Mortel sonnet de Chassignet : un exemple de poésie baroque et apologétique

Jean-Baptiste Chassignet est un Franc-Comtois qui illustre la littérature baroque en France. Redécouvert récemment, cet écrivain, élève des Jésuites, a mené à Dôle des études juridiques puis est devenu avocat fiscal. Il s’est distingué par des travaux d'histoire locale et surtout par les 434 sonnets du Mépris de la vie et consolation contre la mort (1594). Ces pièces sont caractéristiques de la sensibilité de l'époque par leur ferveur mystique mélancolique et leur violent réalisme.
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Réponses
Il me semble important tout de même de noter l'infléchissement de la poésie à partir des années 70 vers une omniprésence la mort et de sa description physique, ceci serait peut-être du et certainement à un contexte historique évident : l'abomination des guerres de religion, l'incessante reprise des conflits et des morts, le climat délétère en France à partir du massacre de Wassy.
Ceci se retrouve chez le tout jeune d'Aubigné dans son Printemps, par exemple : recueil volumineux de poésie amoureuse ou la présence physique de la mort se fait grandissante, comme dans les Stances (le recueil étant composé de 3 parties : l'hécatombe à Diane = 100 sonnets, les Stances et les Odes) :
ensuite la méditation sur la mort et la condition humaine, nous invite à évoquer un poéte huguenot, ceci unifiant le cimat poétique de cette fin de siécle : Jean de Sponde et ses sonnets sur la mort publié en 1588, à la suite de ses Stances sur la Mort (pas trés original, tout cela...) voici un exemple:
et enfin, ce poéme rapelle bien sur l'ombre splendide mais écrasante du mourrant Ronsard, nous faisant confidence de ses dernières souffrances (Derniers vers, 1584) :
voila, ma petite contribution.
Merci pour ces ajouts non négligeables et fort bienvenus.
J'ajouterai deux remarques à la lecture de ces notes éclairantes.
Chassignet s'inscrit bien dans un contexte historique troublé, celui des guerres de religion qui accumulent atrocités et dans une certaine mesure une atmosphère apocalyptique. Pourtant c'est moins en tant que participant à cette guerre civile, comme Agrippa d’Aubigné, que comme partisan de la Contre-réforme (ou Réforme catholique). En effet cette évocation crue de la mort renvoie plus aux modes de pensée apologétiques des « soldats » jésuites qu’au témoignage horrifié du combattant ou du témoin.
Je n’avais jamais remarqué combien Chassignet avait pu « imiter » Ronsard dont le 2e vers est très proche des alexandrins 3 et 4 de Mortel sonnet. Le rapprochement est troublant !
J’aime beaucoup le poème de Jean de Sponde qui mêle étroitement des thèmes bibliques et antiques : l’arche de Noé ou la nef de l’Église à la navigation d’Ulysse, les tentations mortelles… et dont les accents traduisent un effroi qui n’est pas feint.