Zeugme et antanaclase

dans Langue française
Bonjour à tous, je sors de mon examen d'expression écrite et une phrase fait débat (pour cause, elle vaut pour la moitié de l'examen...)
Et je voulais donc votre avis.
On nous a donné la phrase suivante :
"Ce n'est pas du français que vous me causez mais de la peine"
Personnellement j'ai mis que c'était un zeugme mais d'autres penchent plutôt pour une antanaclase.
Zeugme verbal : consiste à réunir dans une même proposition un régime concret et un régime abstrait.
Antanaclase : c'est la répétition d'un mot ou d'une expression en lui donnant une autre signifcation également reçue mais toujours de sens propre. C'est l'utilisation des homophones et des homographes.
Classique ou simple (deux mots qui se prononcent et s'écrivent de la même façon mais qui ont un sens différent) :
Complexe (ce ne sont pas les même mots qui sont utilisés. Un mot qui peut être pris dans un sens différent selon le contexte. Possibilité de quiproquo) : Ravissez-moi, je vous enlève.
Et je voulais donc votre avis.
On nous a donné la phrase suivante :
"Ce n'est pas du français que vous me causez mais de la peine"
Personnellement j'ai mis que c'était un zeugme mais d'autres penchent plutôt pour une antanaclase.
Zeugme verbal : consiste à réunir dans une même proposition un régime concret et un régime abstrait.
Il a un cœur et un bracelet en or.
Il reprit de l’espoir et du saumon.
Femmes serrées dans des corsets et dans des préjugés.
Vêtu de probité candide et de lin blanc.
Il parlait en anglais et en gesticulant.
On devrait faire l'amour et la poussière.
Ils s'enfoncèrent, l'un dans la nuit, l'autre un clou dans la fesse droite.
J'avais le rouge au front et le savon à la main.
Antanaclase : c'est la répétition d'un mot ou d'une expression en lui donnant une autre signifcation également reçue mais toujours de sens propre. C'est l'utilisation des homophones et des homographes.
Classique ou simple (deux mots qui se prononcent et s'écrivent de la même façon mais qui ont un sens différent) :
Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas.
Aujourd'hui Perpétue et Félicité jouissent d'une perpétuelle félicité.
Adieu Monsieur l'homme d'affaires, qui n'avez fait celles de personne.
Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église.
Il faudrait pouvoir accéder au savoir sans le savoir.
Il est notoire que les sujets sérieux doivent être traités par des sujets sérieux.
Complexe (ce ne sont pas les même mots qui sont utilisés. Un mot qui peut être pris dans un sens différent selon le contexte. Possibilité de quiproquo) : Ravissez-moi, je vous enlève.
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Réponses
Il n'y a aucune répétition ici. C'est donc un zeugme, "attelage" de deux objets qui joue sur deux verbes homophones, lesquels ne sont justement pas répétés.
1) vous me causez de la peine
2) vous me causez en français (du français ?)
= rupture syntaxique ?
Ne croyez vous qu' il y a un autre procédé à imaginer ?
En effet, dans les types d' antanaclases, il y a également l' antanaclase elliptique.
Le procédé stylistique vient du fait d' un seul mot qui incarne deux sens différents dans la phrase.
Par exemple : " La culture c'est comme la confiture, moins on en a, plus on l' étale '
(avec les deux sens d' étaler)
Ou encore " Les gardiens de la paix, au lieu de la garder, il ferait bien de nous la foutre"
Mais aussi "Les étudiants c'est comme le linge, quand il fait beau, ça sèche"
(avec les deux sens du mot sécher)
Ne croyez vous pas que dans la phrase " Ce n' est pas le français que vous me causez, mais de la peine" , il s' agit du même procédé avec les différents sens du verbe " causer" ?
2. Non: l'anacoluthe est une rupture dans le fil syntaxique. En toute rigueur, c'est une faute (mais qui peut être voulue). Ici, la phrase est parfaitement régulière, même si elle comporte un jeu de sens remarquable.
