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Agrippa d’Aubigné, Je veux peindre la France une mère affligée...

Bonsoir à tous, je suis nouveau ici et très heureux de me compter parmis vous. Je me permets dès maintenant de mettre à l'épreuve votre sens de l'entraide :P

Voilà, le travail que l'on me demande porte sur cet extrait :
"Je veux peindre la France une mère affligée,
Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée. [...]
Ni les soupirs ardents, les pitoyables cris,
Ni les pleurs réchauffés ne calment leurs esprits ;
Mais leur rage les guide et leur poison les trouble,
Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble.
Leur conflit se rallume et fait si furieux
Que d'un gauche malheur ils se crèvent les yeux.
Cette femme éplorée, en sa douleur plus forte,
Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte ;
Elle voit les mutins, tout déchirés, sanglants,
Qui, ainsi que du cœur, des mains se vont cherchant.
Quand, pressant à son sein d'une amour maternelle
Celui qui a le droit et la juste querelle,
Elle veut le sauver, l'autre, qui n'est pas las,
Viole en poursuivant, l'asile de ses bras.
Adonc se perd le lait, le suc de sa poitrine ;
Puis, aux derniers abois de sa proche ruine,
Elle dit : " Vous avez, félons, ensanglanté
Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté ;
Or, vivez de venin, sanglante géniture,
Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture !"
Je dois montrer quels registres servent ici à l'engagement du poète...Or, les registres sont un des rares trucs que je ne maitrise pas trop en français (en toute modestie :cool:)...

Pour info, je suis en 1ère ES

Merci d'avance :D

Réponses

  • Registre ou champ lexical ? car, de registres, il n'y a que trois : familier, courant ou soutenu (recherché)
    Toutefois, regarde ici
    car il y a une distinction semble-t-il entre “registres” et “niveaux” de langue (ah là là ces subdivisions !)
  • Oui voilà, c'est de ce genre de registres que je parle, comique, lyrique, ....
  • James, à partir de la liste de Magister, il me semble que tu peux trouver le (ou les) registres de ce poème
  • C'est ce que je suis en train de faire
    Merci pour le tuyau ;)
  • Bonjour ..
    la semaine dernière j'ai eu un commentaire composé à faire sur le poéme "France, mère affligée" d'Agrippa d'Aubigné ...
    Je n'ai pas eu l'impression de l'avoir trop foiré .. mais personne n'a fait les mêmes axes que moi :( .. J'ai juste envie de m'assurer de ce que j'ai fait .. en espérant que quelqu'un lira le texte comme moi je l'ai lu.. XD

    Alors voilà le texte :
    France, mère affligée…

    Je veux peindre la France une mère affligée,
    Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée.
    Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts
    Des tétins nourriciers ; puis, à force de coups
    D'ongles, de poings, de pieds, il brise le partage
    Dont nature donnait à son besson l'usage ;
    Ce voleur acharné, cet Esau malheureux,
    Fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux,
    Si que, pour arracher à son frère la vie,
    Il méprise la sienne et n'en a plus d'envie.
    Mais son Jacob, pressé d'avoir jeûné meshui,
    Ayant dompté longtemps en son cœur son ennui,
    A la fin se défend, et sa juste colère
    Rend à l'autre un combat dont le champ est la mère.
    Ni les soupirs ardents, les pitoyables cris,
    Ni les pleurs réchauffés ne calment leurs esprits ;
    Mais leur rage les guide et leur poison les trouble,
    Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble.
    Leur conflit se rallume et fait si furieux
    Que d'un gauche malheur ils se crèvent les yeux.
    Cette femme éplorée, en sa douleur plus forte,
    Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte ;
    Elle voit les mutins, tout déchirés, sanglants,
    Qui, ainsi que du cœur, des mains se vont cherchant.
    Quand, pressant à son sein d'une amour maternelle
    Celui qui a le droit et la juste querelle,
    Elle veut le sauver, l'autre, qui n'est pas las,
    Viole en poursuivant, l'asile de ses bras.
    Adonc se perd le lait, le suc de sa poitrine ;
    Puis, aux derniers abois de sa proche ruine,
    Elle dit : " Vous avez, félons, ensanglanté
    Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté ;
    Or, vivez de venin, sanglante géniture,
    Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture ! "
    Moi j'ai mis comme axes :

    I/ un récit épique
    1) Jacob et Esau
    2) un combat
    2) Champs lexical de la souffrance
    ...

