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Hugo, Tristesse d’Olympio

Tristesse d’Olympio

XXXIV

Les champs n'étaient point noirs, les cieux n'étaient pas mornes.
Non, le jour rayonnait dans un azur sans bornes
Sur la terre étendu,
L'air était plein d'encens et les prés de verdures
Quand il revit ces lieux où par tant de blessures
Son coeur s'est répandu !

L'automne souriait ; les coteaux vers la plaine
Penchaient leurs bois charmants qui jaunissaient à peine ;
Le ciel était doré ;
Et les oiseaux, tournés vers celui que tout nomme,
Disant peut-être à Dieu quelque chose de l'homme,
Chantaient leur chant sacré !

Il voulut tout revoir, l'étang près de la source,
La masure où l'aumône avait vidé leur bourse,
Le vieux frêne plié,
Les retraites d'amour au fond des bois perdues,
L'arbre où dans les baisers leurs âmes confondues
Avaient tout oublié !

Il chercha le jardin, la maison isolée,
La grille d'où l'oeil plonge en une oblique allée,
Les vergers en talus.
Pâle, il marchait. - Au bruit de son pas grave et sombre,
Il voyait à chaque arbre, hélas ! se dresser l'ombre
Des jours qui ne sont plus !

Il entendait frémir dans la forêt qu'il aime
Ce doux vent qui, faisant tout vibrer en nous-même,
Y réveille l'amour,
Et, remuant le chêne ou balançant la rose,
Semble l'âme de tout qui va sur chaque chose
Se poser tour à tour !

Les feuilles qui gisaient dans le bois solitaire,
S'efforçant sous ses pas de s'élever de terre,
Couraient dans le jardin ;
Ainsi, parfois, quand l'âme est triste, nos pensées
S'envolent un moment sur leurs ailes blessées,
Puis retombent soudain.

Il contempla longtemps les formes magnifiques
Que la nature prend dans les champs pacifiques ;
Il rêva jusqu'au soir ;
Tout le jour il erra le long de la ravine,
Admirant tour à tour le ciel, face divine,
Le lac, divin miroir !

Hélas ! se rappelant ses douces aventures,
Regardant, sans entrer, par-dessus les clôtures,
Ainsi qu'un paria,
Il erra tout le jour. Vers l'heure où la nuit tombe,
Il se sentit le coeur triste comme une tombe,
Alors il s'écria :

" Ô douleur ! j'ai voulu, moi dont l'âme est troublée,
Savoir si l'urne encor conservait la liqueur,
Et voir ce qu'avait fait cette heureuse vallée
De tout ce que j'avais laissé là de mon coeur !

" Que peu de temps suffit pour changer toutes choses !
Nature au front serein, comme vous oubliez !
Et comme vous brisez dans vos métamorphoses
Les fils mystérieux où nos coeurs sont liés !

" Nos chambres de feuillage en halliers sont changées !
L'arbre où fut notre chiffre est mort ou renversé ;
Nos roses dans l'enclos ont été ravagées
Par les petits enfants qui sautent le fossé !

" Un mur clôt la fontaine où, par l'heure échauffée,
Folâtre, elle buvait en descendant des bois ;
Elle prenait de l'eau dans sa main, douce fée,
Et laissait retomber des perles de ses doigts !

" On a pavé la route âpre et mal aplanie,
Où, dans le sable pur se dessinant si bien,
Et de sa petitesse étalant l'ironie,
Son pied charmant semblait rire à côté du mien !

" La borne du chemin, qui vit des jours sans nombre,
Où jadis pour m'attendre elle aimait à s'asseoir,
S'est usée en heurtant, lorsque la route est sombre,
Les grands chars gémissants qui reviennent le soir.

" La forêt ici manque et là s'est agrandie.
De tout ce qui fut nous presque rien n'est vivant ;
Et, comme un tas de cendre éteinte et refroidie,
L'amas des souvenirs se disperse à tout vent !