L'exemple canonique du zeugme est vêtu de probité candide et de lin blanc, qui fonctionne là encore sur un sens propre et figuré (cf. votre première phrase).
Ça me rappelle une petite anecdote de ma professeur de littérature qui, étudiant la fameuse anacoluthe pascalienne "Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé", affirmait catégoriquement, devant les quolibets empressés de certains, que : "dans vos copies, c'est une faute d'orthographe pitoyable ; une superbe anacoluthe chez Pascal."
Le chiasme est savoureux à vrai dire.
Aussi , quant à l' antanaclase elliptique, ce procédé existe bien et sous la définition que je vous ai citée tout à l' heure. N'est-ce pas ?
Car la cette phrase aussi jolie que tortueuse (...), qui pose problème, correspond pourtant bien à cette définition?
Et cette phrase, il semble qu' elle reprenne ces deux conditions.
Néanmoins, je ne crois qu on puisse dire :" c' est les deux ! "
Il doit y avoir une règle qui tranche.. ?
Dans la phrase : "Je suis arrivé par bateau mais surtout par miracle" celui-ci voit une antanaclase. ("par bateau... par miracle")
Pourtant, je crois voir ici un zeugma et non pas une antanaclase.
Est-il possible de m'expliquer pourquoi cette phrase n'est pas un zeugma ?
Merci d'avance !
Moi aussi, j'y vois plutôt un zeugma.
Je ne vois pas ici quel mot serait utilisé avec deux sens différents.
Les deux par expriment tous deux le moyen, me semble-t-il.
2.Zeugme, antanaclase, diaphore ou attelage ?
La difficulté réside dans le fait qu'un même terme peut être polysémique et défini différemment selon les auteurs et qu'enfin certains de ces termes sont sémantiquement proches.
Je retiens les ouvrages en ma possession qui me paraissent les plus clairs.
2.1. Antanaclase :
Dictionnaire de la linguistique, G. Mounin, PUF : Dans l'ex.(très long), le mot engagement est répété dans des sens différents.
Dictionnaire de rhétorique, G. Molinié :
figure dans laquelle "un terme apparaît deux fois dans un segment, avec des sens différents. Tous méprisent le peuple, et ils sont le peuple. (La Bruyère.) 1re occurrence, peuple = classe des petites gens ; 2e occurrence, peuple = gens moralement inférieurs.
Figures de style, Beth et Marpeau :
Même procédé que la diaphore* quand il est employé dans le cadre d'un discours : on utilise le mot de son interlocuteur pour en détourner le sens. Ex. de diaphore : Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas. (B. Pascal.)
Le Grand Robert : 2.2. Zeugme (Zeugma est jugé pédantesque par certains.)
Dictionnaire de la linguistique, G. Mounin, PUF :
Dans une 1re acception, construction qui consiste à sous-entendre dans un énoncé un élément (monème ou syntagme) exprimé dans un énoncé voisin. L'Océan était vide et la plage déserte. (Musset.)
Dictionnaire de rhétorique, G. Molinié : Ex. Elle est pulpeuse, sensuelle et protestante. (Matzneff.)
[ Figures de style, Beth et Marpeau :
Le Grand Robert 2016 : Cette définition correspond à la 1re donnée ci-dessus par le Dictionnaire de la linguistique.
Ma conclusion :
Au terme de ces définitions, il apparaît plus clairement et plus certainement que la phrase soumise* initialement n'est certainement pas une antanaclase. En effet, cette phrase ne contient aucun mot répété dans deux (ou plusieurs) sens différents. A cet égard, Jehan fait justement observer qu'il n'en est pas ainsi du mot par.
*Je suis arrivé par bateau et surtout par miracle.
Elle constitue, en revanche un zeugme puisqu'elle coordonne deux éléments (bateau, miracle) qui ne sont pas sur un même plan sémantique.
Plus précisément, il s'agit d'un zeugme sémantique ou attelage.