Malgré que

dans Langue française
Bonjour,
Je suis en Term et aujourd'hui j'ai repéré que mon prof de philo, dans une longue tirade
, avait employé "malgré que" dans une phrase.
Pourtant on m'a toujours dit en français, enfin dans les classes du collège et même peut être en CM que malgré ne pouvait être suivi de "que" et donc former une proposition conjonctive.
Erreur de mon prof ou dois-je lui faire mon mea culpa pour avoir douter de ses compétences linguistiques ?
Je suis en Term et aujourd'hui j'ai repéré que mon prof de philo, dans une longue tirade

Pourtant on m'a toujours dit en français, enfin dans les classes du collège et même peut être en CM que malgré ne pouvait être suivi de "que" et donc former une proposition conjonctive.
Erreur de mon prof ou dois-je lui faire mon mea culpa pour avoir douter de ses compétences linguistiques ?
Connectez-vous ou Inscrivez-vous pour répondre.
Réponses
les miracles de l'analogie....
Il existe un malgré que suivi du verbe avoir au subjonctif dans « malgré que j'en aie, qu'il en ait » et qui a pour sens « malgré mes (ses) réticences, mes (ses) hésitations. »
Tour littéraire selon le Robert.
En français traditionnel, c'est-à-dire celui de ma province profonde et endormie sur ses riches heures passées, malgré que est un barbarisme. Il faudrait lui préférer bien que, quoique...
Malgré ne devrait être suivi que d'un groupe complément nominal.
Mais depuis qu'une jeunesse insolente et éprise d'efficacité vient bouleverser son sommeil séculaire, d'étranges compromissions que certaines plumes renommées ont confirmées ont vu le jour.
Tenants nostalgiques du passé ou provocateurs de la modernité, tous ont raison dans cette affaire, bien que j'admisse de mauvais gré malgré que. C'est ce "mauvais gré" qui explique d'ailleurs la tournure exceptionnelle signalée par notre érudit webmestre. "Malgré que j'en aie" signifie en effet "bien que j'aie mauvais gré de..."
Pour tout dire, je n'aime pas le français en savates...
Malgré que se trouve déjà dans un texte du parlement de Dijon du XVIIe siècle :
" Malgré l'égalité des voix et malgré même qu'il y en ait une de moins..."
La locution conjonctive a peut-être été populaire, mais elle ne l'est plus. Grevisse cite en effet une vingtaine d'auteurs reconnus.
Par exemple, Proust :
* Jamais Noé ne put si bien voir le monde que de l'arche, malgré qu'elle fût close et qu'il fît nuit sur la terre."
Grevisse souligne que l'emploi de ces subjonctifs imparfaits montre que la locution n'est plus considérée comme populaire.
HANSE
Malgré que a été condamné avec obstination par les puristes, mais est incontestablement devenu correct.
THOMAS
Il vaut mieux éviter de se servir de cette locution et l'abandonner à la langue familière.
RIEGEL
Malgré que est parfaitement intégré au système grammatical.
PETIT ROBERT 2007
Mentionne la locution, avec le sens de bien que ; et cite Saint-Exupéry.
Dit cependant que cet emploi est critiqué.
Donc si je comprend bien mon prof n'a pas choisi la meilleure formulation pour sa phrase malgrés ses compétences en matière de grammaire.
Seulement, la réponse de Edy est nuancée. Je voudrais donc savoir si en devoir cette formulation était considérée comme mauvaise, comme une erreur.
merci pour vos réponses.
Toutefois, à propos de "malgré que", nous devrions reconsidérer notre aversion.
Grevisse, recenseur honnête des occurrences, doit nous faire changer d'avis : outre Proust, que j'ai cité, il mentionne avec des extraits Vigny, Maupassant, A. Daudet, Barrès, France, Gide, Mauriac, Cocteau, Romains, Gracq, outre une vingtaine d'autres sans textes.
Comment réagir encore quand on lit Gide (Si le grain ne meurt) :
* ... pour qui je ressentais une sympathie des plus vives, malgré qu'il eût vingt ans de plus que moi.