" N'existons-nous donc plus ? Avons-nous eu notre heure ?
Rien ne la rendra-t-il à nos cris superflus ?
L'air joue avec la branche au moment où je pleure ;
Ma maison me regarde et ne me connaît plus.

" D'autres vont maintenant passer où nous passâmes.
Nous y sommes venus, d'autres vont y venir ;
Et le songe qu'avaient ébauché nos deux âmes,
Ils le continueront sans pouvoir le finir !

" Car personne ici-bas ne termine et n'achève ;
Les pires des humains sont comme les meilleurs ;
Nous nous réveillons tous au même endroit du rêve.
Tout commence en ce monde et tout finit ailleurs.

" Oui, d'autres à leur tour viendront, couples sans tache,
Puiser dans cet asile heureux, calme, enchanté,
Tout ce que la nature à l'amour qui se cache
Mêle de rêverie et de solennité !

" D'autres auront nos champs, nos sentiers, nos retraites ;
Ton bois, ma bien-aimée, est à des inconnus.
D'autres femmes viendront, baigneuses indiscrètes,
Troubler le flot sacré qu'ont touché tes pieds nus !

" Quoi donc ! c'est vainement qu'ici nous nous aimâmes !
Rien ne nous restera de ces coteaux fleuris
Où nous fondions notre être en y mêlant nos flammes !
L'impassible nature a déjà tout repris.

" Oh ! dites-moi, ravins, frais ruisseaux, treilles mûres,
Rameaux chargés de nids, grottes, forêts, buissons,
Est-ce que vous ferez pour d'autres vos murmures ?
Est-ce que vous direz à d'autres vos chansons ?

" Nous vous comprenions tant ! doux, attentifs, austères,
Tous nos échos s'ouvraient si bien à votre voix !
Et nous prêtions si bien, sans troubler vos mystères,
L'oreille aux mots profonds que vous dites parfois !

" Répondez, vallon pur, répondez, solitude,
Ô nature abritée en ce désert si beau,
Lorsque nous dormirons tous deux dans l'attitude
Que donne aux morts pensifs la forme du tombeau ;

" Est-ce que vous serez à ce point insensible
De nous savoir couchés, morts avec nos amours,
Et de continuer votre fête paisible,
Et de toujours sourire et de chanter toujours ?

" Est-ce que, nous sentant errer dans vos retraites,
Fantômes reconnus par vos monts et vos bois,
Vous ne nous direz pas de ces choses secrètes
Qu'on dit en revoyant des amis d'autrefois ?

" Est-ce que vous pourriez, sans tristesse et sans plainte,
Voir nos ombres flotter où marchèrent nos pas,
Et la voir m'entraîner, dans une morne étreinte,
Vers quelque source en pleurs qui sanglote tout bas ?

" Et s'il est quelque part, dans l'ombre où rien ne veille,
Deux amants sous vos fleurs abritant leurs transports,
Ne leur irez-vous pas murmurer à l'oreille :
-- Vous qui vivez, donnez une pensée aux morts !

" Dieu nous prête un moment les prés et les fontaines,
Les grands bois frissonnants, les rocs profonds et sourds
Et les cieux azurés et les lacs et les plaines,
Pour y mettre nos coeurs, nos rêves, nos amours !

" Puis il nous les retire. Il souffle notre flamme ;
Il plonge dans la nuit l'antre où nous rayonnons ;
Et dit à la vallée, où s'imprima notre âme,
D'effacer notre trace et d'oublier nos noms.

" Eh bien ! oubliez-nous, maison, jardin, ombrages !
Herbe, use notre seuil ! ronce, cache nos pas !
Chantez, oiseaux ! ruisseaux, coulez ! croissez, feuillages !
Ceux que vous oubliez ne vous oublieront pas.

" Car vous êtes pour nous l'ombre de l'amour même !
Vous êtes l'oasis qu'on rencontre en chemin !
Vous êtes, ô vallon, la retraite suprême
Où nous avons pleuré nous tenant par la main !

