Grammaire du français

Le trait d’union et l’impératif

Il s'agit de se faire expliquer certaines coutumes locales par des autochtones.

"Faites les vous expliquer"
ou
"Faites vous les expliquer"

Faut-il un trait d'union, ou deux ?

Je m'y perds un peu !
Pouvez-vous m'aider ?
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Réponses

  • Faites-les vous expliquer. Le trait d'union est obligatoire entre l'impératif et le pronom complément.
  • Non, il ne faut pas de traits d'union dans ce cas puisque les pronoms se rapportent à l'infinitif et non à l'impératif.
    Le trait d'union et l'impératif
    Les pronoms personnels situés après un impératif se joignent à lui et entre eux par un trait d'union.
    - prête-le-moi, vends-lui-en...

    Cependant, si ces pronoms personnels se rapportent à un infinitif placé après l'impératif, les traits d'union n'ont pas lieu d'être.
    - viens me le dire,
    - laisse-moi la contempler...


    Comment déterminer si le pronom personnel se rapporte ou non à l'infinitif ? En mettant la phrase à l'indicatif ! Les pronoms situés avant le verbe conjugué se rapportent à celui-ci et seront donc liés par trait d'union à l'impératif.
    - viens me le dire (tu viens me le dire).
    - laisse-moi la contempler (tu me laisses la contempler).
    - regarde-le chanter (tu le regardes chanter).

    (BOF)
  • Je vous remercie de ces informations. Cela me semble maintenant plus clair.
  • Bonjour,
    arcbet a écrit:
    Faites-les-vous expliquer.
    Si on suit votre idée et que l'on met cette phrase à l'indicatif, alors les pronoms sont placés avant le verbe conjugué :

    Vous vous les faites expliquer.

    Pourquoi dites-vous qu'on ne met pas de trait d'union dans ce cas, Anne ?
    Merci
  • Vous faites expliquer les (choses) à vous.

    Même si le "truc" du BOF ne fonctionne pas très bien dans ce cas, il est quand même évident que les et vous se rapportent à expliquer et non à faites. Non ?
  • évident pour vous, sûrement mais pas pour moi qui cherche à appliquer des solutions toute faites !Mais c'est sous-estimer notre langue.

    Ainsi :
    Ces frites, faites les frire ! vous ne mettez pas de trait d'union ? Jusqu'à aujourd'hui j'en aurais mis un !
  • Bonjour Junayme,

    Effectivement, il faut un trait d'union.
    Ce cas concerne quelques verbes : voir, entendre, sentir, laisser, faire, regarder, envoyer. Grevisse donne les explications ici.

    Muriel
  • Allons, bon ! ;)
    Ainsi:

    Va te faire enregistrer tout de suite !(tu vas te faire enregistrer : :bravo)
    et
    Va-t-en (tu t'en vas.)

    ou bien va-t'en ? Connaissez vous l'explication typographique.
    Merci.
  • JehanJehan Modérateur
    Bonjour.

    Dans "Va te faire enregistrer", le pronom "te" n'est pas conjoint à l'impératif "Va", c'est un COD de "faire enregistrer". Donc pas de trait d'union.

    Dans "Va-t'en ", le pronom réfléchi " t' " s'écrit avec un tiret avant (pronom conjoint) mais avec une apostrophe après, comme dans "Tu t'en vas". Ce n'est pas un t euphonique sans nature ni fonction grammaticale, comme c'est le cas dans : "Va-t-il ?"
  • Je lis, dans une ancienne édition de la grammaire "Le Bon Usage" de Maurice Grévisse, dans la rubrique intitulée "Emploi du trait d'union" :

    On met un trait d'union :
    ... ...
    Entre le verbe à l'impératif et le pronom personnel postposé : Crois-moi, dites-lui, prends-le, ...


    Remarque : Quand l'impératif est suivi de deux pronoms compléments, on met aussi un trait d'union entre les deux pronoms : Rends-le-moi, allez-vous-en, ...
    Cependant on ne met pas de trait d'union quand les pronoms sont compléments d'un infinitif qui suit : Voulez-vous le lui dire ? Veuillez me suivre.

  • Bonjour.

    Dois-je comprendre que les grammairiens n’ont pas su choisir entre deux logiques inconciliables ?

    La première serait celle suivie par Anne345, selon qui on devrait écrire « Faites le vous expliquer », car « le » et « vous » sont compléments de « expliquer ».

    Pour autant que je comprenne la seconde, il faudrait écrire « Faites-le-vous expliquer », car, dans « vous vous le faites expliquer » le deuxième « vous » et le « le » sont avant le verbe conjugué.

    Le fait est que sur Wikipedia, à l’article « trait d’union », il est dit que « laisse-nous en parler » et « laisse-nous-en parler » (correspondant à « tu nous en laisses parler) sont tous deux acceptables.

    Mais, à ce moment-là, on pourrait écrire « entendez-les la chanter », aussi bien que « entendez-les-la chanter » (correspondant à « vous les l’entendez chanter », comme on dirait « vous me l’entendez chanter »). Wikipedia mentionne la seule forme « entendez-les-la chanter »).

