Les plus beaux textes de la littérature française

Tout d'abord, j'espère que mon sujet est à la bonne place. Alors voilà, ce sujet est fait pour que vous nous montriez vos coups de coeur, des passages de roman que vous avez trouvé magnifiques ou qui vous ont émus. Vous pouvez également mette vos poèmes coup de coeur.
Je me lance tout d'abord avce du classique:
Victor HUGO
Jean d'Ormesson
Qu'ai-je donc fait?
Je me lance tout d'abord avce du classique:
Victor HUGO
Puis par du plus comtemporain:Trois ans après
Il est temps que je me repose ;
Je suis terrassé par le sort.
Ne me parlez pas d'autre chose
Que des ténèbres où l'on dort !
Que veut-on que je recommence ?
Je ne demande désormais
A la création immense
Qu'un peu de silence et de paix !
Pourquoi m'appelez-vous encore ?
J'ai fait ma tâche et mon devoir.
Qui travaillait avant l'aurore,
Peut s'en aller avant le soir.
A vingt ans, deuil et solitude !
Mes yeux, baissés vers le gazon,
Perdirent la douce habitude
De voir ma mère à la maison.
Elle nous quitta pour la tombe ;
Et vous savez bien qu'aujourd'hui
Je cherche, en cette nuit qui tombe,
Un autre ange qui s'est enfui !
Vous savez que je désespère,
Que ma force en vain se défend,
Et que je souffre comme père,
Moi qui souffris tant comme enfant !
Mon oeuvre n'est pas terminée,
Dites-vous. Comme Adam banni,
Je regarde ma destinée,
Et je vois bien que j'ai fini.
L'humble enfant que Dieu m'a ravie
Rien qu'en m'aimant savait m'aider ;
C'était le bonheur de ma vie
De voir ses yeux me regarder.
Si ce Dieu n'a pas voulu clore
L'oeuvre qu'il me fit commencer,
S'il veut que je travaille encore,
Il n'avait qu'à me la laisser !
Il n'avait qu'à me laisser vivre
Avec ma fille à mes côtés,
Dans cette extase où je m'enivre
De mystérieuses clartés !
Ces clartés, jour d'une autre sphère,
Ô Dieu jaloux, tu nous les vends !
Pourquoi m'as-tu pris la lumière
Que j'avais parmi les vivants ?
As-tu donc pensé, fatal maître,
Qu'à force de te contempler,
Je ne voyais plus ce doux être,
Et qu'il pouvait bien s'en aller ?
T'es-tu dit que l'homme, vaine ombre,
Hélas! perd son humanité
A trop voir cette splendeur sombre
Qu'on appelle la vérité ?
Qu'on peut le frapper sans qu'il souffre,
Que son coeur est mort dans l'ennui,
Et qu'à force de voir le gouffre,
Il n'a plus qu'un abîme en lui ?
Qu'il va, stoïque, où tu l'envoies,
Et que désormais, endurci,
N'ayant plus ici-bas de joies,
Il n'a plus de douleurs aussi ?
As-tu pensé qu'une âme tendre
S'ouvre à toi pour se mieux fermer,
Et que ceux qui veulent comprendre
Finissent par ne plus aimer ?
Ô Dieu ! vraiment, as-tu pu croire
Que je préférais, sous les cieux,
L'effrayant rayon de ta gloire
Aux douces lueurs de ses yeux ?
Si j'avais su tes lois moroses,
Et qu'au même esprit enchanté
Tu ne donnes point ces deux choses,
Le bonheur et la vérité,
Plutôt que de lever tes voiles,
Et de chercher, coeur triste et pur,
A te voir au fond des étoiles,
Ô Dieu sombre d'un monde obscur,
J'eusse aimé mieux, loin de ta face,
Suivre, heureux, un étroit chemin,
Et n'être qu'un homme qui passe
Tenant son enfant par la main
Jean d'Ormesson
Qu'ai-je donc fait?
«Qu'ai-je donc fait ? J'ai aimé l'eau, la lumière, le soleil, les matins d'été, les ports, la douceur du soir dans les collines et une foule de détails sans le moindre intérêt comme cet olivier très rond dont je me souviens encore dans la baie de Fethiye ou un escalier bleu et blanc flanqué de deux fontaines dans un village des Pouilles dont j'ai oublié le nom. Je ne regrette ni d'être venu ni de devoir repartir vers quelque chose d'inconnu dont personne, grâce à Dieu, n'a jamais pu rien savoir. J'ai trouvé la vie très belle et assez longue à mon goût. J'ai eu de la chance. Merci. J'ai commis des fautes et des erreurs. Pardon. Pensez à moi de temps en temps. Saluez le monde pour moi quand je ne serai plus là. C'est une drôle de machine à faire verser des larmes de sang et à rendre fou de bonheur. Je me retourne encore une fois sur ce temps perdu et gagné et je me dis, je me trompe peut-être, qu'il m'a donné - comme ça, pour rien, avec beaucoup de grâce et de bonne volonté - ce qu'il y a eu de meilleur de toute éternité : la vie d'un homme parmi les autres.»
