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Comment les auteurs reprennent le topos de la première rencontre amoureuse pour proposer une... ?

Bonjour, avec 3 extrait je dois répondre à cette problématique sous forme de synthèse.
Ces 3 extraits sont :
- Aurélien, Louis Aragon - Incipit
- L'écume des jours, Boris Vian
- Les Cerfs-volants, Romain Gary
La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. Elle lui déplut, enfin. Il n’aima
pas comment elle était habillée. Une étoffe qu’il n’aurait pas choisie. Il avait des idées sur les étoffes.
Une étoffe qu’il avait vue sur plusieurs femmes. Cela lui fit mal augurer de celle-ci qui portait un nom de
princesse d’Orient sans avoir l’air de se considérer dans l’obligation d’avoir du goût. Ses cheveux étaient
ternes ce jour-là, mal tenus. Les cheveux coupés, ça demande des soins constants. Aurélien n’aurait pas pu
dire si elle était blonde ou brune. Il l’avait mal regardée. Il lui en demeurait une impression vague,
générale, d’ennui et d’irritation. Il se demanda même pourquoi. C’était disproportionné. Plutôt petite,
pâle, je crois… Qu’elle se fût appelée Jeanne ou Marie, il n’y aurait pas repensé, après coup. Mais Bérénice.
Drôle de superstition. Voilà bien ce qui l’irritait. Il y avait un vers de Racine que ça lui remettait dans
la tête, un vers qui l’avait hanté pendant la guerre, dans les tranchées, et plus tard démobilisé. Un vers
qu’il ne trouvait même pas un beau vers, ou enfin dont la beauté lui semblait douteuse, inexplicable, mais
qui l’avait obsédé, qui l’obsédait encore :
Je demeurai longtemps errant dans Césarée…
En général, les vers, lui… Mais celui-ci lui revenait et revenait. Pourquoi ? c’est ce qu’il ne
s’expliquait pas. Tout à fait indépendamment de l’histoire de Bérénice… l’autre, la vraie… D’ailleurs il ne
se rappelait que dans ses grandes lignes cette romance, cette scie. Brune alors, la Bérénice de la tragédie.
Césarée, c’est du côté d’Antioche, de Beyrouth. Territoire sous mandat. Assez moricaude, même, des bracelets
en veux-tu en voilà, et des tas de chichis, de voiles. Césarée… un beau nom pour une ville. Ou pour une femme.
Un beau nom en tout cas. Césarée… Je demeurai longtemps… je deviens gâteux. Impossible de se souvenir :
comment s’appelait-il, le type qui disait ça, une espèce de grand bougre ravagé, mélancolique, flemmard,
avec des yeux de charbon, la malaria… qui avait attendu pour se déclarer que Bérénice fût sur le point de
se mettre en ménage, à Rome, avec un bellâtre potelé, ayant l’air d’un marchand de tissus qui fait l’article,
à la manière dont il portait la toge. Tite. Sans rire. Tite.
Je demeurai longtemps errant dans Césarée…
Voici pour Louis Aragon,
– Oui, dit Isis. Venez, je vous présente…
La moyenne des filles était présentable. L’une d’elles
portait une robe en lainage vert amande, avec de gros boutons en céramique dorée, et, dans le dos, un empiècement
de forme particulière.
– Présentez-moi surtout à celle-là, dit Colin.
Isis le secoua pour le faire tenir tranquille.
– Voulez-vous être sage, à la fin ?
Il en guettait déjà une autre et tirait sur la main de sa
conductrice.
– C’est Colin, dit Isis. Colin je vous présente Chloé.
Colin avala sa salive. Sa bouche lui faisait comme du
gratouillis de beignets brûlés.
– Bonjour ! dit Chloé…
– Bonj… êtes-vous arrangée par Duke Ellington ?
demanda Colin… Et puis il s’enfuit, parce qu’il avait la
conviction d’avoir dit une stupidité.
[…]
Alise lui barrait la route.
– Alors, vous vous en allez sans avoir dansé une seule
petite fois avec moi ? dit-elle.
– Excusez-moi, dit Colin, mais je viens d’être idiot et ça
me gêne de rester.– Oui, dit Isis. Venez, je vous présente…
La moyenne des filles était présentable. L’une d’elles portait une robe en lainage vert amande,
avec de gros boutons en céramique dorée, et, dans le dos, un empiècement de forme particulière.
– Présentez-moi surtout à celle-là, dit Colin. Isis le secoua pour le faire tenir tranquille.
– Voulez-vous être sage, à la fin ?
Il en guettait déjà une autre et tirait sur la main de sa conductrice.
