Grammaire du français

Infinitif de narration

Bonjour,

J’aimerais savoir pourquoi a-t-on le droit d’écrire :

« - Hélas, c’est toujours ainsi, l’interrompit M. L.
Et de retourner à lire son livre. »

Il ne faut pas conjuguer le 2nd verbe (retourner, sans de) aussi ?

Merci.
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Réponses

  • EdyEdy Membre
    Bonjour !

    1 Ce n'est pas un discours indirect mais un discours direct :
    a- les paroles sont rapportées telles quelles, sans être introduites par un verbe déclaratif tel que "Il me dit. Il m'a dit."
    b- "l'interrompit M.L." est une phrase incise qui indique l'auteur des paroles.

    Dans un discours indirect, vous auriez :
    * M.L. l'interrompit en disant que malheureusement c'était toujours ainsi.

    2 Et DE retourner à lire son livre.
    C'est un infinitif de narration, introduit par DE, comme dans :
    * Et flatteurs d'applaudir. (La Fontaine)
    → Et les flatteurs se mirent à applaudir.
  • BlexBlex Membre
    Merci pour ta réponse. :)
  • Bonjour,

    l'infinitif de narration peut-il parfois équivaloir à autre chose qu'un passé simple?

    par ailleurs,

    pourquoi le trouve-t-on si souvent accompagné de la conjonction de coordination "et"?
  • Pour la valeur temporelle de l'infinitif de narration voir "L'infinitif dit de narration" d'Annick Englebert pages 76 et suivantes. (accessible en ligne là [lien invalide])

    Pour la fréquence du "et", c'est dû à la valeur consécutive de l'IN.
  • Merci beaucoup
  • Bonsoir,

    Auriez-vous un exemple (si possible littéraire) d'infinitif de narration employé avec l'indice "à" ?
  • JehanJehan Modérateur
    Bonsoir.

    Il me semble que cela n'existe plus de nos jours.
    L'infinitif de narration est toujours introduit par de.

    Mais le livre donné en lien dans l'un des messages précédents (L'INFINITIF DIT DE NARRATION, d' Annick Englebert) signale quelques cas, très minoritaires, en ancien français, à la page 47. Notamment une citation de Gautier d'Arras.
  • ok, merci
  • Bonjour Golfe,

    Toujours dans le même lien, au bas de la page 48, est cité Saint-Simon (qui n'employait l'infinif de narration qu'avec la préposition à) :
    Les voilà donc ensemble, et Laugun à conter sa fortune et ses malheurs à Fouquet. (Saint-Simon, La cour de Louis XIV, p. 536)
    Deux autres exemples du même auteur sont cités page 75, [66a] et [66b].

    Muriel
  • Bonjour à toutes et à tous !


    Je m'interroge sur une tournure grammaticale que je rencontre régulièrement et qui ne me parait pas juste.

    Voici des exemples de phrases qui suivent ce modèle :
    Ma cousine de quatre ans portait l'écharpe rose que je lui avais tricotée il y a trois ans. Je lui demande si elle l'aime, et elle de répondre : "J'aime pas la couleur et ça gratte mais maman m'oblige à la mettre quand je viens te voir." Rha, la peste.
    Ma mère me regarde et dit à mon père "Elle est jolie non ?" avant de rajouter tout de suite après "Je parle de sa tunique hein !" Et mon père de répondre "Ah oui la tunique, oui."
    Je lui réponds qu'il n'y a pas de raison pour que ça n'arrive pas et que je suis sûr qu'il fera un très bon papa. Et lui de me répondre : "Toi aussi, tu feras un très bon papa un jour."
    Je rentre donc chez moi plus tôt et me glisse sous ma couette. Cinq minutes plus tard, ma coloc' et son copain se jettent bestialement sur mon lit, et elle de déclarer : "Un jour, faudra qu'on essaie dans un autre endroit !"


    Qu'en pensez-vous ? Trouvez-vous ces tournures correctes ?
    J'ai déjà demandé l'avis d'une amie devenue très récemment professeur de Français, mais elle n'a pas su me répondre.

