Essai sur la doctrine du mouvement réaliste

Bonjour à toutes, tous,


Zola a développé la doctrine du mouvement naturaliste dans un ouvrage intitulé Le Roman expérimental.


Deux questions :

(1) Est-ce qu'il y a écrit similaire, mais composé par un auteur réaliste à propos de la doctrine du mouvement réaliste ?


(2) Le mouvement réaliste s'est opposé (s'est construit en opposition ?) au mouvement romantique. Est-ce qu'il y a des écrits où cette opposition a été théorisée et exposée ?


Fleuve~

Réponses

  • FleuveFleuve Membre

    @Jehan


    Merci :)

  • @Jehan a dégainé plus vite que moi. 😫

  • FleuveFleuve Membre

    Simple remarque mais on ne sent pas d'opposition particulière au romantisme dans cette préface de Pierre et Jean.

  • Le réalisme s'est-il vraiment construit en opposition, ou en réaction, au romantisme ? Les choses ne sont pas toujours aussi dialectiques. Certains naturalistes (Zola en tête) et certains réalistes (Maupassant, Flaubert,...), même l'inclassable Mirbeau, doivent beaucoup au romantisme et, surtout, au symbolisme. Je me méfie des étiquettes, ce qui n'ôte rien aux tentatives de certains auteurs de systématiser leur approche dans des textes théoriques ou de passionnantes préfaces, dont la lecture est indispensable à toute réflexion de génétique textuelle.

    On peut trouver des textes s'en prenant au romantisme, mais sans pour autant se prévaloir d'un réalisme de réaction. Je n'ai pas d'idée sur ce point précis. Des recherches bibliographiques s'imposent. Du côté des frères Goncourt, peut-être (suggestion lancée au hasard) ?

  • FleuveFleuve Membre

    Pierre et Jean, préface, Maupassant :


    Faire vrai consiste donc à donner l’illusion complète du vrai


    Quel enfantillage, d’ailleurs, de croire à la réalité puisque nous portons chacun la nôtre dans notre pensée et dans nos organes.


    Chacun de nous se fait donc simplement une illusion du monde, illusion poétique, sentimentale, joyeuse, mélancolique, sale ou lugubre suivant sa nature. Et l’écrivain n’a d’autre mission que de reproduire fidèlement cette illusion avec tous les procédés d’art qu’il a appris et dont il peut disposer.


    C'est quand même surprenant de commencer par dire "une école réaliste ou naturaliste qui a prétendu nous montrer la vérité, rien que la vérité et toute la vérité." et après de de dire qu'aucune objectivité n'est possible, et que la réalité n'est qu'une illusion. C'est pas une contestation de cette théorie réaliste, c'est carrément affirmer presque l'exact contraire.


    Ou bien alors ce n'est pas que pour être plus réaliste ? On ne peut que reconnaître un autre aspect de la réalité, celle que chaque personne est biologiquement-environnementalement différente, et que donc l'écrivain dans sa transcription de la réalité, aussi mu soit-il par un souci d'objectivité, ne pourra qu'être influencé par ses propres biais. Ne pas admettre cela, au final, reviendrait à ne pas admettre la réalité pleinement, et serait donc anti-réaliste !


    On dirait une sorte d'autobiographie fictive finalement.


    Mais le terme "illusion" me paraît un peu fort quand même. "distorsion" me paraît mieux correspondre.

  • FleuveFleuve Membre
    18 mai modifié

    @Lucid_Lynx


    Je n'ai pas d'idée sur ce point précis. Des recherches bibliographiques s'imposent. Du côté des frères Goncourt, peut-être (suggestion lancée au hasard) ?


    J'ai trouvé la préface de Germinie Lacerteux des frères Goncourt : https://fr.wikisource.org/wiki/Germinie_Lacerteux/Pr%C3%A9face_de_la_premi%C3%A8re_%C3%A9dition

    Mais ils s'en prennent aux romans "populaires" de divertissement, plutôt qu'au romantisme.


    Leur réalisme se veut scientifique :


    aujourd’hui que le Roman s’est imposé les études et les devoirs de la science, il peut en revendiquer les libertés et les franchises.


    ou encore


    Qu’il ne s’attende point à la photographie décolletée du Plaisir : l’étude qui suit est la clinique de l’Amour.


    Cet article (Castagnès, 2018) défend que c'est les "premiers réalistes" (Champfleury, Duranty, Assézat), jugés assez médiocres, et Courbet qui étaient anti-romantiques, en contraste avec les "grands réalistes" (Balzac, Flaubert, Zola, Stendhal) qui eux ne l'étaient pas, et étaient marqués par le romantisme.

    Pas de mention des Goncourt.


    Références:

    Castagnès, G. (2018). L’antiromantisme des premiers réalistes: Originalités et contradictions. Romantisme, (182), 49-59.

  • @Fleuve

    Paradoxal en effet. Mais Maupassant sait bien que l'écriture est, par définition, un miroir de la réalité, miroir propre à chacun. Comme n'importe quel art, d'une manière générale.

    L'art est mensonge (dans le bon sens du terme).

    L'écriture n'est pas la vie. Elle en est le reflet. Une doublure, en quelque sorte.

    La vie, la réalité sont le contraire de la littérature.

    Grand désespoir pour un écrivain. Voir Mallarmé qui voulait écrire LE Livre où tout s’exprimerait et s’achèverait. L'Œuvre absolue, en somme. Impossible.

    Parfois, la seule vérité de l'écrivain est le silence....  

  • FleuveFleuve Membre

    Par contre Maupassant dans sa préface oppose bien romantisme et réalisme/naturalisme.

    Donc, après les écoles littéraires qui ont voulu nous donner une vision déformée, surhumaine, poétique, attendrissante, charmante ou superbe de la vie, est venue une école réaliste ou naturaliste qui a prétendu nous montrer la vérité, rien que la vérité et toute la vérité.

    Il faut admettre avec un égal intérêt ces théories d’art si différentes et juger les œuvres qu’elles produisent, uniquement au point de vue de leur valeur artistique en acceptant a priori les idées générales d’où elles sont nées.

    (...)

    Laissons-le libre de comprendre, d’observer, de concevoir comme il lui plaira, pourvu qu’il soit artiste. Devenons poétiquement exaltés pour juger un idéaliste et prouvons-lui que son rêve est médiocre, banal, pas assez fou ou magnifique. Mais si nous jugeons un naturaliste, montrons-lui en quoi la vérité dans la vie diffère de la vérité dans son livre.

    Il est évident que des écoles si différentes ont dû employer des procédés de composition absolument opposés.

  • FleuveFleuve Membre

    Madame Bovary (1857) de Flaubert est lui-même un roman sur les dangers du romantisme

     "Flaubert, Madame Bovary, l'Éducation sentimentale et la liquidation du romantisme" (Conférence de Gérard Gengembre, Université de Nantes, Cycle littéraire de l'Université Permanente, date non connue)

    Le poète britannique romantique Walter Scott et les français Châteaubriand et Lamartine sont épinglés

    https://bonomots.wordpress.com/2019/11/24/la-critique-du-romantisme-dans-madame-bovary-de-flaubert/

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