Sujet du Capes de lettres modernes 2012-2013

Je vous donne le sujet qui nous a été proposé aujourd'hui même en Littérature Française de Lettres Modernes à la session du 8 novembre.

"Un romancier (...) ne peut donc se délivrer du mensonge qu'en exploitant les ressources multiples du mensonge. (De cette origine - accession à la vérité par le détour du mensonge - l'oeuvre tire ses contradictions et ses ambiguïtés.) Quand il donne au mensonge un corps et s'approprie son langage, ce ne peut être qu'à seule fin d'instituer un monde de vérité. Autrement dit encore, le langage romanesque n'assure sa fonction qu'en recourant aux moyens dont se sert le mensonge, et c'est même, paradoxalement, la seule fonction qu'il puisse accomplir en toute vérité. "

Louis-René des FORÊTS, Voies et détours de la fiction, Fata Morgana, 1985.

Vous commenterez et discuterez ces propos à partir d'analyses précises de textes romanesques.


Je vous propose de donner votre avis sur le sujet et sur ses perspectives ; ou vos impressions si vous avez participez à la session.

Valmont.

Réponses

  • Ceci a l'air extrêmement difficile ! :( Il n'y a aucun contexte, aucune indication et qu'une consigne bateau accompagnant un extrait sur un sujet scientifique et à plusieurs perceptions. Si la certification de lettres modernes est comme-ci, je n'ose imaginer les devoirs universitaires et l'agrégation.

    Petite question :a-t-il fallu rédiger une dissertation ou un commentaire composé ?
  • Une dissertation. Le sujet n'est pas difficile en lui-même (du moins à comprendre); il s'agit surtout de ne pas se répéter, d'être assez original pour se distinguer un petit peu des autres; les échos que j'ai entendus étaient plutôt positifs: les candidats étaient heureux de ce sujet (tout le monde avait bien entendu travaillé le roman, le genre n'étant pas tombé depuis longtemps).
    Le sujet des lettres classiques était plus ardu je trouve (l'art pour l'art).
  • Je serais vraiment curieux de savoir comment vous avez traité le sujet. Pour ma part, il ne m'a pas inspiré et j'ai souffert pendant six heures pour pondre un devoir inachevé de quatre pages. Je précise que j'ai préparé le concours seul avec une bibliographie de référence et les documents du CNED. Je connaissais Louis-René des Forêts vaguement de nom et je n'ai pas lu l'ouvrage en question, mais j'ai trouvé que cette citation ne faisais qu'accumuler des expressions très vagues que l'on pouvait interpréter de multiples manières. Le résultat est que j'ai été incapable d'opter pour une interprétation, ni pour deux, ni même pour trois, ce qui aurait pu constituer un plan. La moitié de mon devoir a consisté à décortiquer la citation pour, tout en en démontrant le caractère ambigu, essayer d'en dégager une problématique. En désespoir de cause, j'ai mis en exergue les expressions "donne au mensonge un corps" et "se délivrer du mensonge", ce qui m'a conduit à axer ma réflexion sur le personnage et à discuter le fait que le romancier cherche nécessairement à se délivrer du mensonge : j'ai cité Robbe-Grillet comme contre-exemple et "Mardi" de Melville comme exemple confirmant ce besoin de délivrance. Mais j'aurais aussi bien pu faire l'inverse. Le problème avec des notions aussi floues que la vérité, le mensonge, le réel, ou que sais-je encore, c'est qu'on peut dire à leur sujet à peu près ce qu'on veut. C'est très commode pour celui qui les utilise, mais moi qui n'ai pas lu le livre et qui ai cherché à éclairer la citation par son contenu, cela ne m'a rien appris du tout.
  • Je suis entièrement d'accord avec toi Thibaud!
    J'étais ravie que le roman tombe mais pas quand j'ai lu le sujet. Celui-ci était moins simple que ce que l'on croit.
    Pour ma part, c'est la locution "instituer un monde de vérité" qui m'a bloquée! Quelle est cette "vérité"?
    Après chaque sous-partie, j'avais l'impression de faire un hors-sujet.
    Je prépare l'agrégation en même temps, et je n'ai pas pu travailler toutes les notions possibles du capes.
    Mais en faisant la queue pour entrer dans la salle pour les épreuves de grammaire et d'ancien français le lendemain, il s'est avéré qu'un grand nombre d'étudiants inscrits en master enseignement a aussi eu beaucoup de mal.
    Cela m'a réconfortée mais jeudi je suis rentrée véritablement déçue de ma production.
    J'ai fait mon job, je suis restée les 6h (argh passer de 7h en agrégation à 6h au capes c'est affreux, j'ai vraiment eu besoin de cette heure en plus), ai rendu un travail complet et relu mais... j'étais "dégoûtée". Peut-être que la prépa agrégation me rend perfectionniste mais tout de même, je ne suis jamais rentrée aussi déçue d'un concours!
  • J'ai moi-même trouvé le sujet peu intéressant et stérile dans son excès. Il reprenait pour moi des topoï et encore, pas de très bons. Les pistes m'ont rapidement paru très (trop?) nombreuses, le cadre du sujet n'existant pratiquement pas et tendant à la philosophie.
    J'ai décidé d'axer ma dissertation sur le passage par le mensonge pour arriver à une certaine forme de vérité. Mais ça a rapidement été contraignant de savoir ce qu'était ce "mensonge" romanesque et cette "vérité" recherchée.
    Pour ce qui est du mensonge je l'ai dans une certaine mesure associé à la fiction, à cet "agréable mensonge" et à l'expression "mentir vrai" d'Aragon.