" Toutes les passions s'éloignent avec l'âge,
L'une emportant son masque et l'autre son couteau,
Comme un essaim chantant d'histrions en voyage
Dont le groupe décroît derrière le coteau.

"Mais toi, rien ne t'efface, amour ! toi qui nous charmes,
Toi qui, torche ou flambeau, luis dans notre brouillard !
Tu nous tiens par la joie, et surtout par les larmes ;
Jeune homme on te maudit, on t'adore vieillard.

" Dans ces jours où la tête au poids des ans s'incline,
Où l'homme, sans projets, sans but, sans visions,
Sent qu'il n'est déjà plus qu'une tombe en ruine
Où gisent ses vertus et ses illusions ;

" Quand notre âme en rêvant descend dans nos entrailles,
Comptant dans notre coeur, qu'enfin la glace atteint,
Comme on compte les morts sur un champ de batailles,
Chaque douleur tombée et chaque songe éteint,

" Comme quelqu'un qui cherche en tenant une lampe,
Loin des objets réels, loin du monde rieur,
Elle arrive à pas lents par une obscure rampe
Jusqu'au fond désolé du gouffre intérieur ;

" Et là, dans cette nuit qu'aucun rayon n'étoile,
L'âme, en un repli sombre où tout semble finir,
Sent quelque chose encor palpiter sous un voile...
C'est toi qui dors dans l'ombre, ô sacré souvenir ! "
Voila le sujet de mon prochain commentaire.

Le prof nous demande (en plus de l'introduction) de choisir les sujets des deux sous parties.
Je pense avoir trouvé le premier :
I- étudier le coté poésie lyrique

par contre j'ai plus de mal pour la partie II... si vous pouviez m'aider, car le français c'est pas trop mon truc !

Merci d'avance.

Perle
«1

Réponses

  • Le français n'est pas "un truc" et dire que "ce n'est pas ton truc" ne renvoie à aucun signifié! Le français est ta langue maternelle et quoique tu puisses en dire elle sera toujours "ton truc" si nous entendons alors au fond des ombres la signification d'outil. Ce truc, "l'outil" t'appartient chaque jour: tu parles, tu écris, tu penses puis tu transcris en francais. Donc, le francais est bien "ton truc" encore faut-il, peut-être, que tu veuilles perçevoir la beauté que ce truc a sous les yeux! Que ferions-nous sans archéologue et sans chercheurs? Ces humbles serviteurs usent de "trucs" pour nous révéler les plus belles merveilles aux mondes! Alors mon chèr,ce poéme, est ton truc! LE FRANCAIS EST TON ETRE....

    En ce qui concerne ce poéme, je te préconise d'observer son déroulement....
  • PerlePerle Membre
    Le français n'est pas ma langue maternelle ... Je le parle depuis a peu près 4 ans , et j'ai beacoup de mal pour les explications de texte, surtout lorsqu'il s'agit de littérature classique... Loin d'être mon ami...
    Je comprend mieux le language fait de signe et de chiffres...
  • Mea Culpa Alors Mea Culpa....
  • PerlePerle Membre
    ce qui veut dire ?
  • C'est ma faute, excuse-moi :)
  • Jean-LucJean-Luc Modérateur
    Bonjour Perle,

    Tu pourrais examiner deux axes :

    La peinture contrastée de la nature dans les amours du poète
    et
    ton premier axe que je préciserais en lyrisme élégiaque ou bien en rôle de la poésie chargée de lutter contre la fuite du temps.
  • Ce poème est considérée comme une rupture avec le sentiment romantique de la Nature qui veut que celle-ci soit un miroir, un correspondant subtil des sentiments du Poète
    Voir les dernières strophes et surtout
    Nature au front serein, comme vous oubliez !
    qu'on peut mettre en opposition avec, dans Le Lac
    Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
    Que les parfums légers de ton air embaumé,
    Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
    Tout dise : Ils ont aimé !

