J'ai commencé l'étude de ce poème mais je n'ai pas encore située l'oeuvre, l'auteur....
Est-ce qu'il faut citer chaque vers ?
Pourriez-vous me donner votre avis ? Merci d'avance
Le mort joyeux
Dans une terre grasse et pleine d’escargots
Je veux creuser moi-même une fosse profonde,
Où je puisse à loisir étaler mes vieux os
Et dormir dans l’oubli comme un requin dans l’onde.
Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d’implorer une larme du monde,
Vivant, j’aimerais mieux inviter les corbeaux
À saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.
Ô vers ! noirs compagnons sans oreille et sans yeux,
Voyez venir à vous un mort libre et joyeux !
Philosophes viveurs, fils de la pourriture,
À travers ma ruine allez donc sans remords,
Et dites-moi s’il est encor quelque torture
Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts !
Ce poème est un sonnet en alexandrins.
Il est composé de 2 quatrains et 2 tercets
La forme en alexandrins utilisée, évoque le ton solennel et classique d'un sujet grave comme celui de la mort.
Néanmoins, l'utilisation des rimes croisées, apporte une certaine fantaisie qui renforce l'oxymore du titre Mort/Joyeux.
Les rimes sont pauvres et suffisantes.
Dans le premier quatrain, Baudelaire imagine sa propre sépulture.
Il l'idéalise "terre grasse" donc riche où il pourra "s'étaler" et "dormir"
dans les profondeurs de la fosse qu'il aura lui même creusée.
"Je veux" sous entendu telle est ma volonté (dernière volonté ?)
Pourtant, dans le second quatrain, il semble revenir à la réalité.
"Je hais les testaments et je hais les tombeaux"
Il refuse les conventions et la religion.
Baudelaire ne recherche pas la pitié, mais décide au contraire
de s'offrir en pâture.
Il veut mourir en martyre
Il se compare à un animal de boucherie
"A saigner tous les bouts de ma carcasse"
Les 2 tercets qui achèvent le poème ressemblent à un sizain.
Le 1er tercet rappelle le 1er quatrain.
Baudelaire se détache de la mort.
Il est libre, il décide. Or la mort est un état de néant ou il n'y a plus
de place pour la réflexion.
Il va retrouver les vers, symbole même de la putréfaction du corps.
Mais probablement parle t-il aussi de son oeuvre. Est-ce une remise en question ?
"Ô vers ! noirs compagnons sans oreilles et sans yeux"
Il exprime un profond sentiment de solitude
La mort est devenue essentielle.
Il compare les vers à des philosophes débauchés
Dans le dernier tercet, Baudelaire offre à ces mêmes vers
les restes de son corps (ce qui n'est pas sans rappeler l'offrande du second quatrain)
Ne fait il pas allusion à ses nombreux détracteurs à qui (on peut l'imaginer),
il propose de lui survivre dans la critique
"A travers ma ruine allez donc sans remords"
Baudelaire a imaginé la fin la plus tragique possible, pourtant il doute
Y a-t-il pire ?
"Et dites-moi s'il est encor quelque torture"
Baudelaire craignait déjà que son recueil ne soit controversé
Il est mort certes "parmi les morts" les autres morts étant peut être ses critiques qu'il ne considère
pas plus vivants que lui.