Grammaire du français

Pléonasme ou redondance ?

Bonsoir à tous !
Tout est dit dans l'intitulé du sujet en fait : je m'interrogeais sur la différence entre la redondance et le pléonasme. Je ne parviens personnellement pas à différencier ces deux figures de style.
Des exemples, si vous en avez, seraient les bienvenus !
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Réponses

  • Jean-LucJean-Luc Modérateur
    Bonsoir Rosette,

    Deux notions voisines, présentées parfois comme synonymes. A tort selon moi.

    redondance
    nom féminin
    (latin redundantia)
    Abondance excessive et non justifiée de termes dans le discours.
    Caractère d'un énoncé qui réitère, sous plusieurs formes différentes, un même trait signifiant.
    Terme redondant, redite.

    pléonasme
    nom masculin
    (bas latin pleonasmus, du grec pleonasmos, excès)
    Répétition dans un même énoncé de mots ayant le même sens, soit par maladresse (par exemple descendre en bas), soit dans une intention stylistique (par exemple : Je l'ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux, vu [Molière]).
    Dans le pléonasme il y a similitude, aucune information supplémentaire n'est apportée.
    Dans la redondance, il y a un ajout nuancé.
    "Il était seul, orphelin". Il y a bien la même idée de solitude dans les deux mots, pourtant le second ajoute une nuance affective, une progression dans le malheur.
  • webmestrewebmestre Administrateur
    Bonsoir,

    Je vous donne les définitions tirées du Lexique des termes littéraires (sous la dir. de M. Jarrety) :
    REDONDANCE : Surabondance de mots, de figures, d’ornements dans le style, allant jusqu’à l'excès [...].
    PLÉONASME : (n. m., du grec pléonadzeïn, « être surabondant »). Figure où le sens se répète inutilement dans plusieurs termes. [...] En matière de style, le pléonasme est une manière de surenchère ou d'insistance.
    Fontanier, dans Les Figures du discours, définit ainsi le pléonasme :
    « [...] C'est une figure par laquelle on ajoute à l'expression de la pensée, pour en augmenter la clarté ou l'énergie, des mots d'ailleurs inutiles pour l'intégrité grammaticale.
    Tous les jours nous entendons dire, ou nous disons nous-mêmes : Je l'ai vu de mes yeux, des mes propres yeux [...].
    Sans doute le pléonasme appartient-il à ce que l'on appelle redondance.

    Voyez aussi https://www.cnrtl.fr/lexicographie/redondance et
    https://www.cnrtl.fr/definition/pl%C3%A9onasme.

    Je n'ai pas d'exemples à portée de main dans l'immédiat.

    Bonne soirée.
  • Je me posais exactement la même question et je trouve la première réponse apportée incroyablement claire et précise ! J'ai tout compris lol Merci à vous ! ;o)

    Mathilde.
  • "Je suis nostalgique de mon passé" est - il un pléonasme selon vous ?
    Nostalgique signifie je crois en grec : "mal du pays"...

    Merci !
  • Non, pas dans le sens B ici.
  • Bonsoir à tous et à toutes !

    L'expression "tourner en rond" est-elle pléonastique ? ;)
  • JehanJehan Modérateur
    Bonsoir, Jérémy. =)

    On peut avoir cette impression, mais ce n'est pas si sûr...
    Après tout, on peut aussi tourner à angle droit !
    Le rajout de "en rond" peut donc permettre à l'occasion de différencier le sens de "prendre un virage"
    de celui d' "être en rotation".

    Et puis, ce presque pléonasme a aussi une valeur d'insistance expressive :
    il exprime justement une répétition des tours.
    Et tourner en rond, au figuré, c'est aussi ne pas progresser,
    revenir sans cesse au point de départ... en parlant d'une discussion, par exemple.
  • Bonsoir Jérémy et Jehan,

    Je ne le pense pas, moi non plus.

    Muriel
  • Jérémy a écrit:
    "Je suis nostalgique de mon passé" est - il un pléonasme selon vous ?
    Nostalgique signifie je crois en grec : "mal du pays"...

    Merci !
    Plus précisément, mal du retour. Dans l'idée de nostalgie, originellement, le mal vient de ce qu'on arrive pas à retourner. Cela implique aussi une idée de temps. La notion de regret, qui revient souvent dans l'article de dictionnaire cité, implique aussi un objet passé. On ne peut pas regretter ce qu'on a encore. Comme la nostalgie porte presque nécessairement sur du passé, sans parler de pléonasme, on peut parler de précision inutile, ou du moins de précision insuffisamment précise.
  • Merci à vous, comme toujours. ;)
  • Sous la Révolution, au moment de la "Patrie en danger", on avait supprimé les permissions à l'exception d'un seul motif: on accordait une permission au soldat frappé de nostalgie.
  • Curieux !