– C’est Colin, dit Isis. Colin je vous présente Chloé.
Colin avala sa salive. Sa bouche lui faisait comme du gratouillis de beignets brûlés.
– Bonjour ! dit Chloé…
– Bonj… êtes-vous arrangée par Duke Ellington ? demanda Colin… Et puis il s’enfuit, parce qu’il avait la
conviction d’avoir dit une stupidité.
Alise lui barrait la route.
– Alors, vous vous en allez sans avoir dansé une seule petite fois avec moi ? dit-elle.
– Excusez-moi, dit Colin, mais je viens d’être idiot et ça me gêne de rester.
Voici pour Boris Vian,
– Oui, dit Isis. Venez, je vous présente…
La moyenne des filles était présentable. L’une d’elles
portait une robe en lainage vert amande, avec de gros boutons en céramique dorée, et, dans le dos, un empiècement
de forme particulière.
– Présentez-moi surtout à celle-là, dit Colin.
Isis le secoua pour le faire tenir tranquille.
– Voulez-vous être sage, à la fin ?
Il en guettait déjà une autre et tirait sur la main de sa
conductrice.
– C’est Colin, dit Isis. Colin je vous présente Chloé.
Colin avala sa salive. Sa bouche lui faisait comme du
gratouillis de beignets brûlés.
– Bonjour ! dit Chloé…
– Bonj… êtes-vous arrangée par Duke Ellington ?
demanda Colin… Et puis il s’enfuit, parce qu’il avait la
conviction d’avoir dit une stupidité.
[…]
Alise lui barrait la route.
– Alors, vous vous en allez sans avoir dansé une seule
petite fois avec moi ? dit-elle.
– Excusez-moi, dit Colin, mais je viens d’être idiot et ça
me gêne de rester.
– Oui, dit Isis. Venez, je vous présente…
La moyenne des filles était présentable. L’une d’elles
portait une robe en lainage vert amande, avec de gros boutons en céramique dorée, et, dans le dos, un empiècement
de forme particulière.
– Présentez-moi surtout à celle-là, dit Colin.
Isis le secoua pour le faire tenir tranquille.
– Voulez-vous être sage, à la fin ?
Il en guettait déjà une autre et tirait sur la main de sa
conductrice.
– C’est Colin, dit Isis. Colin je vous présente Chloé.
Colin avala sa salive. Sa bouche lui faisait comme du
gratouillis de beignets brûlés.
– Bonjour ! dit Chloé…
– Bonj… êtes-vous arrangée par Duke Ellington ?
demanda Colin… Et puis il s’enfuit, parce qu’il avait la
conviction d’avoir dit une stupidité.
[…]
Alise lui barrait la route.
– Alors, vous vous en allez sans avoir dansé une seule
petite fois avec moi ? dit-elle.
– Excusez-moi, dit Colin, mais je viens d’être idiot et ça
me gêne de rester.
Et voici pour Romain Gary.
La problématique étant : Comment les auteurs reprennent le topos de la première rencontre amoureuse pour proposer une vision décalée de leur personnage ?
Pour avoir plus de précision, l'intitulé du devoir est "Le personnage de roman, esthétique et valeur". J'ai déjà regardé les textes, mais je ne trouve pas d'idée qui ressorte vraiment.
Pouvez vous me donner un petit coup de main? (je ne demande pas de travail tout fait bien sûr juste une petite aide et explication) J'ai déjà regardé un petit peu regardé, mais je ne trouve pas d'idée qui ressorte vraiment,
Merci par avance,
Louiw
Réponses
Bonjour,
Pour te mettre en route, considère que le topos (cliché) de la rencontre amoureuse contient certains aspects habituels. Sur le fond, c'est le coup de foudre au premier regard, l'éblouissement, l'obnubilation...
Regarde donc si les textes qu'on te soumet ne présentent pas des écarts significatifs par rapport à ce modèle traditionnel.
Par exemple, Aragon en prend le contrepied : "La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. Elle lui déplut..."
Bonjour,
Tu as copié le texte de Boris Vian deux fois…
Cele étant, le thème de la rencontre amoureuse est un classique de la littérature. On te donne ici des extraits un peu plus originaux que ceux que l’on retrouve d’ordinaire dans des groupements de textes (Frédéric Moreau et Madame Arnoux (Ce fut comme une apparition.), Julie de Warens et Saint-Preux, Manon Lescaut et Des Grieux…, Madame de Rênal et Julien Sorel) et qui relatent d’authentiques coups de foudre.
