Les tout premiers

dans Langue française
Bonjour,
quelqu'un peut-il me dire s'il faut écrire tous ou tout dans l'expression "les tout (tous) premiers journaux datent..."
Merci
Isabelle
quelqu'un peut-il me dire s'il faut écrire tous ou tout dans l'expression "les tout (tous) premiers journaux datent..."
Merci
Isabelle
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Réponses
Dans cette expression tout est adverbe au sens de "éminemment". Il reste donc invariable.
Attention : Tout est invariable, sauf quand il est placé devant un adjectif féminin commençant par une consonne ou un h aspiré : il est tout ébahi, ils sont tout premiers ; elle est tout ébahie mais elle est toute première, elles sont toutes premières.
A bientôt...
Isabelle
Je ne connais rien à la grammaire (adjectifs, adverbes, pronoms, etc. c'est du chinois).
Existe-t-il une méthode simple pour savoir quand je dois écire "tout" ou "tous" ?
Merci.
"Tout" peut être pronom (il remplace un sujet) : tout va bien - tous sont partis. Il s'accorde aussi.
"Tout" peut être adverbe ayant le sens de complètement : j'ai trouvé les quartiers tout propres. Il reste invariable.
Il faut surtout faire attention aux mots qui suivent "tout".
Comme il a déjà été dit, l’adverbe TOUT (= entièrement) s’accorde parfois.
En principe, l'adverbe est invariable.
* Ce n'est pas parce qu'on est amoureux d'une fossette qu'on doit épouser la femme TOUT entière.
Mais, par euphonie, tout s'accorde comme un adjectif, lorsqu'il précède un adjectif féminin qui commence par une consonne ou un h aspiré.
* Elles sont toutes seules / toutes honteuses.
* Elles sont tout ébahies / tout heureuses.
* Monsieur le Juge, j'ai une toute petite affaire, et il n'y a que deux témoins à décharge. (Un avocat)
Avec un déterminant, il peut aussi être un nom : le tout, les touts.
* Le chagrin, c'est comme le ver solitaire : le tout (= l’important), c'est de le faire sortir. (Pagnol)
Je suis nouvelle sur le forum, et j'ai moi aussi une question sur ce "tout". Il s'agit d'un "tout" employé par d'Anatole France dans Jocaste et le Chat maigre, et dont je cite ci-après le contexte :
« ...Ah ! dame ! la vie n'est pas tout roses, et il faut savoir faire des sacrifices. Eh bien ma filette, mon rêve est de te les épargner, à toi, les sacrifices... »
Il semble bien que tout est ici un adverbe mais un adverbe peut-il modifier un substantif ? Si oui, reste-il toujours invariable dans ces cas ?
Merci de vos lumières
Il s’agit ici de Tout renforçant un nom épithète ou attribut.
En principe il reste invariable dans un certain nombre de locutions figées : elles sont tout feu, tout flamme ; une assistance tout yeux, tout oreilles ; dans la locution de la langue commerciale tout (+ nom d'une matière) : une robe tout laine en coton
En dehors de ces expressions, l'usage est hésitant et l'on rencontre tantôt l'accord (« Maman était toute indulgence » R. Martin du Gard ), tantôt l'invariabilité, même devant un nom féminin commençant par une consonne ou un h aspiré : l’exemple que tu cites.
Les grammairiens actuels recommandent de suivre la règle de tout adverbe devant un adjectif : elle est tout abandon et toute spontanéité, alors qu’il se montre tout ironie et toute préméditation.
Excusez-moi pour cette petite dérive de ma part !
Nous allons disséquer les ailes des mouches.
D'abord notons que le français est une langue qui préfère l'abstraction au concret (recherché par ex. par nos amis anglo-saxons).
"Maman est tout indulgente" me paraît une phrase descriptive. Dans les circonstances du récit, Maman se montre indulgente au plus haut point.
"Maman est tout indulgence" serait plutôt une assertion dégagée de ses aspects temporels. Maman est un modèle d'indulgence, Maman se confond avec l'indulgence, Maman est l'indulgence même.
Tout se passe comme si on allait du présent d'énonciation au présent de vérité générale... On passe de la contingence à la permanence...
Vous avez piqué ma curiosité, et je suis allé voir ce que l’on dit de TOUT adverbe suivi d’un NOM. Je vous en fais un résumé, pour que ma recherche vous soit également profitable.
1 DEVANT UN NOM AU SINGULIER
L’usage est indécis ; trois solutions sont envisageables, mais Hanse conseille la troisième.
a) INVARIABILITE
* Lui-même était tout réticence. (Julien Green)
* J’étais tout passivité. (Henri Bosco)
(Alors qu’il s’agit de noms féminins commençant par une consonne.)
b) ACCORD AVEC LE NOM QUI SUIT
* Madame Peloux était toute âme. (Colette) (Accord favorisé par le genre du sujet.)
c) ACCORD AVEC LE NOM QUI SUIT, COMME S’IL ETAIT UN ADJECTIF ; donc accord seulement si le nom est féminin et commence par une consonne ou un h aspiré.