    J'ai dans une première partie expliqué en quoi le "mensonge" pouvait être un accès à "un monde de vérité" en m'appuyant dans un premier temps sur la vision aristotélicienne du discours, sur la façon dont les cadres/personnages peuvent être fictifs ou réels dans le roman et comment se mêle alors mensonge/vérité; pour finir ma première partie sur la difficulté interprétative du "Je" romanesque qui est justement là où se joue vérité et mensonge.

    Dans la seconde partie j'ai abordé les limites de cette conception en y opposant des autres doctrines qui prônent la vérité pour la vérité (sublime, sentences); j'ai mis aussi en avant le doute que laissent peser certains auteurs sur la véracité de leurs propos (double préface de Laclos, etc.); pour dans un troisième temps m'extraire du binôme mensonge/vérité en abordant des auteurs qui sont au-delà de cette structures (surréalisme, Breton, Mallarmé).

    Ma dernière partie s'appuie principalement sur la réception des textes puisque c'est dans ce troisième temps que se joue finalement le binôme vérité/mensonge: un mensonge qui n'est pas perçu par le lecteur n'en est pas tout à fait un. J'ai mis en avant les conceptions d'intertextualité, d'arbitraire du signe, etc. pour montrer qu'il n'y a jamais tout à fait vérité ou mensonge puisque le signifié est déjà un 'mensonge' dans son association au signifiant; que les textes sont liés entre eux et qu'il leur est difficile de dégager des 'vérités' nouvelles. Je me suis ensuite élevé à un autre niveau avec la compréhension des textes en les creusant: il ne faut pas s'arrêter à ce qu'on a sous les yeux, il faut être capable d'aller au-delà, le lecteur n'est pas passif (Beckett, Rabelais).
    Dans un dernier temps et un peu en guise de conclusion j'ai extrapolé avec la conception de "communautés interprétatives" de Fish: il n'y a ni mensonge, ni vérité, tout n'est que le fruit dont ce qu'on est disposé à voir et à comprendre selon nos présupposés (si le sujet du CAPES n'avait pas été littéraire mais législatif ou historien, nous l'aurions traité comme s'il était littéraire; tout n'est que question de point de vue).