Les textes mis à l’écran sont moins conventionnels. Moins romantiques. Que ce soit chez Louis Aragon ou Boris Vian, les personnages n’ont rien d’amoureux transis éblouis par leur belle (laide, d’ailleurs pour Aurélien), ou paralysés par la stupeur d’une rencontre extraordinaire.
Tu pourrais tout d’abord t’interroger sur cet aspect inhabituel qui nous est donné des personnages.
Bonjour, merci pour vos réponses !
Que suis-je étourdi, je vous mets le texte de Romain Gary juste ici
À la mi-juin, alors que m’étant gavé et assoupi, j’ouvris
les yeux, je vis devant moi une fillette très blonde sous un
grand chapeau de paille, qui me regardait sévèrement. Il
y avait de l’ombre et du soleil sous les branches et il me
semble aujourd’hui encore, après tant d’années, que ce jeu
de clair-obscur n’a jamais cessé autour de Lila et qu’en cet
instant d’émotion, dont je ne comprenais alors ni la raison ni
la nature, je fus, en quelque sorte, prévenu. Instinctivement,
sous l’effet de je ne sais quelle force ou faiblesse intérieure, je
fis un geste dont je fus bien loin de pressentir alors le caractère définitif et irrévocable : je tendis une poignée de fraises
à cette blonde et sévère apparition. Je ne m’en tirai pas à si
bon compte. La fillette vint s’asseoir à côté de moi et, sans
prêter la moindre attention à mon offrande, s’empara du
panier tout entier. Les rôles furent ainsi distribués à tout
jamais. Lorsqu’il ne resta au fond du panier que quelques
fraises, elle me le rendit et m’informa non sans reproche :
– C’est meilleur avec du sucre.
Il n’y avait qu’une seule chose à faire et je n’hésitai pas.
Me levant d’un bond, je fonçai les poings au corps à travers
bois et champs jusqu’à la Motte, me précipitai dans la cuisine comme un boulet de canon, m’emparai d’un carton de
sucre en poudre sur l’étagère et refis à la même vitesse le chemin en sens inverse. Elle était là, assise dans l’herbe, le
chapeau posé à côté d’elle, contemplant une bête à bon Dieu
sur le revers de sa main. Je lui tendis le sucre.
– Je n’en veux plus. Mais tu es gentil.
– On laissera le sucre ici et on reviendra demain, dis-je,
avec l’inspiration du désespoir.
– Peut-être. Tu t’appelles comment ?
– Ludo. Et toi ?
La bête à bon Dieu s’envola.
– On ne se connaît pas encore assez. Je te dirai peut-être
mon nom un jour. Je suis assez mystérieuse, tu sais. Tu ne
me reverras sans doute plus jamais. Que font tes parents ?
– Je n’ai pas de parents. Je vis chez mon oncle.
– Qu’est-ce qu’il fait ?
Je sentais confusément que « facteur rural » n’était pas
ce qu’il fallait.
– Il est maître des cerfs-volants, dis-je.
Elle parut favorablement impressionnée.
– Qu’est-ce que ça veut dire ?
– C’est comme un grand capitaine, mais dans le ciel.
Elle réfléchit encore un moment, puis se leva.
– Je reviendrai peut-être demain, dit-elle. Je ne sais pas.
Je suis très imprévisible. Quel âge as-tu ?
– Je vais avoir bientôt dix ans.
– Oh, tu es beaucoup trop jeune pour moi. J’ai onze ans
et demi. Mais j’aime bien les fraises des bois. Attends-moi
ici demain à la même heure. Je vais revenir, si je n’ai rien de
plus amusant à faire.
Elle me quitta, après m’avoir jeté un dernier regard
sévère.
Je dus bien cueillir trois kilos de fraises le lendemain.
Toutes les quelques minutes, je courais voir si elle était
là. Elle ne vint pas, ce jour-là. Ni le lendemain, ni le
surlendemain.
Romain Gary, Les Cerfs-volants, © Éditions Gallimard, 1980
J'ai donc lu ce texte et j'en déduis que pour celui-ci, nous assistons plutôt à une rencontre ou l'homme (petit garçon en l'occurrence) se fait "esclave" de la femme (petite fille ici), ce qui constitue encore une rencontre décalée, plus le fait qu'elle lui dise de revenir le lendemain, et qu'elle ne vint pas le lendemain ni le surlendemain. Il peut donc parraitre évident qu'ici, Romain Gary établit la critique du pouvoir sentimental qu'ont les femmes sur les hommes
J'ai donc plusieurs pistes pour commencer ma rédaction. Si autre chose vous semble important pour comprendre et pour la rédaction de mon devoir, merci de m'en faire part,
Louiw