Amicalement,
Edy
Cela étant, tout ça a été dit.
ip.
Mais la question est de savoir si "malgré que" a des répondants de première grandeur. Et là, pardon ! nous avons de grosses pointures.
L'autorité de l'Académie n'est pas niable, mais elle n'est pas contraignante, à mon avis. Personnellement, je n'ai jamais consulté ce qu'elle avait écrit ; sauf pour des recherches pointues, Grevisse, Hanse et Le Robert m'ont toujours suffi. Je suis sûr qu'en matière de dictionnaire et de bien écrire, il n'y a pas un pour cent des consultants qui vont voir ce que l'Académie en dit.
Quels écrivains ? Les classiques de tous les siècles : ceux qui servent à l'enseignement et qui sont des modèles.
Avec des réserves. Si Céline est un grand écrivain, je n'ambitionne pas de l'imiter quant à la forme. (Ni quant au fond.)
"Toute considération grammaticale mise à part et d'un simple point de vue esthétique je trouve que malgré que cela sonne fort mal, tout simplement."
En tout cas, "malgré que " a au moins un avantage c'est d'avoir une signification, une orthographe et un emploi clairs et uniques contrairement à d'autres parasites de la langue française....
Vous ne vous demanderez pas par exemple s'il faut l'écrire en un ou 2 mots comme "quoique"....;)
D'accord et surtout pas d'accord !
Malgré que a effectivement les avantages que vous citez ; je n'y avais jamais pensé, parce que je ne l'emploie pas.
Mais nos outils grammaticaux sont des instruments, non des parasites, même si leur emploi est malaisé. On ne va tout de même pas abroger quoique et quoi que au profit de malgré que !
Cordialement vôtre,
Edy
Cordialement,
Vous avez raison de souligner le caractère excessif de mon aversion pour malgré que.
Cependant je ne regrette pas mon manque de modération.
Voilà quelques-uns de mes arguments :
- l’emploi de formules nouvelles ou fautives par les écrivains n’est pas un critère suffisant : Balzac ou Dumas, de grandes plumes, écrivaient pourtant de manière relâchée… En outre, il faudrait regarder dans les attestations, si certains emplois de malgré que n’ont pas un caractère archaïsant, marqué sociologiquement (en accord avec le contexte) ou provocateur…
- il faut donc une reprise (et une confirmation) par l’autorité des sages et l’usage courant… L’Académie française, souvent timorée et réactionnaire, a condamné le tour ; l’usage, dans les médias surtout, a repris à qui mieux mieux la tournure fautive…
- dans le cas qui nous intéresse, tous les caractères d’un emploi permis ne sont pas réunis.
- De plus, comme certaines tournures (plus que d’autres) marquent l’appartenance à un registre de langue, je ne puis que me montrer très réservé à l’égard de malgré que sous peine de provoquer des déboires pour nos jeunes lecteurs qui pourraient se sentir autorisés à son emploi alors qu’une majorité d’enseignants confirmés le réprouvent.
En somme, le principe de précaution appliquée aux belles-lettres me conduit à vouer malgré que à la concession perpétuelle.
Le Trésor de la langue française apporte des éléments complémentaires au débat. Ceux qui voudraient en savoir plus peuvent aller faire une recherche sur son site avec malgré que.
Je réitère mon message, disparu pour une fois.
Je suis d'accord avec vous ; je n'emploie pas "malgré que", sauf par inadvertance.
Les citations de grosses pointures ne sont peut-être que des manquements uniques.
Ce qui m'inquiète plus, c'est de lire dans le Riegel recommandé ici même (trois grammairiens de haut niveau) que : "Malgré que est parfaitement intégré au système grammatical."
Entrons donc en résistance...
Cordialement,
Edy
Sondusilence
Joli pseudonyme, qui me fait penser au "silence assourdissant" de Claudel, dans son Journal.
Je note que, selon vous, c'est une question de niveau de langue.
Bon travail dans vos études ! N'hésitez pas à apporter ici votre contribution : nous n'avons pas assez de grammairiens.
Bon dimanche !
Bien à vous,
Edy