    Après je ne sais pas vraiment si je ne me suis pas trop éloigné du sujet, mais je le trouvais peu intéressant dans sa bassesse, j'ai essayé de rester accroché à la citation toutefois en la citant tout au long de ma copie. Nous verrons.
  • Oui effectivement le sujet était stérile. J'ai entendu dire qu'il était "trop simple", "sans problématique". Il permettait juste de parler du roman en disant un petit peu de tout, finalement. Peut-être que ma promo enseignement était ravie à cause du livre de Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque, qu'on avait lu?
  • Possible. Mais si c'est pour lancer des sujets bateaux sur le roman, c'est un peu bête...
  • Selon moi, Des Forêts évoque en fait le roman réaliste et ses dérivés, qui sont des mensonges au service de la vérité, mensonge = fiction; des fictions qui peignent le monde réel, avec ses qualités et ses défauts. (prendre en compte le titre de l'oeuvre, Voies et détours DE LA FICTION!). Un détour, songez à vos trajets en voiture, sert à contourner une route, pour la reprendre un peu plus loin. Il en est de même pour le roman: je détourne la réalité par le mensonge, par des ornements littéraires, pour finalement la peindre, mais différement, à ma manière, avec la palette de couleurs que je souhaite, en contant telle histoire, telles péripéties, avec tels personnages. La beauté romanesque! Pour Des Forêts, un roman est donc automatiquement le reflet du monde réel, mais quelque peu modifié, déformé. Le romancier contrôle tout. J'espère être assez clair.
    A opposer avec des romans qui se moquent totalement de la vérité, et qui se jouent des conventions. De nombreux auteurs insistent sur le rêve, l'invraisemblable, la forme plutôt que le fond. Il suffit de lire les chiffres des ventes actuelles: c'est le fantastique qui attire, Harry Potter, Twilight et compagnie, et qui tient donc une place primordiale dans la production romanesque. Je précise qu'il ne faut surtout pas citer ces oeuvres dans une copie... Mais cela donne des exemples.
    Dans cette même logique du "mentir-vrai" (si l'on pense au titre de l'autobiographie d'Aragon), l'auteur insiste sur le langage romanesque, outil qui permet de mentir. Il fallait insister la-dessus à mon avis, puisque le substantif "langage" apparaît 2 fois: "langage" + "langage romanesque". Cependant, n'y a t-il que le langage qui permette à un roman de "faire vrai" (discours indirect, descriptions, absence de ponctuation parfois)? Non, il fallait ajouter le contenu, le fond.
    Au final, Des Forêts a tout de même raison: un roman est forcément une fiction (oui, forcément, puisque c'est toujours une invention, même lorsqu'on essaye d'être le plus juste possible. Hors-sujet: songeons aux autobiographies qui sont automatiquement déformées, car défaillances de la mémoire, oublis, souvenirs souvent idéalisés, choix de conter tels fragments de notre vie), mais qui associe langage et fond, et qui n'est pas toujours au service de la vérité, bien que, regardons la date de publication de Voies et détours de la fiction: 1984 = retour d'un certain réalisme, avec quelques auteurs clés, et des procédés techniques réutilisés.
    Voici je pense, les grandes lignes pour décortiquer ce sujet. Je regrette de ne pas avoir passé l'écrit cette année!
  • RicaValjean, je trouve ta réflexion très intéressante et celle-ci me rassure car je retrouve des points que j'ai développés.
    De mon côté, en première partie je me suis intéressée aux "ressources multiples du mensonge" qui permettent d'"instituer un monde de vérité", en citant notamment Voltaire et Rabelais > qui instituent dans une œuvre purement fictionnelle une institution comme le jardin ou l'abbaye de Thélème qui renvoient le lecteur à une vérité philosophique, humaniste etc. J'ai essayé de travailler sur ces fameuses "contradictions et ambiguïtés" à partir des romans historiques où se rencontrent la fiction historique et la réalité d'une époque dans laquelle un auteur écrit: La Princesse de Clèves, fin règne de Henri II vs cours de Louis XIV > contradictions. Je me suis également appuyée sur les doubles lectures: les oeuvres rabelaisiennes proposent une lecture fictionnelle dans le rocambolesque et le lecteur qui le désire peut suivre le romancier qui sort du mensonger, s'en délivre, pour instituer une moelle cachée.
    En deuxième partie, j'ai travaillé sur les auteurs qui se servent de ressources différentes aux mensonges: les ressources du réel (romans réalistes), les ressources de la biographie (romans autobiographiques en opposant le souci de véracité de Rousseau, et les mensonges assumés par Chateaubriand). Puis je me suis intéressée aux oeuvres qui paraissent ne s'être pas "délivr[ées] du mensonge" comme en témoignent certains lecteurs > Emma Bovary, Bouvard et Pécuchet, Don Quichotte. Mauvaises lectures de Walter Scott, d'Alexandre Dumas, des romans chevaleresques > cela signifie peut-être que l'auteur n'est pas sorti du mensonge pour instituer autre chose. L'auteur aurait seulement proposé un roman d'aventure, un roman pur.
    Puis en troisième partie, j'ai développé une réflexion sur la "seule fin", la "seule finalité" pour la contredire. La recherche d'une vérité est parfois illusoire: Le Roman de la Rose jour sur le songe/mensonge que l'auteur justifie en annonçant une vérité que le lecteur n'aura jamais (certes, texte inachevé mais aurait-on eu une vérité dans un texte aussi romanesque? un songe allégorique?); le roman devient également un support sans fin, sans projet d'institution, mais un laboratoire d'écriture: le Nouveau Roman, la prose romanesque etc., et j'ai terminé sur la finalité première du roman: produire du plaisir avant tout. Un plaisir pour l'auteur qui écrit et pour le lecteur qui lit. Ce plaisir étant la première finalité et l'institution d' "un monde de vérité" venant par la suite éventuellement.
  • J'ai été soulagée par le sujet, qui justement ouvrait beaucoup de perspectives d'interprétation. Je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai réussi la dissertation car avec le stress et le manque de préparation, je n'ai pas exploité le sujet (et mes exemples) comme j'aurais voulu.