    Devra-t-on écrire « entendez-moi le lui dire » ou « entendez-moi-le-lui dire » (correspondant à « vous me le lui entendez dire ») ?

    Dans ces conditions, Muriel, pourquoi la forme « Faites le prendre » ou « Faites les frire » serait-elle à proscrire ?

    Enfin que penser de formes comme « laisse-le-moi lire ». Doit-il nécessairement y avoir des traits d’union, car le « moi » est séparé du verbe conjugué ?

    Bref, il me semble qu’on est en pleine incohérence.

    Cordialement et respectueusement.
  • La règle donnée par le BOF pour identifier les compléments de l'infintif est très élémentaire. Elle ne tient pas compte des cas particuliers : voir, entendre, écouter, laisser, faire, regarder, envoyer. Enfin si l'agent de l’infinitif qui peut être considéré aussi comme objet direct du verbe support on a le choix de la place du complément, donc de mettre ou non deux traits d'union à l'impératif.
    Consultez à ce propos Grevisse, § 683 et 684 dans la dernière édition, plutôt que Wikipédia.
  • Bonjour Michel,

    Vous avez écrit :
    [...] Le fait est que sur Wikipedia, à l’article « trait d’union », il est dit que « laisse-nous en parler » et « laisse-nous-en parler » (correspondant à « tu nous en laisses parler) sont tous deux acceptables.[...]
    Cela ne me semble pas juste. L'un, « laisse-nous-en parler », correspond bien à tu nous en laisses parler (les deux pronoms antéposés au verbe conjugué) ; l'autre, « laisse-nous en parler », correspond à mon sens à tu nous laisses en parler (un seul pronom antéposé au verbe conjugué).

    Muriel
  • Excusez-moi pour cette question.
    Je suis de très près vos débats sur ce sujet qui m'est très important.
    J'aimerais savoir la signification de BOF
    Merci Une autre question rapide me vient à l'esprit:
    écrit-on Donne -moi-en ou Donne-m'en?
    Merci
  • JehanJehan Modérateur
    B.O.F. = Bréviaire d'Orthographe Française. Voir ici.

    On doit écrire : "Donne-m'en."
    Voir ta grammaire Riegel p. 204.
  • Chers intervenants, bonjour.

    Je vous remercie pour vos réponses.

    Je ne possède pas le "Bon Usage", pour diverses raisons que je ne vais pas détailler ici.
    Je connais seulement le passage où il examine la phrase "Faites-le prendre".

    Je crains, chère Muriel, que vous ne m'ayez imparfaitement compris. Je sais bien que "laisse-nous en parler" correspond à "tu nous laisses en parler", tandis que "laisse-nous-en parler" correspond à "tu nous en laisses parler".

    J'ai simplement demandé pourquoi une formulation telle que "entendez-moi le lui dire", correspondant à "vous m'entendez le lui dire" ne serait pas aussi valable que "entendez-moi-le-lui dire", correspondant, elle, à "vous me le lui entendez dire".

    Et surtout, pourquoi la formulation "Faites le prendre", dans laquelle "le" est complément de "prendre", devrait être proscrite. En somme, pourquoi; dans cette phrase, devrait-on privilégier une logique, plutôt que l'autre?

    Relisez mon message dans cet esprit, et je vous serais reconnaissant de me dire ce que vous en pensez.

    Pour moi, la logique d'Anne, de ne pas mettre de trait d'union quand le complément se rapporte à l'infinitif, est beaucoup plus claire.

    Il semble y avoir un effort persévérant de complication de la langue, qui condut à mettre des traits d'union là où ils ne s'imposent pas. Si l'on revient à la base, pourquoi écrire "au-dessus" plutôt que "au dessus", et maintenant "au-dehors" plutôt que "au dehors"; ne parlons pas du grotesque de "la basilique des Saints-Apôtres-Pierre-et-Paul" au lieu de la basilique des saints apôtres Pierre et Paul. On aura beau m'expliquer que de telles graphies sont conformes aux recommandations de l'imprimerie nationale, je n'en penserai pas moins!

    Cordialement et respectueusement.
  • JehanJehan Modérateur
    Bonjour, Michel.
    J'ai simplement demandé pourquoi une formulation telle que "entendez-moi le lui dire", correspondant à "vous m'entendez le lui dire" ne serait pas aussi valable que "entendez-moi-le-lui dire".

