Méthode commentaire Méthode dissertation
Montesquieu : traiter l'homme comme sensible, au lieu de le traiter comme raisonnable.
Bonjour à tous
J'ai un sujet de réflexion que je dois traiter. Pouriez-vous m'aider à y voir un peu plus clair ?
Montesquieu à écrit : Il vaut bien mieux enlever l'esprit hors de ses réflexions, et traiter l'homme comme sensible, au lieu de le traiter comme raisonnable.
Je dois réfléchir sur ce sujet et faire une dissertation à partir de roman du XVIIIe siècle jusqu'au romantisme.
Je dois bien entendu faire une problématique et annoncer un plan.
Dans mon plan puis-je faire :
En première partie : les romans au temps des lumières
En deuxième partie : les romans au temps du romantisme
Mais que dois-je traiter finalement ? Les romans OK , mais encore ? La sensibilité hors de toute réflexion au temps des lumières et du romantisme ? et faire de cette question la problématique ?
Je pense être dans l'erreur et je préfère vous demander plutôt que de faire n'importe quoi...
Merci à vous pour vos Lumières :-)
Réponses
Sujet intéressant mais complexe. Me viennent en vrac les réflexions suivantes. Excusez le désordre (idées au brouillon d'abord)
@soso587
La citation est tirée de la lettre XXXIII des Lettres persanes. Montesquieu y dénonce le pessimisme religieux et philosophique qui enferme l'homme dans le malheur de sa finitude.
Telle qu'elle est proposée, elle est sortie de son contexte pour tenter d'expliquer les évolutions romanesques au cours du XVIIIe siècle.
Attention au manichéisme, déjà au siècle des Lumières, la sensibilité est pratiquée, voir Marivaux, l'abbé Prévost, Rousseau... même chez Voltaire avec l'Ingénu.
Donc, comment aborder le sujet ? Je verrais bien la stratégie auctoriale. Le combat philosophique a pu choisir la voie de l'argumentation indirecte (roman ou conte) pour des raisons d'efficacité avec l'utilisation de plusieurs registres dominants selon les auteurs : l'ironie chez Voltaire, le pittoresque exotique chez Montesquieu ou Diderot, le réalisme aussi chez ce dernier... Ne pas oublier que les philosophes ont d'abord voulu transmettre par l'argumentation directe, essai, discours... et que le recours au récit est une concession à la faiblesse d'esprit du lectorat. Voir Voltaire qui écrivait dans une lettre à Moultou, le 5 janvier 1763 : "il faut être très court, un peu salé, sans quoi les ministres et madame de Pompadour, les commis et les femmes de chambre, font des papillotes du livre".
La sécheresse rebutante du rationalisme a conduit les lecteurs à rechercher des récits larmoyants. De même, l'orientalisme, à la suite de Galland, a mis à la mode le roman licencieux.
Il faut comprendre la sensibilité comme recouvrant plusieurs domaines, en tout cas opposés à la raison. : sentimental:
Le roman du XVIIIe siècle est très varié : sentimental avec Prévost, Rousseau, Bernardin de Saint Pierre, roman de mœurs avec Lesage (aspect picaresque), Marivaux, Laclos, Restif de la Bretonne. Ne pas oublier les inclassables Sade et le Diderot de Jacques le fataliste et du Neveu de Rameau.
@Jean-Luc: bien d'accord
Mais @soso587 : en quelle classe es-tu ?
De même, l'orientalisme, à la suite de Galland, a mis à la mode le roman licencieux.
Mais Galland lui-même à ôté des Mille et Une Nuits ce qu'il y avait de licencieux dans l'original. Le récit français donne dans la galanterie, certes, mais pas dans la licence.
@lamaneur
Bien d'accord, Galland n'a pas directement conduit au roman licencieux, il a ouvert la voie en mettant au goût du jour l'orient et ses fantasmes.
Bonjour
Merci à tous pour vos commentaires. Cela m'est précieux.
Donc il faut traiter l'évolution de la sensibilité dans les romans comiques, picaresques, dramatiques c'est bien ça ? Pendant la période des Lumières et pendant la période du romantisme ?
Faut-il distinguer le raisonnable du sensible ? ou bien faut-il vraiment se focaliser sur le sensible et non sur le raisonnable ?
@soso587
Il me semble que ce sujet t'invite à réfléchir sur le succès grandissant du genre du récit à partir du XVIIIe siècle. En effet, les formes nobles sont le théâtre, la poésie et les œuvres didactiques. Voltaire, par exemple, voulait réussir par la tragédie, or, aujourd'hui, ce sont ses contes que l'on retient. La question est donc pourquoi ces auteurs ont choisi l'argumentation indirecte.
La tradition du placere, docere, (plaire pour instruire) les a conduits à privilégier les formes du récit pour toucher un plus vaste public. Les récits codés leur ont permis de contourner la censure. Le goût du public, les évolutions de la mode, leur désir de vivre de leur plume, toutes ces causes ont propulsé les formes du récit.
Dans ce succès grandissant, on constate le déclin du raisonnable au profit du sensible. J'établirais l'égalité raisonnable = intellectuel, et sensible = concret. Tu pourrais alors vérifier si la citation de Montesquieu (quand même détournée de son sens premier) est plutôt vérifiée.
Bonsoir Jean-Luc
Aaaa je commence à comprendre. En fait c'est l'évolution des genres littéraires de la période des lumières à la période du romantisme, dont les récits ont un but différent pour les lecteurs. Les mêmes lecteurs qui recherchent finalement autre chose, d'où l'évolution du genre littéraire ?
Oui, je reformulerai cela comme suit : sous la pression du lectorat (goût, mode) et dans leur désir d'être rémunérés, les auteurs sont amenés à choisir le récit et à modifier leur stratégie d'écriture (passer du raisonnable au sensible).
Pour le romantisme, il s'agit de surmonter les épreuves de la Révolution.
"Pour le romantisme, il s'agit de surmonter les épreuves de la Révolution."
La plupart n'étaient pas nés.. On connaît la nostalgie des poètes / écrivains du 19e pour cette période.
Quel sens donnes-tu à "surmonter " ?
Les écrivains sont nostalgiques de l'épopée napoléonienne, pas de la Révolution.
La Révolution a profondément perturbé la société par son rigorisme, son fanatisme (pensons à l'émigration, aux guerres dans l'Ouest, aux exécutions...). Les générations suivantes ont voulu oublier, se distraire au sens pascalien, se sont méfiées des mouvements de foule, de la politique, pour se réfugier dans l'individualisme et la quête d'un bonheur impossible. (Mettons Hugo à part).
Bon, nous sommes bien d'accord.
Bonsoir
Merci pour vos explications.
J'ai bien compris le sens du sujet désormais :-)
Bonne soirée à tous !