    et relier à Vigny

    Vivez, froide Nature, et revivez sans cesse
    Sous nos pieds, sur nos fronts, puisque c'est votre loi
    Vivez, et dédaignez, si vous êtes déesse,
    L'homme, humble passager, qui dut vous être un roi
  • Bonjour à tous moi aussi demain j'ai un commentaire de ce poême et je n'arrive pas à trouver les 2 axes. Si quelqu'un peut me donner une réponse concrète ça serait sympa merci.
  • PerlePerle Membre
    merci pour vos réponses ! j'espère que tout va bien se passer ! merci !

    effectivement tout s'est bien passé ! j'ai meme eu la meilleure note de toute mon année de français !

    encore merci pour vos conseils !
  • Tant mieux Perle, et continue sur cette bonne voie Et la prochaine fois que la meilleure note ne soit due qu'à ta propre réflexion, je te le souhaite :)
  • bonsoir tout le monde je suis une nouvelle avec vous dans ce forum, je voudrais que klk1 m'aide a trouver une analyse pour ce poème "Tristesse d'Olympio" de Victor Hugo..merci d'avance :(plzzz eske klk1 peut m'le trouvé eu plu proche possible merciiiiiiiiiiiiiiiiiiii bqppppp pr vous, vraiment chwi tres presséeeeeehhh
  • j'ai un commentaire composé en Français. Je vous demande pas de me le faire à ma place sinon ça sert à rien que la prof la corrige. moi ce que je veux c'est juste une petite piste pour faire mon commentaire composé bien structuré et bien organisé. Je vous demande cette aide parce que il y a des termes que j'ai pas compris dans la consigne du prof Veuillez m'aider s'il vou plaît c'est urgent et je vous donne les consignes

    Consigne: Vous ferez le commentaire de ce poème (TRISTESSE D'OLYMPIO) en vous du parcours lecture suivant :

    Idée directrice 1 : Le récit d'un pèlerinage amoureux

    Idée directrice 2 : Le contraste entre la nature et l'état d'esprit de l'homme.

    Pour chaque Idée directrice vous ferez deux paragraphes avec les titres des arguments(facultative mais ça m'aidera s'il vous plaît)

    Voici le poème:

    Les champs n'étaient point noirs, les cieux n'étaient pas mornes.
    Non, le jour rayonnait dans un azur sans bornes
    Sur la terre étendu,
    L'air était plein d'encens et les prés de verdures
    Quand il revit ces lieux où par tant de blessures
    Son coeur s'est répandu !

    L'automne souriait ; les coteaux vers la plaine
    Penchaient leurs bois charmants qui jaunissaient à peine ;
    Le ciel était doré ;
    Et les oiseaux, tournés vers celui que tout nomme,
    Disant peut-être à Dieu quelque chose de l'homme,
    Chantaient leur chant sacré !

    Il voulut tout revoir, l'étang près de la source,
    La masure où l'aumône avait vidé leur bourse,
    Le vieux frêne plié,
    Les retraites d'amour au fond des bois perdues,
    L'arbre où dans les baisers leurs âmes confondues
    Avaient tout oublié !
    Veuillez pas me rédiger entièrement mais je veux des pistes avec un petit plan merci si je le réussi ça serai grâce à vous
  • Jean-LucJean-Luc Modérateur
    Bonjour,

    Comme c'est Noël, voilà une proposition en guise de cadeau !