    Eh bien, il se trouve que la graphie "Entendez-moi le lui dire" est précisément la graphie correcte et recommandée. Le pronom moi, pronom complément conjoint, est le seul qui soit directement complément de l'impératif "Entendez". D'où le trait d'union qui le précède.
    En revanche, les pronoms le et lui, compléments de l'infinitif "dire", n'ont aucune raison de s'adorner de traits d'union.
    Surtout, pourquoi la formulation "Faites le prendre", dans laquelle "le" est complément de "prendre", devrait être proscrite.
    Il se trouve que le pronom le n'est pas le COD de prendre, mais de la locution verbale à sens factitif "faire prendre", dont l'auxiliaire "faire" est le noyau conjugué. Ainsi, dans "Faites-le prendre cette route", le COD de l'infinitif, c'est "cette route", pas "le". Ce n'est pas lui qui est pris, c'est la route...
    Ne parlons pas du grotesque de "la basilique des Saints-Apôtres-Pierre-et-Paul" au lieu de la basilique des saints apôtres Pierre et Paul.
    Je ne trouve pas grotesque de distinguer ainsi typographiquement la dénomination officielle d'un lieu. Sans traits d'union ni majuscules, cela peut simplement signifier que la basilique appartient à ces personnes, ou qu'elles y ont résidé. Cela n'impliquerait pas qu'il s'agisse de la dénomination officielle de l'édifice.
  • Ce que j'admire chez vous, Jehan, immédiatement après vos connaissances grammaticales encyclopédiques, c'est, jour après jour, votre courtoisie, votre patience, votre équanimité jamais démenties. D'autres sur ce forum peuvent vous égaler, mais à coup sûr personne ne vous surpasse. Et c'est un vieux de la vieille qui vous le dit.
  • Cher Jehan.

    Je vous remercie vivement pour votre message. J’ai besoin de comprendre vos explications, point par point ; plusieurs échanges seront peut-être nécessaires, et je sollicite donc votre indulgence.

    Dans le fragment du « Bon Usage » que j’ai sous les yeux, Grevisse examine successivement les phrases « Ce paquet, je le ferai prendre », « Ne le laissez pas prendre » et, deux lignes plus loin, « Faites-le prendre ». Il n’étudie pas la phrase "Faites(-) lui prendre cette route ».

    Dans « Faites(-)le prendre » (sous-entendu, ce paquet), y a-t-il un trait d’union ? Doit-on considérer que « le » est un COD de « prendre » ou un COD de la locution « faire prendre » ?
    Je suppose qu’on écrirait « Faites le prendre » dans le premier cas, et « Faites-le prendre » dans le second.

    Si l’on admet que « le » est un COD de « faire prendre », pourquoi dans la citation à l’origine de cette discussion, à savoir « Faites les vous expliquer », ne devrait-on pas aussi considérer que « les » est un COD de la locution verbale « faire expliquer », et donc écrire « Faites-les vous expliquer », contrairement aux dires d’Anne?

    De même dans la phrase « venez le lui dire », pourquoi ne considérerait-on pas que « le » est le COD d’une locution verbale « venir dire » ?

    Je me vois mal expliquer à mes enfants qu’il y a une différence fondamentale entre les locutions « faire prendre » et « venir dire ».

    Cordialement et respectueusement
  • JehanJehan Modérateur
    Bonsoir, Michel.
    Dans le fragment du « Bon Usage » que j’ai sous les yeux, Grevisse examine successivement les phrases « Ce paquet, je le ferai prendre », « Ne le laissez pas prendre » et, deux lignes plus loin, « Faites-le prendre ». Il n’étudie pas la phrase "Faites(-) lui prendre cette route ».

    Et il met dans ce cas également un trait d'union avant le pronom COD du verbe faire, auxiliaire conjugué de la forme factitive. Où est le problème ?
    Faites les vous expliquer », ne devrait-on pas aussi considérer que « les » est un COD de la locution verbale « faire expliquer », et donc écrire « Faites-les vous expliquer », contrairement aux dires d’Anne?

    Je pense qu'Anne, au début de son message, avait seulement en tête le deuxième trait d'union, qui effectivement n'a pas lieu d'être, et que c'est par simple étourderie (ce qui arrive à tout le monde) qu'elle a écrit qu'il ne fallait aucun trait d'union.
    D'ailleurs, l'extrait de Grevisse qu'elle cite est fort explicite.
    Un lecteur attentif aura rectifié de lui-même.
    Comment déterminer si le pronom personnel se rapporte ou non à l'infinitif ? En mettant la phrase à l'indicatif ! Les pronoms situés avant le verbe conjugué se rapportent à celui-ci et seront donc liés par trait d'union à l'impératif.
    Appliquons donc cet excellent procédé, que vous pourrez suggérer à vos enfants :

    Laissez-les vous expliquer → Vous les laissez vous expliquer.
    Et non "Vous laissez les vous expliquer."
    Faites-les vous expliquer → Vous les faites vous expliquer.
    Et non "Vous faites les vous expliquer"

    Le les est bien COD de "Faites" ou de "Laissez",
    et non COD de "expliquer".
    De même dans la phrase « venez le lui dire », pourquoi ne considérerait-on pas que « le » est le COD d’une locution verbale « venir dire » ?

    Venez le lui dire → Vous venez le lui dire.
    Et non Vous le venez lui dire.
    Ici, pas de trait d'union : le est bien
    COD de l'infinitif, et non COD de "venez".

    Ici, d'ailleurs, "venir" a ici son sens plein et n'est pas un semi-auxiliaire comme il peut l'être pour le passé proche ("venir de dire"). Grosse différence avec le "faire" du factitif.
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