    Mon plan était à peu près le suivant: j'expliquais d'abord la volonté de la majeure partie des écrivains d'instituer un "monde de vérité" en tentant de définir les termes, et d'expliquer pourquoi, en essayant de ne pas tomber dans de la philosophie de comptoir, ce qui était délicat, notamment en parlant des dystopies. Ce qui m'a amenée très rapidement à parler du mensonge. Ensuite j'ai interprété le terme "mensonge" comme fiction, et ai donné des exemples à partir du Réalisme, en citant Stendhal pour qui "un roman, c'est un miroir qu'on promène le long d'un chemin". Enfin je me suis penchée sur la dernière partie du sujet en interrogeant la fonction du roman, c'est-à-dire, plutôt que le plaisir du "mensonge", ou l'accomplissement de la "vérité", la quête du sens; pour moi la finalité du roman accomplie "en toute vérité" n'est pas le mensonge, puisqu'il est le moyen, c'est la sincérité de la quête, de la recherche. J'ai cité rapidement Todorov qui explique dans la littérature en péril que le lecteur cherche dans le roman de quoi donner un sens à sa vie.

    J'ai regretté de ne pas avoir parlé du plaisir de la lecture, qui donne du coup un côté un peu austère à mon devoir. Je pense vraiment que toutes les perspectives ouvertes par le sujet permettaient de ne pas se sentir emprisonné dans un cadre de pensée attendu, et chacun avait l'occasion de faire preuve d'originalité, comme le montrent vos différentes approches.
  • Bonjour,

    Comme la majorité d'entre vous, ce sujet a provoqué chez moi de la frustration: comment traiter un thème si classique du roman et ne pas y arriver proprement en 6h? Je suis content de voir que la majorité des plans proposés reprennent plus ou moins les éléments de ma composition! Après l'épreuve, j'ai été assez mécontent de ne pas avoir évoqué le roman historique et la célèbre préface de Cinq Mars de Vigny qui explique le lien entre personnage historique/grandes idées sur le monde. Le temps a également joué en ma défaveur...

    Pour ma part, j'ai axé ma réflexion sur le paradoxe mensonge/vérité en distinguant l'aspect négatif du mensonge en société et les apports fructueux du mensonge dans l'univers de la fiction. L.R. des Forêts semble catégorique sur la définition de la fonction du romancier, ce que j'ai essayé de nuancé dans ma seconde partie.