    Idée directrice 1 : Le récit d'un pèlerinage amoureux
    Le lexique de l'amour et de l'extase
    La quête d'un passé
    Idée directrice 2 : Le contraste entre la nature et l'état d'esprit de l'homme.
    Une nature automnale radieuse
    Un cœur souffrant et mélancolique

    Bonne rédaction !
  • Bonjour,
    J'étudie le poème Tristesse d'Olympio de Hugo et j'aimerais avoir des détails d'analyse, notamment sur la relation entre le poète et la nature.
    J'ai déjà deux axes pour cette partie. La nature est indifférente à l'homme et sa beauté contraste avec la mélancolie du poète. Mais comment le montrer à travers l'analyse du poème ? Et si vous avez d'autres pistes...
    Merci

    Voilà le texte ( seuls quelques passages sont interessants à étudier, je crois )
    Les champs n'étaient point noirs, les cieux n'étaient pas mornes.
    Non, le jour rayonnait dans un azur sans bornes
    Sur la terre étendu,
    L'air était plein d'encens et les prés de verdures
    Quand il revit ces lieux où par tant de blessures
    Son coeur s'est répandu !

    L'automne souriait ; les coteaux vers la plaine
    Penchaient leurs bois charmants qui jaunissaient à peine ;
    Le ciel était doré ;
    Et les oiseaux, tournés vers celui que tout nomme,
    Disant peut-être à Dieu quelque chose de l'homme,
    Chantaient leur chant sacré !

    Il voulut tout revoir, l'étang près de la source,
    La masure où l'aumône avait vidé leur bourse,
    Le vieux frêne plié,
    Les retraites d'amour au fond des bois perdues,
    L'arbre où dans les baisers leurs âmes confondues
    Avaient tout oublié !

    Il chercha le jardin, la maison isolée,
    La grille d'où l'oeil plonge en une oblique allée,
    Les vergers en talus.
    Pâle, il marchait. - Au bruit de son pas grave et sombre,
    Il voyait à chaque arbre, hélas ! se dresser l'ombre
    Des jours qui ne sont plus !
    Il entendait frémir dans la forêt qu'il aime
    Ce doux vent qui, faisant tout vibrer en nous-même,
    Y réveille l'amour,
    Et, remuant le chêne ou balançant la rose,
    Semble l'âme de tout qui va sur chaque chose
    Se poser tour à tour !

    Les feuilles qui gisaient dans le bois solitaire,
    S'efforçant sous ses pas de s'élever de terre,
    Couraient dans le jardin ;
    Ainsi, parfois, quand l'âme est triste, nos pensées
    S'envolent un moment sur leurs ailes blessées,
    Puis retombent soudain.

    Il contempla longtemps les formes magnifiques
    Que la nature prend dans les champs pacifiques ;
    Il rêva jusqu'au soir ;
    Tout le jour il erra le long de la ravine,
    Admirant tour à tour le ciel, face divine,
    Le lac, divin miroir !

    Hélas ! se rappelant ses douces aventures,
    Regardant, sans entrer, par-dessus les clôtures,
    Ainsi qu'un paria,
    Il erra tout le jour, vers l'heure où la nuit tombe,
    Il se sentit le coeur triste comme une tombe,
    Alors il s'écria :

    " O douleur ! j'ai voulu, moi dont l'âme est troublée,
    Savoir si l'urne encor conservait la liqueur,
    Et voir ce qu'avait fait cette heureuse vallée
    De tout ce que j'avais laissé là de mon coeur !

    Que peu de temps suffit pour changer toutes choses !
    Nature au front serein, comme vous oubliez !
    Et comme vous brisez dans vos métamorphoses
    Les fils mystérieux où nos coeurs sont liés !

    Nos chambres de feuillage en halliers sont changées !
    L'arbre où fut notre chiffre est mort ou renversé ;
    Nos roses dans l'enclos ont été ravagées
    Par les petits enfants qui sautent le fossé.

    Un mur clôt la fontaine où, par l'heure échauffée,
    Folâtre, elle buvait en descendant des bois ;
    Elle prenait de l'eau dans sa main, douce fée,
    Et laissait retomber des perles de ses doigts !

    On a pavé la route âpre et mal aplanie,
    Où, dans le sable pur se dessinant si bien,
    Et de sa petitesse étalant l'ironie,
    Son pied charmant semblait rire à côté du mien !

