Qu’est-ce que le décadentisme ?

Bonsoir,

Les Plaisirs et les Jours est un recueil de nouvelles et de poèmes en prose de Proust. À ce que j'ai pu lire, l'œuvre s'inscrit dans le courant décadent. Toutefois, je ne comprends pas bien en quoi ce courant diffère des autres courants et mouvements du XIXème siècle. Les maigres informations que j'ai pu récolter à son propos m'en donnent une bien vague idée.

Merci à qui peut m'éclairer.

Réponses

  • J-K Huysmans et le héros de son roman A rebours, des Esseintes peuvent t'éclairer sur ce mouvement.
    Après, faut aimer...
  • Bonjour,
    Les décadents sont un groupe unis par une sensibilité commune (l'atmosphère "fin de siècle") plus qu'une véritable école comparable au Réalisme ou au Naturalisme. Le nom de "décadent" ("décadentisme" est plus tardif) a été suggéré par le fameux poème de Verlaine Langueur (Jadis et Naguère) dont le premier quatrain est :

    Je suis l'Empire à la fin de la décadence,
    Qui regarde passer les grands Barbares blancs
    En composant des acrostiches indolents
    D'un style d'or où la langueur du soleil danse.


    Tout un programme !

    Quelques dates :
    - 1883 : Essais de psychologie contemporaine (P. Bourget), où sont analysés les principes de la "névrose" qui porte les contemporains au pessimisme et au désespoir.
    - 1884 : Le Crépuscule des Dieux (E. Bourges) et A rebours (J.-K. Huysmans) : insatisfaction de vivre, raffinement, dandysme, déréliction, impression de vivre à une époque qui n'est pas la bonne...
    - 1885 : Les déliquescences d'Adoré Floupette (H. Beauclair et G. Vicaire) : œuvre satirique mettant en valeur les "tics" des décadents (pessimisme exacerbé, recherches de style...)
    - 1888 : Le Petit Glossaire... (P. Adam et F. Fénéon) dissèque le langage affecté et abscons des décadents.
    Par la suite, le "mouvement" va éclater en diverses chapelles dont l'une, illustrée par Moréas, va doucement substituer le Symbolisme à la Décadence.

    Autres auteurs influencés par ce courant : J. Laforgue (ah ! l'ennui des dimanches interminables !) Ch. Cros et T. Corbière.

    En résumé : désespérance d'intellectuels qui ne croient plus en la notion de progrès, raffinement de la forme (allant de pair avec le dandysme), humour et autodérision.
  • Et Rachilde! :) j'ai fait mon mémoire sur la fin de siècle, par conséquent j'ai lu pas mal d'œuvres de cette époque et bon, leur qualité est très variable, soyons honnête :D
    Une anthologie existe chez dans la collection Bouquins, avec plusieurs romans qui donnent un aperçu du décadentisme. L'introduction est très intéressante également.
  • N'oublions pas le grand Jean Lorrain!! En encore F. Champsaur, Jane de la Vaudère et tant d'autres...
  • On ne peut pas tout dire... :)
  • Non, bien sûr. Pardonnez-moi, c'est ma passion pour ces auteurs qui s'est exprimée... :)
  • Moi, j'aime beaucoup Huysmans, mais dans Là-bas et En rade plus que dans A rebours. ;)
  • Moi, j'aime beaucoup Huysmans, mais dans Là-bas et En rade plus que dans A rebours. ;)
    Là-bas est en effet magnifique. J'ai beaucoup aimé A rebours, mais je commence à m'en détacher un peu, lui préférant un Monsieur de Phocas, par exemple. Mais, cela dit, je ne pourrais pas m'en passer... Comme pour beaucoup, c'est lui qui m'a fait entrer dans le monde fabuleux des écrivains fin-de-siècle! Que pensez-vous de En Route?
  • J'aime moins les livres de la "conversion". Ce que j'aime le plus ici, ce sont les magnifiques évocations du plain-chant et de l'atmosphère conventuelle où se plonge Durtal. Au point que j'ai des doutes sur les raisons profondes de sa conversion...
    Mais ici, on n'est plus dans la Décadence.
  • Merci à tous, vous m'avez mis l'eau à la bouche, si je puis dire. Personne n'a lu Les Plaisirs et les Jours ?
  • Prosopopée a écrit:
    Merci à tous, vous m'avez mis l'eau à la bouche, si je puis dire. Personne n'a lu Les Plaisirs et les Jours ?
    C'est toujours un plaisir de parler Décadence. Je n'ai jamais pas lu Les Plaisirs et les jours, mais tu m'as intrigué. Je vais me le procurer. L'as-tu lu toi?
  • Non, je compte le lire cet été. Apparemment, le Décadentisme fait beaucoup d'heureux. :)
  • Certainement ma période préférée ;)
  • Illuminé, nous sommes fait pour nous entendre alors!! ;)
  • Le Calvaire, d'Octave Mirbeau, est un très bon roman décadent - très misogyne, comme presque toujours avec les auteurs décadents, mais très bon.
Connectez-vous ou Inscrivez-vous pour répondre.