* Vous êtes toute musique. (Maurice Bedel)
* Il est toute sagesse. Elle est toute passion. Ils sont toute générosité.
A contrario :
* Elle est tout silence. (Gilbert Cesbron)(Nom masculin)
* Une jeune vie humaine, tout ignorance et tout audace. (Georges Bernanos)(Noms féminins commençant par une voyelle)
En combinant :
* Elle est tout cœur (masculin) et toute passion (féminin commençant par une consonne).
Remarques
Parfois, accord avec le sujet :
* Une chienne qui était elle-même toute feu caché et secrets. (Colette)
Invariabilité devant un nom propre de personne :
* Ça, c’est tout Suzanne !
2 DEVANT UN NOM AU PLURIEL
Généralement, invariabilité :
* Les mouches, tout nerfs et tout ailes, faisaient vibrer l’air. (Henri Bosco)
* C’est tout plumes ornementales. (Henri Bosco) (Alors que le nom est féminin et commence par une consonne.)
* Elle, en poupée de luxe, tout volants et dentelles.
Mais invariabilité certaine dans des expressions : une étoffe tout laine ; un foulard tout soie ; être tout yeux, tout oreilles ; être tout feu, tout flamme.
3 DEVANT UN COMPLEMENT PREPOSITIONNEL
Le plus souvent, tout est traité comme un adjectif :
* Il y en avait une, très blonde, toute en noir. (Jean d’Ormesson)
Hanse donne quinze autres exemples dans le même sens.
Mais il cite aussi :
* Elle était tout en noir. (François Mallet-Joris)
* Elle était tout en larmes. (Académie)
Il attire notre attention sur l’équivoque du pluriel :
* Elles étaient toutes en noir. (Les unes et les autres)
* Elles étaient tout en noir. (Complètement)
Avec un peu de retard dû au décalage horaire entre nos deux pays, je viens vous remercier pour ce résumé plus que précieux.
Votre langue est vraiment toute compliquée, j'en apprends tous les jours. Encore une fois, merci de tout cœur pour toutes vos précisions !
Bonne journée à vous
- Elles sont toutes à leurs projets .....Est ce correct?! je mettrais plutôt tout adverbe = entièrement, tout à fait
- Elle descend à toute allure.....Est ce correct?!
merci beaucoup d'avance!
Pour ne pas confondre tout adverbe et tout qualificatif, la bonne méthode est comme tu l'écris de mettre "tout à fait, entièrement, complètement"
Donc elles sont tout à leur projet
* Elles sont toutes (pronom indéfini) à leurs projets.
= Toutes sont à leur projets.
→ Nous sommes tous à nos projets.
* Elles sont tout (adverbe) à leurs projets.
= Elles sont entièrement à leurs projets.
Remarque
Le problème de la variabilité de l'adverbe tout ne se pose que devant un mot féminin (non prépositionnel) : adjectif ou nom.
Toutefois, devant des expressions comme "tout d'une pièce", il arrive que l'accord soit fait :
* Je ne suis pas tout d'une pièce. (Hugo)(Adverbe)
* Elles sont toutES de travers. (Adjectif)(Expression équivoque),
SAUF quand elles se rapportent au verbe :
* Elle se dressa tout d'une pièce. (Hugo)(Adverbe)
* Elles vont tout de travers. (Idem)
L'invariabilité généralisée est ICI préférable, me semble-t-il, à l'imitation de Hugo.
A toute allure, à toute vitesse.
Tout est ici un adjectif qui exprime la totalité quantitative (latin : totus), avec le sens de entier, plein, complet.
→ A pleine vitesse.
L'explication en est que je me suis finalement rallié à Grevisse.
C'est déjà bien assez de faire varier l'adverbe tout devant un adjectif ou un nom féminin commençant par une consonne ou un h aspiré !
De toute manière, projets est masculin...
Merci Edy pour tous ces exemples intéressants et instructifs....
Voilà un autre que j'ai trouvé sur orthonet qui m'a rendue toute perplexe!:
question : elle est (tout) à ses amis
solution : toute
toute = tout entière; devant une expression prépositionnelle, "tout" peut s'accorder au féminin (usage hésitant) ; mais pas au pluriel ("ils sont tout à.").
Vous ne vous y ralliez pas non plus ?
Le terrain est instable. Néanmoins, je suis assez d'accord sur l'invariabilité au pluriel.
Pour le féminin singulier, j'extrais ceci de HANSE :
Si une femme écrit "Je suis tout à vous", la formule n'est que de politesse ; "toute à vous" peut être interprété comme exprimant la passion ou la tendresse.
Mais des auteurs tiennent la distinction pour négligeable ou la croient même fictive.
On fera bien cependant de ne pas la perdre de vue.
FIN DE CITATION