    La borne du chemin, qui vit des jours sans nombre,
    Où jadis pour m'attendre elle aimait à s'asseoir,
    S'est usée en heurtant, lorsque la route est sombre,
    Les grands chars gémissants qui reviennent le soir.

    La forêt ici manque et là s'est agrandie.
    De tout ce qui fut nous presque rien n'est vivant ;
    Et, comme un tas de cendre éteinte et refroidie,
    L'amas des souvenirs se disperse à tout vent !

    N'existons-nous donc plus ? Avons-nous eu notre heure ?
    Rien ne la rendra-t-il à nos cris superflus ?
    L'air joue avec la branche au moment où je pleure ;
    Ma maison me regarde et ne me connaît plus.

    D'autres vont maintenant passer où nous passâmes.
    Nous y sommes venus, d'autres vont y venir ;
    Et le songe qu'avaient ébauché nos deux âmes,
    Ils le continueront sans pouvoir le finir !

    Car personne ici-bas ne termine et n'achève ;
    Les pires des humains sont comme les meilleurs ;
    Nous nous réveillons tous au même endroit du rêve.
    Tout commence en ce monde et tout finit ailleurs.

    Oui, d'autres à leur tour viendront, couples sans tache,
    Puiser dans cet asile heureux, calme, enchanté,
    Tout ce que la nature à l'amour qui se cache
    Mêle de rêverie et de solennité !

    D'autres auront nos champs, nos sentiers, nos retraites ;
    Ton bois, ma bien-aimée, est à des inconnus.
    D'autres femmes viendront, baigneuses indiscrètes,
    Troubler le flot sacré qu'ont touché tes pieds nus !

    Quoi donc ! c'est vainement qu'ici nous nous aimâmes !
    Rien ne nous restera de ces coteaux fleuris
    Où nous fondions notre être en y mêlant nos flammes !
    L'impassible nature a déjà tout repris.

    Oh ! dites-moi, ravins, frais ruisseaux, treilles mûres,
    Rameaux chargés de nids, grottes, forêts, buissons.
    Est-ce que vous ferez pour d'autres vos murmures ?
    Est-ce que vous direz à d'autres vos chansons ?

    Nous vous comprenions tant ! doux, attentifs, austères,
    Tous nos échos s'ouvraient si bien à votre voix !
    Et nous prêtions si bien, sans troubler vos mystères,
    L'oreille aux mots profonds que vous dites parfois !

    Répondez, vallon pur, répondez, solitude,
    O nature abritée en ce désert si beau,
    Lorsque nous dormirons tous deux dans l'attitude
    Que donne aux morts pensifs la forme du tombeau,

    Est-ce que vous serez à ce point insensible
    De nous savoir couchés, morts avec nos amours,
    Et de continuer votre fête paisible,
    Et de toujours sourire et de chanter toujours ?

    Est-ce que, nous sentant errer dans vos retraites,
    Fantômes reconnus par vos monts et vos bois,
    Vous ne nous direz pas de ces choses secrètes
    Qu'on dit en revoyant des amis d'autrefois ?

    Est-ce que vous pourrez, sans tristesse et sans plainte,
    Voir nos ombres flotter où marchèrent nos pas,
    Et la voir m'entraîner, dans une morne étreinte,
    Vers quelque source en pleurs qui sanglote tout bas ?

    Et s'il est quelque part, dans l'ombre où rien ne veille,
    Deux amants sous vos fleurs abritant leurs transports,
    Ne leur irez-vous pas murmurer à l'oreille :
    - Vous qui vivez, donnez une pensée aux morts !

    Dieu nous prête un moment les prés et les fontaines,
    Les grands bois frissonnants, les rocs profonds et sourds
    Et les cieux azurés et les lacs et les plaines,
    Pour y mettre nos coeurs, nos rêves, nos amours ;

    Puis il nous les retire. Il souffle notre flamme ;
    Il plonge dans la nuit l'antre où nous rayonnons ;
    Et dit à la vallée, où s'imprima notre âme,
    D'effacer notre trace et d'oublier nos noms.