    I - Ma première partie a souligné la nécessité de lire le roman en tant que roman, pour reprendre l'idée de L.R. des Forêts. Le mensonge du roman est à la fois inévitable et constructif:
    - le paradoxe de l'énonciation du roman: le romancier ne peut s'affranchir du mensonge, étant donné que le pacte fictionnel se fonde sur l'ambiguïté de l'identité des couples auteur/narrateur et lecteur/destinataire.
    - les ressources du mensonge "social" transcrits dans le roman: la généralisation (Nana porte sur ses épaules toute la tendance lascive de la fin du IInd Empire), l'omission (les ellipses littéraires laissent planer le mystère sur certains faits, comme l'entrevue entre Julien Sorel et Mme de Rênal en prison), l'auto-justification (les préfaces ou les incipits cherchant la véracité, comme celui de La Vie de Marianne)
    - L'ambiguïté de l'oeuvre découle de ce paradoxe: comment mettre au jour une vérité en utilisant le mensonge si "effrontément"? De quelle vérité peut-il bien s'agir? Dans Le Planétarium, Sarraute écrit deux fois la même scène sous des points des vue de différents personnages, les pistes sont donc davantage brouillées qu'élucidées. Le roman a donc besoin d'assumer le mensonge pour être plus fort: le critère de vraisemblance n'est pas essentiel. Dans Villa Amalia, Pascal Quignard peint la vie extraordinaire de son héroïne Ann pour signifier la quête de soi au quotidien.

    II - Le roman est cependant une quête perpétuelle d'une plus grande vérité qui s'oppose paradoxalement à la fiction, qui s'impose souvent en s'opposant au roman. M.Robert préfère le roman qui s'écrit en "haine du roman". Le roman, toujours laboratoire de lui-même, ne se contente pas d'assumer le mensonge aussi clairement que ne le suggère L.R. des Forêts:
    - Histoire du roman fondée sur une recherche progressive d'une plus grande vérité, et pose toujours la question de la définition d'un genre insaisissable. Exemple canonique: Jacques le Fataliste, mais aussi la tendance du roman à chercher du secours dans les autres genres, comme le roman poétique de Duras.
    - Le roman dévoiles les risques liés à ses propres mécanismes (cf René Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque).
    - La recherche ne voit plus le roman comme un matériau du langage terminé mais une matière à traiter dans un ensemble d'autres outils (les manuscrits, les entretiens). Les oeuvres d'autofiction (cf Michelle Lesbre ou Romain Gary) traduisent le malaise lié au mensonge romanesque. Est-il encore possible de raconter dans une société où la science est omniprésente?

    III- Le roman répond à un besoin de vérité reflétant "l'oubli de l'être" signalé par Kundera.
    - La fonction salutaire du roman: explorer le monde sans le violenter, à travers l'aveu de la contradiction (l'épisode du curé et du barbier dans Don Quichotte, qui finissent par assumer leur amour honteux su romanesque, ou les dialogues absurdes des Etats et Empires de la Lune)
    - Révélation d'une vérité toujours inachevée à travers des outils que la science ne possède pas: dans son roman autobiographique, Yourcenar procède à une méthode originale de généalogie, en cherchant ses racines dans l'invention de scène pittoresques représentant ses lointains ancêtres.
    - La posture du lecteur comme outil de décryptage du mensonge. Proust: le roman apporte des désirs, non des réponses.

    A méditer!
  • Petit résumé synthétique de ma dissertation :

    INTRODUCTION

    - présentation du débat : vérité, mensonge, réalité, illusion qui traverse l'histoire littéraire
    « Par un roman, on a entendu jusqu’à ce jour un tissu d’événements chimériques et frivoles, dont la lecture était dangereuse pour le goût et pour les moeurs." Diderot, Eloge de Richardson
    - Rappel de l'opposition entre Platon (qui trouve la fiction dangereuse) et Aristote (mimesis et catharsis)
    - analyse des termes de la citation de Des Forêts, démonstration d'un paradoxe.
    - Problématique :
    2 questions qui s'imbriquent : Est- il possible de mentir pour dire la vérité, comment expliquer cette contradiction ? et le mensonge est-il la seule fonction que le roman puisse accomplir en toute vérité ?
    - annonce du plan

    PARTIE I : Révéler la vérité par le mensonge.