    Qu'avait-on dit sur le "revenir en arrière" ?
  • le pléonasme ce n'est dire doubler ou tripler une idée dans une même expréssion.

    faire montrer, descendre en bas, il la regardait les yeux ouvert,

    peut-être drôle en revelant une évidence ou en réexprimant une propriété notoire de quelques choses, une blonde délurée, un sabotier malchaussé, un politicien verreux, un chat carnivore, une amanite phalloides vénéneusement mortelle, une etoile brillante, un oiseaux tout fait de plume d'un bec et bipède!

    redondance: une sorte d'effet larsen idéel, ou la répétition de la même idée, pour exprimer une intuition identique, ou bien un fait de conscience plus que semblable, a l'aide de reflexion indifférenciable. ou bien encore le vas et viens de noumène jumélaire, et bien sur le tout par redondance psychique.

    autre cas pathologique, les lapalissades.
    trentes minutes avant sa mort, mon bon, il était encore vivant, cela le tua il me semble de n'en avoir rien su.
  • JehanJehan Modérateur
    Bonsoir, Tomahawk... euh, Tokamac.

    Jérémy ne demande pas ici de définir ce qu'est un pléonasme.
    Il se demande simplement si l'expression "revenir en arrière" en est un.

    Ah, ça nous en met plein les mirettes, ton "effet Larsen idéel", ton "vas (z' ?) et vient de noumène jumélaire" (on dit "gémellaire", d'ailleurs), et autre "redondance psychique", le tout assorti d'improbables exemples plus douteux que "drôles".
    Mais n'aurais-tu pas oublié de signaler aussi la réduplication noétique superfétatoire assortie de la reproduction scissipare du sémantisme ? Tu baisses un peu, je trouve...

    Pour répondre à Jérémy, je ne pense pas que "revenir en arrière" sont un véritable pléonasme. Il y a tellement d'autres endroits où l'on peut revenir... Tout dépend où l'on était avant.
    On peut aussi revenir en haut, ou vers la gauche, ou même à l'avant !
  • Bonjour !

    Selon vous "petit détail" est il un pléonasme ?
  • JehanJehan Modérateur
    Bonsoir.

    Certes, le TLF indique bien qu'un détail est un "petit élément" d'un ensemble.
    Ce qui ne l'empêche pas d'évoquer dans les syntagmes : "un détail important".
    Et le Robert cite les syntagmes : Petit détail, détail sans importance, détail insignifiant.
    Tout ceci incite à conclure que tous les détails ne sont pas forcément "petits" ou "insignifiants".

    De toute manière, "un petit détail", "simple petit détail" s'emploient souvent par antiphrase, pour souligner au contraire combien l'élément considéré est en fait important et décisif.
  • Jehan, vous êtes royal ! Merci !
  • Bonjour !

    J'ai une question à vous poser.

    J'ai trouvé dans un article la phrase suivante ; il y a deux 'faire's.
    "De quoi faire faire bondir les familles qui se lâchent sur le site de l'entreprise et appellent au boycott !"

    Pour simplifier et préciser ma question, je voudrais reformuler comme suivant :
    1) La dangerosité de ce jouet fait bondir les parents.
    2) La dangerosité de ce jouet fait faire bondir les parents.

    De ces deux phrases, laquelle est correcte ?
    Ayant deux 'faire' causatifs, la deuxième phrase n'est-elle pas fautive ?

    Merci, d'avance.
  • Bonjour,

    Je peux t'en suggérer une explication. Voici le paragraphe de l'article du Figaro qui contient cette phrase-là :
    A l'écouter s'adresser à un enfant qui la prend dans ses bras, on croit effectivement entendre les mots crazy bitch (espèce de salope) dans son babillage. De quoi faire faire bondir les familles qui se lâchent sur le site de l'entreprise et appellent au boycott !

    Le TLF (faire, II, A, 4) nous donne la construction Avoir de quoi faire : Avoir des moyens. Dès qu'ils [ces braves ouvriers] avaient de quoi faire le dimanche et le lundi, et vivre au courant tant bien que mal, ils étaient contents (Sue, Mystères de Paris). La définition de quoi (III, E, 1) est pareille : De quoi + inf. Ce qu'il faut, ce qui est nécessaire pour + inf. A-t-il de quoi vivre? J'ai de quoi rêver, de quoi m'émouvoir. Prenons donc de quoi faire pour un substantif.

    Une phrase exclamative peut avoir un sujet et un verbe à l'infinitif. En voici une, recueillie par Grevisse :
    Ô tourment ! doña Sol souffrir, et moi le voir ! (Hugo, Hernani, V, 6)

    Si on remplace « de quoi faire » avec un substantif équivalent, des moyens, ou mieux, ce comportement offensif, on obtiendra « Ce comportement offensif faire bondir les familles qui se lâchent ... ».
  • Bonsoir,

    J'aimerais savoir qu'elle est la différence entre un pléonasme et une Lapalissade,
    puisque, par exemple, la phrase "Un quart d'heure avant sa mort, il était toujours en vie",
    qui est considéré comme une Lapalissade, et également un pléonasme, non ?
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