    Si vous pouviez me donner des éclaircissements, je vous en serais reconnaissant ! (Hé oui, je n'en dors pas la nuit ! :lol: )



    PS : Ces phrases sont extraites du site VDM. Ce sont des exemples sélectionnés parmi beaucoup d'autres. Ne faites pas attention au sens car ce sont des extraits hors contexte ! :P
  • JehanJehan Modérateur
    Bonjour et bienvenue.

    Cette tournure est très correcte, et même littéraire.
    Tu pourras l'apprendre à ton amie prof de français; elle se nomme infinitif de narration.
    Dans un récit, elle sert à remplacer un indicatif passé et permet d'exprimer avec vivacité la conséquence immédiate d'un fait. Exemple fameux de La Fontaine :
    "Ainsi dit le renard, et flatteurs d'applaudir."
  • Merci pour cette réponse rapide et claire ! :)
  • Bonjour

    J'ai du mal à saisir les subtilités stylistiques des phrases du type : "Et qqun/qqch de + infinitif" en écho à la phrase précédente.

    Ex :
    Son père lui demande d'être de retour pour le soir. Et sa mère d'ajouter : "sois prudent".

    Je ne vois pas bien ce qu'apporte cette structure par rapport à la formulation "triviale" :
    Son père lui demande d'être de retour pour le soir. Et sa mère ajoute : "sois prudent"

    Est-ce que cela permet de mettre l'accent sur ce que dit la mère ?
    Y a-t-il des règles d'emploi particulières ? Comment utiliser cette structure à bon escient ? N'est-elle pas un peu "clichée" ? (très usitée dans le répertoire journalistique... Je la trouve personnellement moche.)

    J'ai longtemps cru que cette structure était journalistique, mais je me rends compte qu'elle apparaît finalement dans de nombreuses œuvres littéraires.

    Merci d'avance
  • Oui, dans de nombreuses œuvres littéraires, pour ne citer que les fables de La Fontaine.
    Infinitif de narration.
  • Infinitif de narration.

    Merci beaucoup !
  • JehanJehan Modérateur
    Et pour ce qui est de la nuance stylistique, relire ci-dessus mon message n°12.
  • je ne vois pas de notion de conséquence dans la phrase proposée mais uniquement un conseil.
    Ne peut-on imaginer qu'ici d'ajouter est délibérément mis en échos à d'être ?
  • Oui j'avais vu, merci Jehan.
    J'ai fait quelques recherches du coup (avec l'appellation c'est plus facile :) ) et ce que je peux en lire me conforte dans l'idée que ce n'est pas une structure très recherchée, pour ne pas dire journalistique (dans les écrits contemporains bien sûr).
    D'ailleurs le site etudes-litteraires le précise à la page dédiée :
    On trouve souvent ce type d'emploi dans les journaux
    Pour moi, c'est donc plutôt à éviter dans un texte littéraire. Me trompe-je ?
  • webmestrewebmestre Administrateur
    Bonjour Ytreza,

    Selon R. L. Wagner et J. Pinchon, dans Grammaire du français classique et moderne, « [l’infinitif de narration] est propre à la langue écrite ; [ce tour] a, en français moderne, une couleur un peu archaïque. » (page 489)

    Grevisse écrit, quant à lui, au paragraphe 901 (historique) du Bon Usage : « considéré comme familier au XVIIe siècle, [l’infinitif de narration] passe aujourd’hui pour élégant et pour un peu recherché. »
  • Ici, on peut dire que cela signifie expliqua ?

    Lui-même, critique musicale à la plume acérée, il relate à son père les commentaires que son œuvre a suscités et, si la plupart des journaux l’ont encensé, deux d’entre eux l’ont désavoué : le Corsaire et le Constitutionnel. Et Berlioz d’expliquer qu’il s’agit là de mesquinerie, de vengeance, comme quoi, la musique n’adoucit pas toujours les mœurs.

    Merci beaucoup.
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