    1) Le roman vrai et Diderot (théorie)

    Dans cette partie explication théorique de la position de Des Forêts grâce à Diderot et son Eloge de Richardson
    le "mentir-vrai" de Aragon.

    2) Roman et réalisme(s) (observation)

    -Dans cette partie, observation et analyse du travail des "réalistes" du XIXeme siècle : réalisme des frères Goncourt, Zola et le naturalisme : volonté d'apporter des romans vrais reposant sur des observations
    Balzac : un réalisme de type de personnages avec la comédie humaine
    Stendhal.
    Flaubert : qui veut "ecrire un roman sur rien" présente à la fois un monde réaliste (Normandie et Madame Bovary) mais également dénonce le réalisme et le romantisme des romans.
    - Definition du travail du romancier comme "illusionniste" (Maupassant), comparaison à la peinture qui utilise du liquide coloré pour faire croire à la réalité.
    - redéfinition de tout le travail des "réalistes" cités précédement qui sont tous, y compris Zola, des illusionistes.

    3) Typologie des romans selon le degré de mensonge et de vérité (typologie)

    - Oeuvres qui copient le réel et se veulent vraies (exemple: Zola)
    - Oeuvres qui sont purs mensonges et qui ne correspondent pas à la réalité (exmples des romans de fantasy : Le seigneur des anneaux de Tolkien, ou l'âne d'or d'Apulée)
    - Oeuvres qui mentent par omission.
    - Oeuvres qui mèlent énoncés vrais et fictions (en réalité le cas de tous les romans selon un degré différent)
    - Cas spécifique de l'autobiographie et du roman autobiographique.

    PARTIE II : Les limites de la vérité romanesque

    1) l'incapacité à produire du vrai

    - Limite du langage qui est un outil imparfait : comme dans la caverne de Socrate, il ne peut retranscrire parfaitement ce qu'il nomme : opposition signifiant/ signifié
    - Critique de Valéry : "La marquise sortit à cinq heures" absurdité de ce genre d'enoncé.
    - Critiques des suréalistes et des romanciers du nouveau roman : Les descriptions inutiles, lorsque Breton pose une Photo dans son roman plutôt qu'une longue description inutile.

    2) Les dangers du roman

    - Rappel des critiques que le roman a essuyé : le bovarysme, Don Quichotte et Emma qui se perdent entre roman et réalité

    3) La vérité appartient au lecteur

    - En dernière instance c'est le lecteur qui décide si ce qu'il lit est vrai ou pas
    - Notion de pacte romanesque avec l'auteur
    - Vérité apparente vs Vérité cachée : le lecteur doit travailler, phénomène de reconstruction du "je" de l'auteur dans l'esprit de lu lecteur (cf : Proust)
    - dépend du texte produit par l'auteur : Eco : textes fermés ou textes ouverts ?
    - dépend de la culture, du milieu social, des connaissances, des lectures antérieures (intertextualité) du lecteur.

    PARTIE III : Enchanter, Prophétiser et conter : l'insondable nature du roman

    Dans cette partie, je m'appuie sur l'article de Nabokov : "Bon lecteurs, bon écrivains" qui définit les trois grandes fonctions du roman. je répond donc à la deuxième problématique imbriquée, et je malmène un peu les propos de Des Forêts (qui sont vrais mais qui oublient quelques détails)

    1) Enchanteur.

    - Le romancier est un enchanteur. Travail sur la forme du roman : sonorité, rime, images etc (exemples : Flaubert et Valéry) le problème n'est pas de savoir s'il s'agit de mensonge et de vérité mais d'apprécier un roman bien écrit.
    - exemple de l'Histoire sans fin de Michael Ende : roman où les personnages n'existent que quand le héros Benjamin Balthazar Bux lit son roman et par mise en abyme lorsque ,nous lecteurs, lisons l'oeuvre.
    - les personnages de fiction existent !! ( je sais : propos délibérement provocateur de ma part) explication d'une théorie personnelle : "le purgatoire littéraire" où les personnages de fiction existent : exemple de personnages littéraires frappant qui sont devenus des mythes : d'Artagnan, Dracula, Pardaillan ( cf Sartre dans les mots)