    II/ une visée argumentative
    1) la dénonciation des guerres de religion
    2) les protestants, des victimes
    3) paroles rapportées de la mère
    4) la destruction ( ... voir une autodestruction )
  • TyaginTyagin Membre
    pour un plan en deux parties, cela me semble tout à fait correct. l'enchaînement des sous parties n'est pas évident, mais si tu as rédigé une belle transition...
    Donc, sauf contenu délirant, ce sont de bonnes directions d'étude!
  • Merci Tyagin ... J'espére ke ma prof va penser la même chose .. XD
  • Ton plan me semble assez déséquilibrée:il y a peut-être trop de sous-parties. Moi je te proposerai comme axes:
    1)l'image allégorique de la mère
    2)le registre épique(hyperbole, rythme du poème...)
    3)l'utilisation de figures bibliques et ce qu'ils symbolisent(la dimension symbolique du poème) + la visée argumentative
    D'ailleurs Agrippa d'Aubigné exprime son projet dès le début du poème: "je veux peindre la France une mère affligée"
    Bon courage!
  • une amie à moi à parlé du genre baroque ... o_O C'est possible ça ?
  • Tout à fait. Ce poème peut être qualifié de baroque.
  • ENSENS Membre
    Quel texte ! Sublime plus qu'il n'est beau...
    "Fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux" est tout de même osé, du point de vue musical
  • je ne vois rien de baroque .. o_O
    Si quelqu'un pouvait m'éclairer ...
  • As-tu consulté cette Fiche
    sur la littérature baroque ?
  • ah non j'avais pas vu .. Merci :)
  • Bonjour à tous :D ! Je dois faire un commentaire sur le texte "Je veux peindre la France" d'Agrippa d'Aubigné, Les tragiques, I, v. 97-130 et pour ceci j'aurais besoin d'un peu d'aide :) ! En effet, je dois trouver le plus de figures de style possibles et comme je n'en connais que très peu, un peu d'aide me ferait le plus grand bien :P ! Voici le texte en question :
    Je veux peindre la France une mère affligée,
    Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée.
    Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts
    Des tétins nourriciers ; puis, à force de coups
    D'ongles, de poings, de pieds, il brise le partage
    Dont nature donnait à son besson l'usage ;
    Ce voleur acharné, cet Esaü malheureux,
    Fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux,
    Si que, pour arracher à son frère la vie,
    Il méprise la sienne et n'en a plus d'envie.
    Mais son Jacob, pressé d'avoir jeûné meshui,
    Ayant dompté longtemps en son cœur son ennui,
    À la fin se défend, et sa juste colère
    Rend à l'autre un combat dont le champ et la mère.
    Ni les soupirs ardents, les pitoyables cris,
    Ni les pleurs réchauffés ne calment leurs esprits ;
    Mais leur rage les guide et leur poison les trouble,
    Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble.
    Leur conflit se rallume et fait si furieux
    Que d'un gauche malheur ils se crèvent les yeux.
    Cette femme éplorée, en sa douleur plus forte,
    Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte ;
    Elle voit les mutins tout déchirés, sanglants,
    Qui, ainsi que du cœur, des mains se vont cherchant.
    Quand, pressant à son sein d'une amour maternelle
    Celui qui a le droit et la juste querelle,
    Elle veut le sauver, l'autre qui n'est pas las
    Viole en poursuivant l'asile de ses bras.
    Adonc se perd le lait, le suc de sa poitrine ;
    Puis, aux derniers abois de sa proche ruine,
    Elle dit : « Vous avez, félons, ensanglanté
    Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté ;
    Or vivez de venin, sanglante géniture,
    Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture !


    Merci à tous ceux qui prendront la peine de me répondre !
  • Mon analyse du poème :

    Les vers sont en alexandrins, c'est à dire 12 syllabes.

    en minuscule : rime féminine
    en majuscule : rime masculine

    // = césure à l'hémistiche
    Je veux peindre la France une mère affligée, a rime suffisante
    Qui est, entre ses bras,// de deux enfants chargée. a
    Le plus fort, orgueilleux,// empoigne les deux bouts B rime pauvre
    Des tétins nourriciers ;// puis, à force de coups B
    D'ongles, de poings, de pieds, il brise le partage c rime suffisante
    Dont nature donnait à son besson l'usage ; c
    Ce voleur acharné,// cet Esaü malheureux, D rime pauvre
    Fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux, D
    Si que, pour arracher à son frère la vie, e rime suffisante
    Il méprise la sienne et n'en a plus d'envie. e

    Mais son Jacob, pressé d'avoir jeûné meshui, F rime suffisante
    Ayant dompté longtemps en son cœur son ennui, F
    À la fin se défend,// et sa juste colère g rime suffisante
    Rend à l'autre un combat dont le champ et la mère. g
    Ni les soupirs ardents,// les pitoyables cris, H rime suffisante
    Ni les pleurs réchauffés ne calment leurs esprits ; H
    Mais leur rage les guide et leur poison les trouble, i rime riche
    Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble. i
    Leur conflit se rallume et fait si furieux J rime suffisante
    Que d'un gauche malheur ils se crèvent les yeux. J