    Eh bien ! oubliez-nous, maison, jardin, ombrages !
    Herbe, use notre seuil ! ronce, cache nos pas !
    Chantez, oiseaux ! ruisseaux, coulez ! croissez, feuillages !
    Ceux que vous oubliez ne vous oublieront pas.

    Car vous êtes pour nous l'ombre de l'amour même !
    Vous êtes l'oasis qu'on rencontre en chemin !
    Vous êtes, ô vallon, la retraite suprême
    Où nous avons pleuré nous tenant par la main ! [...]
  • Bonjour,
    J'ai un extrait du poème de Victor Hugo où je dois selectionner parmis 8 idées, les 3 plus importantes pour pouvoir constituer les idées directrices d'un parcours de lecture.
    "Les champs n'étaient point noirs, les cieux n'étaient pas mornes.
    Non, le jour rayonnait dans un azur sans bornes
    Sur la terre étendu,
    L'air était plein d'encens et les prés de verdures
    Quand il revit ces lieux où par tant de blessures
    Son coeur s'est répandu !

    L'automne souriait ; les coteaux vers la plaine
    Penchaient leurs bois charmants qui jaunissaient à peine ;
    Le ciel était doré ;
    Et les oiseaux, tournés vers celui que tout nomme,
    Disant peut-être à Dieu quelque chose de l'homme,
    Chantaient leur chant sacré !

    Il voulut tout revoir, l'étang près de la source,
    La masure où l'aumône avait vidé leur bourse,
    Le vieux frêne plié,
    Les retraites d'amour au fond des bois perdues,
    L'arbre où dans les baisers leurs âmes confondues
    Avaient tout oublié !"

    Les 8 idées:
    a) Le lyrisme s'exprime à la 3ème personne du singulier : le "il" est le double du "je"
    b) Le champ lexical de la lumière est très important
    c) L'expression du sentiment amoureux transforme la nature
    d) Le rythme des vers permettent d'exprimer à la fois l'exaltation et la tristesse
    e) Le poème fait le récit d'un pélerinage amoureux
    f) L'automne est la saison préférée des poètes romantiques
    g) La modalité exclamative est un signe du registre lyrique
    h) La nature est indifférente aux chagrins de l'homme

    J'aurai choisi comme idées la c, e et h mais j'hésite aussi avec la d...
  • C'était quoi la réponse, car j'ai le même exercice à rendre que toi :/ ?
  • Tu pourrais peut-être y réfléchir ???
  • bonjour,
    voila ma prof de français m'a donné un commentaire composé à faire sur Victor Hugo, les rayons et les ombres, tristesse d'Olympio ( paragraphe 5 " Il entendait frémir..." au paragraphe 10"Que peu de temps suffit...") pendant les vacances, mais le problème c'est que je n'ai pas de problématique... Certes j'ai mes grandes parties et mes sous-parties mais impossible de trouver un problématique...
    S'il vous plait j'ai besoin de votre aide pour trouver un problématique...

    Cordialement
  • JehanJehan Modérateur
    Bonjour.

    Une problématique, veux-tu dire...
    Et quels axes et grandes parties as-tu trouvées ?
  • En faite,
    ma prof nous a donnée les grandes parties et les sous-parties:

    I. Le poème est un pèlerinage amoureux.
    a) le lexique de l'amour et de l'extase.
    b) la quête d'un passé causé par le temps qui passe.

    II. Le contraste entre la nature et l'état d'esprit( ou émotionnel) de l'homme.
    a) un paysage d'automne radieux.
    b) l'homme souffrant et mélancolique.
    c) quelque soit les sentiments de l'homme, la nature en est indifférente.

    Elle veut qu'on trouve une problématique en rapport avec ces axes ci-dessus puis qu'on fasse le commentaire composé; il me faudrait juste une problématique...
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