Hésitation avec le conditionnel dans un texte au passé

Bonjour à tous !
Je sais que dans un texte au passé, le conditionnel et le conditionnel passé sont en fait des équivalents du futur et du futur antérieur pour un texte écrit au présent.
C'est notamment visible en cas de concordance des temps :
Je sais qu'il viendra.
Je savais qu'il viendrait.
Il pense qu'il aura fini dans les temps.
Il pensait qu'il aurait fini dans les temps.
Le problème, c'est que le conditionnel est également utilisé pour aborder des sujets incertains, des éventualités, des suppositions.
Dans un texte narré au présent, toutes ces subtilités sont claires, l'usage des temps étant libre.
Mais dans un texte narré au passé, c'est là que ça se gâte dans ma tête...
Regardons l'exemple suivant écrit au présent :
Annie se trouve face à un choix difficile. Elle pourrait prendre la voie de droite, mais elle semble plus dangereuse. Celle de gauche, en revanche, est plus longue. Misère. Elle n'aurait jamais dû sortir de chez elle.
D'ailleurs, est-ce que son fiancé l'attendra vraiment là-bas ?
Si je convertis au passé, ça donne :
Annie se trouva face à un choix difficile. Elle pourrait prendre la voie de droite, mais elle semblait plus dangereuse. Celle de gauche, en revanche, était plus longue. Misère. Elle n'aurait jamais dû sortir de chez elle.
D'ailleurs, est-ce que son fiancé l'attendrait vraiment là-bas ?
Vous voyez le problème ?
Les verbe au conditionnel (dans l'exemple au présent) restent au conditionnel (dans la version écrite au passé) en gardant l'expression des possibilités et éventualités alors que dans un texte au passé, le conditionnel dans un texte au passé devrait être l'équivalent du futur dans un texte au présent (ce qui est clairement visible dans la dernière phrase).
Quel est votre avis à ce sujet ? Est-ce que c'est une utilisation normale du conditionnel ?
Merci.
Réponses
Bonjour proyoyo,
Question intéressante. Je tente une réponse... que les plus spécialistes corrigeront ;-)
Remarques préliminaires :
Ceci dit, dans votre exemple transcrit au passé, le "elle pourrait prendre" pourrait tout aussi bien, avec quelques nuances, s'exprimer par "elle aurait pu" (conditionnel passé explicite) ou "elle pouvait" (indicatif imparfait à valeur modale de conditionnel).
A mon sens, même si ce peut être pratique, il est illusoire de chercher une règle générale et infaillible de transposition des temps entre présent et passé. Il y a bien sûr de grandes lignes directrices... mais en pratique, cela reste un peu du cas par cas et souvent le choix final se fait selon les nuances qu'on veut introduire. Je ne pense pas qu'il existe de règle bijective.
Bonjour,
Merci pour votre réponse. Vous me rassurez en disant que ça dépend des nuances que l'on veut apporter. Mais paradoxalement, je me sens perdu...
J'aime quand les choses sont claires, quand les règles sont fixées, et savoir que c'est du cas par cas, ça me trouble. C'est une raison pour laquelle j'ai beaucoup de mal avec la poésie, où les règles sont plus floues.
Donc, si je comprends bien, il n'y a donc aucun problème avec la version au passé ?
Hi hi... dans ce cas-là, faites du latin ! Les concordances des temps n'y sont pas vraiment négociables ;-) [et en plus, le mode "conditionnel" n'y existe pas stricto sensu : en général, le subjonctif le remplace ;-)]
Votre version du texte mis au passé est tout à fait recevable. Surtout si on considère que la seconde phrase est au style indirect libre :
Annie se trouva face à un choix difficile. [Elle pensa qu']elle pourrait prendre la voie de droite, mais elle semblait plus dangereuse.
---> dans ce cas, vous retrouvez l'idée du futur.
Merci beaucoup ! Effectivement, je n'avais pas pensé au fait que le discours indirect libre, c'est avant tout un discours indirect.