIANTE
Vous pouvez suivre cette pensée:
Ma main de se donner n'est pas embarrassée;
Et voilà votre ami, sans trop m'inquiéter,
Qui, si je l'en priois, la pourrait accepter.
PHILINTE
Ah! cet honneur, Madame, est toute mon envie,
Et j'y sacrifierais et mon sang et ma vie.
ALCESTE
Puissiez-vous, pour goûter de vrais contentements,
L'un pour l'autre à jamais garder ces sentiments!
Trahi de toutes parts, accablé d'injustices,
Je vais sortir d'un gouffre où triomphent les vices,
Et chercher sur la terre un endroit écarté
Où d'être homme d'honneur ont ait la liberté.
PHILINTE
Allons, Madame, allons employer toute chose,
Pour rompre le dessein que son cœur se propose.
http://www.site-moliere.com/pieces/misant54.htm
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Réponses
Je ne sais vraiment pas quoi mettre comme partie, j'ai beaucoup de mal ..=s
Après la rédaction, c'est pas très compliqué, mais le plan c'est vraiment un de mes problèmes !!
Et sur Magister, comment trouver la problématique ?
En plus on te donne justement une direction : comment ce dénouement résout-il l'intrigue. Alors, suis la piste !
je travaille aussi cette derniere scene pour mon oral et je bloque sur une question très importante: comment ce denouement est-il celui d'une comédie?
Personellement, je trouve que c'est un dénouement plutôt tragique. Est-ce que quelqu'un pourrait m'eclairer en quoi il est celui d'une comédie?
Et une deuxième question: est-ce qu'il est possible de conclure qu'un misanthrope (qui ne correspond pas à une description de l'honnête homme) n'aurait pas pu survivre dans la société du XVIIeme siecle?Puisque c'est Philinte, l'honnête homme mondain, qui a une heureuse fin.
Merci d'avance.
Bonjour, J'ai un commentaire composé à faire, et je bloque sur une question que je me pose pour mon plan ..
En effet je sais que le Misanthrope est une pièce appartenant au classicisme mais je sais aussi qu'elle ne respecte pas toutes les règles du classique;..
donc j'aurai voulu savoir si vous pensiez que le dénouement du Misanthrope est le fruit du hasard.
D'après moi , ce n'est pas le fruit du hasard puisque Célimene se trouvant dans un "piège" parce que Clitandre et Acaste lisent ses mots (pas très sympa dirons nous car Célimene se moque de chaque personnage un a un) qu'elle leur avait envoyé aux autres personnages, ce qui a pour conséquences évidemment une sorte de dispute.
Merci d'avance.
Pourriez-vous m'aider a trouver un plan de commentaire a cet extrait (c'est le denouement du misanthrope)
j'ai trouve des elements mais je n'arrivent pas a les regrouper pour faire un plan.
Les voici:
+Alceste :
Tragedie il ne va pas se marier avec Celimene et il va s'autoexclure de la societe
On remarque que son exces se confirme :
tres violent avec Celimene et fait tout de suite des louanges a Eliante
Pouvez-vous m'aidez a faire un plan de commentaire a cet extrait ?
Merci beaucoup
+Eliante et Philinte:
Comedie : Marriage
Je sollicite votre aide concernant cet extrait :
La professeur nous a demandé de ne travailler que sur un des 2 grands axes et par binôme. Mon ami et moi avons fait le chois d'étudié la (non) conventionnalité du dénouement. Plus précisément, j'ai choisis de montrer les côtés conventionnel.
J'ai chercher tout ce que j'ai pu mais j'ai l'impression de manquer de matière. Voilà le fruit de mes recherches (sous forme de prise de note) :
Le sort des perso est fixé :
-Célimène se retire (didascalie v.1784)
-Alceste rompt définitivement (v.1783)
-Juste avant l'extrait, Arsinoë se retire, on en déduit que sont sort est fixé aussi
Le dénouement est rapide :
-Ici, 139 vers sont étudiés
Le dénouement n'admet pas d'issues possibles (pour l'extrait seul !) :
-Sort des perso fixé l'un après l'autre
-Célimène s'est retiré, Alceste a rompu, il va s'adresser à Eliante comme pour conclure => Fin.
Merci à ceux qui me viendront en aide..
Tout d'abord,la piéce Le Misanthrope reste une comédie:seulement,certains passages ont un aspect tragique,notamment cette scène. Mais attention,cet extrait n'est qu'une partie du dénouement:en effet,la pièce se termine par une fin heureuse:cela correspond bien aux caractéristiques de la comédie(Philinte et Eliante se marient:seule liaison réussie de la pièce).
Quand aux valeurs du classicisme,Molière les respecte tout en les déjouant. Je m'explique:par exemple,pour la première scène(la scène d'exposition doit présenter les personnages ainsi que l'intrigue selon les règles du théatre classique)Molière fournit bel et bien une intrigue:Alceste reproche à Philinte sa complaisance envers une tièrce personne,mais cet évènement n'a en soi guère d'importance et n'en prendra pas par la suite(on ne débat pas sur cette petite dispute tout au long de la pièce).En fait,Molère écrit une fausse intrigue:elle sert juste à présenter la différence de comportement et de caractère entre ces 2 personnages.
Enfin,pour le plan du commentaire:
I)L'aveu d'Alceste(vous pouvez faire des sous-parties comme sa faiblesse trahie,son aspect barbon...)
II)Refus de Célimène(de même:incapacité à renoncer au monde,son hésitation...)
Ce n'est qu'un exemple de plan parmi tant d'autres possibles,tout dépend de ce que vous voulez faire ressortir dans votre analyse.
Voilà,j'espère que je me suis exprimée assez clairement et que j'ai pu vous être utile! Bon courage à tous!
Je sollicite votre aide concernant cet extrait : je cherche les figure de style pour chaque personnage dans l acte V :
Merci d avance !
Et depuis que tu cherches, tu n'as rien trouvé ? Propose au moins d'abord un petit début de travail...
Ce n’est plus que la ruse, aujourd’hui, qui l’emporte,
Et les hommes devraient être faits d’autre sorte.
Cette une figure Allégorie.
Je cherche d autre.
Merci pour votre réponse