Place du pronom personnel à l’impératif - "Donne-le-moi"

dans Langue française
Bonjour à tous, voici ma première question sur votre forum.
La forme correcte de cette phrase est bien celle citée dans le titre du sujet, toutefois ma question se porte sur la forme suivante que j'ai pu souvent entendre à l'oral :" Donne-me-le".
Cette forme est elle correcte ou bien serait-ce un régionalisme du style "donne moi-z'-en".
Cordialement
La forme correcte de cette phrase est bien celle citée dans le titre du sujet, toutefois ma question se porte sur la forme suivante que j'ai pu souvent entendre à l'oral :" Donne-me-le".
Cette forme est elle correcte ou bien serait-ce un régionalisme du style "donne moi-z'-en".
Cordialement
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Réponses
*donne-le-moi (et non donne-me-le ou donne-le-me)
*donne-m'en (et non donne-moi-z-en)
A confirmer.
Marot écrivait au XVème siècle (en langue d'oïl)
"pour le vous faire entendre
Donne-me-le était peut-être correct à cette époque
Il est interessant de voir qu'à l'impératif positif on dit "donne-le-moi" alors qu'au négatif ce sera "Ne me le donne pas"
Le pronom tonique "moi" a remplacé "me" comme "lui" a remplacé "le" ou "la" dans certaines constructions. J'ai l'impression que c'est dans les cas où "moi" ou "lui" est complément d'attribution
On dira "je la vois" "je le vois" mais je LUI donne
Parce qu'évidemment on donne qq chose, et si ce qq chose est remplacé par un pronom ce pronom étant "le" ou "la" il y aurait confusion avec "le" ou "la" mis pour la personne à qui l'on donne
Ce livre, je le LUI donne
Cette image, je la LUI donne (lui est dans ce cas neutre)
On ne peut pas dire "ce livre je le le donne" on "cette image je la le donne"
Alors qu'on dit "je LE vois" "je LA vois"
Et on dit "je TE le donne" ou "je TE la donne"
Mais : donne-le toi !
Je ME le donne
Mais : Donne-le moi
C'est vraiment très amusant !
Je vais tâcher de mettre nos idées en place.
Pour faire simple, je me limiterai (sauf dans l’énoncé des règles) au pronom personnel de la troisième personne du singulier, en éliminant les formes réfléchies.
Je vous rappelle d’abord LES FORMES SELON LES FONCTIONS :
FORMES CONJOINTES :
1 sujet : il / elle,
2 COD ou attribut : le / la,
3 COI : lui,
FORMES DISJOINTES : lui / elle.
(Je ne rappelle pas les emplois des formes conjointes et disjointes ; ce n’est pas le sujet.)
PLACE DU PRONOM PERSONNEL
A) SUJET : sauf dans les inversions d’usage, il précède le sujet.
* Il / Elle vient.
→ Vient-il ? Vient-elle ?
B) COMPLEMENT
1 PRONOM UNIQUE : il précède le verbe,
* Il LE donne. Je LE (attribut) serai. Il LUI parle.
sauf à l’impératif AFFIRMATIF : il suit le verbe,
* Donne-LE. Parle-LUI.
Mais : Ne LE donne pas. Ne LUI parle pas.
sauf aussi lorsque le pronom est disjoint.
* Il n’a rien POUR LUI.
2 PRONOMS MULTIPLES.
L’ordre est le suivant :
1 COI autre que lui / leur : me, te, se nous, vous,
2 COD : le, la, les,
3 lui / leur,
4 en, y.
* Je TE LE donne. Je LE LUI dirai. Je LUI EN donnerai. Je L’Y ferai penser.
EXCEPTION : à l’impératif affirmatif, l’ordre est le suivant :
1 COD : le, la, les,
2 COI : moi, toi, lui, nous, vous, leur,
3 en, y.
* Donne-LE-MOI. Donne-M’EN. Fais-L’Y penser. (Bizarre !)
Mais : Ne ME LE donne pas. Ne M’EN donne pas. Ne L’Y fais pas penser.
Vous remarquerez que les traits d’union ne se rencontrent qu’à l’impératif affirmatif, quand le ou les pronoms sont en postposition. (Outre en cas d’inversion du sujet.)