    Cette femme éplorée,// en sa douleur plus forte, k rime riche
    Succombe à la douleur,// mi-vivante, mi-morte ; k
    Elle voit les mutins tout déchirés, sanglants, L rime pauvre
    Qui, ainsi que du cœur,// des mains se vont cherchant. L
    Quand, pressant à son sein d'une amour maternelle m rime suffisante
    Celui qui a le droit et la juste querelle, m
    Elle veut le sauver, l'autre qui n'est pas las N rime pauvre
    Viole en poursuivant l'asile de ses bras. N
    Adonc se perd le lait,// le suc de sa poitrine ; o rime suffisante
    Puis, aux derniers abois de sa proche ruine, o
    Elle dit : « Vous avez, félons, ensanglanté P rime suffisante
    Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté ; P
    Or vivez de venin,// sanglante géniture, q rime riche
    Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture ! q

    Je pensais diviser le poème en trois parties (donnant à chacune un nom) puis les analyser une à une et ensuite dans un ensemble cependant je peine à trouver une spéaration équitable.. Je pensais peut-être à :

    1. Description des jumeaux
    2. La guerre des jumeaux
    3. La mère déchirée

    D'ailleurs pour les titres je ne sais pas si il est mieux de parler de "jumeaux" ou directement de catholicisme et protestantisme ? En tous cas si vous avez d'autres idées de séparation en trois partie et de "sous-titres" vos idées sont les bien-venues :D !

    Et si par hasard vous trouvez également des figures de style, c'est encore mieux ;)

    PS: Je précise que j'étudie en Suisse, je suis en première année du lycée :)
  • JehanJehan Modérateur
    Ton analyse de la métrique et des rimes me semble correcte, même si elle ne me semble pas mériter une exposition si détaillée, à moins qu'on ne te l'ait expressément demandé. Il ne me paraît pas primordial de signaler les hémistiches, par exemple.
    Tu peux résumer en disant que le poème est composé de trois dizains en alexandrins, avec alternance de rimes suivies masculines et de rimes suivies féminines, les rimes étant le plus souvent suffisantes ou pauvres.
  • La figure de style incontournable c'est quand même la "France" cette "mère affligée" et ses deux enfants qui comme tu l'as dit représentent le protestantisme et le catholicisme. Si tu dois commenter quelquechose c'est ça. Le reste est moins fondamental dans les figures de style.
  • Salut R. !

    Alors, j'ai moi-même travaillé sur ce texte cette année, et je n'y ai presque rien trouvé de commun entre ton analyse et la mienne.

    J'ai fait un commentaire en trois axes personnellement:

    I La personnification de la France
    - Hypotypose : « peindre » + présent de narration et de description.
    - 1ere personne singulier = artiste témoin de son temps.
    - Personnification : « mère » ; « enfants » ; « tétins nourriciers »…  Lexique maternité.
    - Figure protectrice et féconde.
    - Répétition de « deux » : même amour pour les 2 enfants  champ lexical de la douleur.
    - Anaphore : insensibilité des enfants. Allitération en « p » = gémissements de la mère.
    - Gradation de la douleur de la mère. Agonie soulignée par antithèse. La violence des enfants, par le biais d’une attitude mimétive, est reproduite par la mère qui devient vindicative.

    II La violence de la mère
    - Allégorie = ambivalente, témoin d’une France aimante et violente  opposition qui crée la dimension tragique de l’épisode.
    - « lait » et « sang » = horrible union connotée par le blanc et le rouge.
    - Prosopopée (faire parler une entité muette ou morte.). La prise de parole de la mère crée un grand effet oratoire qui donne de la force à l’imprécation finale.

    III La responsabilité de tous
    - Rassemblement de Jacob et Esaü dans la même responsabilité. Les deux frères sont responsables.
    - Effet d’attente en qualifiant le personnage biblique avant de le nommer. Périphrase péjorative. Esaü représente les catholiques, il est violent et destructeur.
    - Allitérations en « d » et en « p », ce qui connote la violence.
    - Irrespect des valeurs chrétiennes, le portrait moral d’Esaü est négatif, cela met son frère Jacob en valeur. L’auteur rend la colère de Jacob légitime.

    Ce texte rappelle les guerres de religions du 16e siècle. Malgré son soutien pour les protestants, le poète accuse et condamne les deux forces antagonistes comme l’avait fait Ronsard qui était catholique en 1562 dans Continuation des discours des misères de ce temps :

    « Je veux malgré les ans, au monde publier,
    D’une plume de fer sur un papier d’acier,
    Que ses propres enfants l’ont prise et dévêtue,
    Et jusques à la mort violemment battue. »

    J'ai eu 19 (j'ai dû relire trois fois la note pour être sûr, j'avais jamais eu cette note ^^') mais comme chaque texte, il n'y a pas UN plan particulier.
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