    2) Prophète

    - Le romancier est un prophète. C'est la fonction qui se rapproche le plus de ce qu'explique Des Forêts. Rapprochement et explication en évoquant Rimbaud et sa théorie du "voyant" : L'artiste voit la vérité que le lecteur ne voit pas. Il est comme Cassandre, condamnée à dire la vérité mais on ne la croit jamais.
    Même les romanciers les plus réalistes deviennent des prophètes : cas réexposé de Emile Zola

    3) Conteur

    - Le romancier est un conteur. Fonction que Des Forêts met de côté et que je veux défendre
    - Le plaisir de lire, de conter une histoire, de tenir en haleine son lecteur va au delà du débat vérité et mensonge.
    la lecture n'a pas à être un plaisir coupable.


    Voilà à peu près ce que j'ai fait. Franchement il fallait 9H pour traiter un tel sujet, il fallait faire des choix...
    je pense que je me suis totalement planté en langue française, alors j'espère que cette dissertation ne sera pas notée trop sévérement.

    Je ne suis pas trop d'accord quand quelqu'un plus haut disait : il ne faut pas citer les oeuvres populaires comme le Seigneur des anneaux ou Harry potter. Je ne vois pas où est la honte, et où ce n'est pas "sérieux" : c'est de la littérature, des phrases et des mots, et en tant que futurs enseignants, ces deux livres parlent plus aux élèves que Du coté de chez Swann de Proust.
    Bien sûr c'est une première approche avant de parler des vrais classiques qui doivent bien sûr composer 95% de la dissertation
    Je trouve que mélanger culture littéraire élitiste et culture populaire ne fait pas de mal cela montre son ouverture d'esprit.

    Croyez vous que le dernier Goncourt (dont j'ai déja oublié le nom) restera plus à la postérité que Le seigneur des anneaux ? (je n'y crois pas)
  • Aneth3, c'est très judicieux d'avoir songé à évoquer les personnages-lecteurs eux-mêmes piégés par le roman; il fallait y penser.
    J'aurais également parlé de la réception en III, en précisant donc qu'au-delà de la forme, il y a le fond, le contenu, comme je l'ai dit dans le texte précédent, toutefois que le roman est en effet avant tout un récit qui ne dit pas forcément la vérité, mais au service de la distraction, du plaisir: succès du roman de masse, science-fiction, polars... Et par là, identification aux personnages, monde rêvé, désir/besoin de se projeter dans un univers autre que le sien. C'est là qu'intervient cette douce tromperie, le mensonge, teneur du roman, qui permet l'évasion, "et c'est même, paradoxalement, la seule fonction qu'il puisse accomplir en toute vérité".

    Au sujet des oeuvres comme Le seigneur des anneaux, Harry Potter, etc... Ce n'est pas que je suis contre ces romans populaires, loin de là. Je sais simplement, de source sûre, qu'il ne faut surtout pas les citer dans un tel concours, qui s'intéresse aux canons littéraires.
    Tout comme il faut éviter de mêler des poètes et dramaturges dans un sujet sur le roman; idem pour un sujet théâtre, ne pas sortir des auteurs... de théâtre, etc...
    Nous pouvons élargir avec un autre genre dans, et uniquement dans, l'ouverture.
  • Merci RicaValjean!
    Je confirme ce que tu dis: on nous a souvent répété de ne pas citer les auteurs qui ne sont pas (encore ou non) reconnus comme étant des auteurs dits de "littérature". De même pour la littérature étrangère: à part pour quelques-uns dont Shakespeare, la dissertation est un devoir en langue française avec des auteurs de langue française. Certains enseignants me disaient que cela est dû à la spécificité du roman français qui se distinguent de la littérature étrangère dans certains cas etc.
    Également, il fallait prêter attention aux exemples (surtout avec une consigne qui indiquaient qu'il fallait donner des exemples de textes romanesques précis) et ne pas citer (sauf si justifié) des poèmes, pièces théâtrales etc.
    Néanmoins, en sachant tout cela, j'ai tout de même cité un conte philosophique et ai parlé de Don Quichotte! :)
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