N’oubliez pas que ces traits d’union doivent parfois être multiples et que l’élision prévaut sur lui : ° Donne-MOI-EN. → Donne M’EN.
Pour répondre à une des questions, je précise que le COI précède parfois le COD à l’impératif affirmatif ; comme dit, Grevisse, il y a du flottement dans l’usage.
* Rends-nous-les. (Hugo)
* Montrez-moi-la. (Proust)
* Faites-nous-le. (Renard)
* Rends-nous-la. (Bernanos)
* Dites-nous le. (Montherlant) (Trait d’union oublié)
* Tenez-vous-le pour dit. (Particulièrement fréquent.)
Dans cette perspective, la forme suivante est correcte :
* Donne-moi-le.
Voilà un grand nombre de répondants, et des meilleurs. Il n’empêche que l’usage habituel est plutôt :
* Rends-les-nous. Montrez-la-moi. Faites-le-nous. Rends-la-nous. Dites-le-nous. Donne-le-moi.
Et même : Tenez-le-vous pour dit.
Vous me direz que tout cela est bien compliqué. C’est l’usage qui l’est. Les grammaires ne font qu’entériner le bon usage, en essayant de le structurer.
Je ne veux pas vous décourager, mais, dans Grevisse, la matière du pronom personnel fait 51 pages. Vous avez matière à piocher, autant que moi.
Je trouve dans un livre d'exercices :
rends-le moi
donne-le moi
Il manque un 2ème trait d'union n'est-ce pas? à moins qu'il soit facultatif ?
Merci d'avance pour votre réponse!
GREVISSE .
* Lorsque le verbe est accompagné de deux pronoms personnels, l'un direct, l'autre indirect, ils se mettent après le verbe [à l'impératif affirmatif] avec DES traits d'union.
- Montre-les-moi.
- Dis-le-moi.
Il cite avec un sic :
- Passez-la moi [sic] au bout du fil. (Ionesco)
Manifestement, les seconds traits d'union manquent dans ce livre d'exercices.
Bonne soirée !
Edy
Merci encore Edy et bonne nuit! Les moutons attendent....
Elle le dit souvent , moi ça m'agresse les oreilles !!
La forme usuelle est : * Donne-le-moi.
* Montre-les-moi. (Simone de Beauvoir)
* Dis-le-moi. (Françoise Sagan)
Il y a cependant du flottement dans l'usage et on rencontre :
* Rends-nous-les. (Hugo)
* Montrez-moi-la. (Proust)
On peut donc accepter : * Donne-moi-le.
Mais sûrement pas : * Donne-me-le. (Même avec des traits d'union)
Le COI doit en effet avoir ici la forme disjointe : moi.
Mais ces régionalismes ne sont pas syntaxiquement corrects.
Au XVIIe, le complément pronom n'accompagnait pas toujours l'infinitif qu'il complétait mais parfois le verbe modal conjugué : on disait "je le puis croire", "je le veux oublier", "je lui dois obéir". Néanmoins, je crois qu'il s'agissait là d'un trait de langue poétique (et du théâtre tragique, bien sûr).
Je trouve ces tournures bien jolies... Dommage qu'elles soient devenues difficiles d'emploi...
Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds ?
"Par saint Gille
Viens-nous en,
Mon agile
Alezan..."
Cet alex est finalement une sorte de syncope de ces phrases ou d'autres équivalentes :
Veux-tu...
(Changement d'idée)
(Ah !) Nous en aller...
Dans la profondeur de la forêt, sous les sombres frondaisons.
Il suffirait d'une virgule ou de points de suspension après Veux-tu pour supprimer quasi totalement l'étrangeté de la formulation.
Hugo était un avant-gardiste, il aurait sans-doute bien aimé jouer avec le participe futur...
Zorah
Je ne pense pas à un changement d'avis en cours de vers...
Victor sait très bien ce qu'il veut, le coquin !
Il y a en fait une audacieuse fusion de pronoms (prélude à une autre fusion...)
qui bouscule la syntaxe habituelle.
Sans la contrainte de l'alexandrin, il aurait pu dire :
"Veux -tu t'en aller avec moi sous les arbres profonds ?
Toi + moi = nous
Veux-tu nous en aller...
Même chose pour l'alezan :
Viens t'en avec moi. Mais cinq pieds, c'est trop long !
Toi + moi = nous
Viens nous en