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Réponses
Tout simplement virtuose.
Ce n'est pas de la littérature française mais je voulais me faire plaisir et pourquoi pas, le partager.
Pour ma part, j'ai beaucoup admiration pour certaines tirades du Don Juan de Molière : quelle éloquence ! Il réussit à faire douter un ermite de l'existence d'un Dieu, faire passer " un vice pour vertu "à l'aide d'une argumentation structurée, de syllogismes etc.
" Vous tournez les choses d'une manière, qu'il semble que vous avez raison ; et cependant il est vrai que vous ne l'avez pas " Cette réplique de Sganarelle résume très bien, je trouve, les qualités d'orateur de Don Juan, sa force de persuasion qui est aussi fascinante que dangereuse...
Les nouvelles fantastiques de Maupassant sont également un régal, j'admire la manière avec laquelle il transmet l'angoisse de son personnage vers le lecteur (dans La peur par exemple)
Il faut reconnaître que le poème de Victor Hugo est magnifique.
Un passage que j'apprécie énormément:
A. Camus, Lettres à un ami allemand
de son oeuvre mais j'affectionne tout particulièrement le poème "Rococo japonais" extrait du
Drageoir aux Epices (1874), recueil de poèmes en prose. Un panache rythmique et une plume qui cotoie
la force innovante du pinceau :
ô toi dont l'oeil est noir, les tresses noires, les chairs blondes, écoute-moi, ô ma folâtre louve!
J'aime tes yeux fantasques, tes yeux qui se retroussent sur les tempes; j'aime la bouche rouge comme une baie de sorbier, tes joues rondes et jaunes; j'aime tes pieds tors, ta gorge roide, tes grands ongles lancéolés, brillants comme des valves de nacre.
J'aime, ô mignarde louve, ton énervant nonchaloir, ton sourire, alangui, ton attitude indolente, tes gestes mièvres.
J'aime, o louve caline, les miaulements de ta voix, j'aime ses tons ululants et rauques, mais j'aime par-dessus tout, j'aime à en mourir, ton nez, ton petit nez qui s'échappe des vagues de ta chevelure, comme une rose jaune éclose dans un feuillage noir!"
Voilà, je ne sais pas pourquoi ce texte me paraissait aussi frappant, peut-être l'amertume qu'il contient, la violence, et en même temps l'impatience qu'il a d'en finir ...
Je l'ai eu à l'oral de mon bac de français, et je n'ai jamais pris autant de plaisir ni mis autant de soin à lire un texte à voix haute
PS : veuillez m'excuser pour les éventuelles fautes, je l'ai recopié de mon carnet et vu mon écriture, les erreurs sont plus que probables ...
Et encore plus particulièrement, le célèbre passage du Pélican...
Ahlalala.. *soupir* Qu'est-ce que c'est beau...
Et puis encore... Cette fois, c'est fini, je vous le promets!
Mais par contre, désolée de chipoter, mais j'en ai deux exemplaires sous les yeux, je me demande donc pourquoi ne pas avoir respecté la mise en page ?
C'est :
J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité
et non :
J'ai tant rêvé de toi
que tu perds ta réalité.
etc.
De même il n'y a pas de saut de ligne, pas de strophe.
"O toi dont l'oeil est noir, les tresses noires, les chairs blondes, écoute-moi, ô ma folâtre louve!
J'aime tes yeux fantasques, tes yeux qui se retroussent sur les tempes; j'aime ta bouche rouge comme une baie de sorbier, tes joues rondes et jaunes; j'aime tes pieds tors, ta gorge roide, tes grands ongles lancéolés, brillants comme des valves de nacre.
J'aime, ô mignarde louve, ton énervant nonchaloir, ton sourire alangui, ton attitude indolente, tes gestes mièvres.
J'aime, ô louve câline, les miaulements de ta voix, j'aime ses tons ululants et rauques, mais j'aime par-dessus tout, j'aime à en mourir, ton nez, ton petit nez qui s'échappe des vagues de ta chevelkure, comme une rose jaune éclose dans un feuillage noir!"
FRISSON ! :P
Et comment ! :P
Tant qu'on y est, je n'oublierai pas ce petit morceau de L'Extase.
Mais l'extrait de Rococo japonais que tu as cité est le meilleur, tu l'emportes ! :P